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de notre globe un corps qui a toutes les propriétés des véritables aimans, & cette hypothefe, qui avoit d'abord les apparences contr'elle, prend un air de vraisemblance, qui ne permet gueres de concevoir que la chofe puiffe être autrement. Eh! combien de vérités la Phyfique ne nous a-t-elle pas fait connoître, avec lefquelles les efprits ont eu befoin de fe familiarifer en quelque forte, par une étude fuivie des preuves fur lesquelles elles étoient fondées?

M. Epinus eft le premier qui ait appliqué le calcul à l'Electricité & au Magnétifme. Dans toutes les Théories qui avoient paru jufqu'alors fur ces deux branches de nos connoiffances, l'explication des phénomenes eft présentée à l'aide du feul raifonnement. Or, le calcul analytique n'eft lui-même que la traduction d'un raifonnement dans une langue très - abrégée, & qui réunit à l'avantage de refferrer dans un espace étroit un grand ensemble de combinai

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fons, celui de foulager l'efprit, & de lui ménager des repos, en ne lui présentant jamais à la fois qu'une feule formule à transformer en une autre. Cette méthode a, de plus, le mérite de porter dans les résultats une rigueur & une précifion qui exclud toute incertitude & tout foupçon de parallogifme. Mais comme les Ouvrages de ce genre ne font à la portée que d'un petit nombre de Lecteurs, & que la connoiffance des phénomenes de l'Electricité & du Magnétifme est trèsrépandue, j'ai cru qu'un Ouvrage, où l'on expoferoit la Théorie dont il s'agit, dépouillée de l'appareil du calcul, pourroit n'être pas indifférent aux amateurs de la Phyfique. Cette marche a d'ailleurs auffi ses avantages; elle donne l'efprit des méthodes qu'emploie le calcul; elle développe les idées qué les formules ne font qu'indiquer d'une maniere très-générale : elle fait concevoir la liaifon du principe avec les conféquences qui en découlent, & difparoître cet air de paradoxe fous lequel

se préfentent certains résultats où l'on ne se trouve conduit qu'avec une forte de furprise par les démonftrations algébriques.

Au refte, le raisonnement ne peut être fubftitué avec quelque fuccès au calcul que dans les queftions d'un certain ordre, & qui ne tiennent point aux hautes Mathématiques, ni aux propriétés des courbes (a). C'est alors que les reffources du calcul deviennent à la fois néceffaires, & dignes de toute notre admiration, en ce qu'elles nous menent par un voie également courte & directe au même but, où l'on ne pourroit arriver, à l'aide du raisonnement, que par un circuit immenfe, & qui peut-être même exigeroit des

(a) Il en faut dire autant des matieres qui exigent que l'on parvienne à des résultats rigoureux, en forte que la Théorie ne puiffe être bien démontrée, qu'autant qu'elle affigne, non-feulement le genre ou la qualité mais la quantité précise des actions qui produifent les phénomenes, & qu'elle donne, dans les applications, les limites exa&es entre lesquelles ces actions font renfermées.

efforts au-deffus de la portée de l'esprit humain. Tout ce qu'on peut faire, dans ces fortes de cas, au défaut des reffources dont je viens de parler, c'est d'exposer, de la maniere la plus claire, qu'il eft pof-fible, d'abord l'état de la question, & enfuite le résultat; & c'eft ainfi que j'ai été forcé d'en ufer dans un petit nombre de circonftances, où le calcul femble parcourir des routes inacceffibles à la raison abandonnée à fes propres forces (a).

Mais, quoiqu'en général la Théorie de M. Epinus me paroiffe avoir un degré de fimplicité, qui la rend fufceptible d'être préfentée, fans employer le calcul, on concevra que j'ai dû avoir plus d'un obftacle à vaincre, pour retrouver l'efprit des démonstrations caché, en quelque

(a) J'ai fubftitué, dans ces fortes de cas; aux méthodes du calcul analytique, lorsque cela m'a été poffible, des démonftrations fondées fur les principes de la Géométrie élémentaire, que j'ai rejettées dans des notes, en faveur de ceux qui poffedent les principes de cette Géométrie.

forte, fous l'enveloppe des formules analytiques, & préfenter, à l'aide du langage ordinaire, une marche fans ceffe compliquée de quatre forces différentes qui concourent à la production des phénomenes électriques & magnétiques. Auffi, quelqu'effort que j'aie fait, pour être en même-temps clair & précis, je ne diffimulerai pas que la lecture de cet Ouvrage demande une attention férieufe & foutenue, & cette habitude de combiner fes idées, que l'on pourroit appeler le calcul de la raison. Cette lecture exige auffi que l'on ait une notion des rapports & des proportions; notion qui, au reste, fe trouve dans tous les Traités d'arithmétique, & qu'il eft facile de fe procurer en très-peu de temps.

Je ne me suis point aftreint à suivre l'ordre que s'eft prescrit M. Æpinus dans fon Ouvrage, & j'ai disposé les différens articles de fa Théorie, de la maniere qui m'a paru la plus convenable, relativement au but que je me propofois. J'ai ajouté

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