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10. Jufqu'ici nous avons fuppofé le fluide uniformément répandu dans le corps électrifé : mais il arrive fouvent qu'il y a furabondance de fluide dans une partie de ce corps, tandis qu'il y a défaut du même fluide dans une autre partie. Pour fimplifier d'abord ce nouveau cas, imaginons un corps BC (fig. 1.) divifé en deux parties égales, AB, AC, & telles que le fluide de AC excede la quantité naturelle, & que celui de AB foit moindre que la même quantité, le rapport de la quantité acquife d'une part à la quantité perdue de l'autre, étant variable à volonté ; cherchons l'action de ce corps fur deux molécules E, D, placées vers fes deux extrêmités. D'après ce qui a été dit (6 & 7), la partie AC exercera une force répulfive fur les deux molécules, en mêmetemps que la partie AB agira pour les attirer. Mais à caufe de l'inégalité des distances où les deux molécules fe trouvent par rapport à l'une quelconque dés parties AB, AC, il est clair la molécule E fera plus repouffée par la partie AC, que la molécule D, , & que celleci, au contraire, fera plus attirée par la partie AB, que la molécule E. Cela pofé, il peut arriver différens cas.

que

11. Pour mieux concevoir les effets relatifs à chacun de ces cas, obfervons d'abord. que la répulfion de la partie AC, fur la molécule E,

par exemple, doit croître à mesure que la quan tité de fluide additive, acquise, par AC, fera elle-même plus grande. D'une autre part, l'attraction de la partie AB, fur la même molécule, croîtra aussi, à mesure que la quantité souftractive de fluide perdue par AB, fera plus confidérable. Or, comme les quantités de fluide des deux parties font cenfées variables, on conçoit qu'il peut arriver, par exemple, que la quantité perdue par AB foit welle, que l'excès d'attraction qui en résultera par rapport à la molécule E, compense exactement la diminution qu'éprouve, à raison d'une plus grande diftance, cette même attraction, comparée à la répulfion de AC fur la même molécule. Dans ce cas, la molécule E reftera immobile.

12. Si au contraire, la quantité de fluide perdue par AB, n'eft pas fuffifante pour compenser l'effet de la diftance, la répulfion de AC prévaudra fur l'attraction de AB, & la molécule E s'écartera du corps A. Si enfin la quantité fouftractive du fluide de AB compense au-delà l'effet de la diftance, il eft aifé de voir que la molécule E fe portera vers le corps A.

13. La molécule D, de fon côté, fubira divers états relatifs à ces différens cas. Si la molécule E, par exemple, refte immobile, la molécule D aura un mouvement progreffif vers

le corps A, puisqu'elle eft plus voifine de la partie AB, dont la force attractive, dans 'ce

5, excede la force répulfive de AC, comme nous venons de le voir, il n'y a qu'un inftant. Si la molécule E tend vers le corps A, la molécule D fera attirée, à plus forte raison, par le même corps.

14. En général, fuivant les différens degrés relatifs des forces exercées par les deux parties du corps A, il pourra arriver que le fluide foit attiré & repouffé à la fois des deux côtés, ou qu'il foit attiré de tel côté, tandis qu'il fera repouffé de l'autre, & réciproquement; ou qu'enfin* il refte immobile d'un côté, tandis que de l'autre il fera attiré ou repouffé.

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15. Tous ceux qui connoiffent la Théorie de M. Francklin, favent qu'une bouteille de Leyde, chargée à l'ordinaire, a fa garniture intérieure dans l'état pofitif, & l'extérieure, dans l'état négatif. Comme ces deux effets s'étendent jufqu'à une certaine profondeur dans la lame de verre qui forme le ventre de la bouteille, nous pouvons confidérer cette lame avec fes deux garni.tures, comme un corps unique, qui auroit une de fes parties, c'eft-à-dire celle qui eft en dedans, électrifée en plus, & l'autre qui regarde le dehors, électrifée en moins. On peut demander lequel des différens cas que nous venons

de fuppofer, eft celui que réalife l'état actuel de la bouteille. Or, nous verrons que la Théorie fur ce point eft parfaitement conforme au réfultat d'une expérience que chacun peut faire, & qui indique l'action des deux moitiés de l'épaiffeur de la bouteille. Après avoir chargé cette bouteille, enlevez-la, à l'aide d'un cordon de foie attaché à fon crochet, & tenez-la ainsi fufpendue, au milieu de l'air, qu'il faut fuppofer très-fec. Approchez alors le doigt à une petite diftance du ventre de la bouteille. Il ne fortira aucune étincelle intermédiaire, d'où il faut conclure que, comme la bouteille ne donne aucun figne d'électricité par fa furface extérieure, cette furface eft, à l'égard du fluide voifin, comme fi elle fe trouvoit dans l'état naturel, c'eft-à-dire, le fluide n'eft ni attiré, ni repouffé de ce côté. Mais nous avons vu (13) que dans le cas où l'une des deux molécules E, D, étoit immobile, l'autre molécule fe trouvoit néceffairement attirée ou repouffée; en forte qu'il ne pouvoit y avoir équilibre à la fois des deux côtés. Il fuit delà que le fluide voifin de la garniture intérieure de la bouteille, qui eft électrisée en plus, . doit éprouver de la part de cette garniture une action répulfive. C'eft ce qu'il eft aifé de vérifier. Car fi l'on préfente le doigt à une petite diftance du croches de la bouteille, qui eft cenfé faire

que

un même corps avec la garniture intérieure, on tirera une étincelle qui annonce l'effluve de la matiere électrique hors du crochet (a). Tout ceci s'éclaircira encore par ce que nous dirons dans un article particulier, où nous traiterons de l'expérience de Leyde.

l'excès

16. Nous placerons ici un réfultat qui nous fera utile la fuite. Si l'on fuppofoit que par de fluide de AC, fe trouvât précisément égal au défaut de fluide de AB; alors la molécule D tendroit néceffairement à pénétrer dans le corps A, & la molécule E en feroit repoufféc.

Pour le prouver, imaginons que les deux parties AC, AB, agiffent fettles tour à tour fur la molécule.D, placée à une diftance déterminée. Concevons de plus que la force répulfive de la partie AC foit concentrée dans un point déterminé. La force attractive de la partie AB pourra être conçue, comme concentrée dans le point correspondant de cette derniere partie. Car, quelle que foit la loi fuive la répulfion

que

a) Cette étincelle n'est pas occafionnée précifément par le crochet, qui forme un furcroît de matiere ajoutée à la garniture intérieure. Nous verrons dans la fuite que celle-ci peut, dans ce cas, fournir une étincelle, indépendamment du crochet, & toutes chofes étant fuppofées égales de part & d'autre.

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