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noüilles ; cependant fa chair ne laiffe pas que d'être délicate.

Il n'eft point de choix à faire des Canes comme des autres Oifeaux de la Baffe-cour pour la fertilité plus ou moins grande des œufs, il s'y en trouve de fecondes de tout pennage, & cette connoiffance ne gît que dans l'épreuve qu'on en fait. Il fuffit d'un Canard pour huit Canes.

Ces Oifeaux fe couchent ordinairement dans le Poulailler ou dans un toît qu'on leur fait exprés; mais dans quelque endroit que ce puiffe être il faut foigner de les faire coucher à la même heure que l'autre volaille. Mieux on nourrit les Canes, plus elles vous apportent de profit; c'est à dire qu'il faut leur donner à manger avec les Poules fitôt qu'elles fortent de leur toît, & le foir avant qu'elles fe couchent. Cette bonne coûtume qu'on prend de donner à manger à ces Oifeaux, les rend exacts å fe trouver à l'heure ordinaire, ils épargnent par là la peine de les aller chercher. Quand ces Oifeaux font obligez d'aller quéter de quoi fe

nourrir.

Il ne faut pas craindre d'élever trop de Canes ; ces Oifeaux apportent trop de profit pour n'y pas faire attention, outre qu'ils ne font point de dégats par où ils paffent. Les Canes commencent leur ponte au mois de Mars & la continuent chaque jour pendant trois mois & davantage méme, fi elles font bien nourries, & qu'elles fe plaifent dans le lieu où elles font.

Celle qui a foin du Poulailler ne doit point en laiffer fortir les Canes qu'auparavant elle ne les ait tâtées pour voir fi elles ont l'œuf, comme on dit, fi cela eft on les tiendra enfermées jufqu'à ce qu'elles les ayent mis bas; autrement elles pourroient les perdre.

On multiplie l'efpece des Canes par deux voyes; la premiere, en donnant à ces oiseaux leurs œufs propres, & l'autre en les mettant fous une Poule. La derniere méthode eft bien meilleure, bien plus fûre & beaucoup plus abondante; ces oeufs font un mois à éclore.

Une Cane ne peut embraffer que fix à fept oeufs, la Poule en peut fomenter jufqu'à douze ; c'eft la feule raifon pour laquelle on doit préferer celle cy à l'autre, fans s'arrêter à plufieurs faux raifonnemens qu'on fait de la Cane, comme par exemple de dire, qu'elle réfroidit fes œufs lorfqu'elle y retourne aprés les avoir quitté pour aller boire à quelque Mare ou ruiffeau, parce qu'elle y aura nagé, que par la même raifon elle morfond fes petits nouvellement éclos, & qu'enfin elle les mene trop-tôt à l'eau, ce qui leur eft préjudiciable: tous ces avis ne font qu'abus, la nature qui les a fait naître pour l'eau, a mis ces petits Oifeaux hors de rifque de tous ces préjugez, ce font des amphibies, qui fe plaisent dans l'eau, & aufquels l'eau, de la maniere qu'on vient de le dire, ne peut caufer aucun inconvenient. Il n'y a que les pluyes dans les commencemens dont il les faut garantir, & fi ce qu'on vient de rapporter étoit veritable, que deviendroient les œufs & les petits des Canes fauvages? laiffons ces animaux fuivre l'inftinct que la nature leur infpire, elle fçait mieux ce qui leur convient que nous-mêmes.

Il eft vrai que lorfque les Canetons font nouvellement éclos par le travail d'une Poule, ils n'en vaudroient que mieux, quand on ne les forti

roit que huit jours aprés, parce qu'ils fe fortifiroient; on n'auroit nean-
moins rien à craindre, fuppofé qu'ils vinffent à s'échapper, & à fe jet-
ter dans l'eau, ils ne reviennent que trop quand ils fentent que la faim
les preffe. On a vû, & l'on voit encore tous les jours des Canetons, qui
à peine font fortis hors de la coque, s'en vont avec la Cane leur mere
chercher l'eau pour s'y promener, & commencer à y barboter,
barboter, fans que
cela les incommode en aucune maniere, Point de fcrupule là deffus, il
ne faut point gêner ces Oifeaux fur leur inclination naturelle, qu'on foigne
feulement de les bien nourrir, cela fuffit.

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Quand on a donné des œufs de Canes à couver à une Poule, & que ces œufs font éclos, la Poule paroît d'abord surprise de la figure de fes petits, & comme le Canard, auffi-tôt qu'il eft né, court barboter & nager dans l'eau, la Poule lamente, gémit & appelle fes Canetons; de la maniere du monde la plus pitoyable.

des Canc

tons.

On donne pour nourriture aux petits Canetons du millet dans les com- Nourriture mencemens, de l'orge boüilli ou du panis ; le gland & les herbages de jardin hachez menu leur font encore tres-bons. Il y en a qui leur jettent Columel. L du marc de raifin, qu'ils mangent fort bien, quelque inie de pain de temps 8. c. 15. en temps leur reveille l'appétit, & quand on les appelle pour leur donner à manger, on crie tout haut, canis, canis à plusieurs fois, & jufqu'à ce qu'ils foient arrivez.

Les Canes domeftiques s'engraiffent comme les Oyfons, fi l'on veut s'en donner la peine ; ou bien on foigne feulement de leur jetter de la nourriture foir & matin, comme aux autres volailles, & ces Oiseaux alors prennent affez graiffe avec ce qu'ils trouvent dans la Cour.

Re

Comment élever des Canes fauvages.

Ien ne flatte tant un Gentilhomme ou un autre particulier, qui ayant une terre à la campagne, où il y a des Etangs ou quelque beau Canal, voit ces pieces d'eaugarnies de beaucoup de Canards fauvages : quelquefois le hazard feul y opere affez; mais d'autres fois auffi il eft bon d'avoir recours à l'art, il n'y a que les commencemens qui en font un peu penibles, mais après cela on fe trouve bien dédommagé de fes peines, & l'on a le plaifir d'avoir dans la faifon des Canards fauvages en abondance. Pour cela, on a foin de chercher où il y a beaucoup de ces Oifeaux, & dans le temps qu'on juge que les femelles ont fait leur ponte, d'enlever les œufs, & de les mettre couver fous des Poules communes ; c'est ordinairement autour des grands Etangs & des Marais qu'on trouve ces œufs, & lorfque les petits Canards en font fortis; on les nourrit dans une chambre ou dans une voliere jufqu'à ce qu'ils foient forts, puis on leur donne la liberté d'aller fur l'eau, où on les laiffe aprés qu'ils n'ont plus befoin de leur mere pour les couvrir.

Mais comme la peine de chercher tous les ans ces œufs pourroient rebuter ceux qui auroient cette curiofité, il faut, la premiere fois qu'on en éleve garder un male & quelques femelles, les nourrir dans une voliere ils y feront des œufs & des petits. Cette maniere d'agir qui dépouille

beaucoup ces Oiseaux de leur naturel fauvage, fait qu'ils ne s'écartent point des pieces d'eau où on les a mis; il eft vray auffi qu'ils ne vivront pas dans une cour, comme les autres, mais ce n'eft pas ce qu'on cherche, on veut peupler un étang de Canards fauvages, & l'on y réüffit par là. Il ne faut pas s'imaginer que prenant les Canes fauvages toutes grandes, & les enfermant, on puiffe les obliger à pondre, leur génie accoûtumé à la liberté ne le leur permet pas à moins qu'il n'y ait long-temps qu'elles n'euffent 'été enfermées ; encore pouroit-on douter de la réuffite. Il y a beaucoup d'efpeces de Canards fauvages qui different entre eux par des Canards leur grandeur,leur figure, leur cry, & par leur couleur ; il s'en trouve fauvages, dont le vol eft lent, & d'autres qui volent plus vîte.

Difference

Canard do

Ses effets.

L

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De la maniere de fe fournir de Canes d'Indes.

A Cane d'Inde eft un Oifeau qu'on peut élever en nos climats, il s'y apprivoise aisément, il eft plus gros que la Cane ordinaire, & il n'en a ni le port, ni la figure, ni la couleur ; il ne dit mot, il donne peu d'œufs, & fes petits font fort difficiles à élever.

Quand on veut mettre couver les Canes d'Indes, c'eft affez d'un mâle pour fix femelles ; elles fe plaifent à l'eau comme les autres, & vivent de même, & lorfqu'elles font bien apprivoifées, elles viennent foir & matin avec les autres volailles à l'endroit où l'on a coûtume de leur donner à manger.

Le plus fûr expedient eft de donner à couver les œufs de Canes d'Indes aux Poules communes qui les fomentent heureusement, mais quand les petits en font éclos, il faut fe donner de la peine aprés eux, ils font difficiles à élever; leur nourriture d'abord doit être de millet ou d'orge bouilli, & toûjours beaucoup d'eau, parce qu'ils veulent barboter. Le pain blanc émié & détrempé de caillé prévaut fur toute autre nourriture, il faut les tenir longtemps enfermez avant que de les laiffer aller à l'eau, & quand ils font fortifiez,on les lâche parmi les Canes communes avec lefquelles ils s'accordent tres-bien; de maniere que confondant leurs efpeces, ils font des Canes bâtardes qui fe multiplient,& qui s'élevent comme les autres. Ce mélange vient du côté des Canards d'Indes qui s'accouplant avec les Canes communes, produifent ces Oifeaux métifs: le Canard domeftique n'a commerce qu'avec fes femelles propres, & il eft bon même qu'il n'y en ait point, parce qu'il empêche ces Oifeaux étrangers d'ufurper fur fes droits. Rapellons tous nos Oifeaux, & voyons à quoi ils font propres pour la fanté.

Le Canard domestique pour être bon à fervir fur table doit être choïfi meftique. jeune, tendre & gras. Il nourrit beaucoup & eft d'une fubftance folide & qui dure. Les Médecins difent qu'il eft de difficile digeftion, & qu'il produit des humeurs lentes & groffieres. On eftime particulierement la chair de l'eftomac du Canard, ce qu'on appelle vulgairement les aiguillettes. Un Poëte a dit là-deffus; qu'on me ferve un Canard, mais je n'en mangeray que l'eftomac & la tête, & je renvoirai le reste à la cuisine.

Martial.

On prétend que le Canard vif ouvert tout chaudement & appliqué de même fur le ventre, guérit la colique & les tranchées ; fon foye arrête le

flux hepatique, fa graiffe eft adouciffante, réfcut & amollit les tumeurs. Foye du Pour ce qui eft du Canard fauvage, il eft plus falutaire que le domef- Canard, la graiffe, tique, fa chair eft plus agreable, parce qu'il jouît d'une tranfpiration plus libre, à cause du mouvement qu'il fe donne, & qui contribue à attenuer & à rectifier ce qu'il pouroit avoir de groffier.

Le fang de Canard domeftique coagulé & bû avec du vin, eft fpecifique contre toute forte de venin.

CHAPITRE V.

Des Cygnes.

Puifque nous voicy fur l'article des Oifeaux aquatiques, difons quel

que chofe de celui-cy: il eft vray qu'il ne convient gueres au ménage, forfqu'il eft de dépenfe, & qu'il n'apporte aucun profit; mais enfin il n'eft pas défendu parmi l'oeconomie de donner quelque chofe à la curiofité; le Cygne cit un Oifeau recommandable par fa blancheur, il a le coulong, & d'une encolure fort agreable; il eft haut monté fur jambes, & au refte femblable à une Oye..

Cet Oifeau eft de grande dépenfe & gourmand; il ne fe plaît que dans les lieux folitaires & aquatiques, comme Rivieres & Etangs, qu'il détruit par la grande quantité de poiffon qu'il mange, & quelquefois même il perd les bleds en herbe quand il fe jette deffus; c'est pourquoy l'on confeille de n'en nourrir qu'une petite quantité; car outre ce qu'il trouve dans l'eau, il faut encore quelquefois luy donner du grain, des herbages hachées groffierement & des reftes de cuifine, comme tripailles d'animaux ou autre chofe de cette forte.

Il y a des pays où les Cygnes vivent en partie dans la Baffe-cour; quelquefois on le fert de cet expedient quand on a la curiofité d'en avoir & qu'on a peu d'eau au tour de fa maifon, mais encore un coup c'eft une envie qui coûtc.

Si donc on veut avoir des Cygnes, il fuffit de deux ou de quatre tout au plus. Il leur faut bâtir un toit qui ne foit point couvert, parce que ces Oifeaux aiment la liberté, & qu'ils ne fe plaifent pointà être renfermez, Le Cygne fait fon nid foy-même, fa ponte eft de deux ou trois ceufs, &: ne couve qu'une fois l'année; il veut être tenu proprement dans fon toît, parce qu'il frente beaucoup, & que l'ordure lui déplaît.

La feule chofe en quoy le Cygne eft utile, & pour laquelle on aime en avoir à la campagne, c'est qu'il fait merveilleusement bien la chaffe aux grenouilles, qui dans les grands foffez qui environnent une maison, & par leurs cris qui ne ceffent point prefque jour & nuit, importunent terriblement les oreilles de ceux qui y demeurent.

Ces Oiseaux étoient autrefois plus à la mode qu'ils ne font aujourd'huy, on en voyoit lariviere de Seine prefque toute couverte, mais aujourd'huy il n'y en a prefque plus.

Age des
Paons.

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Ous laifferons icy tout ce que la Fable dit du Paon, & plusieurs au. tres attributs qu'on lui donne, comme étant une matiere qui ne contribuë en rien à nôtre fujet ; & le Paon eft affez connu fans qu'il foit befoin d'en faire la defcription.

Cet Oifeau eft d'un grand entretien ; il eft goulu, & fujet à endommager beaucoup les maifons & les jardins, fi l'on n'y prend garde, & s'il n'y a quelque pâture aux environs du logis. Il ne peut fouffrir que fa femelle couve, & pour cela il caffe fes oeufs pour en jouir plus fouvent & plus commodement. Les Naturaliftes difent que le mâle vit vingt ans & la femelle moins, que l'un & l'autre font mal-aifez à élever dans leur jeuneffe, mais que lorfqu'ils ont abandonné leur mere, ils fe foignent affez bien eux-mêmes. On a vû qu'autrefois les Paons étoient plus communs qu'ils ne font aujourd'huy, & ce qui fait à la verité qu'on ne s'en eft plus gueres mis en peine, c'eft leur cri importun dont ils rompent le tête prefque toute la journée, car ils ont, dit le Proverbe, la voix du Diable.

L

Nombre des Paons qu'on peut nourrir.

E Paon s'apprivoise aisément, & fi la curiofité porte d'en élever quelques-uns, il fuffit d'avoir quatre femelles & un mâle. On ne fe met gueres en peine de lui bâtir un toît exprés pour le coucher la nuit. Cet Oifeau fe perche où il fe trouve, tantôt fur les arbres, tantôt fous un porche, & tantôt dans quelqu'autre endroit de cette nature où fon instinct L. 8. c. 11. le pouffe. Columelle dit qu'il eft fort amoureux, & qu'il lui faut cinq femelles, & que s'il en faillit une trop fouvent, & qu'elle foit prête à pondre, il fait avorter fes oeufs qui à peine font formez dans fon corps; fi l'on veut nourrir plus de Paons qu'on a dit, cela dépend de la fantaisie. Ce que la Paoneffe a d'incommode, c'eft qu'elle ne fait point fa ponte en un même endroit, qu'il faut avoir foin de la veiller tous les jours dans le temps qu'elle la fait, & d'en ramaffer les œufs. Elle fait trois pontes l'année, fi on ne la met point couver, car fi on l'employe à ce travail elle n'en fait qu'une: elle commence fa premiere ponte à la my-Février, & fait cinq oeufs de fuite, elle n'en donne que trois ou quatre à la feconde ponte, & que deux ou trois à la troifiéme, & chaque ponte fe fait environ à deux mois l'une de l'autre.

La Paonef

ic

Sa Ponte.

Il faut pourtant faire en forte, le plus qu'il eft poffible, que les Paoneffes pondent dans un endroit où on les aura accoutumées de coucher, & dans la faifon qu'elles doivent pondre, mettre fous leur juchoir beaucoup de paille, crainte que leurs œufs ne fe caffent, parce que fouvent quand les Paoneffes font juchées dans leur toît, leurs ceufs tombent la nuit pendant

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