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Il y aura une porte à cette enceinte pour laiffer entrer & fortir celuy qui aura foin des Faifans, & vis-à-vis fera une petite maison pour le Faisan

dans le dedans de la Faifanderie, & tout au tour feront conftruites plufieurs loges hautes chacune d'un pied & demi fur autant de longueur & de largeur; l'ufage de ces loges eft pour mettre pondre & couver les Faifanes; elles feront fermées pardevant d'une fenêtre à barreaux, éloignez l'un de l'autre d'un pouce & demi & gros comme le doigt, ou bien de fil d'archal, ou fimplement de réseau femblable à celui des filets de pefcheur; mais il y aura dans le fond une efpece de Voliere en pied pour apprivoifer les jeunes Faifans. Pour mieux faire comprendre ce qu'on vient de dire, & voir l'arrangement que les loges doivent avoir dans la Faifanderie, on a jugé à propos d'en donner une Figure.

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Ur ces Loges, comme on voit, eft un toît qui regne tout au tour; pour empêcher que l'eau ni les frimats n'y penetrent. Si cette Faifanderie eft dans quelque bois, & environnée de quelques arbres elle n'en vaudra que mieux; il y aura dans le milieu plufieurs petites Auges, les unes remplies d'eau & les autres de mangeaille, & tout y fera entretenu le plus proprement qu'il fera poffible: les nids des Faifanes qui pondront fe trouveront garnis de bonne paille ou de foin; & les fenêtres des loges feront tenues bien fermées : tout cela bien exactement obfervé, on fera choix d'un Faifandier qui entende cette manœuvre.

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Veritable caractere d'un Faifandier.

Nbon Faifandier doit fe connoître parfaitement bien en Faisans, & fçavoir en approfondir le génie, afin de s'y conformer; c'est une étude qu'il doit fe faire, s'il veut fe rendre habile en cet employ; car s'il

Ponte des

Faifanes.

Couvée des œufs de Faifans.

Combien

Jes Faifan

deaux fon: à éclore.

ignore à traiter ces Oifeaux, comme il faut, il perdra tour; il doit être vigilant fur leurs befoins, matineux pour leur donner à manger, adroit pour leur faire perdre en quelque façon leur naturel farouche, & docile dans la conduite qu'il en a.

Choix qu'on doit fçavoir faire des Faisans pour multiplier leur efpece.

Our commencer à dreffer une Faisanderie, il faut avoir d'abord de jeu

Pnes Faifans de l'année; car lorfqu'ils font plus vieux, on ne peut bien

les apprivoifer, outre qu'ils fe déplaifent dans leur prifon, & qu'ils n'y veulent ni pondre ni couver: il faut qu'ils foient gros, bien emplumez & bien éveillez.

Ces Oifeaux étant bien choifis, plus ou moins qu'on en veut avoir, on les met dans la Voliere dont on a parlé. On leur y donne bien à manger. Il faut un mâle à deux femelles. Les Faifans ne font pas fi lafcifs que nos Coqs ordinaires, & quand ils font un peu apprivoifez, la nature les excite de même que la Volaille à nous donner des oeufs, & enfuite des petits.

Lorsqu'on remarque que les Faifans veulent pondre, c'eft ordinairement au mois de Mars, on forme dans la Voliere des nids pour les pondeufes; la Faifane ne fait qu'une ponte chaque année, & donne jufqu'à vingt œufs. Pendant que ces Oifeaux font dans cette Voliere, il ne faut point leur laiffer manquer de nourriture; plus fouvent on leur en porte, plûtôt ils s'accoûtument à voir le monde & à devenir moins fauvages; c'eft ainfi dans les commencemens qu'on veut peupler une Faifanderie, qu'il faut gouverner ces jeunes Oifeaux, qui font comme des étrangers dans des contrées aufquelles ils ne font pas accoûtumez, & où ils ont de la peine à fe faire; car pour les Faifandeaux qui viennent dans la fuite, & qui font originaires de la Faisanderie, on leur laiffe plus de liberté comme on le dira.

Les Faifanes n'ont pas plûtôt fait leur ponte qu'il faut mettre couver leurs œufs, ou fous elles-mêmes, ou fous une Poule; celle-cy les conduit plus franchement & les rend moins fauvages; mais enfin, que ce foit l'une ou l'autre, il faut les enfermer dans les loges de la Faifanderie, & ne les point laiffer manquer de nourriture durant tout le temps de l'incubation; c'eft le fecret de leur bien faire achever leur ouvrage, & pour cela on ouvre la fenêtre où font les femelles, on les prend & on leur donne à manger à terre, on leur laiffe faire un petit tour, pour les obliger à fienter, puis on les prend,on les remet fur leurs œufs & on ferme la fenêtre comme auparavant. Cette incubation dure trente jours; au bout de ce terme on voit éclore les Faifandeaux, s'il ne leur eft point furvenu d'inconvenient. On gouverne d'abord ces jeunes Oifeaux comme des Pouffins, & pour nourriture on leur donne de la farine d'orge cuite au four, & réfroidie; cette coction en détache les parties les plus groffieres, & la rend par là un aliment leger, & facile à digerer, ce qui convient aux jeunes Faifans.

Ces Oiseaux aiment beaucoup les oeufs de Fourmis, il faut leur en faire chercher autant qu'il eft poffible; cet aliment leur fubtilife les humeurs &

les engraiffe tres-bien, ils mangent les fauterelles qu'ils trouvent, c'est encore une nourriture dont ils font fort avides.

Les Faifans qu'on éleve tous petits dans la Faifanderie ne font point fi fauvages que les autres: on les y laiffe promener, & ils couchent ordinairement dans la Voliere dont nous avons parlé, & qui fait une piece de la Faifanderie.

Il n'est plus question à mesure qu'ils croiffent que de les bien foigner Comment pour les engraiffer, on leur donne pour cela de la farine d'orge imbibée engraiffer d'eau, des féves mouluës, de l'orge mondé, du millet, de la navette & de la les Faifans. graine de lin cuite, & fechée parmi de la farine d'orge; c'est ordinairement fous une mue ou quelqu'autre cage de cette forte où on peut les tenir enfermez pour prendre graiffe: il faut un mois ou fix femaines pour cela:s'ils avoient la campagne libre, ils n'engraifferoint pas fi bien, quelque abon. dante nourriture qu'on leur donnât.

Les riches Vivandiers engraiffent ainfi des Faifans. Il y a des Rotiffeurs à Paris qui en font la même chofe; ce font auffi aprés cela de chers Oifeaux pour ceux qui les achettent, & ils fçavent bien en tirer leur dépenfe avec ufure. Les Faifans qu'on nourrit ainfi dans la Faisanderie font deftinez pour le maître auquel elle appartient; il s'en fert pour fa table ou pour en faire des prefens, & c'eft ainfi qu'il faut fe faire honneur des chofes qu'on n'entreprend que par un air de grandeur & digne du fang

dont on fort.

Le Faifan nourrit beaucoup, fa chair eft fucculente & délicate quand il Bons effets eft jeune & gras; il produit un aliment affez folide & durable, il fortifie, du Failan. il reftaure & rétablit les perfonnes convalefcentes, il fe digere aifément, fon ufage convient aux épileptiques, & à ceux qui font fujets aux mou

vemens convulfifs.

La graiffe de Faifan appliquée exterieurement fortifie les nerfs, réfoût Graisse de les tumeurs & diffipe les douleurs de Rhumatifme.

LA

Des Gelinotes.

A Gelinote de bois ne s'éleve pas comme les Faifans, elle eft d'un naturel plus fauvage, & ne peut s'accoûtumer à pondre ni à couver en fervitude, il luy faut fon air naturel, qui eft la campagne. Quand on peut prendre ces Oiseaux jeunes, on les engraiffe comme les Faifans, ou pour le mieux, fi l'on trouvoit des nids de Gelinotes, on en prendroit les oeufs qu'on mettroit couver fous une Poule, puis on en éleveroit les petits.

On les nourrit comme les Faifandeaux, & on les engraiffe de même ; mais il faut tenir ces Oifeaux toujours enfermez dans un endroit d'où ils ne puiffent point s'envoler, car ils tiennent toujours de leur inftinct fauvage, & fe déroberoient fans doute de celuy qui les gouverneroit, fitôt que leur force le leur permettroit.

La Gelinote de bois fe nourrit de grain, foit de froment ou autres, elle s'éleve pcu de terre, c'est pourquoy on en peut avoir affez aifément dans les pays où ces Oifeaux font frequens : il ne faut point les mettre parmy

Faifan.

Bons effets de la Geliporte.

les Poules, ils ont trop d'antipathie l'un pour l'autre, & cela fuffiroit pour les empêcher de prendre graiffe.

Ces Oiseaux font fort nourriffans, d'un bon fuc & de facile digeftion, & quelques Medecins prétendent qu'ils font propres pour les perfonnes attaquées des douleurs néfretiques. Voilà tous les Oifeaux dont un bon Gentilhomme peut être fourni: un particulier n'en élevera que des plus utiles, & de ceux qu'on appelle ordinairement Volaille commune, parçe que les autres coûtent plus qu'ils ne rendent de profit. Il faut voir à prefent les bêtes à cornes..

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DES BESTES A CORNES,

Et premierement des Vaches & des foins généraux qu'elles exigent de nous. Du Taureau. Choix qu'on en doit faire, & comment gouverner les Veaux, & en élever d'un & d'autre sexe pour mul tiplier l'efpece.

A Prés avoir parlé affez amplement de la Volaille, & marqué de quelle utilité elle étoit à la campagne, nous allons icy traiter des bétes à cornes qui font une bonne partie du gros revenu de la Baffe-cour, & nous comDiférence mencerons par les Vaches qui en font la principale fource.

des Vaches.

Choix d'une bonne Vache.

Ces animaux different confiderablement l'un de l'autre fuivant leur grandeur, fuivant la diverfité de leurs cornes, & la différente conformation de quelques-unes de leurs parties, fuivant le lieu où ils naiffent, & plufieurs autres circonftances qu'il feroit trop long de rapporter ici.

Les Vaches d'Angleterre, de Hollande & de Flandres font plus groffes qu'en France, parce que les pâturages en font plus fucculens, & l'on remarque que dans les pays froids ces animaux font d'une plus belle corpulence que dans ceux qui font plus chauds, & la raison de cette difference, c'eft que les herbes de ces climats-cy ont leur principes trop exaltez par la chaleur, d'où vient qu'il s'y en convertit moins en fubftance que de celles qui croiffent dans les regions qui ne font pas fi échauffées du foleil.

C'eft pour cela qu'en Affrique les Vaches font fi petites qu'à peine égalent-elles nos Veaux en groffeur de corps ; mais on dit en récompenfe, qu'elles font tres fortes & tres laborieufes.

Pour avoir une bonne Vache, & afin qu'on ne s'y trompe point, elle doit avoir le corps grand & long, le ventre fpacieux, le front large, les. yeux noirs & ouverts, les cornes belles, polies & noires, les oreilles velues, les machoires ferrées, le fanon & la queue grande, la corne du Colum. 1.6. pied petite & les jambes courtes ; il y en a qui difent que les marques d'une bonne Vache font d'avoir la tête défagreable, d'être chargée d'encoulûre, que la peau luy defcende depuis le mufeau jufqu'à la cuiffe, qu'elle ait les côtes bien longues, que tous fes membres foient gros fans même

ch. 21.

Virg. Geor.

lib.

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&

excepter

excepter fes pieds, que fes oreilles foient heriffèes & fes cornes courbées

:

en dedans d'autres eftiment une Vache d'une moyenne taille, tachetée Liebaut 1. de blanc & de noir, les nazeaux ouverts, le pis grand & gros & les te- 1. ch. 13. tines groffes & longues; tous ces fentimens neanmoins font quelquefois bien trompeurs, car à dire vray, il fe trouve de bonnes Vaches de toutes tailles; & celles qui ont le plus de pis ne font pas toûjours les plus abondantes en lait, ainfi il ne faut pas abfolument y affeoir fon jus gement.

Ces marques font bien quelque chofe: mais on doit encore obferver qu'elle foit jeune, ce qui fe connoît à la dent & aux cornes: à la dent lorfqu'une Vache les a blanches, bien rangées & point usées ni noirâtres en deffus ; & aux cornes, lorfqu'à leur naiflance il y paroît beaucoup d'anneaux : quelques-uns difent qu'autant qu'on voit de ces anneaux, autant la Vache a d'années, c'eft à quoy l'on prend garde.

Une Vache doit avoir l'oeil éveillé, & nou trifte; ce dernier fymptome eft un préfage d'un mauvais temperamment de la bête, & dont on peut fe méfier, enfuite on regarde au pis, on en manie les trayons; fila Vache regimbe, c'eft figne qu'elle les a douloureux, & qu'elle y a du: mal, ce n'est pourtant pas un fujet pour rejetter une Vache, qui d'ailleurs auroit de bonnes qualitez, cela peut venir d'un lait en grumeaux, & qui· auroit de la peine à paffer, parce qu'on auroit refté trop long-temps à la traire; mais en la trayant, ce lait fe diffoût & fe liquefie.

Après avoir un peu manié fes trayons, on en tire du lait ; s'il paroît blanchâtre & un peu clair, c'cft un mauvais lait, & peu chargé de parties. butireuses, ce qu'on y recherche particulierement, & faute de quoy on doit faire peu de cas d'une Vache laitiere.

On examine encore fi elle n'eft point trop maigre, telle maigreur pourvant provenir d'une tres-mauvaife caufe, à laquelle on ne pouroit rêmedier; mais fi l'on voyoit que cette maigreur ne fut caufée que par un défaut de bonne nourriture, & qu'on cût de gras pâturages pour pouvoir ré tablir cette Vache, on ne feroit point difficulté de l'acheter, s'il n'y avoit que ce défaut. Une Vache maigre au fujet d'une inaladie paroît trifte, elle elt dégoûtée, & ne marche que nonchalamment, c'eft pour lors qu'il y a à craindre, & qu'il ne faut point s'en charger.

Un Auteur ancien dit, qu'on doit plus faire cas d'une Vache nourrie dans les Montagnes que de celle qui vit dans les bas pâturages, que la premiere dure douze à quatorze ans, au lieu que l'autre ne vit pas filongtemps. Cette maxime ne trouve pas beaucoup de partifans, puifqu'on voit des Vaches dans l'un & l'autre cas étre bonnes & mauvaifes. Il fe peut que les montagnardes naturelles ne trouvent pas les herbages des vallons fi à leur goût que ceux aufquels elles font accoutumées, que même cette nourriture ne leur convienne pas fi bien, & que par confequent elles y déperiffent,il en eft de même des Vaches nourries dans les marais,qui font ordinairement d'un gros corfage, au lieu que les autres font petites, & qui diminuent à vue d'oeil, quand on les change de climat; ainfi le plus fur en: cela eft deprendre des Vaches du pais, c'eft à dire à trente lieuës à la ronde;. avec les marques dont on a parle, fans s'arrêter pofitivement aux fenti÷

Belle Fo-rêt 11. jour

de l'Ag..

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