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tiede avec un peu de fel, d'autres les nourriffent de quantité de raves bouillies en eau. Les lupins entiers & en farine feche, ou en pâte, leur font trés-bons; les pepins de raifin, l'avoine en grain & le gland; pourvû qu'ils ayent en abondance de ce dernier aliment, leur profitent beaucoup pour la graifle.

lesGenifles.

La paille ne fait que nourrir les Boeufs fans les engraiffer, il faut qu'elle foit foûtenue d'une nourriture plus folide; & pour bien faire foir & matin on leur donne à chacun un picotin & demi de fon fec, & une écuellée de fegle à midy, il ne faut que trois mois pour engraiffer ainfi un Bonf. Les Vaches s'engraiffent auffi de cette maniere,la diverfité de leur fexe Engraiffer ne demandant point une autre méthode. Pour les Geniffes dont le temperamment à caufe de leur jeuneffe, eft fufceptible de fubftance, il n'y a qu'à les mettre dans de bonnes pâtures, & les y laiffer paître l'herbe tant qu'elles en foient raffafiées, au bout de trois mois elles feront tresgraffes.

Pour les Veaux on les engraiffe en leur faifant avaller deux fois le jour, Engraiffer foir & matin, une demie douzaine d'oeufs, qu'on leur caffe dans la bou- les Veaux, che, en la leur ouvrant avec l'une des mains, tandis que de l'autre on leur verse les œufs dedans: lorfqu'on eft deux perfonnes, la chofe en eft plus aifée. Quelques-uns leur donnent des petites pelottes de pâte de farine d'orge, ou de fegle, cet aliment leur fait bon corps & les engraiffe en deux mois de temps; tels Veaux font fort recherchez par les Bouchers, & l'on en tire un bon augure. On engraiffe auffi les Taureaux, mais il faut les faire tourner auparavant, fans cela ils ne prendroient pas graiffe.. Les bons pâturages & les provifions de fourages qu'on a eu foin de faire à la maison, ne contribuent pas feulement à engraiffer le bêtail à cornes qu'on nourrit d'ordinaire, ils fervent encore à mettre en goût lesBoeufs & les Vaches maigres qu'on achete aux Foires, ce trafic eft honnête & avantageux. Nous en parlerons dans le Traité univerfel des Danrées qu'on tire de la campagne. Voyons quels font les bons & les. mauvais effets que produifent ces animaux tant en alimens qu'en Medecine.

Des effets differens que produit le Bauf tant en aliment qu'en Medecine..

A chair de Boeuf nourrit beaucoup, & produit un aliment folide & Effets de la propre pour les gens de travail, elle convient en tout temps aux jeu- chair de Va nes gens bilieux, à ceux qui ont un bon eftomac & qui font fujets à un exercice confiderable de corps.

La Chair de la Vache & celle du Taureau, ne font pas à beaucoup prés fi fucculentes ni fi falutaires, auffi n'en fert-on gueres fur les bonnes tables.

che & de Taureau.

Quant au Veau, il eft nourriffant, il humecte & rafraîchit, il amollit, Effets di & lâche le ventre, la tête & les poulmons du Veau font bons pour la Veau. poitrine, ces parties en adouciffent les âcretez, ainfi que celles de la gorge.

Les pieds de Veau ont la méme vertu; on les employe dans les bouilpour moderer les pertes de fang des menftrues, des hemorroïdes,

Ions

Z

Fiel de

Boeuf.

Sa Moüelle

& pour le crachement de fang, fon foye refferre & produit des humeurs, groffieres.

Plufieurs chofes tirées du Boeuf fervent en Medecine; fon fiel guérit les ulceres de l'anus, étant mêlé avec du fuc de poireau, & diftillé dans l'oreille & en appaife les bourdonnemens, fi l'on en frotte le nombril des enfans, il fait mourir les vers on s'en fert pour donner une couleur jaunâtre aux cuirs & à l'airain.

La moüelle de Boeuf aide à la digeftion, & amollit les tumeurs duSa Fiente. res & fcireuses. Sa fiente guérit de la morfure des mouches à miel, foút les enflûres & toutes fortes de tumeurs, & diffipe l'enflure des tef ticules étant appliquée deffus avec des fleurs de camomilles & de melilot. On employe fcs cornes à plusieurs usages, & la graiffe pour faire de la chandelle.

Graiffe &

On fe fert dans les pomades de la graiffe de Veau, & principalement moüelle de de celle qui fe trouve prés du roignon; cette graiffe aufli bien que la moüelle de Veau eft réfolutive, adouciffante & emolliente.

Усац

Comment

CHAPITRE XIII

Des Maladies des Bêtes à cornes

avec les Remedes pour les en guérir.

I 'L n'y a point d'animal qui n'ait fes infirmitez particulieres, les uns plus que les autres, & felon que leur temperamment eft plus ou moins déreglé. La plupart de ces maladies nous font cachées, fi nous n'y prenons garde de prés; les Bœufs ni les Vaches ne parlent point pour nous dire celles qu'ils reffentent; il eft vray qu'il y en a qui ne font que trop manifeftes, mais combien d'autres demandént elles une ferieufe attention pour les deviner.

La connoiffance neceffaire pour réüffir dans la cure des maladies des bêtes à cornes confifte, outre l'idée générale qu'il en faut avoir, à les confiderer attentivement, pour découvrir l'infirmité particuliere qui les afflige: le premier figne & le plus infaillible que ces animaux donnent, eft le dégoût alors on regarde s'ils ont l'oeil trifte; cette partie eft le vray miroir de fon interieur, & c'est par là qu'on voit s'ils ont le corps mal affecté ; fi cela eft, on examine plus à fond où eft le mal pour y apporter lesremedes qui y conviennent.

Les plus communes maladies des Boeufs procedent du trop de travail qu'on leur donne, & de travailler dans des terres peu propres à leur temchaud & trop prévenir les Peramment, comme par exemple, quand il fait trop froid, qu'il tombe des frimats, ou des pluyes froides; tout cela les altere & les Boeufs, rend malades; Il faut donc à leur égard agir avec prudence & les ménager; c'eft le moyen de prévenir une bonne partie des maux aufquels ces animaux font fujets.

maladies

Il y en a pour prévenir ces infirmitez qui purgent leurs Boeufs par pré

caution trois ou quatre fois l'année dans le temps qu'ils font obligez de moins travailler, & pour cela ils les laiffent repofer, ils leur donnent du fon mouillé pendant deux ou trois jours avec de bonnes herbes, fi c'est en Eté, & de bon foin en Hyver, puis ils leur font prendre le remede qui fuit.

Purgation pour les Baufs & par précaution.

Renez une once d'aloës, une once de fené, demie once d'egaric, deux

P dragmes de fublime doux, & une dragme de cumin, le tout bien pul

verifé, mélez-les dans une pinte de vin blanc, ou dans autant de décoction.
faire avec feuilles de poirée, ou bette blanche, chicorée fauvage, & au-
tres herbes émollientes; vous donnerez cette médecine tiede fans y laif-
sy
fer infufer le fublimé ; & elle purgera tres-bien le Bœuf.

Il faut aprés cela continuer trois ou quatre jours à le bien traiter, lui donnant quelquefois même un peu d'avoine, & le remettre aprés à la nourriture ordinaire.

Si le Boeuf et dégoûté, il faut lui laver la Bouche avec du fel & du vin, Dégoût, ou bien du vinaigre, & luy faire une falade avec des poireaux coupez groffierement. Si ce remede ne fait rien, il faudra recourir à un autre qui ait plus de force, pour diffiper l'humeur maligne qui caufe ce dégoût & pour cela on prend une once de Theriaque ou d'Orvietan, il n'im porte, qu'on luy fait prendre dans un demi-feptier de vin.

Ou bien prenez cinq ou fix gouffes d'ail concaffées, mettez-les infufer dans deux verres de vinaigre ou de verjus, ajoûtez-y deux onces de fel écrafé menu, un quarteron de miel, puis frottez la bouche de vôtre Bouf de cette compofition, elle le remettra en appétit.

de cœur.

Un Boeuf peut être attaqué d'un battement de cœur, il eft facile à apper- Battemen eevoir; car lorfque fon cœur palpite il femble qu'il veille fortir à travers fes côtes, ce mal eft dangereux quelquefois, & pour courir audevant du péril, il faut lui donner un lavement en cette forte.

Lavement pour le battement de cœur.

ON prend trois pintes d'urine d'homme, & on y difsoût quatre orices

Ou bien ayez trois pintes de décoction faite avec bourache, buglofe, poirée, camomille & autres herbes raffraîchiffantes, mettez-y dedans une once de policrefte en poudre, de la rhuë & du melilot, de chacun deux poignées; faites bouillir le tout un demi-quart d'heure, paffez-le, mettez-y trois petites cuillerées d'huile de noix, & donnez ce lavement tiede à vôtre Boeuf; on fera averti que tout ce qu'on dit ici à l'égard des Boeufs fe doit appliquer également à la Vache, & qu'étant fujete aux mêmes maladies, il luy faut les memes médicamens.

Les tranchées font un mal tres-dangereux pour les bêtes à cornes, & les Tranchées fymptômes qu'elles en donnent eft lorsqu'on entend bruire leur ventre, qu'elles fe plaignent, qu'elles s'étendent, qu'elles allongent le cou & les

Enflûre.

Avant

coeur.

cuiffes, qu'elles fe couchent fouvent & fe levent auffi-tôt, qu'elles ne peuvent refter en place, ou bien lorfqu'on les voit toutes huinides de fucur, alors on remedie ainfi à ce mal.

Il faut d'abord commencer par donner un laveinent au Boeuf, fait d'une décoction d'herbes émollientes, & y mettre dedans une once de Theriaque ou d'Orvietan, ou bien luy faire prendre par la bouche une chopine de vin blanc avec cet Orvictan ou Theriaque, ou bien un gros & demi d'efprit de Nître dulcifié.

Les Boeufs deviennent enflez pour avoir mangé trop d'herbes, fur tout lorfqu'elle eft chargée de rofée, ils enflent encore pour avoir été piquez de quelques bêtes venimeuses, ou avoir avallé quelque aliment fur lequel il y aura eu du venin ; cet inconvenient eft dangereux, & peut en vingtquatre heures faire mourir un Boeuf, fi l'on n'y apporte du remede.

Il faut donc, quand on s'en apperçoit, prendre un demi-feptier de vin, & délayer dedans une once d'Orvietan, ou de la Theriaque, faire avaller ce breuvage au Boeuf, & frotter la partie bleffée avec ce même Orvietan, s'il y a une piquûre. Si le mal ne provient que pour s'être trop gorgé d'herhe, ce remede diffoudra bientôt cette enflure, en pouffant par le bas ces matieres cruës.

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Il y en a qui donnent un lavement à un Boeuf avec cet Orvietan infufé dans deux pintes de décoction faite avec des herbes rafraîchiffantes. On connoît qu'un Boeuf à l'avantcoeur, ce que la plupart de vulgaire lorfqu'il a le poil heriffé par tout le corps, qu'il appelle Encour eft moins gay que de coûtume, qu'il a les yeux ftupides, le cou panché, la bouche falíveufe, qu'il eft pareffeux à marcher, qu'il a l'épine & le train du dos roide, qu'il eft dégoûté, & qu'il ne rumine que rarement: quelquefois le Boeuf attaqué de l'avantcoeur fe laiffe tomber à terre, ayant des défaillances de coeur, qui eft la partie qu'il faut garantir. Cet avantcœur eft une tumeur qui paroît au dehors devant le poitrail, & dont on guérit le Bœuf de la maniere qui fuit.

Prenez une alêne qui perce bien, ou autre inftrument semblable, percez le cuir fur la tumeur en deux ou trois endroits & entre cuir & chair, mettez-y gros comme un fer d'aiguillette de racine d'ellebore, fi la tumeur eft groffe, & graiffez le deflus du mal avec de l'onguent Althea. Quelques-uns ne prennent que du beurre frais, mais il ne fait qu'adoucir, & n'oblige pas fitôt la tumeur à venir à fuppuration.

Sitôt qu'on s'apperçoit de ce mal, & avant l'operation dont on vient de parler, on donnera au Boeuf une once de Theriaque, ou d'Orvietan dans une chopine de vin, ou dans deux verres de vinaigre ordinaire : ce remede eft confortatif, & le lendemain on luy fera prendre un Lavement fait avec une chopine d'urine de Vache, ou à ce défaut de celle d'un homme fain & robufte, deux pintes d'eau où l'on aura fait bouillir deux poignées d'orge, on y mêlera un quarteron de beurre frais, & une once de Theriaque ou d'Orvietan, puis on le fera prendre au Boeuf. Tous ces remedes le gueriront: il faut pour nourriture ordinaire, luy donner du fon moüillé ; quelquefois un peu d'avoine, avec de bonne herbe en Eté & de bon fourage en Hyver,

Pour remedier au flux de ventre des Boeufs on leur ôte leur nouriture Flux de ordinaire pendant deux jours, & on leur donne du fon mouillé avec du ventre. gros vin rouge, ou bien on prend de l'orge qu'on mct deflecher au four, on la fait moudre aprés, puis on leur en donne à manger avec de bon foin. Le lavement qui fuit ne fçauroit que les bien foulager.

Lavement.

Vous prenez du fon de froment & de l'orge entier, de chacune deux poignées, une poignée de rofes rouges, ou de gratteculs dans le temps, ajoutez-y des feuilles de chicorée fauvage, d'aigremoine,de bouillon blanc de poirée, ou bette ou de mercuriale, de chacune une poignée, faites de tout une décoction dans deux pintes de petit lait, ou d'eau cominune, coulez-la, & la donnez tiede au Boeuf.

Si au contraire le Bouf eft conftipé, vous prendrez des feuilles de Ventre mauve, de guimauve & de parietaire, de chacune deux poignées, vous conftipé. les ferez bouillir dans trois pintes d'eau commune réduites aux deux tiers, vous pafferez la décoction dans laquelle vous mettrez une demie livre de miel commun, un quarteron de beurre frais, deux onces de fené que vous aurez laiffé bouillir avec la décoction, & deux cuillerées d'huile de noix, enfuite vous donnerez ce lavement tiede au Boeuf.

Le lendemain du grand matin, ayant laiffé jeûner le Boeuf toute la nuit, on lay fera prendre deux onces d'aloës pulverifé dans une chopine d'eau ziede; on continuëra tous les jours les lavemens, jufqu'à ce qu'on voye que le Boeuf ait le ventre lâche. Il ne faudra luy donner pour nourriture en Hyver qu'un peu de fon de fegle foir & matin, moüillé avec de l'eau, & de bon fourage, le foin luy eft contraire; fi c'eft en Eté, les bons pâturages, joints aux remedes dont on vient de parler, luy rendront le ventre libre.

Il arrive quelquefois qu'un Boeufpiffe le fang pour avoir été trop pouffé Bœuf qui au travail, ou pour avoir été nourri d'herbes ou de fourages qui l'ont piffe le lang échauffé jufqu'à ce point : pour le guérir de cette maladie, on luy donne tous les matins un lavement compofé ainfi.

Lavement.

Ο
N prend deux pintes & demi de petit lait de Vache qu'on fait bouillir,
on y méle deux onces de fcories de foye d'antimoine pulverifé fub-
tilement, & mêlé parmi quatre onces d'huile d'olive; on donne le tout
tiede au Boeuf.

Breuvage.

ET pour breuvage, on prend trois onces de chenevi, autant de millet, on le pile bien, on y ajoûte une once de Theriaque, ou Orvie tan, on met bouillir le tout dans deux pintes de vin blanc, puis on y fait diffoudre deux onces de fafran, aprés quoy on paffe le tout pour le

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