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mais que l'état trop modefte de fa fortune rendoit importante pour lui. Il fut nommé à l'Abbaye de faint Sauve de Montreuil, Ordre de faint Benoît, Diocèfe d'Amiens.

Quoique fon affiduité à deux Académies, & les travaux à quoi cela l'engageoit, fuffent bien capables de l'occuper tout entier, il trouva encore du temps pour faire un autre ouvrage de longue haleine, la Traduction de Paufanias: ouvrage plus utile qu'agréable, mais qui n'en doit pas être moins eftimé.

Peu après l'édition de ce livre, qui parut en 1731, il fut nommé à l'Abbaye de Notre-Dame de Baugency en remettant celle qu'il poffédoit auparavant. Il commença alors à jouir d'une aifance qui n'auroit pas affouvi les defirs d'un ambitieux, mais qui pouvoit contenter les befoins d'un Philofophe. L'Eglife auroit pu lui offrir des dignitez brillantes; mais il ne tourna jamais fes regards de ce côté-là, & ne voulut point contracter des engagemens auguftes & étendus, que l'on craint d'autant plus qu'on eft

plus en état de les remplir. Il nous refte à parler de fa mort. Le 6. Août de la préfente année 1744; M. l'Abbé Gédoyn allant à fon Abbaye de Baugency, s'arrêta au Château de Fontpertuis, dans le deffein de paffer quelques jours chez un ami à qui il étoit attaché depuis long-temps. Le 8. il eut d'affez vives douleurs d'eftomach, qu'il crut d'abord être la fuite d'une indigeftion. Mais l'oppreffion qui accompagnoit ces douleurs, ayant réfifté à une faignée, il réponedit à M. de Fontpertuis, qui le félicitoit fur le foulagement de fes douleurs, que l'oppreffion fubfiftant toujours, il n'étoit pas temps de fe raffurer: que la vie lui étoit affez indifférente : que parvenu à l'âge où il étoit, le peu qu'il pouvoit avoir à vivre, ne va loit pas la peine d'être regretté : que toutes les affaires étoient en ordre, qu'il avoit fait toutes fes difpofitions, & qu'il étoit fans inquiétude fur l'iffue de fa maladie. Il difoit vrai, & quand on connut que le danger devenoit plus preffant, on n'eut pas befoin pour l'avertir de fon état, de

prendre ces détours fi ufez & fi rebattus, qu'exige la foibleffe des mourans. Il avoit déclaré qu'il ne vouloit pas être trompé, & il ne le fut point. Il demanda les facremens, qui lui furent adminiftrez le lundi. Voyant fes domestiques affligez, il leur dit: Confolez-vous, je ne vous ai point oubliez dans mon Teftament. Une heure après il dit encore: Voilà mon dernier moment, & il expira. Il étoit âgé de 77.

ans.

Le lendemain, qui étoit le onze du mois, il fut enterré dans le chœur de fon Abbaye, qui eft proche de Fontpertuis.

Il a conftitué pour fon héritier par un Teftament olographe M. du Four fon neveu, fils de fa nièce, à la charle nom & les armes porter de Gédoyn. Il ne reste plus perfon

ge

de

ne de ce nom.

*

La probité, la franchife, la candeur formoient le fond de fon

* Les armes de Meffieurs Gédoyn font écartelées d'or & d'azur, à la Croix recroisetée de même l'un fur l'autre, c'eftà-dire or fur azur, & azur fur or. caractère.

caractère. Il joignit à cela une extrê me politeffe, fans ombre d'affectation. Son ame jouiffoit toujours de cette paix, qui eft la compagne ordinaire de la vertu: mais avec un naturel fi doux, il étoit vif & impétueux dans la difpute: contraste que l'on rencontre fouvent , parce que peut-être il naît moins d'entêtement. ou d'orgueil, que d'un amour fin cère de la vérité.

L'ouvrage fuivant, dont l'Auteur' eft le R. P. OUDIN, Jésuite, s'étant trouvé parmi les papiers de M. l'Abbé Gédoyn, on a cru que comme il pouvoit intéreffer la curiofité des Savans, il ne feroit pas tout-à-fait déplacé ici..

B

ETYMOLOGIES

CELTIQUE S.

ATT, OH MATTE, Lit, tout ce qui

M s'étend pour fe coucher deffus, &

pour rendre la couche moins dure & plus commode; c'eft ce que les Latins nommoient ftratum, & que nous appelerions litiere, fi l'ufage avoit laiffé à ce terme toute l'étendue de fa fignification naturelle.

Parce que l'on couchoit plus ordinairement fur un tiffu plat, fait de brins de paille battue entortillez enfemble, ce tiffu fut appelé Matt: d'où les écrivains de la baffe latinité ont fait Matta. Nous disons. Natte, comme Nappe, de Mappa. Nos voifins ont confervé le mot Celtique dans fon entier. Les Anglois ont Matt: Les Allemans & les Flamans Matte. Martinius: habent Germani Matte pro Matta, culcitra. Matta fit ad cubandum. Voffius: Matta eft ftorea, teges quæ, & Belgis Matte dicitur. On peut voir (1) Savaron, & du Cange.

Jufques à préfent les Etymologiftes ont

(1) Savar. in Sidon. Apollin. IV. 34. pag. 306.. Du Cang, Gloff, latin. v. Matta & Natta,

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