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Baile. vant Critique, qu'en matiere de Géométrie les figures ne font gueres plus néceffaires qu'en matiere de Généalogie.

Le fuccès qu'a eu l'Ouvrage de M. Hubner, dont il s'eft fait quantité d'éditions en très-peu d'années, & en diverses Langues, me l'a fait juger digne de paroître dans la nôtre. Je ne me fuis pas contenté de le traduire de l'Allemand, je l'ai examiné avec une févére critique, & je me flate que mes recherches n'ont pas été inutiles. J'y ai trouvé, je le dis fans vouloir rien diminuer de la réputation de l'Auteur, ni des éloges qui font dûs à fon travail ; j'y ai trouvé,dis-je, beaucoup de fautes & quantité d'omiffions confidérables, non feulement pour ce qui regarde l'Hiftoire prophane anciene, mais encore les Maifons Souveraine's, fur-tout celles qui font étrangeres à l'Allemagne. Il n'a fait, pour ainfi dire, que les efquicer: & afin d'y fupléer, j'ai été obligé de puifer dans d'autres fources; j'ai confulté entr'autres Reinerus-Reineccius, Reufnerus,Im-Hoff, Rittershufius, Guichenon, Butkens, Sanfovino, Du Cange, Sainte Marthe, & autres Auteurs de réputation, fur lefquels j'ai formé mes Tables, & en ai fait un Recueil d'environ mille, qui aura au moins cet avantage d'être le plus étendu de ceux qui ont paru en ce genre.

Je ne me fuis pas borné à ce travail. De fimples Tables Généalogiques m'ont paru des fqueletes, ou tout au plus des corps, où l'on ne voit pour ainfi dire qu'une peau féche avec des nerfs. J'ai cru qu'il faloit les nourir par l'Hiftoire; en forte que fe prêtant un fecours mutuel, l'Hiftoire fut le comentaire des Tables, & les Tables un ornement auxiliaire à l'Hiftoire, qui fans elles n'eft qu'un beau visage auquel il manque un œil. Ainfi j'ai joint fur chacune des Explications,& des Remarques Hiftoriques & Chronologiques, dans lesquelles j'ai tâché de doner une conoiffance exacte, quoique fuccinte, de l'établiffement & de la durée des Empires & diférens Etats du Monde, de l'origine & des progrès des Maifons Souveraines, de leurs alliances, prérogatives, droits, & prétentions: de forte que l'on trouvera dans ce Recueil, & un Abregé de l'Hiftoire Universelle, & un corps de Généalogies des Mai

fons Souveraines, & autres Familles illuftres, que j'ai crû devoir y inférer, Abregé qui peut tenir lieu d'une infinité d'autres Volumes compofés fur cette matiére en toutes fortes de Langues. C'eit au moins ce qui peut fufire à deux fortes de perfones, à quoi fe réduifent tous les Lecteurs. Les uns, qui favent déja, & qui n'ont befoin que de rapeller ce qu'ils ont déja lû dans les fources. Les autres, qui ne favent pas encore, & qui pour fe metre au fait de l'Hiftoire, ont befoin qu'on la leur propofe d'une maniere fimple, claire & agréable.

J'ai tiré encore un avantage des Cartes Généalogiques: c'eft qu'étant par leur moyen dégagé de la fujétion de faire à chaque génération, un détail fouvent ennuyeux de perfones, qui la plûpart n'ont fervi qu'à faire nombre, le ftile des remarques en eft plus lié & plus hiftorique.

J'ai pris pour guide dans la Chronologie anciéne, le favant Ufferius, dont le fiftême eft le plus généralement fuivi, & fuivant lequel la naiffance du Sauveur tombe l'an du monde 4000, & 4004 avant l'Ere vulgaire, qui eft notre façon de compter. Si l'on veut favoir les années avant J. C. il faut fouftraire de l'an 4000 les années du monde, par exemple, je veux favoir combien d'années avant J. Cariva la prise de Troye, qui fut l'an du monde 2820, je fouftrait ce dernier nombre de celui de 4000, & je trouve 1180 avant la naissance de J. C. & 1184 avant l'Ere vulgaire.

L'Ere vulgaire ou l'Ere Chrétiene fert à compter les années depuis J. C. Celui qui en eft l'Auteur eft Denis le Petit, qui par respect pour la naiffance du Sauveur, fut d'avis vers le comencement du VI. fiécle, que les Chrétiens començaffent de compter leurs années à la venuë du Meffie. Ce deffein fut aprouvé & fuivi. C'est de-là que Pon fe fert encore aujourd'hui de cette formule de parler l'an de grace, l'an de notre falut, l'an de Jesus-Chrift.

Il eft bon de remarquer que l'an de la naiffance du Sauveur ne précéde pas immédiatement l'an de l'Ere vulgaire, comme la plupart des Chronologiftes l'ont crû. Car le tems, qui perfectione les Arts & les Siences, a ajoûté de nouvelles lumieres à la Chronologie, & il eft

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aujourd'hui conftant que l'Ere vulgaire, ou Ere Chrétiene, telle que Denis le Petit l'a donée, & que l'on a fuivie depuis lui jufqu'à préfent, eft trop courte de quatre ans. Elle ne comence que l'an 4004 du monde, & la naiffance du Sauveur tombe l'an 4000. Pour rémédier à l'erreur de Denis le Petit, il faudroit cette année 1736. compter quatre ans davantage; c'eft-à-dire, 1740. On voir par-là que pour fuputer les années du monde jufqu'à préfent, on doit ajoûter l'année courante, non avec 4000. mais avec 4004. Ainfi cette année 1736. est l'an depuis J. C. 1740, & du monde 5740. Cependant pour éviter les embaras dans l'Hiftoire on eft obligé de fe conformer à l'ufage ordinaire de compter les années depuis J. C. en évitant néanmoins de dire, par exemple, cette année 1736, depuis la naissance de J. C. car cela feroit faux, mais on doit dire de l'Ere vulgaire 1736. & alors tout est bien.

Ces Tables Généalogiques font divifées par diverfes lignes horizontales, marquées des chifres 1,2,3,4. Sur la premiere ligne eft écrit le nom de celui que je prends pour la fouche comune. Ainfi tous ceux qui font écrits fur une même ligne horizontale, font à une même distance, & au même degré de cette fouche comune. Par là on peut voir d'un coup d'œil le nombre des générations depuis cette fouche comune & les degrés de parenté entre les décen

dans.

J'ai obfervé de placer toujours les enfans felon l'ordre de leur naissance, en tirant de la gauche à la droite, suivant notre maniere de lire; en forte que celui qui eft à gauche est l'aîné de celui qui eft à droite. Cette méthode est d'un grand fecours pour faire diftinguer d'un coup d'œil les branches aînées des cadettes felon l'ordre de chacune.

Cet ordre eft invariable, par raport aux mâles entr'eux,& aux femmes entr'elles : mais il n'a pas été poffible de l'obferver, par raport à tous les enfans pris enfemble, hommes & femmes ; c'est-à-dire, qu'il ne s'enfuit pas de ce qu'une femme eft placée à la gauche d'un de fes freres, qu'elle foit née avant lui. La raifon en eft,qu'il a été néceffaire de remplir les espaces vuides, fans quoi il auroit falu s'étendre trop vers la droite, ce qui auroit doné un trop grand ef

pace, & auroit rendu ces Généalogies peu propres à être mises dans un Livre dont la longueur eft bornée: Mais on peut compter qu'un frere mis à la gauche de fon frere étoit fon aîné, & qu'une fœur placée à la gauche de sa sœur, étoit fon aînée.

leur

J'ai encore obfervé de placer tous les enfans d'un même Prince précisément au-deffous de leur pere, en forte que pere ocupe dans la ligne qui eft au deffus le milieu entre tous fes enfans. Par là j'ai évité l'embaras qui fe trouve dans la plupart des Généalogies, où cet ordre n'étant pas obfervé, les yeux font obligés de parcourir de longues lignes pour chercher leurs peres ou les enfans, ce qui fatigue les yeux & l'efprit, & caufe beaucoup de confufion dans les Généalogies; parce que les diférentes branches n'y font pas affez diftinctes, & ne marquent pas affez clairement l'ordre de la fucceffion.

Le nom des hommes eft en capitale, celui des filles en petite Italique, auffi-bien que celui des bâtards; je n'ai pas toujours marqué exactement ceux-ci dans les Tables, mais lorsqu'ils ont fait fouche, je ne les ai pas omis, & alors ils fe trouvent en capitale Italique; les autres fe trouvent mentionés dans le difcours qui acompagne les Tables.

J'ai obfervé de metre devant chacun des Rois & Souverains, en dedans de la ligne un chifre Romain, qui marque l'ordre de la fucceffion, & par le moyen duquel on peut voir en quel rang chacun d'eux a fuccedé. Cela eft absolument néceffaire pour la fucceffion du trône cù l'ordre des branches n'a pas toujours été observé.

Le chifre Arabe 1, 2. 3, qui fe trouve quelquefois devant les noms, marque les diférens lits dont les enfans font fortis, le chifre, ne fe trouve pas répété devant chacun, je l'ai mis feulement devant faîné de chaque lit.

Une des principales chofes qui peuvent rendre les Généalogies claires & utiles, c'eft de ne les charger d'écritures que le moins qu'il eft poffible. C'eft ce qui m'a obligé de me fervir de quelque abréviation que l'on comprendra facilement.

J'ai d'abord mis la naiffance, puis la mort de chaque perfone; enfuite j'ai marqué les aliances, ayant obfervé de metre en petitescapitales le nom de la Maison, afin qu'on la pûr diftinguer plus facilement. J'ai toujours marqué le nom du pere des femmes, mais je n'ai mis celui de leurs meres, que lorfque ces femmes étoient d'une Maison ou famille, dont la Généalogie n'entroit point dans le corps. de cet Ouvrage.

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