- pteur. Vous voyez que nous ne pretendons rien obtenir que par Jefus-Chrift, puifque les Saints mêmes ne prient que par Jefus-Chrift, & ne font exaucez qu'en fon nom. Ils font fes membres & les notres, fes enfans & nos freres, fes Saints & nos premices, fes amis & nos protecteurs; & nous ne faisons autre cho Te en les priant, que de les inviter à prier avec nous & pour nous notre commun Maître, au nom de notre commun Mediateur.

Remarquez encore, que quand nous difons la Meffe le jour de la Fête d'un Saint, nous ne lui offrons pas le Sacrifice qui n'appartient qu'à Dieu. L'honneur que nous rendons aux Saints dans cette occafion, confifte feulement à les nommer comme de fideles ferviteurs de Dieu, à lui rendre graces des victoires qu'ils ont remportées, & à le prier humblement qu'il fe laiffe fléchir en notte faveur par leurs interceffions, Telle eft la doctrine de l'Eglife, enfeignée il y a plus de douze. cens ans par faint Auguftin, & decidée de nouveau dans le Concile de Trente qui dit que l'Eglife n'offre pas aux Saints le Sacrifice, mais à Dieu feul qui les a couronnez qu'une marque de cela eft que le Prêtre ne s'adreffe pas à faint Pierre qu

faint Paul, pour leur dire, Je vous offre ce Sacrifice; mais rendant graces à Dieu de leurs victoires, il demande leur affiftance, afin que ceux dont nous faifons memoire fur la terre, daignent prier pour nous dans le Ciel. C'eft ainfi que nous honorons les Saints, pour obtenir par leur entremise les graces de Dieu; & la principale de ces graces que nous esperons d'obtenir, eft celle de les imiter. A quoi nous fommes excitez par la confideration de leurs exemples admirables & par l'honneur que nous rendons devant Dieu à leur memoire bienheureuse. Au refte il ne faut pas s'inquietter pour fçavoir fi les Saints entendent nos prieres: Dieu qui découvroit autrefois les chofes fu tures, & les fecrets les plus cachez aux Prophetes, peut bien découvrir aux Saints ce qui se passe fur la terre. Il eft vrai qu'ils ne connoiffent point par eux-mêmes nos befoins, ni même les defirs par lefquels nous leur faifons de fecretes prieres; mais. ces prieres ne laiffent pas d'être tresprofitables à ceux qui les font, foit que les Saints les apprennent par le commerce & le miniftere des Anges, qui fuivant le témoignage de l'Ecriture, fçavent ce qui fe paffe parmi nous, étant établis par ordre de Dieu, Efprits adminiftrateurs, Heb. 1

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pour concourir à l'œuvre de notre falut, foit que Dieu même leur faffe connoître nos defirs d'une maniere particuliere, ou qu'il leur en découvre le fecret dans fon effence infinie.

Il n'y a donc rien que de tres bon dans le culte & dans l'invocation des Saints pourvû qu'on s'en tienne aux bornes que 1 Eglife y met, & qu'on n'aille pas plus loin. Elle nous enfeigne aprés faint Auguftin, que leurs Fêtes font inftituées pour demander à Dieu qu'il nous faffe la grace d'être affociez à leurs mérites, animez par leurs grands exemples, fecourus par leurs puiffantes interceffions: Puiffantes, dis-je, en grace, en credit & en mé-. rite, & non en autorité & en droit. Car les Saints n'ont rien de tout cela par euxmêmes. C'est dans cet efprit que vous devez celebrer leurs Fêtes; & afin que l'honneur que vous leur rendrez, foit plus pur & plus felon l'efprit de l'Eglife, fervezvous de fes Prieres & de fon Office, & ne faites que ce qu'elle fait, c'eft-à-dire, contentez-vous de rendre graces à Dieu, dans le faint Sacrifice & dans vos autres prieres, des mifericordes qu'il leur a faites, de méditer leurs vertus, & de demander la grace de les imiter. Tout ce qui a été établi par une devotion particuliere

&

que l'Eglife n'a point approuvé, vous doit être fufpect; & fans condamner ni les perfonnes ni les pratiques, à moins qu'elles ne foient expreffément condamnées par un jugement Ecclefiaftique, vous devez vous en abftenir, parce que c'eft aflez pour vous d'imiter l'Eglife, & de la fuivre. Ne croyez ni les promeffes, ni les privileges qu'on vous dit être en certaines Confreries, quand ils font contraires à l'Evangile. N'outrez jamais le pouvoir des Saints. Ne vous perfuadez pas qu'il fiffit d'être devot à la fainte Vierge pour être fauvé, quelque vie qu'on mene. Soyez affuré quelle a en horreur la faufle devotion de ceux qui la veulent rendre complice de leurs crimes, en difant qu'elle leur en obtiendra le pardon, fans qu'ils changent de vies, & qui creyent que nul devot à cette fainte Vierge ne fçauroit perir, quelque méchant qu'il foit. Car, fi tous ceux qui difent Seigneur, Seigneur, Matth. ne font pas fauvez pour cela s'il n'y ag 7. 21. que ceux qui font la volonté du Pere celefte; croyez-vous qu'on le fera plûtôt en difant, fainte Vierge, fainte Vierge fans garder les Commandemens de Dieu ? La fainte Vierge a marqué elle-même la regle de la devotion qu'on doit avoir

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pour elle, quand elle a dit, la premiere fois qu'elle a prié en public Jefus-Chrift Joan. 2. fon Fils pour les hommes: Faites tout ce qu'il vous dira. Voila ceux pour qui elle prie, & pour qui elle eft exaucée. Ce n'eft pas qu'elle ne prie auffi, & qu'elle ne foit quelquefois exaucée pour les pecheurs les plus endurcis ; mais elle demande à Dieu qu'il les convertiffe, qu'il leur donne le temps, la volonté & la gra→ ce de faire de dignes fruits de penitence & non qu'il les laiffe vivre jufqu'à la mort dans le crime & dans le defordre & qu'aprés cela il ne laiffe pas de les fauver, ou qu'il leur donne avant leur mort le tems de recevoir l'abfolution qu'ils ont negligée ou profanée durant toute

Prieres chreti

ennes.

leur vie.

Appliquez-vous fur tout aux Myfteres de Jefus-Chrift, que l'Eglife honore durant le cours de l'année. Vous trouverez chez le Libraire qui vendra cette Inftruction, un petit Livre qui contient de tresbonnes pratiques pour les honorer, & pour imiter les Saints dont les Fêtes font chommées par l'Eglife, & d'excellentes prieres pour en demander la grace à Dieu. Il y a quantité d'autres Livres fur le même fujet.