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plufieurs nouvelles applications de la Théorie à des faits dont la découverte eft poftérieure à l'Ouvrage de M. Æpinus, ou dont il n'avoit parlé qu'en passant, tels que le pouvoir des pointes, les étincelles & aigrettes électriques, &c. J'ai auffi donné la folution de certains cas que M. Æpinus avoit laiffés indéterminés, faute de connoître la loi, fuivant laquelle agiffent les fluides électrique & magnétique, à raifon des diftances. J'ai été conduit à ces nouvelles folutions par la découverte qu'a faite M. Coulomb de la loi dont il s'agit, & qu'il a bien voulu me permettre d'expofer, d'après les Mémoires très-intéreffans qu'il a lus fur cet objet à l'Académie, pendant le cours des années 1785 & 1787. Enfin, on trouvera dans cet Ouvrage des détails fur différentes découvertes, ou obfervations récentes, faites par MM. Lavoifier, de la Place, de Caffini, &c. Ainfi mon travail, fi j'ai eu le bonheur de le rendre digne de l'attention du Public, réunira à l'avantage

de lui présenter dans un langage intelligible pour tous les ordres de Lecteurs, une des plus favantes Théories qui ait celui de renfermer une

encore paru, efpece de Supplément à cette Théorie, telle qu'elle a été donnée par l'Auteur. Quant aux Phyficiens Géometres, j'aurai rempli mon vœu à leur égard, fi je puis leur infpirer le defir de chercher l'explication des phénomenes de l'Electricité & du Magnétifme, dans la lecture même d'un Ouvrage trop-peu connu, & digne d'être placé parmi le petit nombre de ceux qui doivent faire époque dans l'Hiftoire des Sciences.

Extrait des Regiftres de l'Académie Royale des Sciences, du 21 Juillet 1787.

N

ous avons été nommés par l'Académie, pour lui rendre compte d'uh Ouvrage de M. l'Abbé HAUY, intitulé, Expofition raifonnée de la Théorie de l'Électricité & du Magnétifme, fuivant les principes de M. Epinus.

La Théorie de M. Francklin avoit déja répandu un grand jour fur les phénomenes de l'Electricité, lorfque M. Epinus fe propofa d'ajouter de nouveaux degrés de perfection à cette Théorie, & de l'étendre aux phénomenes moins variés, mais non moins intéressans du Magnétisme. L'Ouvrage où font confignées les différentes recherches de l'Académicien de Pétersbourg, parut en 1760, fous le titre de Tentamen Theoria Electricitatis & Magnetifmi. Il est fondé fur un trop petit nombre de principes, pour que nous n'en faffions pas mention.

Ceux de l'Electricité fe réduifent à deux : 1o. Les molécules du fluide électrique fe repouffent mutuellement, & font attirables par tous les corps connus. 2o. Il y a des corps qui livrent un paffage facile à la matiere électrique, & d'autres où ce fluide ne fe meut qu'avec une grande difficulté, fans néanmoins que l'imperméabilité foit abfolue."

La Théorie du Magnétifme fuppofe, 1°. que les molécules du fluide magnétique fe repouffent mutuellement, & font attirables par le fer feulement dans l'état métallique. 2°. Que les corps fufceptibles de magnétifme ne laiffent mouvoir le fluide dans leur intérieur, qu'avec une extrême difficulté, & ne lui permettent point de paffer en quantité fenfible dans les corps voifins; & pour expliquer le Magnétifme fpontané de certains corps, ainfi que la direction conftante de l'aiguille aimantée, il faut admettre, comme troifieme principe, que l'attraction du globe eft équivalente à celle d'un noyau doué d'une grande force magnétique, & placé à

fon centre.

Ces principes, maniés avec adreffe, fuffisent pour ex

pliquer les phénomenes les plus finguliers de l'Ele@ricité & du Magnétifme, en faifir les moindres circonstances, & prévoir avec exitude ce qui résultera d'une expérience projettée. Cependant M. Æpinus ne s'eft pas borné à rendre compte des faits connus, & à porter précision du calcul dans des objets qui en paroiffoient peu fufceptibles; il a encore enrichi la fcience de plufeurs découvertes importantes.

la

Dans la Théorie de l'Electricité, il a observé qu'un corps électrifé n'a aucune action fur un corps nonélectrifé; 11 eft l'inventeur de l'électrophore, ou d'une expérience qui en tient lieu enfin il a remarqué le premier, que dans l'expérience de Leyde, le verre pouvoit être remplacé par une lame d'air, & que la commotion n'eft plus foible, qu'à raifon de la plus grande épaiffeur qu'on eft obligé de laiffer à la couche d'air.

La Théorie du Magnétifme, fortie toute entiere des mains de M. Æpinus, lui fait encore plus d'honneur. Il a démontré le premier que l'action directive du globe fur les aiguilles aimantées, pouvoit être fenfible, fans que la force attractive le fût. Il a perfectionné confidérablement la méthode d'aimanter de MM. Micheli & Canton; enfin, il a donné de nouveaux moyens d'exciter la vertu magnétique au plus haut degré, fans le fecours d'aucun aimant, ni naturel, ni artificiel.

L'Ouvrage de M. Apinus, eft fans doute un de ceux qui doivent faire époque dans l'Hiftoire des Sciences, & quand le fyftême fur lequel il eft fondé fe démentiroit en quelques points, cet Ouvrage contient encore affez de chofes indépendantes de la Théorie, pour mériter l'attention des Phyficiens. Un feul principe paroît difficile à admettre dans la Théorie de M. pinus; quoiqu'il foit une fuite immédiate de ceux que nous avons rapportés, c'eft la répulfion des molécules des corps. Cependant, fi l'on fait attention qu'il ne s'agit point ici de répulfions ni d'attractions abfolues, mais d'effets qui peuvent tenir à une caufe quelconque, par exemple, à l'existence de deux fluides, comme le penfent plufieurs Phyficiens, on aura moins de peine à admettre une hypothefe, qui eft appuyée par un très-grand nombre de faits, & qui d'ailleurs n'eft point contraire à la saine Physique.

Nous ne devons pas omettre, que l'Ouvrage de M. Apinus a le mérite de l'exactitude que le calcul y a introduite; exactitude qui ne peut avoir lieu que dans une fcience déja perfectionnée. Mais ce mérite, aux yeux des Phyficiens Géometres, devient un obftacle pour ceux qui ont trop peu de connoiffances Mathématiques. En confequence, M. l'Abbé Haüy a jugé qu'il rendroit un fervice important à la Physique, en réduifant au fimple raifonnement les calculs de M. Apinus, & en mettant ainfi à la portée de tout le monde un Ouvrage peu connu, & digne de l'être.

Cet Ouvrage, quoique très-clair, étoit peut-être un peu diffus & peu méthodique, comme tous les Ouvrages de Génie. M. l'Abbé Haüy y a rétabli l'ordre & la précision; & dans un Volume beaucoup moindre, il a ajouté l'expofition & la Théorie de plufieurs phénomenes intéreffans, tels que le pouvoir des pointes, les étincelles & aigrettes électriques, l'électricité manifestée dans le réfroidiffement & l'évaporation des corps, fuivant les obfervations de MM. Lavoifier, de la Place & de Sauffure, &c.

Nous ne pafferons pas fous filence la découverte de la loi que fuit l'action des fluides électrique & magnétique, à raison des distances. M. Epinus avoit foupçonné que cette action fuivoit la raifon inverse du quarré des diftances; il étoit porté à le croire, par analogie feulement, & fans avoir aucune expérience pour Pétablir. Auffi employe-t-il quelquefois dans fes calculs la raifon inverfe de la fimple diftance, & l'ignorance de la vraie loi l'avoit empêché de porter certains réfultats au degré de jufteffe convenable. Il étoit réservé à M. Coulomb de découvrir cette loi par un moyen entiérement à lui, & qui peut fervir à mefurer de très-petites forces avec une grande exactitude; découverte d'autant plus difficile que Newton & d'autres Phyficiens avoient cru voir dans les actions électriques & magnétiques, la raifon inverfe du cube, ou même d'une plus haute puiffance de la diftance. M. l'Abbé. Haüy a foin d'expofer la vraie loi, d'après M. Coulomb, & de rectifier, à l'aide de ce moyen, plufieurs calculs de M. Æpinus.

Nous concluons que l'Ouvrage de M. l'Abbé Haüy eft très-propre à répandre les notions les plus faines fur

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