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mouvement qu'imprime au fluide naturel répandu fur la furface de la main, l'action du riuide contenu dans le corps électrifé. Car fi la sensation, dont il s'agit, provenoit d'une atmosphere; un homme qui, placé fur un fupport à ifoler, communiqueroit avec un conducteur électrifé, devroit reflcntir une légere impreffion, lorfqu'il préfente le dos de la main au conducteur. Cependant l'expérience montre que l'on n'éprouve alors aucune fenfation particuliere, ce qui vient de ce que le fluide étant en équilibre dans le corps de l'Obfervateur & dans le conducteur de la machine, fes différentes parties n'ont aucune action l'une fur l'autre. Quant à l'odeur que le fluide électrique répand dans certaines circonstances, comme cette odeur ne fe fait jamais fentir que quand le fluide fort réellement d'un corps élec-. tifé, par quelque partie anguleufe; il eft clair qu'elle dépend de la tranfmiffion du fluide d'un

corps dans un autre, & non pas d'une atmo

fphere, qui circuleroit autour du premier de

ces corps.

V. Des changemens que l'action des caufes extérieures peut apporter dans les attracions & répulfions électriques.

52. Nous avons fuppofe jufqu'ici que les corps qui fe repouffoient mutuellement, reftoient abondonnés à eux-mêmes & à l'action du fluide électrique, qu'ils renfermoient, au moment où ils ont commencé à exercer leur force l'un fur l'autre, fans qu'aucune caufe extérieure intervint, foit pour changer leurs distances refpectives, foit pour augmenter ou diminuer la quantité de leur fluide électrique. Et en effet, tant que cette condition aura lieu, les choses fe pafferont, comme nous l'avons expofé, c'està-dire, qu'il arrivera toujours que deux corps, dont les électricités feront homogenes, fe repoufferont mutuellement.

Mais fi, dans le moment auquel ces deux corps se repouffent, on suppose qu'une cause extérieure agiffe fur tous les deux, ou feulement fur l'un des deux, pour le rapprocher de l'autre ; ou bien, ce qui revient au même, fi l'on conçoit que, dans le même tems, l'un des deux corps foit électrifé de nouveau de maniere qu'il

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reçoive un furcroît de fluide électrique, ou perde une partie de celui qu'il renfermoit, les changemens d'état qui en refulteront, par rapport aux corps dont il s'agit, pourront donner lieu à des phénomenes finguliers, qui, au premier coup-d'œil, paroîtront contraires à l'analogie des opérations de la nature; mais dont l'explication fuit naturellement des principes établis par M. Æpinus, & imprime, en quelque forte, à fa théorie un nouveau caractere de certitude.

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Quant aux phénomenes produits par deux corps électrifés originairement, l'un en plus & l'autre en moins, nous verrons plus bas qu'ils ne font fufceptibles d'aucune variation, c'est-à dire, que ces corps s'attireront mutuellement à toutes les diftances.

C.

53. Concevons d'abord deux corps C, G, (fig. 4.) électrifés pofitivement, & fuppofons que tandis qu'ils s'écartent l'un de l'autre, une cause extérieuré agiffe pour rapprocher le corps G du corps La force répulfive du fluide de C refoulera une portion du fluide contenu dans FG, & la fera paffer dans l'autre partie GH. Pareillement la force répulfive du fluide de G, agira fur le fluide de C, pour faire paffer une portion de ce fluide, de la partie BC, dans la partie CD.

Or, il pourra arriver qu'il y ait un point

où la partie CB, par exemple, ait perdu une telle quantité de fon fluide, en passant à l'état négatif, que l'effet de la force attractive de cette partie fur le corps G, compenfe exactement l'effet de la force répulfive de la partie CD. Alors les deux corps refteront immobiles, & fi la même caufe extérieure continue de pouffer G vers C, les deux corps s'attireront réciproquement.

Si, au lieu d'approcher G de C, on augmente fon électricité, comme on en eft bien lé maître, puifque cette augmentation eft encore plus favorable à l'hypothese préfente, qui exige que la totalité du fluide de chacun des deux corps foit au-deffus de fa quantité naturelle; le refoulement du fluide, augmentant à proportion dans le corps C, le même effet aura lieu, & il pourra arriver que les deux corps ou reftent immobiles, ou s'attirent, dans le cas d'une plus forte électricité de la part du corps G.

Ces phénomenes paroiffent d'abord offrir des effeces de paradoxes, en ce qu'on y voit la force repulfive des deux corps, qui fembleroit devoir s'accroître à mefure que la diftance diminue entre ces corps, devenir d'abord nulle, & enfuite fe changer en une force oppofe, qui produit des attractions. Mais on voit en même tems combien ces phénomenes s'accordent heu

reufement avec les principes de la théorie, & avec les loix auxquelles font foumifes les opé rations de la nature.

M. Epinus indique un moyen fimple, pour mettre ce cas en expérience. Sufpendez à un fil de foie une petite balle de liége, & placez auprès de cette balle, un cylindre de métal ifolé; en forte que le fil de foie étant dans une direction verticale, la balle touche prefque le cylindre de métal. Attachez enfuite à cette balle un fecond fil de foie, que vous ferez paffer dans un crochet, de maniere que vous puiffiez rapprocher à volonté la balle, du cylindre de métal, lorfqu'elle s'en fera écartée. Enfin, faites communiquer ce cylindre avec un long fil de fer pareillement ifolé. Les chofes étant dans cet état, électrifez par frottement un tube de verre. Touchez enfuite fucceffivement, avec ce tube, la balle de liége, & le fil de fer dont on a parlé ; bientôt la balle repouffée par le conducteur s'en écartera. Tirez alors le fecond fil de foie, pour la ramener vers ce conducteur, &, lorfqu'elle n'en fera plus éloignée que de trois ou quatre lignes, vous verrez la répulfion fe changer tout-à-coup en attraction, & le fil de fufpenfion fe porter de luimême vers le conducteur.

On peut varier cette expérience de la maniere

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