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CHAPITRE. XXI.

Regles fur la frequente Communion. Ly a long-tems que faint Bonaventure a dit, qu'on ne peut donner à tous les Juftes une même regle pour la Communion, comme on ne peut donner à tous les malades un même remede : voici neanmoins quelques maximes dont il fera aifé à ceux qui liront ce Livre, de fe faire l'application.

1. Ceux qui font embaraffez des foins & des occupations du monde, ne peuvent pas d'ordinaire mener une vie affez pure pour communier tous les huit jours. C'eft pourquoi il femble qu'ils doivent se contenter de le faire une fois le mois, ou tous les quinze jours, s'ils tâchent de s'en rendre dignes, en veillant beaucoup à la garde de leur ame, au reglement de leurs mœurs, & à la pureté de leur confcience. C'est ce qui faifoit dire à faint Bonaventure, que fi on excepte les bons Prêtres, à peine fe trouvera-t-il une e perfonne fi vertuenfe & fi fainte, à qui ce il ne fuffife pour l'ordinaire de commu- « nier une fois la femaine ; fi ce n'eft, dit-il, « qu'il arrive quelque raifon particuliere « qui la porte à communier plus fouvent, «<

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comme une maladie extraordinaire, ou la rencontre d'une Fête folemnelle, ou une foif extrême & un defir brûlant de recevoir celui qui eft feul capable de rafraichir l'ardeur de l'ame qui l'aime. Le faint Prêtre Avila, qui vivoit en Espagne du temps de fainte Therefe, dit qu'il y a beaucoup de perfonnes à qui on ne doit pas permettre de communier auffi fouvent qu'ils veulent. C'eft plûtôt legedevoreté qui les pouffe, dit il, que tion ; & il arrive de là qu'ils ne tirent aucun fruit de la communion : ce qui est un tres-grand mal. Accoûtumez-les donc à regarder ce myftere avec un profond refpect; & fi quelqu'un y manque, ôtezlui la communion, jufqu'à ce qu'il en comprenne le prix, & qu'il reconnoiffe "fon indignité. Il fuffit au menu peuple de s'approcher de cette Table facrée trois " ou quatre fois l'an aux autres neuf ou "dix fois; aux perfonnes Religieufes tous "les quinze jours : & quant à ceux que vous reconnoîtrez particulierement tou" chez de zele & d'amour pour Dieu, voyant prefque à l'oeil le fruit qu'ils tirent de la Communion, & leur progrés ? dans la vie fpirituelle, ils pourront communier de huit jours en huit jours. Il ne faut pas permettre de communier plus fou

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vent, à moins qu'une ferveur ou une « tentation extraordinaire, ne confeillât << autre chofe : en quoi on a befoin de beau- « coup de prudence. J'eftime qu'il y a peu de perfonnes à qui il foit utile de communier plus fouvent que tous les huit jours. Saint Bonaventure dit qu'il n'en a point " trouvé. Saint François de Paule au commencement,ne communioit par an que trois qu quatre fois ; dans la fuite il alla jufqu'à communier tous les Dimanches, mais il ne voulut pas le faire plus fouvent.

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2. On peut neanmoins quelquefois accorder une plus frequente communion même aux perfonnes du monde, & à plus forte raifon, aux perfonnes confacrées à Dieu; quand elles ne commettent que des pechez d'infirmité, d'inadvertance & de furprife, & que ces fautes les rendent plus humbles & plus ferventes, comme il arrive prefque toûjours aux bonnes ames, qui ne cellent de gémir fous le joug de cette dure neceflité, de commettre tous les jours diverfes fautes, & de prier Dieu de les en délivrer. Ce n'eft pas fans raifon que Dieu nous l'a laiffée cette néceffité fi fâcheufe: la grace du Batême pou. voit fans doute la détruire, fi JefusChrift l'eût voulu ; mais par un effet de fa divine fageffe il en a difpofé autrement.

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Il a voulu que les Chretiens euffent dans l'experience de leurs chûtes, une con viction journaliere & fenfible de leurs foibleffes, une matiere d'humiliation & de patience, une raifon de fe défier d'euxmêmes, & de vivre dans la dépendance de fa grace un fujet de fe dégoûter de cette vie, & d'en defirer une meilleure ; & qu'ainfi la concupifcence qui nous refte, fût détruite par fes propres effets, lorfque les petites fautes où elle entraîne les vrais enfans de Dieu font comme un aiguillon qui les pique, qui les anime contre elle, & qui les excite à lui faire une plus rude guerre, & à s'enraciner tous les jours dans l'humilité & dans le defir d'être bien-tôt reünis à leur Pere. C'eft pourquoi les pechez veniels des Chretiens dont la foi eft vive, dont l'efperance eft animée, font ordinairement fuivis de confufion, d'humiliation & de gémiffement interieur, dans lequel on dir avec faint Paul: Malheureux que je fuis ! Qui me délivrera de ce corps de mort ? Ces. fortes de pechez ne font pas un obftacleà la Communion de tous les huit jours & fi l'experience de notre foibleffe qui nous entraîne dans ces chûtes, laiffe en nous: un faint ennui, & un defir fincere de comwunier comme la laffitude fait defirer an

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voyageur fatigué, de quoi fe rafraîchir; je ne vois pas qu'on nous doive empêcher de communier deux ou trois fois la femaine.

3. Il ne faut pas toûjours fe priver de la frequente Communion, quand on ne remarque pas en foi un progrés fenfible, comme il arrive à quantité de perfonnes qui font extrémement foibles, & fujettes à de petits défauts, où elles retombent affez,

nonobitant leurs Cominunions: il fuffit

que la divine Euchariftie les empêche de reculer, & les maintienne dans un certain état de grace & de vie qui ne paroît pas grande chofe, & qui eft neanmoins tout pour elles, puifqu'il fuffit pour les fauver. Pourvu qu'elles travaillent de bonne foi à fe corriger, qu'elles gemiffent fur leurs miferes, & qu'elles foient humbles, ellespeuvent, je dis plus, elles doivent communier même tous les huit jours; car la fainte Euchariftie eft le vrai remede des petites fautes; c'eft pourquoi les meilleurs Prêtres difent fouvent la fainte Meffe, bien qu'ils pechent tous les jours.

4. Pour communier tous les jours, il faut une fainteté extraordinaire : être entierement mort à foi-même : ne plus vivre que pour Dieu : être rempli de zele pour fa gloire & pour le falut des ames, ne commettre que les plus petites fautes,

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