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préparation. Souvenez-vous toûjours que Ia penitence eft un Sacrement, & qu'il n'y a rien de fi pernicieux que de le profaner. Or on le profane, toutes les fois qu'on y vient fans aucune contrition fans defir de fe corriger, & fans devotion. Il eft vrai que la rechûte, même frequente dans les pechez veniels, n'eft pas toûjours une marque affurée que le regret qu'on a eu en fe confeffant, étoit faux ou trop foible, ni par confequent que la Confeffion n'a rien valu; car les pechez veniels venant d'une foibleffe que les Sacremens ne détruifent ni tout d'un coup, ni totalement, la contrition qu'on en a peut être bonne, quoi qu'on y retombe aprés s'en être accufé. Mais cette verité ne détruit pas celle que j'ai établie dans le commencement de ce Cha

pitre ; fçavoir , que nous ne pouvons jamais obtenir le pardon d'un peché, quelque petit qu'il foit , tant que nous l'aimons, & que nous n'en avons aucun repentir; car l'amour du peché étant contraire à la loi naturelle & à l'ordre que Dieu a établi dans le monde, il eft impoffible que Dieu l'approuve & le pardonne tant qu'on ne le combat pas, parce qu'il eft impoffible que Dieu aime le defordre; & ce feroit l'aimer, de: » que

fouffrir le déreglement volontaire d'ur cœur, qui étant fait pour Dieu, aime quelque chofe qui n'eft point Dieu; sans le rapporter à Dieu. Il faut donc bien prendre garde à ne fe pas confeffer de fes pechez veniels fans en avoir quelque regret, parce que fi on s'approchoit de ce Sacrement fans aucune douleur, la Confeffion feroit nulle; & bien loin de s'y purifier, on s'y foüilleroit davantage. Ce qui nous peut confoler dans ces perils, eft que Dieu fe contente de notre douleur, quoi que petite, pourvû qu'elle foit réelle & veritable, & qu'elle tombe au moins fur un des pechez veniels dont nous nous confeffons. Quand on se sent attaché à quelque peché, on le peut dire au Confeffeur, non comme une faute dont on demande l'abfolution, mais comme une maladie dont on cherche la guerifon. Mais comme cette matiere eft fort importante, nous la traiterons plus amplement dans les regles que nous donnerons fur la frequente Communion.

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De la devotion au faint Sacrement de l'Autel.

Ous voici arrivez à l'objet le plus

Ntendre & le plus augufte du culte

de

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de l'Eglife Catholique. Le bonheur des Saints qui font dans le Ciel, confifte à voir Dieu face à face, & Jesus-Chrift fon Fils le bonheur des Chretiens qui combattent fur la terre, eft de le poffeder dans le divin Sacrement de nos Autels, & d'être auffi affurez qu'il eft au milieu de nous, que nous fommes affurez qu'il eft dans le Ciel. Si cet ouvrage ne devoit être lû que par les anciens Catholiques, je ne dirois rien pour établir la foi de ce myftere mais efperant qu'il ne fera pas inutile à quelques nouveaux reunis, que la main de Dieu a ramenez dans le bercail de fon Eglife, par voyes d'autant plus adorables, qu'elles font plus extraordinaires; je croi qu'il ne fera pas inutile de dire ici en peu de mots, que notre devotion au faint Sacrement de l'Autel, eft fondée fur ce que nous croyons que Jefus-Chrift eft en propre perfonne : & cette foi eft fondée fur fes promeffes, fur les paroles de l'inftitution de ce divin Sacrement, fur l'autorité de faint Paul, fur le témoignage de tous les Saints, fur le confentement de tous les peuples, fur la decifion des Conciles, & fur l'excellence de l'Eglife au-deffus de la Synagogue. Jesus-Chrift a promis dans le fixiéme

des

L

lieu

Chapitre de faint Jean: Qu'il donneroit La propre Chair à Chair à manger, &fon Sang à boire que le pain qu'il donneroit feroit le même corps qu'il devoit livrer à la mort ; que fa chair feroit vraiment la nourriture, & fon Sang le breuvage de nos ames que le pain qu'il donneroit feroit plus excellent que la manne donnée aux Juifs, puifque les Juifs en la mangeant n'avoient pas laiffé de mourir, au que celui qui mangera de ce pain defcendu du Ciel, vivra éternellement. Comme il repetoit fi fouvent & fi expreffément la même chofe, les Juifs crurent qu'il avoit effectivement la penfée de leur donner fa Chair à manger, & fon Sang à boire. Surpris de cette étrange propofition, ils fe demandoient l'un à l'autre comment il pourroit executer fa promesse : Comment, difoient-ils, celui-ci nous pourra-t-il donner fa Chair à manger? S'ils euflent mal pris la penfée du Sauveur, il n'eût pas manqué de s'expliquer, & de leur dire qu'il ne pretendoit point parler de fon vrai Corps, mais d'un pain terreftre, qui feroit la figure de fon Corps: car il feroit indigne de l'idée que nous avons de la bonté du Sauveur, de croire qu'il voulût tendre des piéges pour furprendre les hommes, & propofer des

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myfteres en termes qui porteroient à l'erreur, n'étant pas expliquez. Voyons donc comment il les explique, & ce qu'il repondit à la queftion que les Juifs faifoient tout haut: Comment celui-ci nous peut-il donner fa Chair à manger? Jefus leur dit En verité, en verité, je vous le dis, fi vous ne mangez la Chair du Fils de l'Homme & ne beuvez fon Sang, vous n'aurez point la vie en vous: Celui qui mange ma Chair & boit mon Sang, demeure en moi & moi en lui: Comme mon Pere qui eft vivant, m'a envoyé, & que je vis par mon Pere; de même celui qui me mangera, vivra auffi par moi. C'est-à-dire: Il eft auffi vrai que vous me mangerez, qu'il eft vrai que mon Pere m'a envoyé ; & il eft auffi vrai que vous vivrez par moi, qu'il eft vrai que je vis par mon Pere. Vous voyez bien que Jesus-Christ n'ôta point aux Juifs l'idée qu'ils avoient, qu'il leur propofoit son veritable Corps à manger, fon veritable Sang à boire. Son difcours les fcandalifa, ils en murmurerent ; il y eut même de fes Difciples qui en prirent occafion de le quitter: ils fe retirerent de fa fuite, & ils n'alloient plus avec lui cependant il ne changea point de langage; il ajoûta feulement que fes pa

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