Fac. que vous êtes comme des étrangers & des 4. 2. Comprenez par tous ces paffages, la neceffité de la retraite; feparez-vous du monde: Sorte de Babylone, vous qui êtes. Apoc.18 mon peuple, dit le Seigneur: Ne prenez point de part à fes déreglemens, de peur que vous ne foyez enveloppez dans fes châtimens. Allez, mon peuple, entre dans le 11. 28. fecret de votre chambre; fermez vos portes 201 fur vous, & tenez-vous caché pour un inoment, jufques à ce que la colere foit passée. Quittez la terre pour habiter dans le Ciel : renoncez aux converfations des hommes pour avoir l'entretien de Jefus Chrift. Vous fçavez qu'il trouve fes délices avec vous: eft-il poffible que vous ne trouviez pas les vôtres avec lui? Il eft vrai qu'il vous veut dans la folitude. Il eft jaloux de votre cœur, & il craint que le monde ne lui en ôte quelque partie. Eftimezvous heureux, de pouvoir poffeder dés cette vie, par la foi & par l'amour, celui qui fait la felicité des Anges dans le Ciel. Ne voyez le monde que dans une indifpenfable neceffité mais afin que vous H fçachiez comment il fe faut conduire avec un ennemi fi redoutable, quand vous êtes obligez de le voir; écoutez ce que j'ai à vous dire fur ce fujet. CHAPITR E. XIII. Comment il fe faut comporter dans les vifites que l'on est obligé de rendre, LA où de recevoir. A grande regle des vrais Chretiens, dans le commerce qu'ils ont quelquefois avec le monde, eft la neceffité : ils ne fortent jamais par humeur, mais par raifon. Il y a deux fortes de neceffitez; une veritable, qui naît de nos affaires ; & une de bienfeance, qui eft fondée sur certains devoirs de civilité & d'honnêteté que les hommes ont établis. Quand des affaires importantes & réelles vous obligent de fortir, vous le devez faire avec fimplicité & confiance, parce que Dieu n'abandonne pas ordinairement à la tentation, ceux qui s'expofent par fon ordre à quelque peril. Il ne permettra pas, 1. Cor. dit faint Paul, que vous foyez tenté au20 £3. delà de vos forces; mais il vous fera fortir avec avantage de la tentation. Pour ce qui eft des vifites de bien seance il faut s'en acquitter quelquefois, د pour ne pas fcandalifer les foibles; mais il eft bon d'en diminuer & d'en retrancher le plus qu'on peut. Dés qu'on fait quelque figure dans le monde, on est expolé à une infinité de vifites; & fi on vouloit, ou les recevoir, ou les rendre toures on ne feroit autre chofe, & on tomberoit dans cet accablement d'affaires, dont faint Bernard dit qu'il endurcit le cœur. Or il vaur mieux déplaire au monde, que de bleffer fon ame, en contriftant le Saint - Elprit: & c'est ici une de ces occafions où il faut se souvenir de la menace de Jefus Chrift: Si quelqu'un rougit de moi, je rougirai de lui; & de cette parole: Quiconque ne renonce pas à toutes chofes, ne peut être mon Difciple. Luc. 9. 26. Ibid. 14. Avant que de fortir pour aller en vifite, vous devez vous profterner un moment devant Dieu, pour le prier qu'il daigne être avec vous, & vous preferver de la corruption du monde; & pour renouveller la refolution que vous avez d'être tout à lui, en lui difant avec le Prophete; Je fuis à vous, mon divin Sauveur, & j'y veux être Je fuis votre fer- Pf. 18. viteur, j'ai juré & j'ai refolu de garder Itid.or. les Commendemens de votre divine Loi: 94. Dreffez mes pas dans la voye de vos pre- Ibid 133. ceptes, afin que nulle iniquité ne me domine. Penfez que vous allez fur une mer pleine de Corfaires, & qu'il vous arrivera peut-être ce qui arrive à un homme, qui étant forti pour fe promener, rencontreroit un lion ou une autre bête capable de le dévorer. Dites quelquefois dans le fond de votre cœur Je vas : dans un lieu empefté; il faut donc que je prenne de grandes précautions. Quand vous ferez arrivé au lieu de la vifite, élevez votre cœur en haut, d'où vous doit venir le fecours que vous attendez, & Pf. 120. dites: Hatiz-vous, Seigneur, de me secourir; me voila prêt d'entrer en de vains difcours, & qui ne peuvent qu'affliger un cœur qui vous aime. Cependant on ne parle prefque jamais de Dieu dans le monde, ou on en parle mal on s'y entretient de nouvelles de modes, de fciences profanes, des actions du prochain, & il y a peu de conversations qui ne fe faffent au dépens de quelqu'un qui n'y eft pas, & qui eft peut-être ailleurs à faire la même chofe. Que devez-vous demander dans ces triftes occafions, finon d'entrer dans la difpofition que le SaintEfprit nous marque, quand il dit par la bouche du Sage: Prenez garde à vous El. 15: veillez fur votre onye: parce que vous mar 16. 17. chez dans un endroit gliffant & capable de vous renverser. Mais quand vous entendrez ces fortes de difcours, ne vous y attachez pas davantage, qu'aux chofes que vous voyez en fonge. Recourez à Dieu pour en être délivré, & dites lui avec le Prophete Helas que mon exil eft long! Pf.119.53 Que mon ame eft ennuyée de demeurer fi long-temps en des lieux où mon Dieu n'eft point connu, où mon Dieu n'eft point airné! Quand votre vifite eft achevée, rentrez dans votre cabinet, & priez; afin que les idées de ce que vous avez vû & entendu s'effacent plus vite. Par cette conduire, le monde & le demon perdront leur pouvoir à votre égard, & cette efficace de féduction qui entraîne tant d'ames, n'aura point de vertu contre la vôtre. Tous ne peuvent fe retirer dans la folitude. Il y a des gens qui font obligcs de demeurer dans le monde, de le frequenter, & de le voir. Ce font des enfans de la celefte Jerufalem, teleguez pour un temps à Babylone, afin que leur vertu éclate, & qu'ils foyent fans tache au milieu d'une nation corrompue, parmi la- philip.a. quelle ils brillent comme des aftres dans 15. une nuit obfcure; ou afin qu'ils fervent à quelque enfant de Dieu caché parmi les enfans du demon. Or il fuffit pour ceux |