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Differens ufages des Volailles dont on a parlé.

Poule, effets diffe

rens qu'elle produit.

Poulet. Les effets.

Chapon, fes effets.

Coq, fes effers,

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ON
N employe les Poules en Cuifine, leur chair eft pectorale & de
facile digestion elle contient un fuc nourriffant qui humecte & ra-
fraîchit; elle est tres falutaire aux perfonnes extenuées & convalefcen-
tes. Une vieille Poule fe digere difficillement, on s'en fert neanmoins tous
les jours avec fuccés pour mettre dans les bouillons.

Quelques Medecins tiennent que la Poule ouverte vive & appliquée chaudement fur une morfure venimeufe, en fait fortir le venin; que la membrane interieure de fon gofier deffechée & mife en poudre eft fpecifique pour le flux de ventre, qu'elle excite l'urine & aide à la digeftion: que la graiffe de Poule lavée en eau rofe eft bonne pour les gerfures des lévres & les engelures, que le fiel inftillé dans l'œil en ôte la taye, que la fiente deffechée & pulverifée tres-fubtilement & mife fur les yeux dépilez, y fait revenir le poil, & qu'étant mêlée avec huile rofat, elle eft tres-fpecifique pour la brúlure.

Le Poulet, pour être bon, doit être choifi jeune, tendre, gras, & bien nourri, fa chair eft nourriffante, pectorale & facile à digerer; elle humecte, rafraîchit, & eft de bon fuc. L'eau de Poulet s'employe dans la diéte des fébricitans, qui n'ont befoin que d'un aliment tres-leger. Le Poulet étant d'une fubftance qui paffe vîte, ne convient point aux perfonnes laborieufes, accoûtumées à la fatigue; c'eft pourquoy on n'en nourrit point les Domestiques à la campagne.

On doit choifir le Chapon de même que le Poulet. Cet Oifeau eft nourriffant, il reftaure, il répare les forces abatuës, & eft de facile digestion; il eft fort d'ufage dans les maladies de confomption.

Le Coq n'eft pas un aliment fi délicieux que le Chapon, parce qu'étant un animal lafcif, qui abonde en efprits & en humeur feminale, dont il fait de frequentes déperditions, & par la grande chaleur où il eft continuellefa chair devient feche & difficile à digerer: elle a peu de goût, & fe fert peu fur les tables délicates. On employe neanmoins le Coq pour les bouillons, & l'on choisit même en cette occasion le Coq le plus vieux.

,

Les parties 'génitales du Coq, quand il eft encore jeune, font propres pour les perfonnes maigres & attenuées, fon cerveau eft falutaire pour le cours de ventre, & fon fiel propre pour les maladies des yeux, & à enlever les taches du visage.

L

Proprietez des œufs.

Es œufs font fort nourriffans, ils adouciffent les âcretez de la poitrine, & font propres pour la Phtyfie & les Hemorragies, mais il faut pour cela qu'ils foient frais.

Quand ils font trop vieux ils échauffent beaucoup, & caufent des infirmitez à ceux qui font d'un temperamment chaud & bilicux ; parce que la fermentation qui leur furvient alors, ne détruit pas feulement l'union & le premier arrangement de leurs principes huileux & falins qui font leurs

bons effets, mais encore éleve & exalte un peu trop ces principes, ce qui en diminue la bon té

Epreuve pour découvrir fi les œufs font frais.

Our découvrir fi les œufs font frais ou non, on les prefente à la luPr miere, & l'on examine fi les humeurs qu'ils contiennent font claires & tranfparantes ; fi elles ne le font point, c'eft une marque que les œufs font vieux. On approche encore l'oeuf du feu, s'il en fort une petite humidité, on juge qu'il eft frais, finon qu'il eft vieux.

Les œufs durs font aftringeans: le blanc d'oeuf battu avec l'eau de plantin, eft un collire merveilleux pour l'inflammation des yeux : le jaune avallé feul appaise la toux : la petite membrane qui est sous la coque de l'œuf deffechée & fubtilement pulverifée, & incorporée avec un blanc d'œuf conviennent aux gerfùres des lévres ; la coque d'oeuf calcinée, réduite en cendre & beüe avec du vin, arrête le crachement de fang, elle eft bonne feule pour blanchir les dents; le blanc d'œuf mélé avec de la chaux vi- Matiere ve pulverifée, & la coque réduite en cendre, du ciment tamifé, & un peu particude bitume fait un mastic excellent pour rejoindre le fragment des porcelai- liere. nes, ou fayences brisées.

CHAPITRE I I.

Des Poules d'Indes, & comment les gouverner. Inftruction pour élever les Dindons. Proprietez de cette Volaille.

A Poule d'Inde eft un gros Oifeau affez connu, qui apporte beaucoup de profit, & qui cft d'un grand ufage parmi les alimens. Il y en a de noirs, de gris cendré, pommelé, & d'autres dont les plumes font rougeâtres & blanches, ou toutes rougeâtres.

Ces Oiseaux étoient autrefois inconnus aux Européens, & on les apporta en premier lieu d'une partie d'Affrique, appellée Numidie; c'eft fous

ce nom qu'il faut les entendre dans Columelle, il les appelle auffi Poules L. 8. C. 1. Afriquaines, Ces Poules nous font auffi venues des Indes, & c'eft d'où elles ont tiré leur nom. Les Grecs les nommoient Meleagrides, parce qu'ils s'imaginoient que les fours de Méleagre avoient été changées en ces Oiseaux. Le Lecteur pardonnera, s'il luy plaît, cette digreffion qu'on n'a mife icy que pour faire entendre fous quels noms les anciens Auteurs les avoient connus.

Demeure

On ne bâtiroit pas deux endroits diftinguez pour loger ces Oiseaux feparément d'avec les Poules communcs, fi les premiers fi les premiers s'accommodoient mieux aux juchoirs avec les autres; mais comme ils font plus gros des Poules ils veulent être les Maîtres, & troublent les Poules dans leur repos; ainfi d'Indes. donc, il faut leur destiner un lieu à part, principalement quand il y a des

Dindons.

Ponte des
Poules
d'Indes.

Choix des Poules d'Indes &

du Coq.

Cette efpece de Poulaillier ne demande pas tant de façon que celuy des Poules ordinaires, il fuffit que les bêtes qui leur font ennemies n'y entrent point, & qu'il y ait des perches mifes de travers pour les faire jucher, il faut qu'elles foient fortes pour foutenir ces Oifeaux qui font pefans. Ce n'eft pas que lors qu'ils font bien forts, & environ vers lemois de Novembre, la plupart juchent à l'air, fur des arbres, s'il y en a dans la cour, ou fur des charretes ou autres chofes de cette nature qu'elles trouvent à leur difpofition, fans craindre ny la gelée, la neige, ny les autres frimats aufquels l'Hyver eft fujet, parce que ces Oifeaux aiment l'air naturellement, & l'on tient même qu'ils y engraiffent mieux, que lorfqu'ils font enfermez. Ceux qui prennent envie de nourrir des Poules d'Indes doivent avoir un endroit prés de la maifon où ces animaux puiffent pâturer; c'eft le moyen d'en élever beaucoup & à peu de frais, & de les garantir de bien des maladies; ces Oiseaux aimant à paître l'herbe, & à vivre de vers.

Lorfque les Poules d'Indes veulent faire leur ponte, il les faut obferver de prés & voir où elles fe inettent pour la premiere fois pour dépofer leur œuf; c'eft là qu'on doit de deux jours l'un les aller vifiter, & foigner de lever leur ceuf, quand il eft pondu; autrement il feroit à crain dre que quelque chien ne le mangeât, parce que ces animaux ne pondent toûjours qu'à terre: ces Poules font deux Pontes par chaque année, & dont chacune monte à douze ou quinze oeufs, elles commencent la premiere vers la my Février, quelquefois un peu plus tard felon les Hyvers plus ou moins rudes, & la derniere vers le mois de Septembre.

Lorfqu'il eft queftion de multiplier l'efpece de ces Oifeaux, on doit toûjours choifir les plus groffes Poules & le plus gros Coq; celuy-ci doit avoir l'afpect fier & éveillé, il doit être courageux, & pour ainfi parler, malveillant & colere : tout cela ne marque que d'autant plus l'amour qu'il a pour fes Poules; chaque Coq en peut avoir fix, & fix Poules fuffifent pour garnir abondamment une Baffe cour de cette Volaille au refte on n'en prend que ce qu'on juge à propos, & felon qu'on a dequoy les nourrir. Quand on eft en état d'en avoir beaucoup, il faut en élever, parce qu'il ne coûte pas plus d'en donner un bon troupeau à conduire à un bon Dindonnier qu'un petit nombre, & par là on luy fait gagner fes gages.

Les Poules d'Indes qui vont aux champs ne dépenfent pas tant à beaucoup prés que celles qui font toûjours à la maison, & qui caufent fouvent des dégats aux jardins, aux vignes & aux bleds qui font voifins, les autres fe nourriffent par la campagne de racines, de vermines, d'herbes, de grains, & de fruits fauvages. On entend encore un coup qu'on ne les meine aux champs que quand il y en a beancoup; car s'il n'y avoit que cinq à fix Poules avec un Coq, & que ce fuffent ceux là, dont on auroit fait choix pour multiplier l'efpece, il faudroit les nourrir à la maifon, parce que la nourriture qu'ils trouveroient par les champs ne fuffiroit pas pour les bien entretenir; une bonne nourriture alors leur eft neceffaire, & particulierement l'avoine pour les échauffer, & obliger les meres à pondre, & le Coq à bien carreffer fes Poules.

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Il eft conftant que par le moyen des Poules d'Indes on a bien-tôt une Baffe-cour fournie de Poulets & d'autres volailles, parce qu'elles embraffent beaucoup d'oeufs quand elles couvent. Il faut pour les mettre couver ufer des mêmes précautions qu'à l'égard des Poules; c'est à dire, bien choifir leurs œufs, leur dreffer de bons nids, & les mettre dans un endroit fecret, où rien ne les puiffe détourner de leur travail.

Poules

Les Poules d'Indes couvent également leurs oeufs comme ceux des autres Comment volailles, c'est pourquoy de quelques efpeces de ces Oiseaux qu'on veuille mettre coumultiplier, il eft indifferent de faire choix des oeufs qu'on fouhaite que les verles couveufes fomentent, foit pour avoir des Dindons ou des Poulets, fi l'on d'Indes. ne fuppofe aux meres d'Indes que leurs oeufs propres, on leur en donnera depuis quinze jufqu'à vingt: fi on leur mêle moitié oeufs de Poules communes, il faut leur en donner vingt-cinq, & fi ce ne font que de ces derniers, trente, & avoir bien foin des couveufes, elles en feront éclore heureusement les petits. Les oeufs de Poules d'Indes font un mois à éclore, ainfi il eft bon de remarquer quand on met couver des oeufs de Poules avec Remarque. ceux là, il ne les faut donner à la Poule d'Inde que neuf à dix jours aprés qu'elle aura commencé à couver les fiens propres, afin que les Dindons & les Poulets éclofent tous en même temps.

Soin qu'on doit avoir des Dindons nouvellement éclos.

DEs que les petits Dindons font éclos, il les faut traiter doucement;

c'eft un Oifeau bien délicat à élever dans le commencement, & qui demande bien des foins ; il eft fort fufceptible de froid, la faim luy eft fatale, & il ne veut point être manié rudement.

Il faut donc prévenir tous ces inconveniens, fi l'on veut élever heureufement des Dindons; & pour y réüffir, fitôt qu'ils font nez, on les enferme, avec leur mere, dans une chambre qui eft chaude; on foigne là de leur donner fouvent de la nourriture, & de ne les manier que tresrarement; on peut quelquefois les mettre au Soleil fous une mûë lorfqu'il luit, & foigner à les retirer dés qu'il ne donne plus fur la Cage. Ce foin exact peut durer jufqu'à ce que les petits Dindons ayent vingt jours: car aprés ce temps on peut, quand il fait beau temps, les laiffer un peu promener dans la cour avec leur mere, fi l'on voyoit que l'air voulut fe réfroidir & nous donner de la pluye, il faudroit auffi-tôt renfermer les Dindons dans une chambre.

La nourrirure ordinaire des Dindons nouvellement éclos, eft d'abord Nourriture les jaunes d'œufs durcis & hachez fort menu, on les nourrit ainfi pendant des jeunes fept ou huit jours, puis aprés, on leur mêle de la mie de pain blanc par- Dindons. mi ces œufs, & quand ils ont quinze jours, on leur ôte cette ncurriture, & on leur donne à la place du miller, ou bien on prend des orties qu'on hache fort menu, & qu'on mêle d'un peu de fon & de caillé.

Si l'on veut que ces petits Dindons mangent bien, il faut avoir la patience de prendre la nourriture dans fa main, & de la leur prefenter en les excitant à en prendre par ces mots, pis, pis, pis, répetez fort fouvent, cela les réveille, & fi-tôt qu'ils vous entendent, ils courent à vous & man

Choix d'un

Dindonier,

gent fort avidement; la marque qu'ils ont faim, & qu'ils demandent a manger, c'eft lorsqu'ils ne font que piauler. Il ne faut pas faire la fourde. oreille à leurs cris; c'eft la nature qui parle dans ces petits Oifeaux, elle a befoin de nourriture, il faut luy en donner, autrement les petits Dindons periffent en peu de temps, car leur mere a beau les promener, ils ne mangent rien, ou tres peu de chofe de ce qui fe prefente à leurs yeux dans la cour..

A mefure que les Dindons croiffent & fe fortifient, on leur change leur nourriture, on leur donne des orties encore hachées avec moins de précaution, & détrempées feulement avec de l'eau & du fon : au lieu d'orties on prend, fi l'on veut, des laituës qu'on hache auffi; le petit lait à la place: de l'eau, & l'orge boüilli eft encore pour les Dindons une nourriture tres

excellente.

C'est ainsi qu'on éleve ces Oifeaux jufqu'à ce qu'ils fe feparent euxmêmes de la compagnie de leur mere; tels font les foins qu'on doit abfolument prendre aprés eux, fi l'on fouhaite en avoir le plaifir & le profit.. Quand ils font grands & forts ils ne demandent plus toutes ces peines; ils fe paiffent eux-mêmes de ce qu'on leur donne, & de ce qu'ils trouvent, & c'est pour lors qu'il faut les envoyer aux champs fous la conduite d'un Dindonnier.

Un Dindonnier ordinairement eft un petit garçon qu'on prend, âgé de quinze à feize ans. Il faut qu'il ait cet âge pour bien foigner fon troupeau; au deffous il eft trop foible, & au deffus il faut l'occuper à quelque chofe de plus fort. Ce jeune Paftre fera éveillé, vigilant, d'une humeur douce, crainte qu'il ne maltraite les Oifeaux qu'il conduit; il fera matineux, fidele au refte, ne faifant pas à croire que le Loup a emporté quelque Poulet d'Inde, lorfqu'il en auroit difpofé à fon profit ; il fera encore foigneux de voir fi parmi fon troupeau il n'y a point quelques-uns de ces Oifeaux qui: clochent,ou qui foient malades, afin d'y apporter du remede; il en fera exacment la revue tous les foirs & tous les matins, & en rendra compte à la mere de famille; une petite fille peut faire cet employ auffi bien qu'un garçon.

Quand & où mener paître les Dindons.

DEs le Soleil levé nôtre petit Paftre s'éveillera, & conduira fon troupeau en campagne, tantôt d'un côté, tantôt de l'autre, le long des bois; mais garre le Loup; c'eft pourquoy il eft bon qu'il ait un chien pour l'en garantir; il ira quelquefois prés des ruiffeaux on des rivieres, & quelquefois dans des prairies fauchées, mais le meilleur, c'eft aprés qu'un champ eft moiffonné, d'y mener glaner les Dindons, pour fors ils engraiffent & ils croiffent à vue d'œil, & toute cette diverfité de nourriture leur éveille l'appétit. Ces animaux paiffent ainfi jufqu'à dix heures dumatin qu'on les ramene à la maifon pour les tenir enfermez jufqu'à midy, à laquelle heure on les lâche pour les conduire encore au pâturage jufqu'à une heure avant que le jour finiffe, qu'il les faudra mettre dans le Poulailler pour y paffer la nuit, aprés leur avoir jetté un peu de grain. Si c'est

pendant

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