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1er les argots des Chapons avec un fer chaud, & prefque jufqu'au vif, puis de les leur frotter avec de la terre à Potier ou d'Argile. Cet Auteur prétend que cela amortit entierement en eux ce qui peut y refter d'aiguillon de l'amour, à cause qu'ils fentent qu'ils ne peuvent plus faillir les Poules.

On doit donc, comme nous avons dit, chaponner les Poulets bien-tôt aprés qu'ils ont quitté leur mere; car fi on les laiffe jufqu'à un an, l'operation en eft trop dangereufe, il n'y faut plus penfer. Les Poulets qu'on choifit pour chaponner, doivent être drus & de belle venue, & fi l'on a befoin de quelques Poulets pour en faire quelques Coqs, on prendra les plus éveillez les plus hardis, & ceux qui fembleront les plus propres pour careffer les Poules.

Maniere d'engraiffer la Volaille.

Lfuffit du feul grain pour engraiffer la Volaille, pourvû qu'on leur en donne fuffifamment & aux heures reglées, & cela s'appelle, l'engraisser fur le Paillier, la dépenfe n'en eft pas bien grande à la campagne, où le grain ne manque point, outre que les Poules & autres Oifeaux de Baffe-cour trouvent encore beaucoup dequoy fe nourrir autour des chevaux aufquels on donne du grain, fans compter la Verminiere qui leur eft d'un grand fecours, & dont on a parlé.

Mais qui voudroit engraiffer cette Volaille à la maniere des Chapons du Chapons Mans, & de ceux qu'on tire de Cuifeaux en Bourgogne ou de la Breffe, il faudroit en agir de cette forte.

On prend un Chapon, ou une Poularde, on luy plume la tête, les entrecuiffes & le deffous des aîles, de peur qu'il ne s'y engendre de vermine, car il ne faudroit que cet inconvenient pour diffiper en eux la meilleure partie de la fubftance qui devroit les engraiffer, aprés cela on les enferme dans une Epinette, qui eft une espece de cage faite exprés, & comme on le peut voir dans la figure qui fuit.

Poulardes

Figure d'une Epinette propre à mettre des Chapons ou Poulardes, pour les engraiffer.

par

Criere, Ette Epinette, comme on voit, eft à petits barreaux devant & derriere, féparée par plufieurs cloifons capables chacune de contenir juste un Chapon, ou une Poularde; le deffous n'eft traverfé auffi que par des petits bâtons écartez l'un de l'autre comme les barreaux, afin que la fiente de ces Oifeaux n'y féjournant point, leur derriere ne puiffe recevoir aucune incommodité par les parties âcres & volatiles qui en exhaleroient, & qui leur ulcereroient la peau. Le deflus eft couvert d'une planche attachée aux barreaux; & c'eft dans cette Cage qu'on met les Chapons, de maniere que la tête paffe à travers les barreaux de devant, & leur queue de ceux de derriere.

On obfervera que l'Oifeau foit mis a l'étroit dans la cloifon, de forte qu'il ne puiffe s'y remuer; car moins il aura de mouvement, moins les parties de la fubftance qui fe doivent convertir en graiffe, fe diffiperont inutilement. Il y en a qui leur mettent un peu de foin fur le devant de la Cage, & laiffent le derriere ouvert pour les raifons qu'on en a apportées, & qui leur crevent les yeux ; d'autres fe contentent feulement de les mettre avec leur Cage dans un endroit obfcur & chaud, & qui les nourriffent

en cette maniere.

Nourriture pour engraisser la Volaille.

Ls prennent de la farine d'orge, ils la paîtriffent avec de l'eau tiede, & en forment des Pillules capables de pouvoir paffer par le gofier d'un Chapon, enfuite ils prennent cet Oifeau, ils luy ouvrent fe bec & luy font avaller ces pillules tant qu'il en peut prendre.

Ils faut paître cette Volaille deux ou trois fois le jour, & obferve nean

moins dans les commencemens de ne luy point tant donner de nourriture que dans la fuite, & l'augmenter de jour en jour, & à mesure que les chapons engraiffent; car qui iroit tout d'un coup les gorger de ce pât, & avant que leur nature y fut accoûtumée, ce feroit leur caufer des indigeftions qui les empêcheroient d'engraiffer.

Il faut donc voir files Oifeaux digerent quand on voudra leur donner à manger, & ne leur en point donner que toute la digeftion ne foit faite, ce qui eft tres-aifé à obferver en leur maniant le jabot, & pour lors quand on le fent vuide, on leur fera avaller de nouvelles pillules.

Pendant qu'on nourrit ainfi les Chapons & les Poulardes, on ne leur donne point à boire, parce que les pillules qu'on trempe dans l'eau avant que les leur porter dans le bec, font affez humectées pour appaifer leur foif. Quand ces Oifeaux font raffafiez à plein jabot, on peut, fi l'on veut, les jetter dans la chambre pour les laifier un peu promener, & aider part ce petit mouvement à la digeftion, puis les renfermer dans leur logette, & continuer aprés eux les mêmes foins durant un mois ou quarante jours tout au plus.

Quoiqu'il femble que cette maniere d'engraiffer la Volaille coûte bien des foins & de la nourriture, cependant c'eft un ménage à la campagne; la nourriture eft toûjours bien employée, quand on fçait d'ailleurs s'en dédommager, & ces foins qu'on prend ne font ordinairement que des foins dérobez, & qui ne préjudicient en rien aux autres travaux d'une Servante, principalement quand la Maîtreffe daigne y mettre la main ellemême, le tout n'en va que mieux.

Columelle dit que l'eau emmieliée dont on fe fert pour paîtrir les pillules, engraiffe plus promptement la Volaille que lorsqu'elle eft pure, qu'on peut ufer pour cela de pain trempé dans du vin où il y aura les trois quarts d'eau..

Secret pour conferver les œufs.

ON éprouve que les œufs fe gardent long-temps bons à manger, lorf

qu'en Eté on met ceux qu'on amaffe dans un lieu frais, & en Hyver dans un endroit où ils ne gelent point, le chaud & le froid leur font contraires, il faut les en garantir.

C'est une bonne provifion que des ceufs dans une maifon, & dont on ne fçauroit être trop pourvû ; ils fervent en cuisine pour la table; en méde cine fi l'on en a befoin, ou bien on les envoye au Marché pour en faire de l'argent.

ya

Quelques-uns pour les conferver les mettent dans un vaiffeau où il du fon, du fel, ou des fcicures de bois de chêne, ou bien des cendres ou du Millet; d'autres les mettent parmi la paille en Eté, & durant l'Hyver dans du foin; & l'experience nous apprend tous les jours que fans tant de myftere les oeufs peuvent fe conferver à la cave dans une futaille ou autre vaiffeau, & que là ils s'y gardent tant que leur nature le leur permet. Il faut pour cela que cette Cave foit chaude en Hyver & fraîche en Eté, & non humide.

L. 8.c.7...

Pepic.

Flux de ventre.j

Ventrecorstipé.

Ducatarre,

Des Maladies des Poules, & des moyens de les en guérir.

A Volaille, ainfi que toute forte d'autres animaux, font fujetes aux

Lmaladies, elle en a qui luy font particulieres, & dont voicy le détail: & comme la Pepie fe prefente d'abord à nôtre idée, ce fera celle par

où nous commencerons.

La Pepic eft la maladie qui arrive le plus frequemment aux Poules communes; elle leur vient de leur avoir laiffe manquer d'eau, ou d'en avoir bú qui étoit puante.

Dans l'un & l'autre cas cette maladie vient de l'acrimonie faline de la lymphe, qui picote & irrite l'orifice fuperieur du ventricule de l'Oiseau. Plus elle eft acre ou temperée, plus ou moins elle y caufe d'ardeur; de maniere qu'il s'éleve des vapeurs des entrailles de la Poule, qui fe portant à l'oefophage, le deffeche, & par une continuité de la membrane interieure de cette partie avec la langue, on voit que cette partie-cy s'altere par un cartilage blanchâtre qui y paroît, & qui eft le figne de la Pepie.

Pour guérir l'Oiseau de ce mal, on prend un aiguille à coudre, on luy ouvre le bec, on en tire la langue, & avec cette aiguille on enleve adroitement le cartilage qui y paroît, aprés on lave la playe avec de l'huile dans laquelle on aura écaché une gouffe d'Ail ou du vinaigre un peu chaud, ou de la falive feulement. Il y en a qui parmi la nourriture de ces Poules atteintes de la Pepie, mêlent du ftaphifagre haché menu.

Quand les Poules ont le Flux de ventre, il faut leur faire boire un peu de gros vin tiede, dans lequel on aura fait bouillir des pelúres de coings, on bien leur donner pendant un jour ou deux des jaunes d'œufs durcis & pilez dans un Mortier avec du chenevis: il y en a qui leur donnent de l'orge bouilli avec de l'écorce de grenade; d'autres qui leur font des pillules avec de la farine d'orge détrempée avec du vin mêlé d'un pcu de décoction de coings.

Cette volaille par un effet contraire a le ventre trop refferré, & cette fuppreffion de ventre a fa caufe dans les inteftins, ou dans les matieres contenuës, dont fe doit faire l'expulfion; & pour cela on donne pour breuvage aux Poules de l'eau dans laquelle on aura mélé un peu de miel, ou bien on leur fait une mangeaille avec de la farine de feigle & de la poirée, autrement dite bette blanche hachée tres-menu.

Les jeunes Poulets font fort fujets à cette maladie, il y faut prendre garde de prés, & l'orfqu'on l'a remarqué, on leur ôte les plumes qui font au tour du croupion & aux entre-cuiffes, afin qu'elles n'arrêtent point la fiente prête à fortir de l'anus; & de peur qu'il n'y ait quelque matiere qui y fejourne, on prend un fétu de paille avec lequel on leur ouvre adroitement cette partie, & auffi-tôt la nature agit en eux comme on le fou haite. Pour leur nourriture ce fera la même qu'aux Poules.

Le Catarre eft une fluxion ou diftillation d'humeurs qui vient aux Pou& comment les pour avoir été morfondues de froid, ou avoir été trop fortement exguéry, pofées au Soleil, ou bien de la repletion du cerveau, & de la débileté de la partie recevante.

tion des

yeux.

On connoît que les Poules font attaquées du Catarre lorfqu'elles reniflent fouvent, & qu'elles font dégoûtées, & pour les en guerir, on prend une petite plume avec laquelle on leur travetfe les nazeaux pour faciliter l'humeur à couler, & fi l'on voit que cette fluxion fe jette fur les yeuxou à côté du bec, & qu'elle y caufe une tumeur, il faudra l'ouvrir pour en faire fortir la matiere, & mettre fur la playe un peu de fel broyé. Quelquefois les Poules ont les yeux enflammez & douloureux, cette Inflammadouleur leur eft tres-fenfible, à caufe de la délicateffe de la partie affectée, & leur fait oublier le boire & le inanger; le remede eft de leur baffiner ces parties avec de l'eau de pourpier, ou de lait de femme, ou bien avec un blanc d'oeuf agité avec un morceau d'alun, ou bien fe fervir de vin éventé ; & comme le vice de ce mal provient d'une lymphe trop âcre & d'un acide trop falé qui ronge & picote les yeux, il faut détourner cette cause interieure, en donnant aux Poules malades de la poirée hachée fort menu dans du fon de fegle, & de temps en temps luy donner un peu de millet pour luy réveiller l'appétit : fon eau fera mêlée de fue de poirée pilée. Il faut remarquer généralement parlant que lors qu'on voit une Poule malade, il la faut prendre & la mettre dans une chambre, afin de la traiter feparément des autres volailles.

Remarque

générale.

dans l'œil.

La taye ou cataracte des yeux aufquels les Poules font auffi quelquefois fujettes ayant la même cause que l'inflammation, on ufe auffi des mê- Taye ou mes remedes, & outre ceux-là, tous ceux qui peuvent fubtilifer cette hu- Cataracte meur & enlever des parties de cette excroiffance, comme le fucre candi, l'urine ou l'alun, y font fpecifiques. Quelques-uns fe fervent de fel ammoniac & de miel, le tout mêlé enfemble à doze pareille, d'autres leur levent cette taye avec une aiguille; mais il faut que cela fe faffe fort adroi

tement.

Si l'on remarque que la volaille foit incommodée des poux ou d'autre Contre la vermine, on la lavera avec du vin, où l'on aura fait bouillir du cumin Vermine. ou de la ftaphifagre, ou bien on met cuire des lupins; l'amertume de ces plantes les fait mourir. Cette vermine eft préjudiciable aux Poules, & fur tout aux couveufes qu'elle maigrit beaucoup.

La plupart de la Volaille eft ennemie des frimats, fur tout pendant la nuit, lorfqu'elle y eft expofée; cet air froid les morfond & leur cause les maladies qui leur font propres. Le remede qu'on y peut apporter eft de foigner de leur bâtir un bon Poulailler, & d'avoir foin le foir de les fermer.

y en

On voit encore des Poules qui font étiques, marque d'un temparemment extrémenient échauffé, on prend ces Poules, on les met dans un en- Poules étidroit particulier, on leur y donne pour nourriture de l'orge boüilli avec ques, de la poirée, & pour boiffon du fuc de cette même plante mêlé le quart avec de l'eau. La poirée purifie le fang & leve les obftructions, & l'orge qui nourrit beaucoup la volaille & la rafraîchir, la rétablit en peu de

temps.

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