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pour la combattre & la détruire, fe tournent en preuves, & en deviennent la plus folide défense.

Il faut convenir cependant, que parmi les principes fur lefquels eft fondée la Théorie de M. Epinus, il en est un qui s'écarte tellement en apparence des principes de la faine phyfique, que l'Auteur lui-même a long-temps balancé pour l'admettre, & ne s'y eft déterminé qu'après un mûr examen. Ce principe confifte, en ce que les molécules propres des corps ont une force répulfive mutuelle, comme les molécules même du fluide électrique, ou du fluide magnétique. M. Æpinus fait voir que l'exiftence de cette force eft une fuite néceffaire de celle des deux forces dont nous avons parlé plus haut, & qui fervent de bâse à la Théorie de M. Francklin. Au fonds, il n'y a pas plus d'inconvénient à admettre une force répulfive entre les molécules des corps, qu'entre celles des fluides, foit électrique, foit magnétique, puifque,

comme

comme nous l'avons dit, le mot de force n'exprime ici qu'un fait dont on ne recherche point la caufe. Tout ce qu'on pourroit objecter de plus fpécieux contre de pareilles forces, c'eft qu'elles ne se concilient point avec le principe de la gravitation univerfelle. Mais comme les forces répulfives, dont il s'agit, n'exercent leur action que dans le cas particulier des phénomenes électriques ou magnétiques, & que cette action, comme enchaînée par des forces contraires, demeure fufpendue, lorfque les corps rentrent dans leur état naturel, ainfi qu'on le verra dans le cours de cet Ouvrage, la gravitation univerfelle n'en fera pas moins une force générale, qui éprouvera feulement des perturbations locales & paffageres, occafionnées par les phénomenes de l'électricité & du magnétifme. Enfin, il est trèsvraisemblable que quand la nature de ces phénomenes fera mieux connue découvrira qu'ils dépendent des actions fimultanées de deux fluides tels, que les

b

on

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molécules de chacun d'eux auroient la propriété de fe repouffer mutuellement (a), & en même-temps celle d'attirer les molécules de l'autre fluide, en forte que l'un des deux feroit la fonction que M. Epinus attribue aux molécules propres des corps (b). Quoi qu'il en foit, (& c'eft ici le point effentiel), les forces affignées par M. Epinus doivent être regardées au moins comme les équiva

(a) La gravitation univerfelle n'empêche pas les Phyficiens d'admettre la répulfion mutuelle des molécules d'un fluide élastique, au point de contact. Or, la répulfion à distance, quelle qu'en foit la cause, fait encore moins de difficulté, par rapport à l'attraction.

(b) Plufieurs Savans ont déja cru appercevoir, dans certains phénomenes de l'électricité, des circonstances qui annoncent l'existence de deux fluides. Voici comme s'exprime, entr'autres, le célebre M. de Sauffure, (Voyage dans les Alpes, Tom. II, pag. 243). « Je " ferois porté à regarder le fluide électrique, comme » le réfultat de l'union de l'élément du feu avec » quelqu'autre principe qui ne nous eft pas encore » connu. Ce feroit un fluide analogue à l'air inlam»mable, mais incomparablement plus fubtil ».

lens des véritables forces employées par la Nature : quelque parti que l'on prenne, la marche de la Théorie fera à peu-près la même, & offrira dans les conféquences, des mêmes vérités & le même accord avec les résultats donnés par l'obfervation.

M. Epinus admet encore, avec plufieurs Phyficiens, l'existence d'un noyau doué d'une grande force magnétique, & placé au centre du globe terreftre. Cette affertion, au premier coup-d'œil, a quelque chofe de fingulier, & l'on feroit tenté de la regarder comme un de ces expédiens auxquels on a quelquefois recours, par la difficulté d'expliquer certains phénomenes, plutôt que comme une conféquence amenée naturellement par l'observation des faits. Mais lorsqu'on voit une aiguille aimantée, transportée fucceffivement fur différens points du globe, y prendre des pofitions parfaitement analogues à celles qui auroient lieu, fi on lui faifoit faire différens circuits autour d'un aimant

fphérique, foit naturel, foit artificiel; lorfqu'on voit de même le fer nonaimanté, tantôt devenir un véritable aimant, tantôt n'acquérir aucune vertu, fuivant les directions qu'on lui donne par rapport aux poles du globe & à l'horizon du lieu, & cela précisément dans les mêmes circonftances où un aimant fphérique donneroit des résultats femblables; lorfqu'enfin on confidere que le globe terreftre, qui a une action fi marquée fur le fer, pour lui communiquer la vertu magnétique, différe cependant des aimans qui font à notre portée, en ce qu'il n'attire point fenfiblement, comme ceux-ci, le fer aimanté, & que cette différence doit néceffairement avoir lieu dans le cas où l'action du globe s'exerceroit à une très-grande distance, on eft conduit, comme malgré foi, à conclure, avec M. Æpinus (a), que le Créateur, pour des raifons puifées dans fa fageffe, a placé au centre

(a) Pages 268 & 269.

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