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CARIE. LA Cariapline A Carie, apellée aujourd'hui Aidinelli, eft un Province de l'Afie Mineure, entre la Licie & l'Archipel. ElTable le fut ainfi nomée suivant les Grecs, de Car fils de PhoroXII. née Roi d'Argos, qui y mena une Colonie. Mais Car, eft un nom Phénicien, fuivant Theophrate, qui fignifie Oifeau, & ce fut en Carie qu'on inventa les Aufpices, ou l'art de deviner par le vol des oiseaux. Les Cariens venoient des Leleges, fuivant Strabon (1.7.), & fuivant Herodote, ils étoient les mêmes que les Ioniens & les Eoliens. Ce qu'il y a de certain, c'est que plufieurs peuples établirent des Colonies dans ce pays-là. Aphrodifia de Carie, étoit un Ville bâtie par les Leleges, Halicarnaffe étoit une Colonie des Rhodiens & des Argiens. Les Cariens établirent auffi des Colonies en d'autres pays, furtout à Lemnos, d'où ils furent chaffez par Miltiade, & à Naxos. Cette derniere Ifle retint le nom de Naxius fils de Polemon, lequel au tems de Thefée, y établit un Royaume, au raport de Plutarque: il le laissa à son fils Laufippe, dont la poftérité l'a long-tems poffedé.

On ne peut douter que les Cariens n'ayent excellé dans l'art militaire; ils pafferent en Egipte fous le regne d'Amafis, & furent les premiers, qui fe mirent à sa folde Herod. 1.1. & qui mirent des panaches fur leurs cafques, & ornerent leurs boucliers de figures & de fignes; ce qui peut avoir doné lieu dans la fuite à l'origine des Armoiries. Ils trouverent encore l'invention d'atacher à leurs boucliers des poignées, & comme de petites anfes pour les tenir. Car auparavant les gens de guerre portoient leurs boucliers pendus à leur col avec des couroyes de cuir du côté de l'épaule gauche. Endymion, auffi conu en Carie, que dans la Fable, eft le premier qui obferva le mouvement de la Lune.

On ne fçait par aucun Historien quand & coment

comença

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CARIE. Comença le Royaume de Carie ni à quel tems on doit raporter les regnes de CINDAPSUS, MASSANÓRA, BARGASES & CIAR DUS,dont deux bâtirent les villes de Mafanara, & de Ciarde, aufquelles ils donerent leur nom. On trouve enfuite EURITUS, conu par fon gendre MILETUS. Celui-ci mari d'Idiothée, bâtit la ville de Milet, laquelle devint la capitale du pais. Elle s'apelle aujourd'hui Malazo, ou Milaffo. Elle a été la patrie de Thales. Miletus eut deux enfans célébres dans l'hiftoire fabuleufe, favoir Caunus & Biblis. La Princeffe Biblis, felon Ovide, conçut pour fon frere une détestable & malheureuse paffion, qu'ayant été obligée de cacher, elle en mourut de chagrin, & fut fuivant la fable, changée en Fontaine par les Nimphes de Carie. Zenon dit au contraire, que ce fut Caunus qui conçut pour fa fœur des fentimens criminels, que n'ayant pû fatisfaire, il quita fa patrie, & que Biblis afligée de fon départ,fe pendit de defefpoir.Il ajoûte queMiletus fe retira en Licie, où il époufa Pronoë, dont il eut Egialee, & que celuici bâtit une ville à laquelle il dona le nom de fon pere. On trouve encore quelques autres Rois de Carie, tels. qu'ICARUS, &DAMATHÉE, fon fucceffeur. Celui-ci vivoit vers le tems de la guerre de Troye, dans laquelle Homere met pour chefs des Cariens Naftes & Amphimachus,, tous deux fils de Nomiois.

Les Cariens furent enfuite foumis par les Lydiens. Gigés confirmé dans le Royaume de Lidie par le fecours: ARSELIS & des Cariens, lui dona la Carie conoiffance de ce bienfait.

par re

Quelque tems après regna LYGDAMIS, fous lequel les Cimmeriens ou les Scithes, ravageant l'Afie mineure, ce Prince marcha contre eux, & périt dans la Cilicie. Strabon liv. I.

Sa mort fut fuivie de troubles & de divifions, qui donerent ocafion à Harpagus, Général de Cyrus, de faire la conquête de la Carie. Le vainqueur la partagea à divers Seigneurs qui avoient favorisé le parti des Perfes; car fous Xercès, elle obéiffoit, au raport d'Herodote, à plufieurs chefs, dont quelques-uns portoient le titre de Rois,,

& pouvoient être de la race Royale. Le plus confiderable CARIE. de ces petits Etats étoit le Royaume d'Halicarnaffe, où régnoient MAUSOLE I. & fa femme ARTEMISE, fille de Lygdamis. Cette Reine fe rendit célébre par fon courage: elle affifta à l'expédition de Xercès contre les Grecs, elle conduifit cinq vaiffeaux, & combatit fort vaillament à la bataille de Salamine, dans laquelle elle enleva aux ennemis le corps d'Ariamene, frere du Roi, qui y i. avoit été tué. Les Atheniens furent fi iritez contre cette Reine, qu'ils promirent une récompenfe de mille drachmes à ceux qui pouroient la prendre. (Orofes, Plutarq. Justin.)

Paufanias

3.

Après la mort de Mausole, Artemise eut la tutelle de Herodote, fon fils PISINDELUS, & prit le gouvernement de l'Etat. Suidas. Les Rhodiens crurent que fous le gouvernement d'une femme, il leur feroit aifé de s'emparer de ce Royaume. Ils armerent une flote pour cet effet. Artemife avertie de Vitruve, leur deffein, fit entrer fecretement une armée navale I. 2. dans le petit port d'Halicarnaffe, il étoit couvert d'une montagne qui déroboit la vûe de ce qui s'y paffoit. Les Rhodiens ayant fait aborder leur flote proche du grand port qu'ils trouverent vuide, la Reine fit doner un fignal de deffus les murailles, pour leur témoigner qu'elle vouloit fe rendre. Alors les Rhodiens étant fortis de leurs vaisseaux pour entrer dans la ville, auffitôt l'armée navale d'Artemife fortit du petit port, emmena en pleine mer les vaiffeaux des Rhodiens, qui n'ayant plus de moyen de fe retirer, furent tous massacrez. Ce ftratagême ayant réuffi, Artemise mit des foldats & des Matelots fur les vaiffeaux ennemis & alla droit à l'île de Rhodes.LesRhodiens voyant venir leurs vaiffeaux ornez de courones de lauriers, reçurent leurs ennemis, croyant que c'étoient leurs gens qui revenoient victorieux. Artemife après avoir pris ainfi Rhodes, fe fit élever un trophée dans la ville avec deux ftatues de bronze, dont l'une reprefentoit cette Reine, & l'autre la ville de Rhodes en habit d'efclave, Long-tems après les Rhodiens n'ofant abatre ces ftatuës par un fcrupule de Religion, qui leur faifoit regarder les trophées, comme des chofes facrées, s'avi

CARIE. ferent, pour en ôter la vûë, de bâtir autour un édifice fort élevé, qu'ils apelérent Abaton, c'est-à-dire, où on ne va point; parce que l'entrée en étoit défendue à toutes fortes de perfones. (Vitruve 1. 2.)

LYADAMIS II. petit fils d'Artemife, fe rendit fi odieux par fes cruautez, que par une confpiration générale des Grands, il fût chaffé & mourut miférable. Il fit mourir Panifis oncle d'Herodote, Poëte heroïque, & obligea l'Hiftorien Herodote, à s'exiler lui-même de fa patrie. Plutarque dans fes Apophthegmes, raporte que des Laconiens étant envoyez vers lui en députation, comme le Roi diferoit toujours de leur doner audiance, pretextant fa foibleffe, ils lui firent dire qu'ils n'étoient point venus pour se battre contre lui, mais pour avoir une conférence, non colluctaturos, fed collocuturos.

Ses fils fe retirerent chez Artaxercès Mnemon, Roi de Perfe, qui probablement retablit MEN ANDRE fur le Trône de fon pere, car Pline (liv. 35.) le regarde comme Roi d'Halicarnaffe. Le célébre Apelles fit le portrait de ce Prince,que les Rhodiens regardoient comme le meilleur de fes ouvrages.

A Menandre fucceda fon frere CLUTUS fous la protec tion du Roi de Perfe, & à celui-ci, felon Suidas, HECATOMNUS fon autre frere, lequel fuivant Socrate & Diodore de Sicile, ne fut que Satrape ou Gouverneur de la Carie pour le Roi de Perfe. Artaxercès Mnemon, lui ordona de faire la guerre à Evagoras Roi de Salamine, mais comme il cherchoit lui-même à s'afranchir du joug des Perfes, loin d'obéir aux ordres du Roi, il envoya fecretement à Evagoras de l'argent pour lever des troupes étrangeres. Il ataqua les habitans de l'Ifle de Cos, & leur acorda enfuite la paix à la confidération de Dexippe Medecin de cette Ifle & Difciple d'Hippocrate, lequel avoit gueri deux de fes fils, Maufole & Pixodane.

MAUSOLE II. exécuta avec le fecours de quelques Satrapes, le projet que fon pere avoit formé de s'afranchir du joug des Perfes. Il entra enfuite dans la guerre fociale contre les Athéniens, & vint avec cent vaiffeaux affiéger Seftos, mais Agefilas l'ataquant par fon foible, qui étoit.

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