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votre bouche aura prononcé, vous ferez Eccl.s3. obligé de l'accomplir. La promesse infidelle & infenfée déplaît à Dien, dit le Sage, &il vandroit beaucoup mieux ne rien promettre, que de manquer à fes vœux. A:quittez-vous donc fidelement de tout ce que vous aurez promis.

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Il faut tâcher auffi de confulter quel4. que homme éclairé dans les voyes de Dieu, afin de ne rien faire de fa tête dans une chofe fi importante. C'eft ce que l'Ecriture nous recommande, quand elle dit: Ne foyez point fage à vos propres yeux. Que fi l'on fe croit appellé à la Religion, il faut fuivre les regles generales que nous avons données au Chapitre de la Vocation à quoi j'ajoûte qu'il faut déliberer plus long-temps fur ce defir d'entrer en Religion, que fur la réfolution de demeurer Vierge fans entrer dans un Cloître, parce qu'il y a quelquefois dans les Couvents de grands obftacles au falut. C'eft fainte Therefe qui le dit.

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Cependant il faut avouer qu'un Monaftere, quand il eft bien reglé, est un lieu beaucoup plus propre que le monde pour le fauver les obftacles y font plus rares & plus aifez à vaincre, les fecours y font en plus grand nombre & plus puiffans.

G'eft une marque de la vraye Eglife, d'avoir de faintes maifons qui renferment des Vierges fages, dont les lampes font pleines d'huile, & qui ne donnent pas moins d'ardeur que de lumiere. C'eft là beaucoup mieux que dans le monde, qu'on adore Dieu en efprit & en verité, que l'on connoît fes devoirs & qu'on les accomplit, & l'efprit pour se foumettre à Dieu.

C'est là qu'on refpire un air plus pur, qu'on afflige la chair pour la foumettre à Fefprit.

C'est là qu'on méprife les faux biens du monde, & qu'on ne cherche que la vertu. C'est là qu'on tâche d'exprimer dans fa conduite la fainteté de fes peres, & celle de Jefus-Chrift même, & qu'on met toute fa devotion à pratiquer fa regle & celle de l'Evangile. C'eft là qu'il fe faut retirer pour être à l'abri des tempêtes qu'on trouve fur la mer orageufe de ce fiecle. Heureufe l'ame que Dieu conduit de sa main dans un de ces aziles, qu'il a conservez au milieu de la corruption generale de tous les états du Chriftianifme. C'eft une marque qui peut paffer pour infaillible, qu'elle eft du nombre des ouailles de Jefus-Chrift qui ne fçauroient périr.

CHAPITRE XX.

Où l'on explique les devoirs des Vierges. Uppofé que vous foyez engagé par l'efprit de Dieu dans cet état fublime de la virginité, vous devez vous y conferver par trois moyens, qui font l'humilité, la priere, & la penitence. Ce n'est pas qu'il n'y ait encore d'autres vertus & d'autres moyens tres propres à produire le même effet; mais les Saints ont recommandé ces trois en particulier.

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Saint Auguftin, dans fon excellent Traité de la Virginité, propose l'humilité comme la plus fûre gardienne de cette vertu. Il rapporte tout ce que l'Ecriture nous fournit d'inftructions & d'exemples, pour nous perfuader la neceffité de cette humilité. Il rapporte, 1. plufieurs endroits où l'Ecriture nous la commande, 2. L'exemple du Centenier. 3. Celui du Publicain & du Pharifien ; celui-ci rejetté à caufe de fon orgueil; celui là justifié à caufe de fon humilité. 4. Celui de la Cananéenne. 5. Les menaces que JefusChrift fit à fes Apôtres, qui difputoient entre eux de la primauté. 6. L'exemple de Jefus Chrift même, qui étant égal à Dieu, s'eft aneanti lui-même pour fe faire femblable à nous. 7. Le danger o

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nous fommes de tomber tant que nous vivons fur terre. 8. Les chûtes de tant 66 de Vierges, que le demon renverse, & " que Dieu laiffe tomber en punition de « leur orgueil. Vous donc, dit ce grand " Docteur; vous donc ame faintement ". chafte, qui n'avez pas voulu accorder la " liberté du mariage aux defirs de votre chair, quoique cela ne vous fût pas dé- " fendu qui avez exigé de vos membres" foibles & terreftres, une chofe qui eft " moins de la terre que du Ciel; je ne vous " envoye pas pour apprendre l'humilité aux « Publicains & aux pecheurs, encore qu'il foit vrai qu'ils devancent les fuperbes dans " le Royaume des Cieux. Ce n'eft point à " eux, dis-je, que je vous adrefle; car ceux " qui ont été délivrez de l'abîme de l'im- " pureté, ne font pas dignes qu'on les propole aux Vierges toutes pures, comme " des modelles qu'elles doivent imiter. C'eft" au Roi du Ciel que je vous adreffe celui par lequel les hommes ont été creez, & qui s'eft fait homme pour le falut des " hommes ; à celui, dont la beauté furpaffe " celle de tous les enfans des hommes, & "" qui a bien voulu être méprifé & outragé par les hommes pour racheter ces mêmes " hommes à celui qui étant le fouverain " Seigneur des Anges immortels n'a pas

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dédaigné de fe rendre le ferviteur des » hommes mortels. Car ce n'a point été »fon iniquité qui l'a rendu humble, mais » fa charité. N'allez point pour apprendre » l'humilité à celui qui étoit fi accablé du poids de fes pechez, qu'il n'ofoit pas » même lever les yeux vers le Ciel; mais » à celui que le poids de fa charité a fait » defcendre du Ciel. N'allez point à celle,

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qui cherchant le pardon de fes crimes, "arrofa de fes larmes les pieds de fon Sau» veur; mais à celui qui a daigné laver les pieds de ferviteurs dans le temps mê» me qu'il remettoit tous les pechez. Je fçai quel eft le mérite de votre virginité; » & c'est pour cela que je ne vous propose "point l'exemple du Publicain, qui s'accu» foit fi humblement de fes pechez; mais »je crains pour vous l'orgueil du Phari» fien, qui fe glorifioit de fes bonnes œu»vres. Ecoutez donc celui qui vous dit : » Apprenez de moi que je fuis doux & hum»ble de cœur. Ecoutez le faint- Esprit qui vous crie: Plus vous êtes grand, plus vous devez vous humilier en toutes chofes. EcouIfaïe: Sur qui tez celui qui vous dit » est-ce que repofe que repofe mon efprit, finon fur celui » qui eft humble, & qui écoute ma parole » avec tremblement ? Par Job: La vie de » l'homme n'eft-elle pas une tentation conti

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