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1.3. Colum. 1.

mens de quelques Agriculteurs, qui ont écrit conformément aux lieux où ils demeuroient, il faut écrire, autant qu'on le peut, pour toutes fortes de climats.

Il ne faut avoir de Vaches qu'autant qu'on juge avoir de quoy les bien nourrir; ainfi on ne détermine point cette quantité. Une Vache bien entretenuë vaut mieux que trois mal nourries. Confiderons icy une Vache qui n'a pas encore porté de fruit, & fuivons-là jufqu'à ce qu'on veuille la facrifier au Boucher.

L

Du temps de mener la Vache au Taureau.

A Geniffe, c'eft ainsi qu'on appelle une jeune Vache qui n'a point encore fouffert les approches du Taureau, ne doit commencer à le fouffrir qu'à deux ans & demi, ou trois ans pour le mieux; il y en a qui failliffent la deuxième année, c'eft felon que la chaleur les prend plus ou Virg. Geor. moins tard, & que la nature regle leurs mouvemens. Quelques Auteurs difent que les jeunes Vaches ne commencent à s'accoupler qu'à quatre ans; mais cette opinion n'eft point fondée fur l'experience, ou bien il faut Genifle en que ce foit une Vache tardive. On connoît qu'une Geniffe eft en chaleur, lorfqu'elle a les ongles enflez, qu'elle ne fait que meugler & faillir les Taureaux mêmes, & la premiere Vache qu'elle trouve en fon chemin: à dix ans les Vaches ne portent plus & ne valent plus rien qu'à être envoyées au Boucher.

6. C. 24.

chaleur.

Signe d'un

reau.

que

Le meilleur temps de mener les Vaches au Taureau eft le mois de May, Juin & Juillet, fuppofé que leur chaleur fût reglée à ce temps, mais quelfois cela arrive plûtôt ou plus tard, ce qui fait qu'on ne manque point de Veaux pendant toute l'année, plus en des faifons qu'en d'autres. Il y en a qui veulent que ce foit en Février & en Mars, & non pas dans un autre temps; cela s'obferve du côté de la Breffe & dans les climats qui font chauds, parce que ceux-cy n'apprehendent point que le froid faffe tort à leurs Veaux; mais fi les Breffans pouvoient changer de maxime, ils s'en trouveroient mieux. Et comme il est question d'avoir un bon Taureau pour faillir les Vaches, voicy quelles en font les veritables marques. Un Taureau doit être gras, éveillé, il doit avoir le regard fier & afbon Tau- freux, les cornes groffes & noires, la taille moyennement haute & longue, quelque-uns la veulent courte, le poil rouge & noir, les épaules & la poitrine large, les reins fermes, le dos droit, la téte courte & les orcilles larges & veluës, les jambes groffes, le mufle grand & le nez court & noir. Il faut apparemment qu'il y ait des pays où les Taureaux font plus vigoureux que dans d'autres, puifque felon un ancien Agriculteur, un Taureau bien choifi & depuis l'âge de quatorze mois jufqu'à quatre ans, peut fuffire à quarante, cinquante & même jufqu'à foixante Vaches, mais que quatre ans paffez, c'eft folie de le faire faillir davantage ; qu'il faut le châtrer, l'engraiffer & le vendre aux Bouchers. A quatorze mois c'eft un peu trop tôt mettre un Taureau à l'épreuve de tant de Vaches, c'est l'épuifer & l'empêcher de devenir gros: c'eft auffi trop tard à quatre ans commencer à luy donner les Vaches, jufqu'à dix, fi bien que pour

trouver un milieu à cela, on juge que depuis deux ans jufqu'à fix un Taureau peut bien faire fon devoir, & ne luy donner que quinze à vingt Vaches par jour. Et pour bien difpofer un Taureau au Rut, il faut dans le temps qu'il y a le plus de Vaches en chaleur, luy donner une fois le jour un picotin d'avoine, principalement quand c'eft un Taureau banal autrement les efprits & l'humeur feminale n'y pourroient fuffire que pour de femelles, fi l'on ne foignoit à réparer cet épuifement par une bonne nourriture. Un Taureau eft propre à faillir les Vaches depuis quatre ans jufqu'à dix, ce temps paffé, il n'y faut plus penfer. Quinze Vaches: fuffiront par jour.

peu

Obfervation fur les Vaches en chaleur..

yena, pour mettre les Vaches en chaleur, lorfqu'ils voyent qu'elles y font nonchalantes, qui leur donnent du pain fait avec de la graine de lin, ou du marc de cette graine, aprés en avoir exprimé l'huile, ou qui leur prefentent du fel à manger, où d'autres ingrediens de cette nature, & qui prétendent que cela opere l'effet qu'ils en attendent, c'eft une chofe facile à éprouver auffi bien qu'à mettre en pratique, fi l'on veut

s'en fervir.

Dans le temps qu'on veut mener les Vaches au Taureau, il faut un jour ou deux auparavant les laiffer un peu jetiner. Les Naturaliftes prétendent qu'elles conçoivent mieux que lorfqu'elles font trop pleines de nourriture, & l'on dit que la marque qu'une Vache a conçu, c'eft lorfqu'elle ne veut plus fouffrir les approches du Taureau, c'eft à quoy on peut prendre garde.

Du foin qu'on doit prendre des Vaches aprés qu'elles ont failli.. Depuis ce temps là jufqu'à ce que les Vaches veulent véler, on ne leur fera autre chofe que de les bien nourrir dans de bons pâturages, s'il y en a, finon on aura recours à d'autre nourriture qui leur convienne tant dehors que dedans les étables, felon les faifons & les lieux qu'on habite; c'eft le Vacher ou la Vachere que ce foin regarde, il eft avantageux d'en avoir un bon, & voicy quel il doit être.

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d'un Va

cher..

Un Vacher ou une Vachere, c'eft la même chofe, doit être éveillé & Devoirs fe lever matin, afin de foigner que fes Vaches foient traites avant que de les mener aux champs dés la pointe du jour en Eté, pour en brouter l'herbe toute mouillée encore de la rofée. On prétend que cette herbe leur eft fort falutaire : il les ramenera à l'étable fur les dix heures, où elles ref-teront pendant la grande chaleur, qui incommode les beftiaux.

Sur les deux ou trois heures aprés midi, le devoir du Vacher eft de remener fon troupeau aux pâturages jufqu'à ce que la nuit vienne, où pour lors il le reconduit à fa maifon, comme auparavant. Il fuffit en Hyver qu'il mene une fois le jour paître fes Vaches, c'eft ordinairement fur les onze heures ou midi qu'il faut qu'il les forte.

C'est à faire au Vacher à donner à manger aux Vaches à l'Etable, quand

elles en ont befoin, cela ne s'obferve que l'Hyver, que les nuits font longues, & que les beitiaux ne trou ent gueres à manger par les champs; il ne doit point les laiffer manquer de litiere pour faire du fumier. Il aura foin des Vaches qui font pleines & prétes à veler, il fe donnera bien de garde de les battre, & prendra garde qu'elles ne fautent les foffez & les buiffons: il ne faut que cela pour les faire avorter ; c'est pourquoy Son carae- il eft bon que ce Vacher foit raifonnable, doux, de fou temperamment, point yvrogne ni jureur, robufte de corps, point pareffeux à remplir fes devoirs, obéiffant à executer ce qu'on lury ordonne & refpectueux à fes Maîtres, autant qu'un Vacher le peut être.

tere.

Ce Vacher aura l'œil encore inceffamment fur fon troupeau, pour voir s'il n'y a point quelque Vache à qui il fcit furvenu quelque inconvenient, afin d'en avertir, & qu'on y remedie. Il aura foin des Veaux, comme de les faire teter, & de les tenir attachez auprés de leurs meres, crainte que courant par l'Etable, ils n'aillent teter quelqu'autre Vache qui les blefferoit, & les tuëroit peut-être. Les Veaux tetent ordinairement avant que les Vaches aillent aux champs.

Du foin qu'on doit avoir des Vaches pleines.

Es herbages les plus gras, pourvû qu'ils ne foient pas marécageux, font les meilleurs pour le gros bétail. On nourrit en Hyver les Vaches à l'Etable, de bons fourages, comme par exemple, de bonne paille de méteil ou d'avoine, outre les beuvées qu'on leur fait, avec les bales de bled battu & du fon, le tout mélé dans de l'eau chaude, de maniere qu'on y puifle fouffrir la main: on abreuve deux fois le jour les bêtes à cornes.

Le fainfoin eft tres-bon pour les Vaches pleines; ceux qui en font pourvûs leur en donneront tous les jours en Hyver une fois feulement pendant fix femaines avant qu'elles vêlent. Cette herbe les fortifie & les rend abondantes en lait; il faut qu'elle foit feche, la luiferne prise ainsi eft encore pour les Vaches une bonne nourriture. On leur donne auffi quelquefois du foin, & il faut que toutes ces herbes ne foient point, moites ni humides ni poudreufes, cela les dégoûte & leur cause une toux dangercufe.

Les Vaches pleines ne devroient point être employées à la charruë; mais enfin fi le befoin l'exige, il faut les y ménager, & ne les y point preffer trop rudement. On aura les mêmes égards pour les Vaches, lorsqu'on les emploïra au harnois; on s'abftiendra de les traire fix femaines avant qu'elles vêlent, auffi bien le lait n'en est guere bon; mais cette maxime n'eft pas gardée fort exactement, particulierement par bien des femmes qui tirent leurs Vaches pleines, jufqu'à ce que le lait leur manque; il y a quelquefois des Vaches qu'on trai jufqu'à la veille qu'elles veulent vêler. Ce font celles-là qu'il faudroit ménager; & d'autres qui tariffent un mois ou deux auparavant. La nature fait en celle-cy ce qu'on devroit obferver dans les autres.

Des foins qu'on prend aprés les Veaux nouvellement nez.

15 Es Anciens donnoient tous leurs foins aux Veaux fitôt qu'ils étoient nez, & avec un fcr tout chaud ils leur imprimoient le cachet & le Virg. nom de la famille; ils marquoient ceux qu'ils deftinoient à augmenter Georg. 3. leurs troupeaux, ou à être facrifiez, ou à labourer les terres : la plupart de ces foins ne fe pratiquent plus aujourd huy, on remarque feulement, felon le pays où l'on eft, les Veaux qu'on peut nourrir ou ceux qu'on deftine pour les Bouchers.

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A peine le Veau eft hors du ventre de la mere, qu'on luy fait avaller le jaune d'un œuf crud, fans luy manier le corps, de peur de le bleffer; on le laiffe dans l'Etable fur de la paille fraîche prés de fa mere & feus fa tête, afin qu'elle le puiffe lécher. Il y en a qui difent que ce léchement fortifie le jeune Veau, & que pour y exciter davantage la Vache, ils répandent un peu de fel fur le corps de ce Veau : il eft conftant que fi cela n'opere pas l'effet qu'on prétend, du moins la Vache nettoye-t-elle le corps de fon petit d'une ordure qui ne pourroit que luy être préjudiciable, & que tout autre ne pourroit ôter fans bleffer le Veau; la nature fait bien ce qu'elle fait, & pour de bonnes raifons, laiffons la agir.

Si c'est en Hyver que la Vache vêle, on foignera de tenir l'Etable chaude en la fermant bien par tout, & en quelque temps que ce foit que cela arrive on observera de nourrir la mere de bonne herte fraîche en Eté, & en Hyver de bon fourage, de bonnes beuvées faites avec bales de bled, fon, le tout boüilli dans une chaudiere pleine d'eau; il faut les leur donner tiedes, & d'unpeu d'avoine quelquefois, deux jointées feulement à dîner; cette nourriture rétablit tres-bien les Vaches qui ont nouvellement vélé. Ce foin dure environ pendant huit à dix jours; l'eau dont on les abreuve doit être un peu chaude & blanchie avec du fon, & aprés ce temps là ces Vaches vont aux pâturages avec les autres, tandis qu'on laiffe leurs Veaux attachez à l'Etable, jufqu'à ce qu'étant fortificz ils puiffent les fuivre aux champs.

De quelques foins extraordinaires pour une Vache qui veut vêler.

Our parler encore de quelques foins extraordinaires qu'il eft bon de Podparet aprés une Vache quand elle veut véler, & que c' eft de jour. peut arriver que cet animal dans fon travail ait befoin pour s'en délivrer de quelque fecours étranger, & que fon Veau fe prefente pour fortir d'une maniere qui n'eft pas naturelle, le travail ne fera point heureux, que le Veau n'ait été repouffé en dedans & tourné, ce qui ne peut fe faire fans l'aide de quelque perfonne, qui voulant bien faire alcrs l'office de fage femme, fauvera la Vache & le Veau du danger qui les menace. Quand le Veau vient la tête la premiere, qui eft la fituation naturelle avec laquelle il doit venir, il n'y a rien à craindre, & neanmoins fi l'on fe trouvoit dans le temps que la Vache véleroit, & qu'on vît qu'elle eût de la peine dans fon travail, ce feroit lui rendre encore un bon fervice que de l'aider.

La Vache porte neuf mois fon Veau, & aprés ce terme, comme if faut plus d'air au fang de ce Veau, pour le faire circuler, celuy que le fang de la mere luy fournit, étant en petite quantité pour les mouvemens de fon cœur, qui font beaucoup forts & plus vigoureux qu'ils n'étoient dans les commenceinens, ce Veau fe met alors dans le mouvement, fes parties s'étendent, la matrice de la Vache se relâche pour s'ouvrir, les eaux percent, la cavité du baffin s'agrandit, & l'animal fe pouffe au dehors par fes propres efforts, & par ceux que fa mere fait dans fon travail..

Quand la Vache a vélé, on prétend qu'elle eft tres-friande de fon délivre, appellé ainfi vulgairement, où pour mieux dire, de l'arrierefaix de fon petit, qu'elle le mange, fi l'on n'y prend garde, & que lorfqu'elle l'a mangé, elle eft toûjours maigre, quelques foins qu'on puiffe prendre de l'engraiffer: cela pourroit bien être; car comme cet arrierefaix n'eft formé que d'un fang groffier & corrompu, il peut arriver qu'il ne produife que de tresmauvais effets dans le corps d'une Vache: c'est pourquoy on a foin toûjours de prendre ce délivre, & de le jetter, fitôt que le Veau eft forti du ventre de fa mere.

Nous avons déja parlé de quelques petits foins qu'il falloit prendre Continua aprés le Veau fitôt qu'il eft ne, il ne s'agit plus aprés qu'à foigner à le tion des faire teter tous les jours deux fois : il y en a qui prennent plus volontiers doit pren- que d'autres les tetes de leur mere ; ces premiers Veaux ne donnent guedre aprés re de peine à élever, au lieu qu'on en prend davantage aprés les autres, les Veaux. dans la bouche defquels il faut mettre le tetin dans les commencemens.

foins qu'on

Il arrive quelquefois qu'une Vache n'a pas affez de lait pour bien nourrir fon Veau, ou bien qu'on veut la ménager, parce que c'eft une bonne laitiere, & qu'on a en vûë de nourrir fon petit pour en conferver de la race. Alors il y en a qui les font un peu teter, & leur donnent aprés des œufs cruds qu'ils leur caffent dans la bouche, & les leur font avaller. D'autres prennent du lait de la Vache, le font bouillir & mettent mitonner du pain dedans,& le donnent ainfi aux Veaux en nourriture: ces foins coûtent de la peine à la verité, mais auffi une Geniffe en devient belle, bien nourrie, & en état dans la fuite de rendre de bons fervices..

Les Veaux en divers pays fe nourriffent felon les differens ufages qu'on en veut faire, & que la nature des lieux le permet. Ici les pâturages abondans demandent pour le profit du Maître qu'on éleve beaucoup de Geniffes & de jeunes boeufs, là la difette de fourages & d'herbes répugne à ce ménage, dautant qu'il coûteroit plus de foins & de dépense à les nourrir qu'ils ne rapporteroient de profit dans la fuite; c'eft pourquoy il faut donc s'y conformer & fçavoir pour bonne maxime, qu'où il n'y a point de pâturages, c'eft un abus de vouloir nourrir des Veaux pour autre ufage que pour les vendre aux Bouchers, & pour lors on les laiffe teter un mois, fix femaines ou deux mois; plus ils font gras, plus on en fait d'argent.

Qu'on fe garde bien de faire comme certaines femmes avaricieuses, qui pendant tout le temps que leurs Veaux tetent, leur ôtent la moitié de leur portion de lait fans les fecourir d'ailleurs d'aucun autre aliment. C'est le moyen d'avoir des fqueletes de Veaux, & dont les Bouchers ne fe chargent point; fi ce n'eft à la campagne, où le Payfan n'eft pas fi circonfpect

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