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s'être fait une habitude fainte de la prefence de Dieu: poffeder toutes les vertus en un degré éminent, avoir fon innocence baptifmale, ou la grace d'une parfaite penitence n'être pas plus fenfible qu'un mort aux louanges, aux injures aux biens & aux maux de ce monde; converfer avec les Anges dans le Ciel, dominer fur toutes fes paffions, n'avoir prefque plus que la racine de la cupidité, n'agir que par le mouvement du faintEfprit. Et comme il n'y a prefque perfonne fur la terre qui foit dans un état fi pur & fi élevé, il n'y a prefque perfonne qui puiffe communier tous les jours: jufqueslà que faint Bonaventure dit que les bons Prêtres ne doivent dire la Meffe ni trop fouvent, ni trop rarement: La dire trop fouvent, eft felon moi, dit ce Saint, une marque d'irreverence; car je doute que l'on puiffe trouver un homme affez rempli de charité, & qui foit dans une ferveur affez continuelle & affez grande, pour s'approcher tous les jours du faint Autel, avec toute l'ardeur & toute la pieté qui lui font dûës, & à qui il n'arrive quelquefois des fautes, pour lefquelles il feroit mieux de ne pas celebrer. Nous avons vû que Gennadius & faint François de Sales ne fe declarent ni pour ni contre

la Communion de tous les jours: Theodoret nous apprend, que faint Simeon Stilite paffa vingt huit fois le Carême fans boire & fans manger, & qu'au bout de quarante jours, il recevoit pour premiere nourriture la divine Euchariftie, qui lui rendoit fes forces épuifées par un jeûne fi long & fi auftere.

Sainte Geneviève qui vivoit dans le même temps, s'enfermoit depuis la Fête des Rois jufques au Jeudi Saint, s'appliquant à la priere, jeûnant plus austerement, & couchant fur la dure, pour se préparer à la Communion Pafcale. Saint François faifoit la même chose. Beaucoup de Solitaires communioient le premier Dimanche de Carême dans leur Monaftere: ils paffoient la fainte quarantaine dans le defert fans communier, & ne revenoient qu'à Pâques. Les Chartreux dans les commencemens de leur Ordre, ne communioient pas, & n'entendoient pas même la Meffe tous les jours. C'eft ce qu'on peut voir dans la Lettre que Pierre de Blois écrivit à un Chartreux qui vouloit fortir de fon Ordre, parce qu'on n'y difoit pas la Meffe tous les jours. Ce grand homme le détourne de ce deffein, en lui difant que faint Benoît ne voulut jamais être « Prêtre, & communioit fi peu, qu'il ne

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» fçavoit pas même au commencement de » fa converfion, quand arrivoit le jour de Pâques. Il ajoûte qu'on ne lit point que » faint Pierre & faint Paul ayent offert tous. les jours le redoutable Sacrifice.

دو

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1. Joan.

4. I.

3.24.

CHAPITRE XXII.
Du defir de communier.

L'Apôtre faint Jean nous apprend
qu'il ne faut pas croire legerement
toute forte d'efprits ; mais qu'il faut éprou-
ver les efprits, pour voir s'ils font de Dien
Il est bien aifé de reconnoître que les de-
firs viennent du malin efprit, quand ils
tendent à des fins mauvailes ; & ce font

1. Tim. ces chofes que faint Paul appelle des pechez évidens qui precedent le jugement qu'on en pourroit faire mais il eft plus difficile de faire ce difcernement, lorfque les ames fe portent à de bonnes chofes, parce qu'il n'y a que Dieu qui fçache par quel motif on s'y porte. Telle eft la frequente Communion il y a une infinité de perfonnes qui la demandent, & la raison qu'ils en donnent, eft le defir qu'ils ont de communier, & la devotion qu'ils y reffentent. Ce defir peut être bon dans fon principe, & il peut être mauvais s'il eft bon, ce feroit une injuftice de les priver de cette

grace: s'il eft mauvais, ce feroit un tresgrand mal de la leur accorder. Pour en juger, il faut raifonner de la nourriture de Pame comme de celle du corps : quand un homme a faim, on regarde s'il fe porte. bien, ou s'il eft malade. Il y a une faim qui vient de la fanté, & une qui vient de la maladie ; la premiere rend la nourriture tres utile, parce qu'elle eft toûjours fuivie d'une bonne digeftion; la feconde ruine la fanté, & donne la mort, étant l'effet d'un grand déreglement dans la chaleur naturelle de l'eftomac, qui ne digere pas les viandes; ce qui fait qu'elles vont dans. le refte du corps, pour l'alterer & l'affoiblir, plûtôt que pour le fortifier & le nourrir. Difons la même chose du defir de communier : il peut venir de la fanté ou de la maladie de l'ame. Quelquefois. c'eft l'amour de Dieu qui l'excite, qui confume peu à peu les effets de la convoitife, qui éclaire l'efprit, qui montre à l'ame le neant des chofes de la terre, & qui lui donne un grand defir de s'unir à fon Dieu; & comme elle ne le peut poffeder que par la Communion, elle y va comme un petit enfant affamé se jette fur le fein de fa mere. Il y a un autre defir qui ne vient que du déreglement de l'ame, de fes ténebres, de vanité, de

respects humains, de l'envie de faire comme les autres, quelquefois d'hypocrifie. Or on ne peut connoître quel eft le principe de ces deux fortes de defirs, que par la vie & les actions de ceux en qui on les trouve. Il faut donc que vous examiniez vous-même, puifque vous n'avez point de Directeur, quels effets la fainte Communion opere en vous quels en font les fruits, & quelles impreffions elle fait fur votre cœur. Si elle vous fortifie contre vos mauvaises inclinations; fi aprés avoir communié vous êtes plus fidele à vos devoirs, fi vous vous corrigez de vos défauts, fi vous devenez plus humble, plus mortifié, plus dégoûté du monde, plus porté à la retraite & à la priere, plus attentif à la parole de Dieu, plus foigneux d'en profiter; c'est une marque affurée que vos defirs font bons, & vous pouvez les fuivre; car plus vous recevrez cette divine nourriture, plus votre ardeur augmentera, & vos défauts diminueront. Au contraire, fi la frequente Communion ne produit point ces fruits de grace en vous, fi vous retombez auffi fouvent & auffi facilement qu'auparavant, défiez-vous de tous ces defirs, craignez que le demon n'en foit l'auteur, recourez à la penitence, demeurez quelque

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