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luy rend la chair délicate, & l'engraiffe affez pour être fervie fur table, & la rendre fertile en œufs.

T

Devoir de celle qui a foin de la Volaille.

Oute cette conduite demande beaucoup de foins & de vigilance: car celle à laquelle tous ces Oifeaux domestiques font commis doit les enfermer & leur ouvrir le Poulailler foir & matin, & les obferver en fortant, s'il n'y en a point quelqu'une qui cloche, afin d'y apporter du remede : c'est à elle à faire, à lever tous les jours les oeufs pour les ferrer à part, afin de diftinguer les frais d'avec les autres, & de les employer felon les usages aufquels on veut les deftiner, de nettoyer le Poulailler toutes les femaines une fois, de peur que les ordures ne caufent quelque inconvenient à la Volaille, & de le parfumer fouvent pour en ôter le mauvais air. Cette fumigation fe fait avec de l'encens, ou autres aromatsqui ne coûtent gueres.

Il faut encore qu'elle ôte la vieille paille des nids des Poules pour les garantir de la vermine à laquelle les Poules font fujettes, fans ce foin qu'on y apporte ; le foin pour garnir ces nids vaut mieux que la paille, les poux & les puces ne s'y engendrent point fitôt, & les Poules qui pondent ou qui couvent s'y repofent plus mollement & plus chaudement. Il faut toujours qu'il y ait un oeuf dans le nid pour y attirer les Poules.

La nature aidée de la bonne nourriture opere affez dans les Poules pour les faire pondre dans le temps chaud, fans qu'il foit befoin d'y apporter des foins bien extraordinaires. Il n'en eft par de même pendant l'Hyver, il faut que ces foins fe redoublent: car enfin c'eft en quelque façon forcer la nature que d'obliger la Volaille à donner des oeufs quand le froid fe fait fentir.

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Moyens d'avoir des Oeufs en Hyver.

Our y réüffir neanmoins, il y a trois chofes à obferver, le temperamment robufte des Poules, le lieu où on doit les mettre, & l'aliment dont il faut les nourrir.

On prend donc pour cela un certain petit nombre de Poules bien choifies, de moyenne taille & âgées de deux ans, on les enferme dans une chambre chaude, & éclairée fuffifamment, avec un Coq tel qu'on a dit qu'il devoit être pour bien faire fon devoir; il ne faut point épargner la mangeaille à cette Volaille; l'orge bouilli & donné chaudement leur eft admirable, l'avoine crûë, la mie de pain de temps en temps & les criblûres de toutes fortes de bleds ne doivent point luy être épargnées, le chenevi a de grandes vertus pour faire pondre les Poules; il faut leur en jetter un peu pour leur réveiller l'appétit ; car qui les nourriroit beaucoup de ce grain dépenferoit plus que les oeufs ne vaudroient, outre qu'il feroit dangereux que cet aliment les échauffant par excés, ne détruisît le bon effet qu'il devroit produire dans l'ovaire.

Leur eau, qui fera toujours entretenuë claire & nette, ne leur man quera point, il faut avoir foin de nettoyer leurs nids. Ce n'eft pas que dans

Remarques,

cette faifon la vermine ne s'y engendre gueres, mais c'est qu'il y a toujours quelques ordures qui incommodent les Poules qui pondent, outre que cela empêche que la chambre ne contracte une mauvaise odeur.

Mais comine quelque choix qu'on auroit fait des Poules, il y en pourroit avoir quelques-unes qui ne répondroient pas à nôtre attente, on obfervera quelles elles feront pour les ôter & les jetter dans la cour, afin de ne donner tous les foins qui font neceffaires à ce qu'on recherche qu'aprés celles qui les meritent; c'eft un avantage d'avoir des œufs en Hyver & une douceur tres-grande, on en fait de l'argent, & c'est là le but.

Il y en a pour faire pondre les Poules en Hyver qui les nourriffent encore de pain rôti & trempé dans l'eau du foir au matin. C'est à dîner qu'il faut leur donner cet aliment; les vers de terre excitent auffi beaucoup ces Oifeaux à donner des oeufs, c'eft pourquoy on ne negligera point de faire des Verminieres, comme nous l'avons enfeigné.

Quand les Poules ont paffé trois ans il faut les manger, & fe défaire de celles qui font fteriles, ou qui ne pondent que rarement. Quelques obfervateurs de la nature de ces Oifeaux prétendent qu'on doit remarquer, autant qu'on peut, leurs œufs propres pour les leur donner à couver, parce, difent-ils, qu'il y en manque moins; mais ces obfervations qui fe trouvent fauffes dans leur principe, ne doivent point fcrupuleufement nous ar

rêter.

Du temps qu'on doit mettre couver les Poules.

'Ordre naturel veut que les Poules faffent leur ponte avant que de couver, & cette ponte va à un certain nombre d'œufs indéterminé,& felon que ces Oiseaux font plus ou moins feconds; c'est la nature & le temperamment qui regle cela.

Cette Ponte étant achevée, les Poules gloffent, & c'eft une marque qu'elles veulent couver : l'ardeur qu'elles ont de faire éclore leurs petits parce, qu'elles croyent que ce font leurs œufs propres qu'on leur donne, les anime tellement, qu'elles ne font que nous rompre la tête de leurs gloffemens, jufqu'à ce qu'on leur ait mis des oeufs fous elles. Ce n'eft pas que toutes les Poules qui gloffent foient capables de conduire jufqu'à la fin cet ouvrage, les Poules trop jeunes n'y font point propres, non plus que celles qui font farouches & acariâtres, ce font des envies qu'elles en ont, mais qui fe paffent bien vîte; il n'y a donc que celles qui font franches & dociles qu'on doit eftimer bonnes couveufes.

Le plutôt qu'on peut mettre couver les Poules aprés l'Hyver, c'est toûjours le meilleur, afin d'avoir des premiers Poulets qui puiffent au commencement de l'Eté être bons à chaponner: car comme dit le Proverbe: Chapons avant la Saint Jean, & Chaponneaux aprés: outre que les femelles qui naiffent en Mars ou en Avril font toujours en état de rendre plutôt du profit que les autres.

Il y en a qui ne font point de cas des Poulets éclos depuis la my Juin; parce, difent-ils, qu'ils ne deviennent point gros. Il eit vray qu'ils ne valent pas les premiers venus, mais ce font toûjours des Poulets qui peuplent une Baffe-cour, & qui ont leur merite dans leur temps; ainfi on

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ne fe rebutera point de mettre couver des Poules quand ce feroit même plus tard: fi l'on n'en fait des Chapons, on s'en fert en Poulets pour la

Cuifine.

Le temps de mettre couver les Poules ne partage point l'opinion des Anciens, ils difent tous unanimement qu'il faut que ce foit au croiffant de la Lune, & depuis le deuxième jufqu'au quinziéme, & que ce teinps paffe, on doit differer la couvée, parce, ajoûtent-ils, que la Lune qui décroît n'a plus de force, & que les oeufs par confequent ne fe couvent pas bien, qu'ils deviennent clairs. Quelle illufion! Quelle chimere! comme fi les Poules & mille autres Oifeaux qui fe mettent couver d'eux-mêmes confultoient cette quadrature; & fi bien plus ils ne réüffiffoient pas mieux dans leur ouvrage, que fi une main étrangere leur y aidoit.

C'est donc un abus tout pur que de s'arrêter à la Lune, quand on veut mettre couver une Poule, & fi cette envie luy prend le fixiéme de la Lune ou aprés, eft-on für qu'elle luy dure jufqu'à ces jours fi religieufement obfervez; & quand par malheur cela arrive, c'eft donc une couvée qu'il faut perdre: mauvaife maxime. Lorfqu'une Poule gloffe, on doit profiter de ce temps fans s'embarraffer de la Lune, dont il faut admirer la fplendeur & le mouvement, en adorant le Maître qui l'a formée, & rien de plus. Les oeufs des Poules ne font que vingt & un jour à éclore, c'eft pouril eft bon de remarquer le jour qu'on les met couver, afin de ne point les œufs. quoy s'impatienter: ces oeufs doivent être frais, ceux de trois femaines ou un Choix des mois y peuvent neanmoins être propres, parce qu'une Poule qui couve aufs. d'elle-même à la dérobée met bien ce temps à achever fa ponte, & fi pas un de fes œufs ne manquent, c'est l'experience qu'on a tous les jours, & dont on ne sçauroit douter.

Temps

pour éclore

Les plus gros œufs font toûjours les meilleurs, parce qu'il eft à préfumer qu'ils fortent d'une groffe Poule, & qu'il n'en peut venir par confequent que de beaux pouffins. Voicy quelques erreurs affez particulieres fur Erreurs la figure des oeufs pour avoir mâles ou femelles.

In comm.

Ariftote dit que les oeufs longs produifent des animaux femelles, & L. 6. Hft. que les ronds en produifent des mâles. Scaliger paroît être de ce fentiment. an. C. 2. Pline foutient un parti tout oppofé; car il prétend que les œufs longs font des œufs de mâles, & que les ronds font de femelles. Columelle, Avi- L. 8. c. si cenne,de Serre, & Liebaut foufcrivent au fentiment de Pline, & toutes ces opinions font des plus fauffes; les œufs longs auffi bien que les ronds peuvent produire indifferemment des mâles ou des femelles, cela ne dépend que des differentes configurations que prennent les parties qui concourent à la formation de l'animal dans l'œuf.

Autre erreur la plupart de nos femmelettes qui fe mêlent de mettre couver des œufs, difent qu'il faut toûjours qu'ils foient nombre impair & mis tout à la fois au nid avec un plat de bois, n'étant pas permis de les toucher de la main, ni les compter l'un aprés l'autre.

C'eft une chofe furprenante de voir que les anciens Auteurs qui ont écrit fur l'Agriculture, ayent donné là dedans, & qu'il y ait encore mille & mille gens à la campagne qui foient entachez de ces fauffes maximes, & qui feroient bien fâchez de s'en défaire.

L. 8..C..S.

Suite du

œufs.

"

Columelle, & plufieurs autres aprés luy, ont une opinion auffi chimes rique fur la maniere d'empêcher que le Tonnerre n'endommage les œufs qu'une Poule couve & n'y tue les pouffins avant qu'ils foient éclos. Voicy le fecret de cet Auteur, & fes propres termes.,, Il y en a qui mettent fous la paille de leur nid de l'herbe verte & des petites branches de Laurier, quelquefois des fommitez & des têtes d'ail, ou des clouds de ,, fer, qui font tous des moyens fuffifans pour détourner les mauvais effets du Tonnerre fur les oeufs. En verité il faut avoir l'efprit auffi ruftique pour avancer de femblables chofes, que la feule penfée en eft ridicule; comme fi tous ces colifichets mis dans ces nids pouvoient empécher que le bruit extraordinaire du Tonnerre n'agitât l'air quelquefois avec tant de violence, que venant à froiffer les parties difpofées à former le pouffin dans l'oeuf, il n'en dérange toute l'economie, de telle forte que ne pouvant plus fe lier les unes aux autres, il faut neceffairement que l'animal refte imparfait dans fa formation, & perifte..

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C'eft de cette maniere que ce Phénoméne dangereux agit fur bien des corps fufceptibles des impreffions de l'air; & nous avons en cela dans le bruit terrible que fait la poudre à tirer, un exemple qui en approche affez & qui peut nous le prouver; car fi l'on tire des Canons dans un endroit où l'air foit un peu renfermé, il eft d'experience qu'il faut ouvrir les fenêtres des maisons qui les environnent, autrement le verre se brife, ce qui ne peut arriver que par les parties de l'air qui font pouffées avec impetuofité contre ces corps: ainfi tout ce qu'on vient de dire fur l'obfervation des Anciens, quand il est question de mettre couver des œufs, n'eft que fuperftition, chimere & bagatelles toutes pures; mais revenons aux œufs qui font à prefent le fujet de nôtre matiere.

Suppofé qu'on foit dans l'obligation d'aller chercher des œufs ailleurs que choix des chez foy pour mettre couver, parce qu'on aura negligé d'en amaffer pour cela, & qu'on croira que ceux qu'on aura n'y feront pas propres, il faut toûjours en prendre chez des gens où l'on fçait qu'il y a un Coq, & un bon Coq car il ne fuffit pas de l'oeuf pour avoir un pouffin, il faut qu'il foit vivifié par les efprits de la femence du mâle, & fans cette vivification, le principe de l'animal s'aneantit & ne produit rien par confequent.

Et c'eft une abfurdité de croire que l'oeuf dans le corps d'une Poule foit l'ouvrage du Coq; elle contient en elle-même tout ce qui eft propre à la formation du foetus de fon efpece, les œufs qu'elle donne s'y forment fans autre fecours que celuy de la nature, & il n'eft pas rare de voir tous les jours que des Poules pondent fans Coq. Dieu qui agit toûjours par les voyes les plus fimples & les plus conftantes en formant au commencement du monde les deux premiers animaux de chaque efpece, renferma dans la femelle tous les oeufs de fa pofterité, de forte que le mâle ne fert qu'à contribuer à la génération du pouffin par la partie spiritueuse & volatile de fa femence.

UN

Pourquoy une Poule ne donne fes œufs que l'un aprés l'autre.

Ne Poule ne donne fes oeufs que l'un aprés l'autre, & dans un certain intervale de temps affez confiderable, ce qui fait juger qu'ils

ne

ne font pas tous entierement formez fois : la raison de cela eft que n'ayant pas tous une égale adherence dans l'ovaire, & qu'il y en a toûjours. qui tienne moins dans leurs calices que les autres, ceux-cy fe détachent les premiers, & par une fermentation des liqueurs nourricières, fe gonflent & deviennent enfin parfaits dans toutes leurs parties.

Les œufs étant bien choifis, on les met fous la Poule & dans le nid Remarques neceffaires. qu'on luy prépare, il doit être un peu creux dans le fond & évafé par les bords, afin que les oeufs ne roulent point. On peut mettre couver une Poule dés le mois de Février fi elle en a envie: mais il faut obferver en cette faifon qui eft froide, de ne luy donner environ que dix à douze œufs, afin que les embraffant tous fous elle, elle les échauffe mieux; en Mars quelque peu davantage, & en Avril & mois fuivans ce qu'elle en pourra couvrir. Il y en a qui déterminent le nombre des oeufs depuis quinze jufqu'à vingt ou vingt-un, felon que la Poule eft plus ou moins groffe; après cela on met cette Poule fur ces œufs, qu'on luy laiffe couver en luy apportant les foins dont nous parlerons.

Conduite de la nature en formant un Poulet d'un œuf.

Our être inftruit de la méthode que la nature fuit en formant un Pouffin d'un oeuf, en le confiderant avant & durant l'incubation, on fçaura que dans le premier cas on trouve dans la tuniqué du jaune de l'œuf une petite tache blanche en forme de cercle qui reflemble à une petite lentille, ce qu'on nomme Cicatrice. Durant l'incubation la cicatrice fe dilatte, Hervée & s'étend le premier jour en certains cercles, & on y obferve le même jour & le fuivant certaine liqueur claire & luifante plus pure qu'un cristal, qu'on appelle Gelée.

Le troifiéme & le quatrième jour on apperçoit dans la gelée une ligne de fang vermeil, & le point faillant au milieu, qui eft le commencement du cœur. On remarque enfuite au tour de ce point quelque chofe de groffier & de blanchâtre, en forme de petit nuage divifé en deux parties, dont la plus grande fait la matiere de la tête qu'elle commence, & on remarque quatre petites veffies, qui font le cerveau, le cervelet & les deux yeux.

L'autre partie eft plus petite, & au deffous elle reprefente la quille d'un vaiffeau, & produit l'épine du dos, d'où l'on voit fortir peu à peu les. jambes. Enfin ces vifceres s'attachent fucceffivement aux vaiffeaux qui renferment le fang, & forment le foetus parfait, qui eftile Poulet.

Un habile Anatomifte remarque que ce foetus eft renfermé dans la ci- Malphi~ catrice déja avant l'incubation; enforte que la tête, l'épine & fes la tête, l'épine & fes appen- gius. dices fe diftinguent manifeftement dans la petite tunique qui nage dans la gelée de la cicatrice, & qu'ainfi les parties du Poulet préexiftent dans l'œuf & précedent l'incubation; qu'enfuite ce petit animal déja formé reçoit la nature entiere des fucs nourriciers & fermentatifs mêlez enfemble, qui par leur action mutuelle engendrent fucceffivement le fang, & font paroître & croître les parties eflentielles au Poulet.

Toute cette petite machine neanmoins ne fçauroit s'achever ainsi fans

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