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aux amis de Dieu. Ufez de vos biens, << je ne prétens pas vous en empêcher; usez- « mais prenez garde d'en abufer. C'est “ un crime à peu près égal, de ne pas prê- " ter au pauvre, ou de lui prêter à ufure. Saint Ambroife: Nous lifons dans l'E. " criture: Ne remettez pas au lendemain le " pauvre qui vous demande l'aumône. Que ce fi Dieu ne peut fouffrir que vous,difiez """ aux pauvres, je vous donnerai demain comment fouffrira-t-il que vous difiez, je ne vous donnerai rien? Ce n'est pas proprement du vôtre que vous donnez à « l'indigent, mais plûtôt du fien ; & le « bien que vous ufurpez pour vous feul, a été donné de Dieu pour l'ufage commun« des hommes. La terre appartient à tous, & non pas feulement aux riches. C'eft" pourquoi l'Ecriture vous dit: Epanchez " votre cœur fur le pauvre, & rendez-lui « ce que vous lui devez. Vous aimez les << beaux habits, & les meubles precieux, pendant que d'autres manquent de pain.. " Confiderez, riches, quel jugement vous " vous attirez. Le pauvre peuple meurt de faim, & vos greniers font fermez lui. Malheureux que vous êtes, vous avez le pouvoir de fauver la vie à tant de mise- «« rables, & vous n'en avez pas la volonté. “ Un feul de vos diamans auroit pû nous

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rir toute une Province. Saint Jerôme : Si Vous avez quelque chofe au-delà de ce qui vous eft neceffaire pour la vie & le vêtement, fçachez que vous le devez donner aux pauvres.

J'ai rapporté exprés tous ces paffages, pour faire voir que l'obligation de donner le fuperflu aux pauvres, eft un sentiment appuyé fur la doctrine conftante & uniforme des Saints Peres. Il faut donc la fuppofer comme une chose indubitable.

CHAPITRE IV.

Où l'on voit quelques regles de l'aumône tirées de la doctrine des faints Peres.

J'Ajoûterai encore, 1. que felon la même

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autorité, la multitude des enfans n'eft pas une railon pour diminuer, mais plûtôt pour augmenter les aumônes, parce que comme difent les Saints, plus on a d'enfans, plus on a de charge, & de fonnes pour qui on doit prier & faire prier. 2. Qu'il ne faut pas attendre à la mort pour faire des aumônes, & que quand on n'en fait qu'en ce temps-là elles font, ou abfolument inutiles, ou d'une tres-petite utilité. 3. Que l'aumône a une merveilleufe efficace pour effacer

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racheter, les pechez déja commis, & defquels on fe repent fincerement: Qu'elle peut tenir lieu aux riches des penitences & des aufteritez qu'ils ne font pas capables de faire; mais qu'elle ne fert de rien à ceux qui continuent de vivre dans le peché qu'elle ne peut obtenir la liberté d'offenfer Dieu, & que c'est vouloir en quelque forte le corrompre, que de lui donner une partie de fon bien pour n'être point puni des crimes où l'on tombe tous les jours, & dont on ne veut pas fe corriger. 4. Qu'il y a plus de mérite à donner fon bien pour nourrir les pauvres, que pour orner les Eglifes: Que quand on peut faire l'un & l'autre, il n'y à rien de mieux: Mais que quand on ne peut pas donner aux Eglifes & aux pauvies, il vaux mieux foulager les membres vivans de Jefus Chrift, que d'orner fes Temples materiels. 5. Qu'il y a des miferes fi preffantes & fi extrêmes, que les riches doivent faire des efforts extraordinaires, en donnant non feulement le fuperflu de leur bien, mais en diminuant & retranchant beaucoup fur le nombre de leurs domeftiques fur leur train, fur leurs meubles, & fur tout ce qui ne fert qu'à la fplendeur & à l'éclat, & fe reduifant le plus qu'ils pourront à la fim

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plicité chretienne. 6. Que nous rendrons à Dieu un compte exact de toutes nos dépenfes inutiles, quelque petites qu'elles foient, parce que nous ne fommes pas proprement les maîtres de notre bien mais les œconomes. 7. Que nous devons préferer dans nos aumônes les biens fpirituels aux corporels; par exemple, la fondation d'Inftructions & de Catechifde Maîtres & de Maîtreffes d'Ecole, de Prêtres & de Vicaires, à celle d'une marmite, ou de quelque diftribution de pain. 8. Préferer les pauvres Ec. clefiaftiques aux autres, & ne pas attendre qu'ils nous demandent, mais prévenir leurs befoins, & les affifter fecrettement, & liberalement. 9. Préferer nos parens pauvres aux étrangers, en leur donnant quand on le peut dequoi les tirer de la neceffité, mais non dequoi s'enrichir, & vivre dans le luxe. 10. Préferer les bons pauvres aux méchans, fans faire neanmoins trop de recherches fur ce fujet, parce qu'il vaut mieux aider un méchant pau vie, que de manquer d'en affifter un bon. 11. Préferer les malades à ceux qui fe portent bien; ceux qui travaillent à ceux qui ne veulent rien faire; les pauvres. honteux à ceux qui mandient. 12. Ne point publier fes aumônes, les faire en

fecret, avec humilité, avec douceur, avec compaffion, avec refpect, regardant JefusChrift dans le pauvre, puifqu'il a dit: Tout ce que vous avez fait de bien à un de ces pauvres, c'est à moi que vous l'avez fait. Avec joye, parce que Dien n'aime pas celui qui donne avec trifteffe

comme par force, mais celui qui donne gayement. 13. A proportion de fon bien, puifque celui qui feme peu, moissonnera Pen, & que celui qui feme avec abondance, moiffonnera auffi avec abondance. 14. Mettre dans fon Teftament JefusChrist au nombre de fes enfans, en donnant autanaux pauvres, qu'on donne à un de fes enfans: Ce que je marque aprés les Peres, comme un confeil excellent & non com un precepte. 15. Tâcher de procurer le bien fpirituel des pauvres. qu'on affifte, les inftruire, les confoler, leur donner de bons confeils & de bons exemples, & fe fouvenir que tout le bien qu'on fait au prochain pour l'amour de Dieu, eft une veritable aumône. Ce qui a fait dire aux Saints, que la correction fraternelle, le pardon des injures, le châtiment de ceux qui dépendent de nous, font des aumônes plus agreables à Dieu que l'or & l'argent. 16. Enfin, les Saints nous apprennent que nul n'est

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Matth.

25. 40,

2. Cora

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