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que toutes les petites quantités de fluide, qui paffent du crochet de la bouteille dans la pointe, ou qui vont de celle-ci à la furface extérieure de la bouteille aient rétabli l'équilibre, de

maniere que la bouteille fe retrouve dans l'état naturel, comme nous l'expliquerons plus amplement par la fuite.

M. Le Roy, de l'académie des fciences, a fait une fuite d'expériences très-intéreffantes fur les aigrettes & les points lumineux que l'on apperçoit aux extrêmités de différentes pointes, faifant partie d'un appareil électrique. On peut confulter fur cet objet les mémoires de l'académie des sciences, année 1753, édition in-12, page 671 & fuivantes, où l'on verra le parti avantageux que ce favant Phyficien a fu tirer des phénomenes, dont il s'agit, pour diftinguer les cas où l'électricité eft pofitive, d'avec ceux où elle eft négative.

70. M. Priestley a obfervé (hiftoire de l'électricité, tome III, page 165 & fuivantes) qu'il partoit toujours d'une pointe électrifée, foit en plus, foit en moins, un courant d'air, dont la direction étoit très-fenfible, lorsqu'on approchoit de cette pointe la flamme d'une bougie; car celle-ci est toujours chaffée plus ou moins loin de la pointe. Le favant chimifte Anglois a donné lui-même l'explication de ce fait, fui

vant les principes de la théorie de M. Francklin ; avec laquelle celle de M. Æpinus s'accorde parfaitement à cet égard. Car, comme la matiere électrique eft lancée ou reçue par les pointes, avec beaucoup de facilité & en grande abondance, il arrive néceffairement que l'air voifin d'une pointe électrisée en plus, fe charge luimême d'une quantité de fluide électrique audeffus de fa quantité naturelle, & que celui qui eft auprès d'une pointe dans l'état négatif, paffe lui-même à un femblable état, en per dant une portion de fon fluide naturel. Les molécules de l'air doivent donc s'écarter de la pointe, dans quelqu'état que foit celle-ci (23, 27) & comme elles font auffi-tôt rem placées par d'autres molécules, qui font pareillement repouffées à leur tour, il en résulte un courant qui va de la pointe vers l'endroit oppofé à cette pointe.

71. Si une perfonne placée fur un fupport à ifoler, & mife en communication avec un conducteur électrifé en plus, étend fa main dans une pofition verticale, & qu'une perfonne non ifolée préfente un doigt vis-à-vis de cette main, à la diftance de quelques pouces, il s'excite un courant, qui va du doigt de la feconde perfonne à la main de la premiere, & dont l'impreffion eft très-fenfible fur celle-ci; en même-temps on

apperçoit

apperçoit une aigrette, dont le fommet eft contigu au doigt de la perfonne non-ifolée.

M. l'Abbé Nollet, qui cite cette expérience, (Leçons de Phyfiq. expérim. T. VI, pag. 307 & 370), en concluoit qu'il fortoit du doigt non-ifolé, un courant de fluide électrique, qui alloit vers la main électrifée, & il attribuoit à ce courant, l'impreffion femblable à celle d'un fou fle, qui fe fait fentir fur cette main. Il paroîtroit cependant, d'après les principes expofés plus haut, que le courant devroit fe porter de lá main électrifée au doigt ifolé, avec cette diffé rence, que ce feroit un courant d'air, & non de fluide électrique. Mais il eft facile de ramener ce fait aux principes de la Théorie de M. Æpinus, dont il eft une fuite néceffaire.

Car, en premier lieu, la forme du doigt étant femblable à celle d'une pointe mouffe, les filets de la matiere électrique, que ce doigt foutire de la main électrifée, en vertu de leur force attractive, doivent fe replier vers l'extrêmité du doigt; & comme ils n'y entrent pas auffi facilement que s'il étoit terminé en pointe aiguë ils fe condensent affez pour qu'il en résulte unë aigrette dont le fommet eft contigu à celui du doigt. De plus, le fluide électrique se trouvant plus refferré à mesure qu'il approche du doigt, devient plus abondant à proportion, dans un

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espace donné, d'où il fuit que la portion d'air qui entoure le doigt, reçoit un excès d'électricité plus confidérable, que la portion qui occupe un égal espace auprès de la main électrifée. La force répulfive mutuelle des molécules électriques, doit donc avoir auffi plus d'énergie auprès du doigt par lequel entre l'aigrette, d'où il résulte que le courant d'air doit le porter de ce doigt vers la main de la perfonne électrifée.

VIII. De l'expérience de Leyde.

72. Concevons que abfe (fig. 18), repréfente un fegment de la lame de verre, qui forme le ventre d'une bouteille de Leyde armée à l'ordinaire, cogd, une portion de la matiere métallique appliquée fur la furface intérieure & isnk une portion du métal qui recouvre la furface extérieure ; que tx foit une chaîne qui communique avec le conducteur de la machine électrique, & Im une autre chaîne, qui tienne à des corps an-électriques, & non-ifolés. Suppofons que l'on ait excité, par quelques tours de plateau, ou du corps qui en tient lieu, un certain degré d'électricité pofitive dans le conducteur. Une partie du fluide électrique paffera à travers la chaîne tx, pour se rendre dans la lame cogd, qui Le trouvera elle-même électrifée en plus; & f

l'on imagine que l'air environnant foit très-fec, & que la quantité de fluide additive ne foit pas fuffifante pour vaincre fa réfiftance, cette quantité ne pouvant pénétrer d'ailleurs, qu'avec beaucoup de difficulté, le verre abfe (a), restera toute entiere, ou prefque toute entiere dans la lame cogd. Voyons maintenant ce qui doit arriver à la lame extérieure isnk. D'abord le fluide renfermé dans cogd, exerçant une force répulfive fur les molécules du fluide naturel de isnk (41), une partie de ce dernier fluide ferat forcée de fortir de la lame isnk, & trouvant de la résistance de la part de l'air environnant tandis que la chaîne Im lui offre un libre paffage, elle s'échappera à travers cette chaîne, .& fe perdra dans les corps contigus. A mesure qu'il fortira du fluide de isnk, la force répulfive mutuelle des molécules qui y resteront, diminuera, & l'attraction de la matiere propre de isnk fur ces molécules s'accroîtra; en forte qu'il y aura un point où cette attraction balancera l'effet de la force répulfive du fluide de cogd, & à ce terme l'effluvium s'arrêtera, & il ne paffera plus rien dans la chaîne Im. Les molécules fituées le long de la ligne ik, (& il faut en

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(a) On a tenté de fupprimer le verre, pour y fubftituer une lame d'air qui a produit le même effet,

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