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Divitiis homines, an fint virtute beati→ Et quæ fit natura boni, fummumque quid ejus.

Leur converfation pour n'avoir rien de frivole, n'en étoit pas moins gaie, moins enjouée. On ne les voyoit point paffer immédiatement de la zable à un tapis verd, ou pour tuer, comme on dit, le temps qui eft si précieux, ou pour s'entrégorger avec le poignard de l'avarice

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comme

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nous faifons tous les jours au jeu fouvent après avoir mangé enfemble & bu à la fanté les uns des autres. D'où il arrive que les uns trafiquent honteufement du malheur d'autrui & que les autres plus fenfibles à leur perte, qu'à l'honneur qu'on leur a fait, fe retirent

;

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***

APOLOGIE

DES

TRADUCTIONS.

On vous a lu derniérement, Mesfieurs, un Difcours peu favora

ble aux Traducteurs: j'y vais répondre, & avec d'autant plus de liberté, que l'Auteur eft convaincu de l'eftime toute particuliere que j'ai pour lui. Quelque intéreffé que je fois à prendre le parti des traductions j'ofe dire que j'ai compté pour rien mon intérêt perfonnel, & que j'ai examiné la question avec une parfaite indifférence, en homme qui n'a d'autre vûe que d'inftruire le public, & de s'inftruire lui-même fur le degré d'estime que mérite ce genre d'ouvrage. On a prétendu que les traductions, bien loin d'être utiles, avoient D'd iij

&

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été préjudiciables aux Lettres comme la principale caufe de leur dé cadence. Pour moi, je tiens au contraire qu'elles méritent encore plus de louanges qu'on n'a coutume de leur en donner; & que de traduire en notre langue ce que chaque fiécle a produit d'excellent parmi les autres nations, eft le moyen le plus fûr que nous ayons pour multiplier nos connoiffances, pour entretenir le goût de la bonne litterature le , pour тарpeller s'il fe perdoit, & pour empêcher que nous ne retombions dans l'ignorance dans la barbarie, où nous avons été plongez fi long-temps. Voilà deux fentimens bien oppofez: lequel des deux eft à fuivre, ce fera à vous, Meffieurs, d'en juger.

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Quand je me fais une idée avantageufe des Traductions en général ce n'eft pas que je n'en connoiffe peut-être auffi bien que perfonne, & le foible & les inconvéniens. Je me fuis trop exercé à ce genre d'écrire, , pour ne pas fentir en quoi il pèche, & pour ne m'en être pas déLefperé plus d'une fois. Je commen

ee donc par convenir qu'il n'y a point de traduction parfaite, & qu'il n'y en peut avoir. Véritablement on pourroit dire la même chofe de tout ouvrage humain ; mais je l'entens dans un autre fens, & pour m'expliquer fans ambiguité, je veux dire que toute traduction eft néceffairement défectueule; que c'eft une copie qui ne fauroit avoir de conformité parfaite avec fon original. Vous, Meffieurs, qui ètes éclairez, vous en concevez tout d'un coup les raifons; mais comme j'écris pour le public, vous ne trouverez pas mauvais que je faififfe l'occafion de traiter un point important, qui, je crois, n'a pas encore été bien approfondi.

Qu'est-ce que traduire ? C'eft rendre en une langue ce qui eft écrit en une autre. Or nulle langue n'a dans fon propre fond des équivalents fuffi fans pour exprimer parfaitement tout ce qu'il y a d'heureusement dit dans une autre langue. Car il ne faut pas s'imaginer que les langues favantes foient les feules pour lesquelles il n'y a point de parfaits équivalents. Si Dd iiij

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