Combattez la rigueur d'un Oracle odieux; peut lui feul luter contre les Dieux.
Quel difcours, jufte Ciel! Et quel abord funeste !
Le fang qu'on doit verfer eft donc le fang d'Al-
Se peut-il que le Ciel profcrive tant d'appas.
Mais non, pour la fauver il guide ici mes pas.
Je défendrai sa vie, il y va de ma gloire.
Son trépas à jamais flétriroit ma mémoire.
Il ne fera point dit, Seigneur, qu'en votre Cour:
Le fang de votre Epouse ait marqué mon retour.
N'allez pas fur le Roi par votre résistance
Attirer de nouveau la célefte vengeance;
Redoutez-la vous-même, & refpectez fes jours..
En vous laiffant périr j'en trancherois le cours.
Si vous mouriez pour lui, pourroit-il vous fur-
vivre ?
Son amour lui feroit un devoir de vous fuivre.
Je dois parer le trait qui nous menace tous;
Je suis inébranlable, & je l'apprens de vous.
Pardonnez-moi, grands Dieux! en un jour fi fu
Si je ne puis foufcrire au fupplice d'Alcefte.
Mais je ne faurois voir, fans opposer mon bras,
L'innocence éprouver un barbare trépas.
Et fi je le fouffrois, je me croirois coupable,
Et de ma lâche crainte à vous-même comptable.
Pour prix de mes travaux accordez-moi fes jours.
Que l'on n'ait pas envain imploré mon fecours.
C'est l'unique faveur qu'Hercule vous demande,
Il n'envisage point une gloire plus grande;
Et fauver la vertu, m'eft un bien auffi doux
Que l'honneur immortel d'être affis parmi vous.
Puiffe dans ce moment votre auguste prière, Pénétrer jufqu'aux Cieux, & fléchir leur colère !
L'Olimpe cependant en cette extrêmité
Une feconde fois doit être confulté.
Mais ce foin par malheur regarde Polidecte,
Il préfide aux Autels, & fa voix m'eft fufpecte.
Vous redoutez mon frère ?
Oui, je crains entre nous,
Que s'il forine des vœux, ils ne foient contre vous. Ce n'eft pas fans raifon que mon cœur le foup
Lariffe d'où je viens le plaçoit fur lé Trône.
Ah! Quel affreux projet !
Je ne puis en ce jour le convaincre en effet. Mais ce coup part, Seigneur, d'une brigue enne
Et je fuis fûr qu'il trempe en cette perfidie. Je faurai de fi près l'obferver aujourd'hui.... Il vient. Daignez tous deux me laiffer avec lui.
Pour dévoiler le crime & fauver l'innocence
Je vous arme, Seigneur, de toute ma puiflance.
HERCULE, POLIDECTE, ADRASTE,
mme frère du Roi, Polidecte à vos yeux....
Arrêtez, parlez-moi ; comme organe des Dieux,
Comme frère du Roi vous pourriez faire naître
Des foupçons qui feroient trop bien fondés peut-
Lariffe aujourd'hui vous avoit élû Roi,
Et ce choix, au foupçon, me porte malgré moi.
Qu'ofez-vous m'avouer? Ma vertu s'en offenfe.
A vous croire, Seigneur, fouffrez que je balance.
Le tems dévoilera l'obfcure vérité,
Et d'un foin plus preffant mon coeur eft agité.
La Reine voit la mort qui pour elle s'apprête,
Et je ne dois fonger qu'à garantir fa tête.
Puifqu'Admete jouit de la clarté des Cieux.
Je crois que votre Oracle eft infpiré par eux;
Polidecte les fert, mais fi je le foupçonne,
C'est d'être ambitieux, & d'afpirer au Trône
Non d'ofer abuser du pouvoir des Autels
Jufqu'à faire à fon gré parler les immortels.
Au fang dont vous fortez je ferois trop d'injure,
Et votre ame eft fans doute exempte d'imposture.
Prince, je fai d'ailleurs la force de vos droits;
Et qu'il n'eft point permis d'emprunter d'autre voix.
Rempliffez les devoirs de votre ministère.
Le défenfeur des loix ne veut point s'y fouftraire;
Mais du fentier prefcrit ne vous écartez pas,
que le zèle feul dirige tous vos pas.
Pour y porter nos vœux retournez dans le Temple
D'une douleur fincère allez donner l'exemple.
Preffez, n'oubliez rien pour faire rendre aux Dieux.
Un Oracle plus jufte & qui foit digne d'eux.
Aux jours de votre Reine Hercule s'intereffe;
Il dévoile les cœurs; penfez-y: je vous laiffe.
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