envoïe le

mais comme il n'étoit pas aifé de les réduire,le marquis de Pefcaire l'attribuant à la AN.1562, mollefie de Pagnan fon agent à Trente & fon fecretaire, & au peu d'autorité qu'il avoit, fenateur & excité par les lettres du fouverain pontife, Molina à dont on a parlé, voulut donner à Pagnan Trente. un ajoint qui eût plus de fermeté & de courage; il jetta les yeux fur le fenateur Moli

na,

qui arriva à Trente avec de nouvelles lettres de créance du marquis pour les évêques d'Efpagne, auprès defquels il devoit renouveller les bons offices que Pagnan avoit déja commencez en faveur du faint fiege; mais ce fut en vain. L'ardeur avec laquelle cet envoïé s'y prit, fit un effet tout contraire car les prélats crurent que c'étoit un artifice que le cardinal d'Arragon frere du marquis de Pefcaire, emploïoit à l'infçu de la cour d'Espagne; & comme l'on voioit naître les difficultez à mesure qu'on avançoit dans la difcuffion des matières les ambaffadeurs de France preffoient les peres de trouver les moïens de fortir de cet embarras, en évitant toutes les questions fuperflues pour s'appliquer à la réformation, voulant fçavoir ce qu'ils pouvoient efperer du concile. On continua donc les congréga tions à l'ordinaire.

2

XLIII.

Sentiment de l'évêque fur l'inftitution des é.

de Guadix

Dans celle qui fe tint le premier de Décembre, Melchior Avofmedian évêque de Guadix, parlant fur le canon propofé, où il étoit dit que les évêques étoient appellez par le pontife Romain à une partie de la follicitude, & que c'eft lui qui les établit vé- vêques. ritables évêques, dit qu'il falloit s'exprimer d'une maniere moins limitée, parce que fi quelqu'un étoit élu fuivant les canons des n. 5. apôtres & du concile de Nicée, il feroit un

Pallavic. 19. c. 5.

In Actis

véritable évêque, quoiqu'il ne fût ni appellé AN. 1562. ni confirmé par le pape, vû que ces canons attribuent cette initiation & cette confecra

Pfalmai

epifc. Viro- tion au métropolitain, fans faire aucune dun. part. mention du pape; de plus que ce n'eft point 2. p. 339. la coutume de l'églife univerfelle que le paFra-Paolo pe élife; que faint Chryfoftome, faint Ni1..7. pag. colas, faint Ambroife, faint Augustin ont

6171

XLIV.

été évêques fans avoir été élus par le faint pere; que les quatre fuffragans même de Saltzbourg, qui font Paffaw, Brixen, Frifinghen & Trente font ordonnez & confirmez par leur métropolitain, fans que le pape y intervienne en aucune maniere.Mais le cardinal Simonette craignant que cette opinion ne prît racine, l'interrompit doucement & dit, que l'archevêque de Saltzbourg & quelques autres primats tenoient ce droit par autorité & privilege du pape.

Comme l'évêque de Guadix pria qu'on Bruit qui le laifsât continuer fon difcours pour expofer s'éleve dans fon avis, quelques évêques turbulens & anile concile mez d'un zele mal reglé s'écrierent, qu'il contre cet falloit le renvoier; d'autres s'écrierent qu'on évêque. devoit le chaffer comme un hérétique, & Pallavic. repeterent fouvent ce mot, anathême, ajouibid. tant même qu'il falloit le brûler.

Fra-Paolo

ut fup..

Gilles Falcetta évêque de Caorle dans le Frioul, fe répandit en d'autres injures auffi violentes, d'où il s'éleva un grand bruit entre les prélats, qui fe mirent à fiffler & à frapper des pieds, les uns fe déclarant pour l'évêque, les autres le condamnant; ces derniers même allerent fi loin, qu'ils se déchaînerent contre tous les Efpagnols, comme fi en embraffant le fentiment de l'évêque de Guadix ils euffent été coupables de quelque héréfie monftrueufe: ces Efpagnols,

difent-ils,

A

dirent-ils, quoique catholiques, nous caufent plus de chagrin & d'embarras que les AN. 1562; héretiques mêmes. A quoi les Efpagnols répondirent en colere: c'eft vous-mêmes qui êtes des héretiques. Dans un fi grand trouble les légats purent à peine obtenir qu'on permettroit à Avofmedian de contineur fon difcours; & ce prélat aïant eu enfin la per-miffion de s'expliquer, trop de condefcendance lui fit donner à fon difcours des fens differens de ceux qu'il avoit eu d'abord en vûë, & il dit : que, quoiqu'il ne foit pas neceffaire que tous les évêques foient établis par le pape; cependant tous font attachez à lui comme au fouverain, qu'il faut honorer; qu'il a une plénitude de jurisdiction, mais que l'ufage & la matiere qu'il confie aux évêques, ne peut leur être ôtée fans une caufe jufte & raifonnable. Qu'il falloit déclarer que les évêques étoient de droit divin fuperieurs aux fimples prêtres : il témoigna fa furprise fur le bruit qu'on venoit d'exciter, & dit, qu'il ne convenoit pas de porter fon jugement fur ce qu'on n'avoit pas tout-à fait entendu; par exemple, fi quelqu'un n'entendoit que ces paroles du roi prophete: Il n'y a point de Dieu, fans celles qui leur font jointes, l'infenfé a dit dans fon cœur, il condamneroit auffi-tôt David de blafpheme; que la même chose étoit arrivé aux peres, en condamnant des chofes qu'ils auroient approuvées, s'ils avoient été moins impatiens. Qu'il ne manquoit pas de preuves de ce qu'il avoit avancé, aïant affifté -trois fois au concile, les deux premieres fous Paul III. & Jules III. comme docteur, & aujourd'hui fous Pie IV. comme évêque.

Tome XXXIII.

C

Comme cette explication étoit plus du

AN. 1562. goût des prélats Italiens, parce qu'elle étoit plus conforme à leur théologic, on l'écouta avec beaucoup d'attention, & l'on voulut bien le reconnoître pour innocent.

XLV.

de Lorraine

In actis

narratione

niti.

libre, &

que

Le cardinal de Lorraine, qui pendant la Sentiment congregation avoit diffimulé fon chagrin, du cardinal dit enfuite d'un ton affez bas, mais paroiffant émû, que cette conduite étoit extraor fur ce qui venoit de fe dinaire, & qu'il n'auroit jamais crû des évêpaffer. ques capables d'un tel excès. Enfuite VilPallav, ut Conti & l'évêque de Verceil l'aiant abordé, fup. lib. 19. il leur dit que fi pareille chofe étoit arrivée c. 5. . 6. à un François, lui-même auroit auffi-tôt Paleotti appellé de cette affemblée à un concile plus fi l'on ne remedioit à cette oratoris Ve- licence, ils prendroient tous le parti de s'en retourner en France. Il dit encore en d'autres occafions, que fi l'on voioit encore de femblables fcenes, on iroit tenir un concile national en France; qu'il étoit ridicule de faire paroître une fi grande paffion que d'appeller hérefie ce qui ne l'étoit nullement; que fi les prélats avoient fait réflexion fur la conduite des anciens peres, qui examinoient tout mûrement avant que de prononcer anatheme contre quelqu'un, ils n'auroient pas fi legerement condamné une évêque d'une grande probité; mais que ce qu'il trouvoit encore de plus abfurde, étoit que pour un feul, quand même il auroit avancé une hérefie, on eût ofé calomnier une nation entiere fi confiderable, & qui mérite d'être honorée. C'est pourquoi ce cardinal aiant réfolu de parler d'une conduite fi peu convenable à des évêques dans la congregation fuivante, les légats qui en furent avertis, engagerent Gualteri de l'en

détourner, prétendant que cette correction n'appartenoit qu'à eux.

་་

aux peres

AN.1562. Le cardinal de Mantoue la fit en effet, XLVI. mais foiblement, dans la congrégation du Avis du predeuxième Decembre, & fe contenta pref- mier legat que d'exhorter de dire fon avis avec plus fur la made moderation & moins au long, & à ne niere d'opicontredire qu'avec modeftie, & feulement ner. dans la neceffité: il propofa auffi d'affigner Pallavic le feffion au dix-feptiéme de Decembre, & ibid. c. s. fon avis prévalut, après avoir fouffert plu- 2. 2. fieurs contradictions.

Ex epift. ad Le lendemain Jacques Gibert de Nogue- Decemb.

Borrom. 3.

ra Efpagnol & évêque d'Alife, parla encore In actis fur la queftion de l'inftitution des évêques, Pfalmei, & fon avis caufa de nouveaux bruits. Ce 2. part. p. prélat dit, que les évêques après la mort 339.

Pallav. ut Sup. lib. 19.

de Jefus Chrift, n'avoient été ni élus ni XLVII. inftituez, ni appellez par faint Pierre, mais Avis de l'évêque d'Apar le Sauveur, comme faint Mathias & life, qui faint Barnabé; que c'étoit pour cela que caufe du faint Pierre avoit dit au Seigneur, Montrez bruit dans celui que vous voulez choisir fur quoi faint la congre Chryfoftome affure que faint Pierre dans gation. cette élection ne fit déclarer le choix & que le fentiment de Dieu : qu'on voit une autre élection exterieure faite par les apôtres, lorfque le faint-Esprit leur dit: Separez moi Saul & Barnabé, &c. Qu'ainfi la féparation - & la confecration viennent des hommes, mais la collation du pouvoir eft l'ouvrage de Jefus-Christ, de même que l'efficacité des facremens.

Comme les cardinaux de Mantouë & Seripande ne fe trouvoient point à cette congregation, le légat Ofius interrompit cet évêque, & lui remontra que ces fortes de difcours n'alloient point au but, & étoient

c. 5. n. 18.