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ADMET E.

Non, je vous le deffends, & par tout le pou voir.

ALCESTE.

Cher Admete, le puis-je ? Et dans mon défefpoir. . . .

ADMETE en regardant son Peuple et la Reine.

Je ne puis réfrfter à leurs pleurs, à fes plaintes.
Ils portent à mon coeur de nouvelles atteintes.
Otons-nous de leurs yeux.

(le Roi sort suivi de son Peuple.)

SCENE I I.

ALCESTE, CLÉON E.

ALCEST E.

CHer Prince, cher époux,

Je veux par-tout vous fuivre, & mourir avec

vous.

Mais, hélas! Malgré moi, mes genoux me trahiffent,

Cléone, foûtien moi, mes esprits s'affoibliffent
Du poids de mes douleurs je me fens accabler.

CLÉONE.

Madame, en ce moment fi j'ofois vous parler....

ALCESTE.

Ne me confole point. Alceste en fes allarmes ;
Ne veut plus fe nourrir que de plaintes, de lar-

mes.

Mais Ircas à mes yeux ne fe préfente pas,
Le tems preffe, courre, vole au-devant de fes

pas.

SCENE I I I.

ALCESTE seule.

'Attente accroît l'horreur où mon ame eft
plongée.

Par la crainte & l'efpoir je me fens partagée;
Et fi près de fçavoir l'Oracle prononcé,

Mon cœur.... Je vois Ircas. Son front embar-
raffé,

Et fes incertains font d'un funefte augurę. yeux

Ah! Le Ciel', de nos maux, a comblé la mesure.

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Suspendez votre éfroi.

Leur réponse, Madame, eft favorable au Roi.

ALCEST E.

Quoi! le Ciel eft fenfible? Il me rendroit Admete?
Satisfais au plûtôt ma tendresse inquiéte.
Parle, acheve un récit qui flatte mes fouhaits.

IR CAS.

Par votre ordre, Madame, en quittant ce Palais, Je vole vers le Temple, où je vois tous nos Prê

tres,

Implorans, pour le Roi, les Dieux nos premiers maîtres,

Préfenter de concert leur encens & leurs vœux, Et des vieillards plus loin qui prioient avec eux. D'un pas refpectueux perçant le Sanctuaire,

J'approche de l'Autel, j'interromps leur prière. Le grand-Prêtre me voit, & lifant dans m

yeux,

Se profterne, se taît, & confulte les Cieux :
Tandis qu'avec ardeur, à genoux, je les prie
De fauver votre Époux

aux dépens de ma vie. Cependant d'un feu faint le Pontife eft preffé Il fe leve, & voici ce qu'il a prononcé.

S'il se trouve un ami fidéle,

Qui né dans ces climats, et poussé d'un beau zèle Amourir sur l'Autel ose engager sa foi;

Des Dieux la puissance immortelle

Va consoler Alceste, et délivrer le Roi.

ALCESTE.

Je refpire, Grands Dieux ! & fur votre parole, Déjà pleine d'efpoir, Alcefte fe confole.

IR CAS.

Je voudrois être né dans la Grèce aujourd'hui,
Et Sujet de mon Roi pour expirer pour lui,
Le privilège heureux de lui fauver la vie,
Madame, à votre Peuple eft tout ce que j'envie.

ALCESTE.

Mille fe font déjà fans doute préfentés?

IRCA S.

Ils l'auroient dû, Madame, après tant de bontés,
Mais ils ont gardé tous un coupable filence,

Et de ceux que j'ai vûs, le plus ferme balance;
Il craint de fe réfoudre, & ne mérite pas
Le bonheur de fubir un fi noble trépas.

ALCESTE.

Ai-je bien entendu? Quelle reconnoiffance?
O Ciel! De tant d'amour eft-ce la récompense?
Un Peuple fi cruel, fi plein de lâcheté,
Qu'un Efclave furmonte en générofité,

Au jour qu'il craint de perdre indigne de paroître
Avec la liberté méritoit-il de naître?

IRCA S.

Reine, tel eft souvent le destin des États.
Pour fujets un Roi jufte a des peuples ingrats,
Et des Peuples zelés ont un Tyran pour maître.
Quant au Theffalien, vous devez le connoître.
Il n'est pas fans valeur, mais il manque de foi.
Son interêt le touche, & non celui du Roi.
Mais Cléone revient. Dieux, quel trouble l'inf-
pire!

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