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point s'arrêter; mais le génie, fublime & fage à la fois, après être parvenu, par fon effor, jufqu'au plus haut point où il lui foit donné de s'élever, fait y reconnoître la borne qu'il doit refpecter.

Ces réflexions fuffifent, ce me femble, pour faire tomber toutes les objections que l'on a oppofées aux Théories. On a accufé, , par exemple, Newton, d'avoir fait revivre les qualités occultes des anciens en établiffant l'exiftence de l'attraction. Supprimons le mot, & bornons-nous à dire que les corps céleftes tendent à s'approcher les uns des autres avec des viteffes en raifon inverfe des quarrés des distances, quelle que foit la caufe de cette tendance. La découverte de ce grand homme ne perdra rien de fon mérite, & fa Théorie aura toujours l'avantage inappréciable de représenter exactement, à l'aide des courbes & du calcul, toutes les variations que l'on obferve dans les mouvemens céleftes, & non-feulement de rendre raifon de toutes

de les annoncer,

les perturbations qu'ils éprouvent, mais d'en déterminer d'avance, & l'époque & la quantité. Rien de plus admirable que cet accord conftant & général entre les résultats de la Théorie & ceux de l'obfervation, accord qu'ont fervi à vérifier de plus en plus les progrès que l'Aftronomie phyfique a faits de nos jours, &, en particulier, les profondes recherches de MM. de la Grange & de la Place, qui partagent la gloire de Newton, en contribuant à la lui afsûrer.

M. Francklin avoit eu celle de poser les fondemens d'une Théorie de l'électricité, beaucoup plus fatisfaifante que tous les fyftêmes qui avoient paru jufqu'alors. Il s'étoit attaché, fur-tout, à prouver l'existence des deux électricités pofitive & négative. Il avoit fait voir, par des expériences qui paroiffent décifives, qu'en même temps que l'une des deux furfaces de la bouteille de Leyde, acquéroit une certaine portion de fluide électrique audeffus de fa quantité naturelle, la surface

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&

oppofée perdoit une partie de la fienne, que la propriété de donner cette fecouffe violente que l'on reffent dans l'expérience de Leyde, étoit produite par le retour rapide de la quantité excédante du fluide communiqué à la furface électrisée en plus, vers la furface électrifée en moins. Mais cette Théorie étoit fufceptible d'être traitée avec un nouveau degré de précision, & développée d'une maniere plus étendue qu'elle ne l'avoit été par ce Savant célebre. M. Æpinus, de l'Académie de Pétersbourg, a entrepris cette tâche, & l'a remplie avec tout le fuccès qu'on devoit attendre de fa fagacité & de fon génie (a). En appliquant le calcul au principe de l'électricité pofitive & négative, en exprimant l'action des forces que les corps électriques exercent

les uns fur les autres, en vertu de leur excès ou de leur défaut de fluide

, par

(a) Tel eft l'objet de l'Ouvrage que nous avons cité plus haut, & qui a été composé en 1759.

des formules fimples qu'il manie enfuite avec beaucoup d'adreffe, il eft parvenu à des conféquences parfaitement conformes aux réfultats que préfente l'observation. Il a ramené aux principes fondamentaux de la Théorie, divers phénomenes dont on n'avoit encore donné que des explications peu fatisfaifantes, tels que les attractions & répulfions que l'on obferve fi souvent entre les corps électriques, & fur-tout la répulfion mutuelle de deux corps électrifés en moins. Enfin, par une analyse plus approfondie des phénomenes déja expliqués, il a déterminé, d'une maniere plus précise, l'influence des caufes qui fe combinent entr'elles dans la production de ces phénomenes.

Il n'a pas été moins heureux dans l'explication des phénomenes qui dependent du magnétifme, & cette partie de fon travail lui fait d'autant plus d'honneur, qu'elle eft abfolument ncuve. Il a prouvé que le fluide magnétique, quoique différent, par fa nature, du fluide électri

que, agiffoit de la même maniere à l'égard des corps fufceptibles de magnétifme; & envisageant fon fujet dans fa plus grande généralité, il a déduit des principes de la Théorie, non-feulement l'explication de tous les phénomenes que préfentent les actions réciproques de plufieurs corps magnétiques, & la communication du magnétifme d'un corps à l'autre, mais encore l'action qu'exerce le magnétifme du globe terreftre fur les aiguilles de bouffole, les variations. qu'on obferve dans la déclinaifon & l'inclinaifon de ces aiguilles à différentes latitudes, &c. Ceux d'entre ces phénomenes qui tiennent du paradoxe, & dont nous avons cité quelques-uns, ne font que des conféquences néceffaires de la Théorie, & certains faits qu'il paroiffoit d'abord impoffible d'y ramener, fe trouvent expliqués avec la même facilité. Jamais une Théorie n'eft mieux établie, que quand les difficultés qui fembloient, au premier coup-d'œil, fournir des armes.

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