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foient pas d'exiger de tres grandes prépa

rations..

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Ils vouloient qu'un Chretien pour communier, poffedât un amour de Dieu pur & fans mélange; qu'il fût mort au peché, au monde & à lui même ; pur lui-même; non feulement de corps, mais d'efprit & de cœur. Exempt, non feulement de crimes groffiers, mais des reffentimens mêmes qu'ils caufent dans ceux qui ne font pas parfaitement gueris; faint, & orné de beaucoup de vertus, enrichi de bonnes œuvres, véru de la robe nuptiale, plein de ferveur & d'onction, animé d'une devotion fincere, Difciple de Jefus Chrift, fidele non feulement à croire, mais encore à pratiquer la doctrine, & à vivre felon les faintes maximes de fon Evangile, menant une vie digne 'de fa vocation, membre vivant du Corps de ce divin Sauveur, humble, chafte, patient, & charitable; en un mot, veritable Chretien. Car qui dit Chretien dit tout cela, puifque dans le langage de l'Ecriture, Chretien & Saint fignifie la même chofe. Ne vous étonnez pas, quand vous lifez, ou quand vous entendez prêcher que les faints Peres ont demandé pour la Communion, des difpofitions qui paroiffent fi élevées & fi

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pures, & qu'ils ont dit que celui qui les à, doit communier plufieurs fois ; & que celui qui ne les a pas, ne doit pas communier, même une feule fois en fa vic Il eft vrai qu'ils ont exigé une grande pureté & de tres-faintes difpofitions, dans tous ceux qui veulent communier, quand ce ne feroit qu'une feule fois ; mais ils ne prétendoient pas qu'on eût ces grandes difpofitions dans toute leur perfection & dans leur plus haut degré. Les vertus ont des dégrez plus élevez les uns que les autres & elles font neceffaires au falut, non dans tous leurs degrez, mais dans quelqu'un. Ainfi les Peres ne demandent pour communier, que ce qui eft neceffaire pour être fauvé. Or toute la fainteté neceffaire pour être fauvé confifte en deux points: Le premier eft d'aimer Dieu par-deffus toutes chofes : Le fecond, de croître fans ceffe dans cet amour. L'amour de Dieu, par-deffus tourtes chofes, eft abfolument neceffaire an falut; vous n'en doutez pas, Saint François de Sales l'a tres bien prouvé dans fon exellent Livre de l'Amour de Dieu où il dit en termes exprés, que l'amour de Dieu par-deffus toutes chofes, eft neceffaire à tous les hommes & fuffifant à chacun pour être fauvé. On connoî

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que

par la vie du Chretien, s'il eft dans cette difpofition. Car, comme a dit faint Gregoire, les œuvres font la vraye preuve de l'amour, & celui qui aime Dieu garde fes Commandemens. Il faut que cet amour regne fur tous nos autres amours; c'est-à-dire, que fi nous fommes affez malheureux pour avoir avec l'amour de Dieu, des amours de cupidité, il faut la place principale foit pour l'amour de Dieu, & qu'il s'éleve au-deffus de ces affections terreftres comme l'huile s'êleve au-deffus de l'eau qui fe trouve avec elle dans un même vale. Un cœur qui aime ainfi Dieu, ne manque jamais de le préferer à toutes chofes, quand l'occafon s'en prefente. Il eft prêt de tout perdre, & même de mourir plûtôt que de perdre les bonnes graces de fon Dieu. En cela il n'y a rien de trop élevé, ni de trop fort. C'eft précisement ce que Dieu demande ; & quiconque n'a pas cet amour, n'eft pas encore juftifié, ni enfant de Dieu, ni délivré de l'anathême que faint Paul a prononcé contre tous 1.Cor.14 ceux qui n'aiment pas le Seigneur Jesus, 22. ni par confequent en état de communier.

La feconde chose necessaire eft de croître tous les jours dans cet amour; car il nous eft conumandé dans toute sa perfec

,

tion, & dans fon plus haut degré; non que nous y puiffions arriver en cette vie, mais parce que nous y devons tendre nous y devons travailler nous devons faire des efforts pour y parvenir. Il n'y a encore en celarien d'extraordinaire. C'est ce que tous les maîtres de la vie fpirituelle nous enfeignent, quand ils nous difent Phil. 3. avec faint Paul, qu'il faut poursuivre fa courfe pour tâcher d'atteindre où le Seigneur Jefus nous a destinez en nous appellant, Mes freres, dit cet Apôtre, je ne perse point encore avoir atteint où je tens: mais tout ce que je fais maintenant, c'eft qu'oubliant ce qui eft derriere moi, & m'avançant vers ce qui eft devant moi, je cours inceffamment vers le but de la carriere, pour remporter le prix de la felicité du Ciel, à laquelle Dieu nous a appellez par JefusChrift.

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Avec faint Auguftin: Que Dieu nous » commande un amour fi parfait qu'il ne » veut pas fouffrir dans notre cœur le plus » petit mouvement, ni la moindre affec

tion qui ne forte de fon amour,& qui n'y » retourne comme à fa fource qu'on ne » peut arriver à cette perfection de l'amour » fi on ne marche fans ceffe, les uns plus » vite, les autres plus lentement, chacun » selon la mesure de fa grace; & que celui

qui s'arrête ne fçauroit arriver, ni par con- « fequent manquer de perir. Avec faint Ber- « nard: Que ne pas avancer, c'cft reculer. ce Avec toute l'Eglife dans fes prieres: « Qu'il faut demander fans ceffe à Dieu, « qu'il nourriffe en nous ce qu'il y a mis de « bon; qu'il y augmente la Foi, l'Efperance, la Charité, l'Efprit de Religion, tou- «e

tes les Vertus.

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Une ame qui eft dans ces deux difpofitions, peut communier avec confiance, « plus ou moins fouvent, felon le progrés « qu'elle fait dans l'amour de Dieu. Elle e peut dire qu'elle poffede au moins dans «e un degré fuffifant, ces grandes difpofitions requifes par les Peres, parce qu'elles fe reduifent toutes à la Charité.

CHAPITRE XIX.

De la devotion neceffaire pour

communier.

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L n'y a rien fur quoi les hommes fe

I trompent plus dangereulement que fur

la devotion avec laquelle on doit com-
munier. Ils n'en reconnoiffent point
d'autre que celle que chacun tâche de
fentir le jour même qu'il communie; &
c'eft là feulement, que
par
bien des per-
fonnes jugent de leur communion. Quand

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