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rigoureufement vrai, comme le difent les partifans de la Théorie de M. Francklin › que la bouteille ne fe chargeroit nullement dans un air très-fec. Effectivement, fi l'on effaie de décharger une pareille bouteille, à l'aide d'un excitateur, on tirera de la partie cd, ou de toute autre partie en communication avec elle, une étincelle qui, quoique foible, le fera moins cependant, que fi la furface intérieure n'avoit de fluide électrique que ce qu'elle auroit reçu, indépendamment de la lame sikn.

79. Une bouteille chargée, fufpendue fous un récipient que l'on purge d'air, fe décharge à mefure que l'on fait le vuide. Si cette expérience eft faite dans l'obfcurite, on voit une multitude de jets lumineux qui fortent du crochet de la bouteille, & fe replient vers fa partie extérieure. La raison de ce phénomene eft fenfible d'après ce qui a été dit ci-deffus, Car la matiere électrique n'étant plus retenue, dans l'arınure intérieure, par la réfistance de l'air, s'échappe à travers le crochet, pour fe rendre à la furface extérieure, qui exerce fur elle une force attractive; en forte que les deux furfaces reviennent peu-à-peu à l'état naturel, celle qui eft électrifée en plus, tranfmettant fucceffivement tout fon excès de fluide à celle qui eft dans l'état négatif. Cette belle expérience a été imaginée par

M. de Parcieux, neveu du célébre Académicien de ce nom, & connu par fes talens pour la Phyfique expérimentale.

80. Il fuit encore delà, qu'une bouteille ne peut fe charger, du moins que très-foiblement, dans le vuide, lors même que fa furface extérieure eft en communication avec des corps an-électriques. Car, en purgeant d'air le récipient, on fupprime un puiffant obftacle, qui eût maintenu, dans l'armure intérieure, l'excès de fluide électrique fourni par le conducteur; en forte qu'il ne faut à cette armure qu'un léger degré d'électricité pofitive, pour qu'elle parvienne à fon point de faturation.

81. Si l'on fufpend à un cordon de foie, au milieu d'un air fec, une bouteille de Leyde, après l'avoir chargée, & qu'on approche le doigt de fa furface extérieure, il n'en fortira aucune étincelle, quoique cette furface foit électrifée négativement, ce qui doit arriver, d'après les principes établis ci-deffus (72), puifque les actions des deux furfaces fur le fluide extérieur se balancent tellement, que ce fluide est autant attiré que repouffé, & qu'il doit par-là refter immobile le long de la furface ik (fig. 19). Mais fi l'on approche le même doigt du crochet qui eft en communication ave la furface intérieure, on en tirera une petite étincelle, parce que,

comme nous l'avons dit, la bouteille exerçant encore une partie de fa force répulfive fur le fluide de la furface extérieure, qui n'y est retenu que par l'air environnant, l'attraction du doigt, qui ajoute à cette force répulfive, doit déterminer une portion du fluide dont il s'agit, à s'échapper au-dehors. Alors la furface intérieure ayant perdu de fon fluide électrique, fa force répulfive, à l'égard de la furface extérieure, fe trouve diminuée; en forte que celle-ci fera capable d'attirer une certaine quantité de molécules, & l'attireroit en effet, en la dérobant à l'air environnant, fans la difficulté qu'éprouve le fluide à fe mouvoir dans cet air.

Les chofes étant donc dans cet état, fi l'on approche de nouveau le doigt de la furface extérieure, il fortira une étincelle occafionnée par le fluide, qui fe portera du doigt vers cette furface. Alors l'équilibre fera encore rétabli; en forte qu'on ne pourra plus obtenir d'étincelle, en approchant de nouveau le doigt de la furface extérieure. Mais fi on l'approche du crochet, on tirera une nouvelle étincelle; & ainfi fucceffivement, de maniere qu'en portant le doigt tour à tour de l'une à l'autre furface, on déchargera peu à peu entiérement la bouteille.

82. On voit par-là, que la bouteille fufpendue & ifolée, ne peut commencer à fe décharger

fpontanément, qu'en perdant une partie du fluide de fa furface intérieure, & en la communiquant à l'air, après quoi la furface extérieure commencera elle-même à perdre, & ainfi de fuite jufqu'à ce que les deux furfaces foient retournées à leur état naturel. Ce retour fe fera d'autant plus lentement, que l'air voifin fera plus fec, & l'on a vu quelquefois des bouteilles, ainfi fufpendues, donner encore des fignes fenfibles d'élec tricité, au bout de vingt-quatre heures, & même de plufieurs jours.

IX. De quelques moyens particuliers d'exciter la vertu électrique.

83. L'appareil & le jeu de nos machines électriques, font dirigés vers les deux moyens les plus ordinaires d'électrifer les corps, l'un, à l'aide du fimple frottement; l'autre, par le contact ou la proximité d'un corps qui a déja reçu la vertu électrique. Ces deux moyens ont été pendant long-temps les feuls que l'on ait connus. On s'eft apperçu depuis, que parmi les substances fufceptibles d'être électrifées par frottement, quelques-unes, telles que la Réfine, la Cire d'Espagne, le Soufre, &c. donnoient des fignes d'électricité, lorfqu'on les avoit fait fondre, & qu'elles étoient récemment réfroidies. La Cire

d'Espagne, en particulier, eft, en quelque forte, fi fenfible à l'action de la chaleur, relativement au même effet, qu'il fuffit de chauffer très-légerement un bâton de cette Cire, & de le présenter à une petite diftance d'une aiguille tournante, dont je parlerai plus bas, pour voir cette aiguille fe mettre en mouvement. La même Cire fe trouve prefque continuellement électrique, fans aucune préparation, pour le peu que la température de l'air foit chaude & féche en mêmetemps.

84. L'effet de la chaleur, pour feconder l'action du fluide électrique, paroît confifter dans la dilatation, qui écarte les molécules propres des corps, & facilite par-là le mouvement interne du fluide, pour fe porter d'une partie de ces corps vers l'autre. Cet effet ne prouve donc aucune analogie directe entre la matiere de la chaleur & la matiere électrique, & il me semble qu'en affignant des rapports entre ces deux matieres, comme l'ont fait quelques Phyficiens, on doit diftinguer les cas où la chaleur entre feulement comme moyen auxiliaire dans la production des phénomenes, d'avec ceux où fa maniere d'agir feroit femblable à celle du fluide électrique. Parmi les faits relatifs à ce dernier point de comparaison, il en eft un, par exemple, qui eft très-remarquable. La chaleur, comme

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