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fe confoler

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parce que la grace fe répand avec furabondance fur ceux même en qui le peché a le plus abondé. Il n'y a point de mal incurable à un Medecin tout-puiffant; & quelque morte que foir une ame, fi Jesus-Chrift la veut reffusciter, il ne tient qu'à lui, parce qu'il a les clefs Apoc. si de la vie & de la mort. Les Juftes trou- 18. vent en lui une merveilleufe affurance. Mes bien-aimez, dit faint Jean, fi notre cœur ne nous condamne point, nous avons de l'affurance devant Dieu ; & quoique ce foit que nous demandions, nous le recevrons de lui, parce que nous gardons fes commandemens, & que nous faisons ce qui lui eft agreable.

CHAPITRE XXVIII.
De la connoiẞance de foi-même.
AVANTAGES QU'ELLE NOUS PROCURE.

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L n'y a gueres de précepte plus important, que celui qui nous oblige de travailler à nous connoître nous-mêmes : foit que nous nous regardions par rapport à Dieu, ou par rapport aux hommes ou par rapport à nous-mêmes cette connoiflance nous eft tout-à-fait neceffaire. C'est elle qui nous découvre la gran

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deur de Dieu, & notre baffeffe; nos devoirs envers lui, & le malheur d'une ame qui les néglige. C'eft elle qui porte la lampe de la verité jufques dans les replis les plus cachez de notre cœur, & qui expole au grand jour fes foibleffes, fes injuftices, fes cupiditez, fa vanité, & ce fond d'amour propre qui gâte nos meilleures actions. Car dans la vie Chretienne, il ne fuffit pas que nos actions foient bonnes, il faut encore qu'elles foient bien faites. Dans chaque action, dit faint Auguftin, il y a un corps & une ame. L'exterieur en eft le corps; la fin en eft l'ame. Or fi on joint une mauvaise intention à une bonne action, on la rend mauvaise, parce que Dieu juge de nos œuvres par notre cœur. Et en effet, fi un homme donnoit l'aumône à une pauvre fille, dans le deffein de la corrompre, qui doute qu'il ne fît une action déteftable, quoique l'aumône en foi foit une excellente chofe ? Ce n'est donc pas affez de confiderer le gros de nos actions, il en faut examiner les motifs. Le précepte de la charité nous oblige, de tout faire pour l'amour de Dieu; & l'Apôtre faint Paul nous le commande en termes exprés, quand il dit : Quoique Coloff. 3. vous faffiez en parlant ou en agissant

17.

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foit que vous mangiez, foit que vous se beuviez & quelque chofe que vous ce faffie, faites tout pour la gloire de Dieu, « faites tout au nom du Seigneur Jefus, en «e rendant graces par lui à Dieu le Pere. Il n'y a que ce moyen de plaire à Dieu. sc Tout ce qu'on fait pour fa gloire eft bon. « Tout ce qu'on fait pour fe fatisfaire, ou « par vanité ou par amour propre, ou « pour plaire aux hommes fans le rapporter « à Dieu, eft mauvais. Il fort de la cupidité, qui eft la feule chofe l'Ecriture «e que défend; il combat la charité, qui eft la « feule chose que l'Ecriture commande. Car ∞ on peut reduire tous les préceptes de l'E- « criture à ces deux. Ce font les deux prin- « cipes generaux, par lefquels elle regle les «e mœurs des hommes, & décide tous les «< cas de confcience. Pour fçavoir quel eft ce celui que nous fuivons dans la pratique, il faut travailler à fe connoître, faire une «e grande attention fur les mouvemens de «e fon cœur, & fur fes actions. Car il arri- ce ve fouvent, dit faint Gregoire, que l'a- ce me fe trompe elle-même, & qu'elle s'ima- « gine aimer dans les chofes de Dieu qu'elle n'aime point en effet, & ne pas « aimer du monde ce qu'elle en aime veri- «< tablement. Combien y a-t-il de perfon- «< nes qui croyent tout faire pour la gloire

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« de Dieu, & qui ne travaillent que pour « eux-mêmes, & à qui l'on pourroit appli«quer ces paroles de l'Apocalypfe: Vous « dites, Je fuis riche, je fuis comblé de « biens, je n'ai besoin de rien ; & vous ne Sçavez pas que vous êtes malheureux, miferable, pauvre, aveugle & nud?

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A l'égard du prochain, il faut se connoître foi-même, pour ne pas s'engager temerairement dans les emplois, dans les charges, & dans les états qui demandent ou plus de capacité, ou plus de lumiere, ou plus de fermeté, ou plus d'humilité, ou plus de charité que nous n'en avons. Combien y a-t-il de perfonnes dans la Religion, dans la Prêtrife, ou liées par des vœux, qui n'ont pas affez de vertu, de courage, de patience, ni de pureté, pour remplir les obligations de ces états fi fublimes; On ne s'éprouve point; on ne fe donne pas le temps de fe connoître ; on n'écoute que les mouvemens d'une devotion paffagere. On s'engage dans un genre de vie, où il faut beaucoup de courage, d'humilité, de fidelité, de fainteté. Mais à peine l'engagement est-il pris, qu'on commence à ouvrir les yeux, & à voir qu'on s'eft chargé d'un fardeau trop lourd, & beaucoup au-delà de fes forces. On fe trouve tout feul

, pour

ainfi

dire,

dire, au milieu d'une foule de paffions qui fe fortifient avec l'âge, & on fe repent trop tard d'une précipitation d'autant plus funefte qu'elle eft fans remede. De lå viennent les fcandales, les apoftafies, les chûtes de pierres du fanctuaire, & les larmes de l'Eglife, qui fe voit deshonorée par ceux qui devoient faire fa gloire, & qui devoient être la plus illuftre portion du troupeau de Jefus-Chrift. Si on fe connoiffoit bien avant que de s'embarquer à ces grandes entreprifes, on ne verroit pas tant de dérangement dans les conditions du monde & de l'Eglife. Tel qui eft Prêtre & Confeffeur, c'est-à-dire, Medecin fpirituel, fe feroit contenté d'être Medecin des maladies corporelles. Tel qui eft Predicateur, & qui deshonore la Chaire Evangelique par une éloquence toute profane, feroit des merveilles dans un Barreau. Tel qui eft Magiftrat & Juge des biens, de l'honneur & de la vie des hommes, fe tiendroit à fa maison de campagne, parce qu'il n'eft capable que de cela. Tel qui a fait vœu de continence fe feroit marié, & auroit mieux fait. C'est pourquoi ceux qui n'ont pas encore choisi un état doivent s'éprouver long-temps, étudier leur cœur, mefurer leurs forces, s'affeoir, comme

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V

Luc. 14.

28.

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