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feulement, foit pour les
y nourrir afin d'en tirer du profit, & que ce der-
nier motif eft celuy pour lequel on doit avoir le plus d'égard : il y en a qui
prennent des Tourterelles & des Cailles exprés pour les engraiffer & jouir
enfuite du plaifir de les manger, ou d'en faire de l'argent.

Pour bien engraiffer les Tourterelles, il faut les mettre en cage, faites de maniere que ces Oifeaux ne puiffent point s'y donner beaucoup de mouvement; c'eft par là que ne donnant point occafion aux liqueurs de fe trop exalter, la nourriture qu'ils prennent fe convertit presque tout en graiffe.

On peut mettre cinq ou fix Tourterelles dans chaque cage, on en fabrique de plufieurs fortes; les unes fe font comme les cages ordinaires, & dont on fe fert à élever les Oifeaux, d'autres les font à petits barreaux, gros comme le petit doigt, hautes d'un pied & demi feulement avec des planches fort legeres deffus & deffous, ou bien travaillées en deffus à claires voyes, avec des petits bâtons, diftans l'un de l'autre d'un pouce, & attachez les deux bouts à deux traverfes qui tiennent aux quatre pilliers par de la cage; dans le dedans & fur le devant regnera prefque tout du long une petite Auge pour mettre leur mangeaille, & aux deux côtez feront deux petits vaiffeaux de terre qui ferviront pour contenir leur eau.

Au dedans de cette cage on mettra environ dans le milieu des autres bâtons de travers pour faire percher les Tourterelles, parce que ces Oifeaux n'aiment point à dormir en lieu plat, il leur faut un juchoir, & c'est en cela qu'on s'accommode à leur naturel.

Les Tourterelles qu'on veut engraiffer doivent être prifes jeunes : il faut neanmoins qu'elles mangent feules: elles s'apprivoifent aifément, & engraiffent en peu de temps. Quelques-uns, pour leur faire fupporter leur prifon plus agreablement, leur donnent quelquefois du pain trempé dans du vin, cette nourriture leur eft bonne, principalement en Hyver; elles Colum, 1.8, les échauffe, & leur fait prendre graiffe bien plutôt que fi on les en privoit le millet & le froment font les deux grains qui les nourriffent le mieux, il faut le leur donner fec.

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On fera foigneux de leur renouveller fouvent leur eau, & de nettoyer les vaiffeaux qui la contiennent; leur cage doit auffi être entretenue proprement, car la fiente qu'ils font leur endommage les pieds quand ces Diseaux y marchent trop long-temps.

y a des Auteurs qui difent, qu'il faut leur donner de la Vefce, de l'Orge, & d'autres grains indifferemment, mais les deux premiers, dont on a parlé, leur conviennent mieux & les engraiffent plûtôt.

La Tourterelle est une espece de Pigeon plus délicat que les précedens; le mâle eft ordinairement de couleur cendrée, & a le cou environné de plumes noires en maniere de collier. Il s'en trouve auffi de blanès, principalement dans les pays feptentrionaux. Cet Oifeau, quoique fauvage naturellement, eft aifé à apprivoifer; il fe plait dans les terrains fablonneux, folitaires & montagneux, & il fe perche fur le haut des arbres, où il fait fon nid. On le voit fouvent qui cherche à manger dans la campagne & dans les jardins. La Tourterelle, au fentiment de quelque Naturaliste, vit tout au plus huit ans, les mâles neanmoins un peu davantage.

La chair, de la Tourterelle eft fort fucculente, & fait un mets tres-dé- Bons effets. licieux en cuifine; mais il faut qu'elle foit jeune, tendre & graffe, l'usage

en eft eftimé, & l'on affure que cet Oifeau eft un aliment fort falutaire.

Tourterel

les.

Le fang de la Tourterelle tiré de l'aîle recemment & tiede, eft fpeci- Sang de fique pour les inflammations de l'œil, & les contufions qui y furviennent, on le fait distiller dans cette partie, & il en opere la guerison ; sa fiente a la même vertu que celle de Pigeon.

LA

Des Cailles.

A Caille est un Oifeau d'un plumage grivelé & de petit corps, elle s'éleve peu de terre, & ne vole pas meme aifement, c'eft pourquoy Pline l'appelle plûtôt un Oifeau terreftre qu'aërien, mais en recompenfe elle court bien vite. Elle eft lubrique & laffive auffi bien que la Perdrix. Un feul mâle peut fuffire à plufieurs femelles. Ce n'eft pas que nous ayons befoin de ces circonstances dans ce que nous voulons traiter ici, n'étant queftion que de trouver le moyen d'en prendre beaucoup dans la faifon qui y eft plus propre, & de les engraiffer.

Il faut aux Cailles faire des cages exprés, & dont le deffus foit couvert de toile, crainte qu'elles ne fe froiffent la tête; car ces Oifeaux vont toûjours fautant. Ces cages font ordinairement féparées par de petites cloifons, capables chacune de contenir une Caille un peu à l'aife; c'est à dire, de huit pouces de large, & d'un demy-pied de haut: moins les Cailles ont d'efpace pour se promener, plûtôt elles prennent graiffe; nous en avons dit la raifon au fujet de la Tourterelle.

&

Sa Fiente.

Cailles

Le froment eft le grain qui convient le mieux pour engraiffer les Cailles, Nourriture le chenevy ne leur eft pas auffi mauvais, mais il les échauffe un peu trop, pour en & retarde par là l'effet qu'on en attend. On leur peut donner encore du graiffer les millet: il ne faut point laiffer manquer ces Oifeaux de nourriture faire en forte bien au coutraire que leurs petits augets en foient toûjours. beaucoup fournis. Leur eau fera entretenuë nette & pour cela renouvellée tous les jours.

Quand les Cailles font graffes (c'eft ordinairement l'Hyver où elles font plus délicates) on s'en fert pour les manger où pour les vendre : ce mets eft tres délicieux, & fait un des principaux plats des meilleures tables.

La Caille doit être choifie jeune, tendre, graffe & bien nourrie, fa chair Bons effets, eft nourriffante, fucculente, & excite l'appétit ; fon ufage convient aux convalefcens ; & quoiqu'en difent de mal certains vieux Médecins., l'on foutient contre eux, & l'on en a l'experience, que la Caille eft un bon manger, qu'elle ne fait point de mal, & que pour être d'un autre fentiment, il faut radoter, ainfi que Galien, Pline, Avicene, & plufieurs de leur fecte, quand ils ont dit que cet Oifeau étoit un aliment fort dan

gereux.

La graiffe de Caille eft un remede tres-bon pour enlever les taches des Graiffe & yeux. On employe fa ficnte pour l'Epilepfie, étant fechée, pulverifée & fiente de la prife dans du vin.

Caille.

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Efpeces differentes de Failans.

Demeure

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Où il eft traité de la maniere d'élever les Faifans, & de les en-
graiffer. Des Gelinotes, & comment nourries pour les
rendre graffes.

CE
E Chapitre-cy regarde proprement parlant, les gros Seigneurs qui
veulent faire élever des Faifans dans leur terres, afin de ne point man-
quer de tout ce qu'il y a de plus délicieux à fervir fur table. Un particulier
n'y trouveroit pas fon compte, ainfi laiffons donc cette envie de fe diftin-
guer à ceux qui en ont le moyen, & aufquels elle convient.

Le Faifan eft un Oifeau qui égale à peu près le Coq ordinaire en groffeur: il a le bec long d'un travers de pouce, & recourbé en fon extremité. Sa queue eft fort longue, fon plumage eft varié, & prefque comme celui d'un Coq. On le diftingue en mâle & en femelle: le mâle eft plus gros & plus beau que la femelle ; c'eft là le Faifan que nous voyons fur nos tables, & qui est le plus commun.

Il y en a un autre qui fe fubdivife en deux autres efpeces, fçavoir en grand & en petit ; le premier eft grand comme un Coq d'Inde : il a la tête noire; le bec court, le cou long, & fes plumes font de couleur noire & rougeâtre.

L'autre eft appellé Faifan de Montagne & differe du preanier en ce qu'il eft plus petit. Ces Oifeaux ne fe trouvent que dans les montagnes, les Forêts & les pays froids, c'eft pourquoy on n'en voit point dans les cli. mats temperez. On ne fçait point s'ils peuvent s'apprivoifer comme nos Faifans; fi cela eft, & que quelques riches curieux veulent en faire élever chez eux, ils pourront fuivre les inftructions qu'on va donner fur cela, & ils y réüffiront.

La premiere chofe à quoy il faut fonger quand on veut élever des Faifans, c'eft de leur bâtir une demeure; car ces Oiseaux naturellement faudes Faifan, vages ne fe plaifent pas à habiter avec les autres Oifeaux de la Baffecour; & pour bien faire, il faut que ce foit dans un endroit écarté de la maifon, crainte que le grand bruit ne les effarouche; on doit conftruire à peu près cette demeure, ainfi qu'on le va dire.

On juge d'abord par la quantité qu'on veut nourrir de Faifans, de ce qu'il faut de tertain pour bâtir cette demeure: fix toifes fur tous fens fourmiront bien de quoy loger de ces Oifeaux, fi l'on veut moins d'efpace, cela dépend de la fantaifie.

Ce terrain choisi, & les mefures prifes, on l'environne, fi l'on veut, de murailles groffierement bâties fans aucun enduit, ou bien on fe contente d'une cloison faité de grande paille non battue au fleau, foutenuë par de gros pieux fichez en terre & de bonnes traverfes de perches attachées avce de gros oziers & élevées de fix à fept pieds.

Phaisanderie

Inventé, et Gravé par J.B. Scotin.

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