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la Cire d'Espagne & aux matieres réfineufes, eft négative. Nous verrons dans la fuite, par quels indices on peut juger fi l'électricité d'un corps eft pofitive ou négative.

II. Des loix auxquelles eft affujettie la matiere électrique en conféquence des principes qui viennent d'être expofés.

5. Les différens phénomenes qui dépendent de l'action du fluide électrique, peuvent fe réduire en général à deux claffes. La premiere comprend ceux où le fluide paffe d'un corps dans un autre, qui en a une moindre quantité. Les phénomenes de la feconde claffe, font ceux où les corps eux-mêmes ont des mouvemens progreffifs, par lefquels ils s'approchent ou s'écartent les uns des autres. M. Epinus expofe d'abord les loix que fuit la matiere électrique, dans les cas qui appartiennent à la premiere claffe comme étant les plus fimples.

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6. Suppofons un corps qui ait reçu une certaine quantité de fluide électrique au-deflus de fa quantité naturelle, ou qui foit electrife pofitivement (4). Il s'agit de déterminer l'action du fluide fur une molécule électrique, fituée auprès de la furface du corps. Tant que ce corps étoit dans fon état naturel, la forcee attractive de fa

matiere propre, à l'égard de la molécule dont il s'agit, étant égale à la force répulfive que fon fluide exerçoit fur cette même molécule, (3), ces deux forces fe faifoient équilibre, & la molécule reftoit immobile auprès de la furface du corps, fans être attirée ni repouffée. Mais à caufe de l'accroiffement qu'a reçu le fluide renfermé dans le corps, la force répulfive de ce fluide fe trouve elle-même augmentée ; & alors fon action l'emportant fur celle de la force attrac→ tive, la molécule eft repouffée en raison du furcroît de fluide ajouté à la quantité natu→ relle.

Les autres molécules fituées auprès de la furface du corps, étant dans le même cas que celle dont ik s'agit, la couche entiere formée par ces molécules fera repouffée, & forcée de s'éloigner du corps, à moins que quelqu'obstacle ne s'y oppose. Si l'on conçoit tout le fluide renfermé dans le corps, comme divifé en une multitude de couches concentriques, il fera facile de voir que celles de ces couches, qui feront fituées vers la furface du corps, s'écarteront fucceflivement du centre; en -forte qu'il fe fera un effluvium continuel de matiere électrique, jufqu'à ce que l'équilibre foit rétabli, ou que le corps n'ait plus que fa quantité naturelle de fluide.

7. Concevons maintenant un autre corps, qui

ait perdu une partie de fa quantité naturelle d'électricité, ou qui foit électrife négativement. Alors la force répulfive du fluide fur une molécule fituée près de la furface du corps, étant inférieure à la force attractive de la matiere propre de ce corps, par rapport à la même molécule, l'attraction exercera fur celle-ci une partie de fon action, d'où l'on conclura, par un raisonnement femblable à celui que nous avons fait pour le cas d'une électricité pofitive (6), qu'il y aura une affluence continuelle de matiere électrique dans le corps, jufqu'à ce qu'il ait recouvré fa quantité naturelle d'électricité.

8. Il peut y avoir deux caufes qui s'oppofent aux effets que nous venons de décrire, l'une interne, & l'autre extérieure. La premiere aura lieu, fi le corps eft du nombre de ceux qu'on appelle Idio-électriques (2). Car le fluide ne pouvant le mouvoir qu'avec beaucoup de difficulté à travers ces fortes de corps, fon effluence dans le premier cas, & fon affluence dans le fecond, en feront fenfiblement retardées. L'autre cause eft celle qui provient de la nature des corps environnans, dans le cas où ceux-ci font pareillement idio-électriques, tels qu'un air bien fec. La féfiftance que ces corps oppofent au mouvement de la matiere électrique électrique, produira dans les effluences & affluences dont nous avons parlé,

un retard semblable à celui que peut occafionner la nature même du corps électrife. On voit par→ là pourquoi, toutes chofes égales d'ailleurs, l'électricité d'un corps fe maintient plus longtemps, lorsque ce corps, ou ceux qui l'environnent, font du nombre des corps électriques par

eux-mêmes.

9.

Les conducteurs des machines électriques nous fourniffent une application fimple de ces. principes , par rapport aux corps an-électriques, Dans la machine ordinaire à plateau, les couffins. qui frottent ce plateau, lui tranfmettent fans ceffe une portion du fluide électrique qu'ils renferment. en eux-mêmes, & dont les pertes fe réparent aux dépends de celui des corps voifins., avee lefquels ces couffins font en communication. Le fluide eft enfuite enlevé au plateau par les pointes fituées aux deux extrémités des branches du conducteur, qui par-là fe trouve électrifé pofiti-. vement. Le fupport de verre, qui foutient le conducteur, & qui eft du nombre des corps idioélectriques, empêche, par l'obstacle qu'il oppofe à la propagation de la matiere électrique (2),. que le fluide ne s'échappe de ce côté; & fi l'air environnant eft très-fec, le conducteur confervera. pendant un inftant le fluide qui s'y trouve répandu par excès, au moment où l'on cefle de faire tourner le plateau entre les couffins. Alors, f

l'on préfente une pointe déliée de métal, à une petite distance de ce conducteur, on verra paroître une petite étoile lumineufe, & fort courte, qui indique, comme nous le verrons, une électricité pofitive. Cette étoile eft produite par l'effluvium de la matiere électrique du conducteur, dont les molécules font follicitées par leur force répulfive mutuelle, & par l'attraction de la pointe, à fe porter vers celle-ci, & à y pénétrer ainfi que nous l'expliquerons dans la

fuite.

On fait auffi des machines dont les frottoirs font ifolés, de maniere que, communiquant au plateau leur propre fluide, & ne pouvant en tirer de nouveau des corps voifins, ils tendent continuellement à acquérir l'électricité négative. Alors il fe fait vers les couffins un effluve continuel de la matiere électrique renfermée dans le conducteur qui, à fon tour, s'électrife négativement. Dans ce cas, fi l'on présente à ce conducteur une pointe métallique, on verra fortir de celle-ci un jet lumineux, ou une aigrete allongée, produite par le fluide qui va de la pointe au conducteur pour lui reftituer celui qu'il a perdu. On peut voir, dans les Mémoires de l'Académie des Sciences, année 1786, la defcription d'une trèsbelle machine de ce genre, imaginée par M. le Roi, de la même Académie.

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