Walchi hift. crit. lat. ling. Pi res ridicules dont on chargcoit auparavant IV, On ne peut encore trop lire aujourd'hui cet écrit, quoique depuis long-temps on ait évité la plus grande partie des défauts qui y font repris fi juftement, & avec une fi grande pénétration d'efprit. Le pape Nicolas V. prêta la main à ces fçavans, & de peur que l'indigence ne retardât les biens qu'il efperoit de leurs veilles & de leurs travaux, il les combla de bienfaits; il fit • chercher à fes dépens, même dans les pays étrangers,les manufcrits qu'il put recouvrer; il mit par là ces fçavans en état de les étudier, de conformer leur ftyle à ceux des anciens, & de profiter de leur érudition. Paul V. en 1610. après avoir confirmé la bulle de Clement V. fi favorable aux études, ajouta qu'il vouloit que ceux qui auroient fait plus de progrès dans les langues, fuffent préferez aux autres pour le doctorat, & que fi c'étoient des religieux, on les choisit préferablement pour remplir les dignitez de leurs ordres. Il profitoit ainfi pour le bien commun de l'église de l'amour propre, qui eft naturel aux hommes : il animoit l'ardeur pour l'étude par cette émulation; & il ne faifoit rien d'ailleurs que de jufte, puifque le titre de docteur ne doit pas être un vain nom, qu'il faut le mériter & l'honorer en répondant à ce qu'il fignifie; & qu'enfin il eft important de ne mettre dans aucune place diftinguée que ceux qui font en état de la remplir, & de ne confier la direction des autres attachée à toute fuperiorité, qu'à ceux qui peuvent en être la lumiere. Si quelque défaut, au milieu de cette Caracteres émulation, gâta le ftyle de plufieurs, ce fut de quelques fçavans des une imitation trop contrainte de Cice cles. ron, dont quelques auteurs du XV. & du X V. & XVI. fiécle affecterent trop de faire paffer XV 1. fié. les expreffions & les phrafes même dans leurs ouvrages, fans examiner aflez fi le fujet le demandoit, & fi ces dépouilles étrangeres n'étoient pas plus propres à déparer leurs écrits qu'à les orner. Les beautez ne plaifent qu'en leur place naturelle. Un affemblage bizarre & mal concerté de telles chofes, ne peut faire qu'un tout ridicule. Le défaut de ces auteurs étoit encore un refte du mauvais goût qui ne cédoit qu'avec peine une domination qu'il avoit longtemps ufurpée. 1 C'est ce qui fait que depuis le rétabliffement des lettres en Europe, il a fallu ce femble, faire une nouvelle diftinction entre les écrivains profanes, & les auteurs ecclefiaftiques, quoique tous fiffent profeffion du Chriftianifme. Les premiers font ceux qui paroiffent n'avoir prefque point ambitionné d'autre gloire que celle de faire revivre la gentilité dans feurs écrits, de parler & d'écrire en style de payen dans toute rencontre, d'imiter jufqu'aux défauts des anciens, & de s'affujettir à toutes leurs manieres, fans avoir égard aux circonftances des temps, des lieux, des perfonnes, & de l'état préfent des chofes de leur fiécle. De-là en particulier l'affectation ridicule de plufieurs fçavans des XV. & XVI. fiêcles, de ne prendre que des noms Romains, de rejetter ceux qui les faifoient connoître de leur famille, que la naiffance leur avoit donnez, & que le Christianisme même avoit confacrez. De-là encore ces affemblées prefque toutes payennes qu'ils formoient en tre eux, où l'on changeoit la destination des études, dont le but eft de nous faire rechercher la vérité pour la connoître & l'aimer davantage, en un commerce d'amour propre, de vanité, & fouvent de pédanterie. De-là enfin ces abus énormes de la fcience qui fe font trouvez dans ces fçavans, qui n'ofoient lire l'écriture fainte dans le texte latin de peur de gâter leur propre latinité; qui ne pouvoient fouffrir les livres qui traitoient des matieres de la religion, fans laquelle néanmoins toute fcience devient inutile pour le falut, de peur d'alterer leur goût pour les antiquitez Grecques & Romaines; qui ne pouvoient fe réfoudre à lire leur breviaire en latin, parce qu'ils ne pouvoient fouffrir celui de la bible & des offices de l'églife. Ceux qui ont évité ces défauts, font ceux, qui plus raifonnables & plus chrétiens, & par con féquent plus judicieux, ont fait un choix fenfé de ce que les anciens payens ont écrit, & qui fe pouvoit appliquer à l'usage du temps, auquel ils écrivoient, & à la matiére qu'ils traitoient ; qui n'ont point fast difficulté d'employer des termes eccléfiaftiques pour exprimer des chofes purement ecclefiaftiques, & qui par leur conduite ont montré aux autres les regles du bon fens & l'art de la véritable éloquence. Heureufement que ces derniers ont eu plus d'imitateurs que les premiers, principalement depuis le XVI. fiécle, & furtout en France: car la plupart des academies que l'on a formées dans ce fiécle & dans le fuivant en Italie, ont beaucoup retenu de ce mauvais goût que nous blâmons, & de ces reffemblances avec le paganisme qui doivent paroître fi méprifables. V. que. L'étude de la langue grecque fi néceffaire pour rendre véritablement fervice à l'é- De la langlife, & qui a tant contribué auffi au re- gue Grecnouvellement des lettres, a recommencé prefque en même-temps que l'étude de la langue latine. On fçait dans quelle confitfion l'ignorance de la premiere a jetté les plus grands hommes de l'églife latine durant huit ou neuf cens ans. Mais on fut très long temps à en appercevoir le remede, ou du moins à s'en fervir; & au temps même de S. Thomas le grec paffoit pour une chofe fi monftrueufe, qu'on l'évitoit pref que comme un écueil: Gracum eft, non legitur. Cependant la moitié des conciles géneraux font écrits en cette langue, & les peres de l'églife grecque qui font en grand nombre, ne méritent pas moins d'être lûs que les latins. Ils font comme ceux-ci partie de la tradition : ils font comme eux dé pofitaires de la doctrine de l'églife. Comment entendre bien leurs écrits, fi on igno re leur langue? Les traductions font prefque toujours infidéles ou imparfaites. Les meilleurs même ne rendent fouvent que foiblement les expreffions des originaux. On fe prive d'une partie du bien que l'on peut poffeder tout entier quand on ne le reçoit, pour ainfi-dire, › que par les mains d'autrui. S'il arrive d'ailleurs des conteftations fur le vrai fens d'un paffage ; & combien n'en eft-il pas arrivé! Ce n'eft pas fur la traduction que l'on difpute; mais fur le texte même. Ce n'eft pas la traduction qui fert de fondement à la décision, c'est le texte original. Combien celui qui fçait le Grec, a-t'il donc d'avantage fur celui qui l'ignore? Combien tirera-t'il plus de profit, & aura ay |