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il faut avoir foin de le rallumer de temps en temps, & de l'entretenir en y jettant du bois, c'est-à-dire, en rentrant en foimême, en examinant fa conduite, voyant fi'on marche droit dans la voye de l'Evangile, en confiderant,tout ce qui peut nous exciter & nous toucher. Le Nouveau Teftament, l'Imitation deJefus,le Pfeautier avec des notes ou fans notes, font tres-propres à produire en nous ces bons effets. Il y a d'autres Livres de méditatons qui font excellens ; & chacun peut fuivre fon attrait à cet égard, pourvû qu'on ne life que des Livres folides & approuvez.

Ceux qui ne font que commencer à pratiquer l'Oraifon mentale, devroient ce me femble avoir toûjours un Livre avec eux quand ils méditent, pour y recourir toutes les fois que l'attention fe perd, & que l'efprit ne pense plus. Je ne voudrois lire que deux ou trois lignes à la fois, m'arrêter enfuite quelques momens à les méditer & en lire ainfi quelques-unes de temps en temps, pour donner un continuel exercice à l'efprit, qui fe laffe bien-tôt quand on le laiffe à lui-même. Il ne faut jamais le contraindre à raisonner fur les veritez dont il eft perfuadé. C'est le fatiguer inutilement. Quand vous trouvez une verité fur laquelle vous n'avez

Jacob. 4.

17.

point de doute, tirez-en des confequences qui ayent du rapport à vos befoins. Faites des reflexoins fur votre conduite : penfez au compte que vous rendrez à Dieu de vos lumieres dites vous cette parole d'un Apôtre : C'est un grand mal pour 'un homme, de connoître le bien & de ne pas faire. Le but principal de votre méditation', doit être d'exciter en vous de faints defirs, d'ardentes affections, de bonnes refolutions.

Le

Quand vous êtes devant Dieu pour prier, vous devez chaffer de votre cœur, qui eft fon temple, tout ce qui n'y doit point être, & qui ne convient point à une action fi élevée, fuivant l'exemple de Jefus Chrift, qui ne voulut rien fouffrir dans fa Maifon qui ne fût faint, parce qu'elle étoit destinée à la priere. Je veux dire, rejettez toute vûe, comme toute affection des creatures, afin qu'il foit votre unique objet, & que vous n'ayez que lui feul devant les yeux. Commencez votre oraifon par une profonde reconnoiffance de votre neant, afin que vous puiffiez éprouver l'effet de cette promeffe de Ecc. 35. l'Ecriture, qui dit, que la priere de celui qui s'humilie penétre les nuës, & va jufqu'au trône de Dieu. Ne manquez jamais de porter un Livre qui explique le myf

21:

tere

L

tere ou la verité
que vous devez méditer;
ou apprenez au moins quelques paroles
de l'Écriture qui les renferment, qui
expriment vos befoins, & qui foient
comme un aiguillon pour vous exciter
à la vertu. Confiderez avec attention le
fujet que vous méditez; tâchez de le bien
comprendre, & d'en voir toute l'éten-
due. Faites qu'il vous penétre, qu'il
échauffe votre cœur, qu'il excite votre
pieté, & qu'il produife en vous de fain-
tes affections. Si vous pensez à vos mi-
feres & à vos befoins entrez dans le
détail, & dans une difcuffion exacte de
vous-même jugez-vous avec severité
en montrant à Dieu toutes vos neceffitez
& toutes vos playes, afin qu'il vous juge
avec mifericorde. Rendez graces à Dieu
de ce qu'étant indigne de paroître devant
lui, if a daigné vous fouffrir en fa pre-
fence. Enfin, pour vous faciliter ces pra-
tiques, fervez-vous des endroits de vos
lectures qui vous ont touché & édifié
davantage, & des penfées les plus capa-
bles d'animer votre pieté.

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Que fi cette methode ne vous accommode pas, & ne vous eft pas utile, ne Vous y attachez pas avec un efprit fervile. L'efprit de Dieu eft libre; il n'eft point affujetti aux regles & aux pratiques

D

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humaines; il fe communique aux ames, & les infpire en la maniere qu'il lui plaît. Ainfi quand vous êtes expofé aux yeux de Dieu, & profterné aux pieds de fes Autels pour le prier, abandonnez-vous à fon efprit; fuivez l'attrait de la grace, dans une confiance ferme que 'celui qui par une protection continuelle conferve la vie de votre corps ne vous refufera pas la grace de le prier, fans laquelle vous ne pouvez conferver la vie de votre ame. Remettez - lui la difpofition entiere de tout votre homme interieur, & fuivez dans une fimplicité parfaite, l'impulfion de fon efprit, foit qu'il vous porte à méditer fes veritez, ou à lui parler de vos neceffitez fpirituelles, ou de celles de vos freres, ou des befoins de l'Eglife; foit qu'il vous éleve à la contemplation de fes beautez ineffables; foit qu'il veuille que vous l'adoriez dans un filence profond; foit qu'il vous attire, & qu'il yous uniffe à lui par les liens facrez de fon amour; foit qu'il vous favorife de fes lumieres celeftes; foit qu'il produife en vous des affections faintes; foit qu'il y forme des refolutions pour votre conduite particuliere; foit qu'il vous exerce & vous éprouve par des fechereffes & des diftractions involontaires.

Je ne parlerai que de ces deux fortes d'Oraifon, parce que les perfonnes pour qui j'écris n'auront pas befoin d'en connoître d'autres; & fil'Esprit de Dieu qui fouffle où il lui plaît les éleve plus haut, elles liront ce que faint Bernard, fainte Therefe, Thaulere, & d'autres bons Auteurs en ont dit. Je paffe aux fechereffes, & aux diftractions qui arrivent à tous ceux qui prient.

CHAPITRE VII..

Des fechereßes, & des distractions qui arrivent dans la priere.

E confeille aux perfonnes qui font fuje

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tes aux fechereffes & aux diftractions, d'acheter fur ce fujet un excellent Ouvrage intitulé Traité de la Priere,qui fe trouve chez le Libraire où celui-ci fe vend. Cette matiere y eft traitée dans le feptiéme & dernier Livre,avec toue la folidité poffible. Mais parce que tout le monde ne le peut avoir, je ferai ici un abregé de ce que l'Auteur y enfeigne. Il remarque d'abord que felon la doctrine de faint Gregoire Pape, de faint Bernard, & de plufieurs autres Maîtres de la vie fpirituelle, les vrais Chretiens paffent par trois états differens. Le premier eft celui

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