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Le palmier & fon fruit y eft trois fois plus gros qu'à Babylone. Une autre merveille qu'il dit y avoir vûe, c'eft un fleuve de miel qui fort d'une groffe roche.

Il raconte des chofes admirables de la juftice des Indiens, de l'attachement qu'ils ont pour leur roi, & de leur indifférence pour la vie..

Une autre fingularité du pays, c'est une fontaine dont l'eau mise dans un vase, ne manque point de fe coaguler en maniere de fromage. Si l'on fait prendre à quelqu'un le poids de deux oboles de cette efpece de caillé délayé dans de l'eau, prefque auffitôt il entre en délire, il y eft vingt-quatre heures, & dans cet état il découvre fes penfées les plus fecretes. C'eft par ce moyen que le roi des Indes tire la verité de la bouche des criminels; fi dans cette épreuve ils confeffent leur crime on les prive de toute nourriture jufqu'à ce qu'ils meurent; & s'ils n'avouent rien, on les renvoye abfous.

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Les Indiens, à ce qu'il dit, n'ont jamais mal ni à la tête, ni aux dents,

ni aux yeux, & ne font fujets à aus cune forte de maladie purulente.

Il paffe pour constant, ajoute-t-il, que les Seres (1) & quelques autres Indiens encore plus reculez font d'une

(1) Les Seres, peuples de l'Afie, dans la grande Tartarie, entre le mont Imaüs & la Chine, ont toûjours été célèbres par leurs manufactures & leur ouvrages de foyerie, dont leurs forêts leurs fourniffoient la matiere, ce qui a fait dire à Virgile dans fes Géorgiques,

Velleraque ut foliis depectant tennia Se

res.

Un Perfe qui avoit voyagé chez les Seres apporta le premier à Conftantinople, fous l'Empereur Juftinien des œufs de vers à foye; alors on commença à en élever, & ils devinrent bien-tôt communs dans le Levant. Mais l'ufage de la foye étoit connu à Rome long-temps auparavant. Pline nous apprend que les femmes Européenes perfectionnoient l'ouvrage des Seres en le rendant beaucoup plus fin & plus délié, ce qu'il exprime avec son énergie ordinaire, tam multiplici opere, tam longinquo orbe petitur, ut in publico matrona tranfluceat. On voit qu'il entendoit cette gaze contre laquelle Seneque avoit déclamé en si beaux termes: Vides fericas, fi veftes vocanda funt, in

ftature

ftature prodigieufe; on voit parmi eux des hommes qui ont treize coudées de haut & qui vivent des deux cents ans. Sur les rives du Gaïte on en voit d'autres qui tiennent plus de la bête de l'homme, & dont la peau que auffi dure que celle de (2) l'Hippopo

quibus nihil eft, quo defendi corpus, aut denique pudor poffit: quibus fumptis, mulier parùm liquido nudam fe non effe jurabit. Hac ingenti fummâ ab ignotis etiam ad commercium gentibus accerfuntur, ut matrona nostra ne adulteris quidem plus fui in cubiculo, quàm in publico oftendant. La premiere femme qui imagina cette gaze de foye, étoit de l'île de Cos, & fe nommoit Pamphile, non fraudanda gloriâ, dit Pline, excogitata rationis, ut denudet feminas veftis.

(2) L'Hippopotame, fuivant l'étymologie du mot, eft un cheval aquatique ou de riviere. Il s'en trouvoit dans le Nil, dans I'Indus & en d'autres grands Fleuves. Cet animal reffembloit au cheval par la tête & par les crins, mais non pas par le refte du corps. Pline dit que M. Scaurus étant Edile, donna le premier au peuple Romain le fpectacle d'un Hippopotame en vie & de cinq Crocodiles. On croit que c'est de cet animal que les hommes ont appris l'ufage de la faignée, parce que lorsqu'il fe fent trop plein, il fe roule fur des rofeaux pointus, & qu'il trouve le moyen Tome II.

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tame, eft à l'épreuve des coups de trait. Enfin dans une île de la mer des Indes, on en voit d'autres qui ont une longue queue par derriere, comme il fe dit (3) des Satyres.

de fe tirer du fang. Malgré cela plufieurs l'ont traité d'animal fabuleux. Mais le P. Hardouin qui ne juroit que par les Médailles, étoit d'une opinion contraire, fondé fur une médaille de l'Empereur Philippe, & de fa femme Otacilia, où l'on voit gravée une figure d'Hippopotame, fans compter, dit-il, que toute l'antiquité a parlé de l'Hippopotame, comme d'une efpéce exiftante & réelle.

pas

(3) Paufanias dans fes Attiques parle d'une île toute femblable, & voici ce qu'il rapporte.,, Un Carien nomme Euphé"mus, dit-il, me conta ce qui fuit. Il ,, y a, me difoit-il, des îles incultes qui ,, ne font habitées que par des Sauvages. Nos matelots n'y vouloient aborder ,, parce qu'elles leur étoient déja connuës; mais pouffez par les vents ils furent obligez de prendre terre à celle qui étoit la plus proche. Ils appeloient ces îles les ,, Satyrides: les habitans font roux, & ,, ont par derriere une queuë prefque auffi grande que celle des chevaux. Dès que ces Sauvages nous fentirent dans leur île, ils accoururent au vaiffeau, & y étant entrez, fans proférer une feule parole,

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Il parle enfuite de ferpens longs comme la paulme de la main, qui font de couleur de pourpre avec une tête de la plus grande blancheur, & fans dents: ils s'engendrent dans ces montagnes brûlantes, d'où l'on tire cette espéce de pierres précieufes que l'on appelle Sardoines. Comme ces ferpens n'ont point de dents, ils ne peuvent mordre; mais par-tout où ils ont bavé, la corruption & la pourriture fuivent de près. Si l'on en prend un par la queue, & qu'on le tienne en l'air, il en diftille deux for tes de venin, l'un de couleur d'ambre, l'autre noir: le premier découle de l'animal tant qu'il eft en vie, le fecond quand il eft mort. Le premier eft un poifon fi fubtil, que quiconque en prendroit gros feulement comme un grain de féfame, mourroit auffi

ils fe jetterent fur les premieres femmes ,, qu'ils rencontrerent. Nos matelots pour fauver l'honneur de ces femmes, leur abandonnerent une barbare qui étoit dans l'équipage, & auffi-tôt ces Satyres , en affouvirent leur brutalité. Voilà ce qui me fut conté par ce Carien.

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