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5. Maître Berger.

7. Loups qui cherchent à entrer dans le Parc, & un autre qui eft culbuté par les chiens.

8. Panetiere du Berger, dans laquelle il portefa provifion pour vivre. 9. Houlette du Berger qui luy fert à chaffer les Moutons.

10. Autre petit Berger qui crie au

6. Chiens du Berger animez aprés Loup. les Loups.

N voit dans cette planche une Lune, des Etoiles & des Oiseaux qui dorment fur des arbres, ce qui reprefente une nuit, parce que ce n'eft ordinairement que la nuit qu'on parque.

L'ufage des Parcs eft tres-avantageux dans les pays où il fe pratique, c'est le moyen de bien amander une terre, qui reçoit toute la fiente du bétail qui y couche : quand le champ eft dépouillé de pâturage, & qu'on juge qu'il eft affez engraiffe, on change le Parc, & l'on va le planter dans une autre terre; on en agit ainfi fucceffivement & durant tout l'Eté. Dans les pays chauds, ce parcage fe fait prefque toute l'année, tant que les beaux jours le permettent. La coûtume de parquer eft fort ancienne Virgile en fait mention dans le troifiéme Livre des Georgiques, & il faut remarquer qu'un champ fumé par le Troupeau qui y a parqué, doit être auffitôt labouré pour en couvrir l'engrais, qui autrement perdroit fa

vertu.

Le changement de pâturage profite merveilleufement bien aux Brebis, c'est pourquoy il y en a pendant les grandes chaleurs, qui menent paître leurs Troupeaux dans les vallons à couvert des grandes ardeurs du foleil, & qui lorfque l'air eft temperé, ou qu'il fait un peu frais, les conduifent fur les montagnes pour y brouter le ferpolet, & d'autres herbes odoriferantes, dont le bétail à laine eft tres-friand. Mais revenons aux Agneaux que nous avons laiffé pêle mêle avec leurs meres dans les champs & difons comment ils doivent être choifis quand on les veut élever pour augmenter le Troupeau.

C

Choix des Agneaux pour élever, & du temps de les châtrer.

Hoififfez toûjours les plus beaux, les plus chargez de laine; leur toifons pour le mieux doit être blanche, il faut nourrir peu d'Agneaux qui foient noirs, il fuffit d'en prendre de dix blancs un noir, parce que cette laine ne se vend pas fi bien que l'autre, il eft vray qu'on s'en fert toute naturelle qu'elle eft, pour faire de certaines étoffes, dont on habille les Domeftiques en déduction de leurs gages.

Pour élever les Agneaux mâles, il faut les châtrer tous à la referve de

Jnventé, et Grave' par J.B.Scotin.

deux ou trois qu'on laiffe entiers pour avoir des Beliers, au cas qu'on fe trouve en avoir befoin, finon on les châtre tous. Il faut qu'ils ayent cinq à fix mois avant qu'on leur faffe cette operation, & pour y réüffir on leur fait ordinairement une incision à la partie génitale, par où on leur ôte les testicules; il y a des gens fort habiles en cela & qu'on paye exprés.

Il eft bon d'obferver ce qui fuit quand on veut châtrer les Agneaux. Il faut qu'il ne faffe ni trop chaud ni trop froid. Dans le premier cas la gangrene eft à craindre, & quand il a gelé, la playe a trop de peine à fe confolider; on châtre les Agneaux de deux manieres; nous avons déja parlé de celle qui fe fait par incifion; en voicy une autre qui fe pratique de la maniere qui fuit.

Si les Agneaux font nez en Novembre, on les châtrera au mois de Mars fuivant ; fi c'eft en Janvier, cela fe fera en Avril, & pour cela prenez un cordeau avec un lacs, & mettant le dos de l'Agneau fur vôtre eftomac, prenez-luy les tefticules avec ce lacs, prenez l'un des bouts de ce cordeau dans une main & l'autre fous le pied, ferrez-le jufqu'à ce qu'il détache les tefticules du lieu où elles tiennent, ce qui fe fait aifément fans qu'il foit befoin de les leur couper. Cette operation fuffit pour les rendre inhabiles à faillir les Brebis. Cela fait, frottez-leur la partie affligée avec du fain doux, afin que la bourfe n'enfle point. Il arrive quelquefois que les Agneaux nouvellement châtrez font triftes, & femblent être dégoûtez, mais il ne faut pas s'étonner de cela, au bout de deux jours ils reprennent leur gaïeté & bondiffent comme auparavant.

Il faut remarquer que pendant que les Brebis paffent la nuit aux champs Remarque, dans des Parcs, les Bergers doivent prendre le foin de les traire le foir, afin que le lait ne foit point perdu. Un petit Valet ou quelqu'autre perfonne a foin de l'aller querir pour le porter à la maifon. Ce ménage eft trop de confequence pour le négliger, & ce feroit dommage de laiffer inutilement diffiper ce lait. On continue de traire les Brebis jufqu'à ce que les froidures de l'Automne; & le temps qu'elles ont conçu, les faffe

tarir.

Il ne fuffit pas de s'étudier à augmenter tous les ans fon Troupeau de nouvelles bêtes à laine, il faut fonger auffi à fe défaire des vieilles, afin qu'il fe renouvelle mieux. La fin du mois d'Avril eft le temps qu'on fe doit donner du mouvement pour cela, & l'on appelle une Brebis, ou un Mouton vieux, lorfqu'il a quatre à cinq ans.

Les bêtes à laine qui fortent de l'Hyver fe reffentent encore au mois d'Avril des mauvais effets que les fourages ont produit en elles; elles font maigres la plupart, ou tres-peu en bon corps. On fépare celles dont on veut fe défaire, on les vend vétues ou dépouillées de leur toifon, cela dépend de la fantaifie; mais on confeille, où les pâturages font fertiles & propres pour la nourriture des Moutons, d'en tirer la toifon, & de les faire engraiffer pour les vendre, il n'en coûte prefque que la garde, & c'eft de chofe en comparaifon de l'argent qu'on en reçoit quand ils font gras. Il y a donc la laine & la graiffe qui augmente le revenu des Moutons, quand on ne les vend pas à la fortie de l'Hyver. La maxime n'en eft

peu

fupportable qu'à ceux qui habitent des lieux où les pâturages font ingrats. Parlons de la laine d'abord, & difons quand on en fait la recolte.

Saifon de tondre les Brebis.

ON ou N tond les Brebis & les Moutons au mois de May, plus ou moins avant dans ce mois que Eté eft plus ou moins chaud. Cette tonte fe fait en ce temps pour deux raifons. La premiere, pour profiter de leur dépouille; & la feconde, pour faire que l'Eté fuffife pour leur faire acquerir une nouvelle toifon. Dans les pays où l'on tond les Brebis deux fois l'année, on commence la premiere tonte au mois de Mars, & la feconde au mois d'Aout. Il eft rare en France de faire cette operation deux fois l'an; la laine de la feconde tonte n'eft jamais fi bonne que celle de la premiere. La recolte de la laine fe fait en Piedimont jufqu'à trois fois de quatre mois en quatre mois, à commencer en Mars. Dans les climats feptentrionaux, on retarde cette tonte jufqu'au mois de Juillet; car il ne faut pas que le temps foit froid, fi cela étoit, les Moutons & les Brebis dépouilfez de leur toifon fe morfondroient entierement, & amafferoient la toux; qui eft une maladie dangereufe pour ce bétail.

Le jour qu'on choifit pour tondre les Brebis doit être ferain & agité d'aucun vent: on n'aura point égard à la Lune, parce que cet aftre ne fait ni bien ni mal à cette tonte. On aura foin enfuite de mener le Troupeau le long d'une riviere, ou d'un ruiffeau dont l'eau fera fort claire, & dans laquelle on lavera bien les Brebis l'une aprés l'autre, afin que la laine en foit plus nette, puis lorfqu'elles font retournées à l'Etable, on leur y tient de la litiere toute fraîche, crainte que cette laine ne fe gâte, il y a des pays où l'on tond les Brebis fans les laver.

Le lendemain dés huit heures du matin on fe met en devoir de tondre le Troupeau, & pour cela on prend de bonnes forces, qui font des efpeces de cifeaux ; on lie l'animal par les quatre pieds, on l'étend fur une nape ou fur un van, & on luy coupe la laine le plus prés de la chair qu'il eft poffible, fans pourtant la bleffer. Si neanmoins il arrivoit qu'ayant la main trop pefante, on y fift quelque taillade, il faudroit avoir du vieux oing, ou dù lain doux, en fronter la playe, elle guériroit dans peu de temps. Il y en a qui fe fervent pour cela de poix fondue, mêlée d'huile de noix, ou bien ils frottent ces Brebis de fuye de cheminée, ou de charbon pilé, afin, difent-ils que les mouches ne les incommodent point.

Il y en a à mesure qu'ils tondent les Brebis, & aprés qu'elles font tondues, qui leur frottent tout le corps avec de l'huile mélée d'un peu de vin, ce remede repercute les parties trop volatiles du fang, qui venant à se jetter & fe fixer à la peau, pourroient y caufer quelque mal. Outre que cela ouvre les pores, & fait que la laine en revient plus touffuë & plus belle: on ne fçauroit dire pofitivement combien une Brebis ou un Mouton peut rendre pefant de laine, les uns en donnent plus les autres moins.

Il faut être bien foigneux de conferver cette laine, foit que les Moutons la portent encore ou qu'elle foit tonduë: Dans le dernier cas la vermine s'y met, fi on ne prend garde où on la met, ce qui la diminuë beau

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