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De re ruft.

coup de prix : quant à la toifon dont le Troupeau eft encore revêtu, on le nourrira bien, c'est le moyen qu'elle ne tombe point avant la tonte. Il faut donner fouvent de la litière aux Brebis & Moutons, parce que leur fiente endommage beaucoup leur laine Varron rapporte là deffus que dans le Tarentin, & le pays d'Athenes, on couvroit de peaux les Troupeaux à lib. 11. laine, crainte qu'elle ne fe gâtât, & qu'on ne fût obligé de la teindre, de la laver, ou de l'apréter. C'est pourquoy ces peuples étoient fort foigneux de tenir leurs Creches & leurs Etables fort nettes, de maniere qu'ils les faifoient paver, afin que l'urine de ces animaux s'écoulât plus aifément. On fçait combien autrefois on faifoit cas de ces laines ; ce qu'on en raporte ici est moins pour imiter ces peuples dans cette maniere d'agir, que pour inviter ceux qui ont des Brebis & des Moutons d'être beaucoup attentifs à conferver leur laine en quelque état qu'elle foit..

Du temps de tondre les Agneaux.

A l'égard des Agneaux, on les tond au commencement de Juillet, que leur laine pour lors eft affez forte pour que les cifeaux y puiffent mordre, il n'y a rien autre chose à observer que ce qu'on a dit à l'égard des Brebis.

Comment engraiffer les Moutons.

L n'eft plus queftion à prefent que d'engraiffer les Moutons & les Brebis dont on veut décharger le Troupeau, & pour y réuffir on les met dans une Etable feparée, on les mene aux champs dés la pointe du jour pour paître l'herbe encore toute humide de la rofée; à la difference des bêtes à laine, qu'on nourrit pour garder: cette rofée, il eft vray, contribue à leur faire prendre graiffe; mais il ne faudroit pas qu'elles paffaffent l'Hyver aprés une telle nourriture, leur foye fe corromproit entierement, & mourroient toutes languiffantes.

On aura foin, autant qu'il fera poffible, de mener paître ce bétail dans les champs nouvellement moiffonnez, de le faire boire, de luy donner de temps en temps un peu de fel pour l'y provoquer, de fe tenir à l'ombre pendant le plus grand chaud du jour, de ne le point tourmenter, & de l'enfermer à l'Etable ou au Parc, lorfque le foleil eft couché ; il ne faut fe donner ces foins que pendant trois mois pour bien engraiffer un Troupeau de bétes à laine. On engraiffe auffi les Beliers de cette maniere; mais il convient de les faire châtrer auparavant; fans cette operation, la peine qu'on prendroit aprés feroit inutile.

Comment les engraiffer l'Hyver.

Es Moutons qu'on garde pour l'Hyver, feront nourris avec les Brebis ordinaires, & pour en avoir de gras pendant le froid, on les met dans une Etable à part à la fin de Septembre, on les y nourrit de bon foin, on les y abreuve, & on met dans leur cau un peu de fel, on leur

Virg. Geor. 1. 3.

C. 4.

fait manger de l'avoine & des pelotes de farine d'orge ou d'autre grains, ces alimens les engraiffent à merveille en Hyver, où pour lors ce feront des Moutons bien chers, on ne perd point fa nourriture aprés ce bétail, tout s'y employe avec ufure.

De plufieurs autres foins que doit prendre un Berger.

I L faut que celuy qui a foin de la Bergerie la cure deux fois l'année feulement, la premiere au mois de Mars, & la feconde à la fin du mois d'Août; on met ce fumier dans la baffe-cour pour le laiffer confommer avec les autres qu'on mêle parmi, & aprés que l'Etable eft nette, il eft bon de la parfumer d'encens ou d'autres aromats qu'on y fait fumer ; cette fumigation en chaffe l'air groffier, & eft tres-falutaire pour les Brebis. Brûlez, dit Virgile, du bois de cedre dans vos Etables; mais commece bois eft rare, on y en brûle d'autre, dont l'odeur eft agreable, tel que peut être le Geniévre.

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ou

Chaffez-en les ferpens, dit le même Auteur, par l'odeur du Galbanum; on fe fert à la place de cette drogue de cheveux qu'on fait brûler Colum.1. 7. de cornes de cerfou d'ongle de Belier; les couleuvres font la pefte des Boeufs & des Vaches & le poifon du bétail à laine, chaffez-les à coup de pierres & à grands coups de bâtons, quoiqu'elles s'élevent contre vous avec un air menaçant & qu'elles fifflent en s'enflant le cou. Cependant comme elles s'enfuyent, elles cachent leur tête dans un trou, & on leur coupe la moitié du corps. Ce reptile dangereux téte fouvent les Vaches & les Brebis, ce qui leur caufe un notable préjudice; il y faut veiller, ainsi qu'aux maladies qui les attaquent, & dont voicy le détail.

La Galle.

1.3.

I

Maladies des Brebis: moyens de les en guérir.

Es Brebis deviennent galleufes fi des pluyes froides ou les frimats les penetrent jufqu'au vif, ou lorfqu'aprés les avoir tonduës il leur refte quelque incifion legere que l'on n'a pas bien lavée, & que des ronVirg. Geor. ces leur ont déchiré le corps. Les uns les frottent de marc d'olives mêlé de vif argent, de fouphre, de poix de Bourgogne, d'oignon pilé & de Belle Forêt. bitume. D'autres prennent du camphre qu'ils font bouillir avec de l'huile d'olive, ou avec du beurre: d'autres fe fervent de fleur de fouphre, du blanc rafis, du camphre & de la cire; ils mettent fondre le tout enfemble, & l'incorporent bien, puis aprés en avoir frotté trois fois la Brebis, ils la lavent avec du leffu, autrement dit, Eau de leffive; puis pour la derniere fois avec de l'eau commune; ces mêmes remedes s'emploïent pour détruire les poux des bêtes à laine.

Il y en a qui pour guérir les ulceres de la galle, en coupent les extremitez; car le mal augmente & dure s'il demeure long-teinps caché, & que le Berger néglige d'y appliquer les remedes neceffaires. Si le mal a gagné les Brebis jufqu'au dedans des os; s'il y caufe des douleurs cuifantes, & que l'ardeur de la fiévre ronge le corps, il eft important d'ôter ce feu, de les faigner à la veine d'entre les ongles des pieds, &

les empêcher un peu de boire; d'autres veulent que cette faignée fe faffe à la veine de l'œil droit.

Une Brebis ou un Mouton atteint de ce mal, va fouvent fe mettre à l'ombre; il broute l'herbe negligemment, il marche le dernier, il s'arrête en paiflant au milieu de la campagne, & il fe retireroit feul fi l'on n'y prenoit garde quand il feroit la nuit fermée, mais le Berger qui doit veiller à fon Troupeau, fitôt qu'il s'en apperçoit, doit y prendre gar. de, & foigner l'animal qui eft malade.

Les orages & les vents impetueux, dit Virgile, ne font pas plus frequents fur mer que les maladies contagieufes des beftiaux font nombreuses: elles ne les attaquent pas feulement en particulier, mais tout le Troupeau ensemble, les mères & les petits dans les chaleurs exceffives de l'Eté. Qu'on prenne bien garde de ne point laiffer inveterer cette contagion, qui fe manifefte par une foif ardente qui devore ce bétail, par leurs yeux enflez & troublez; leurs levres baveufes, leurs corps chancelans. Il faut d'abord qu'on apperçoit quelque Brebis atteinte de ce mal, qui eft incurable, la jetter à la voirie, & fortant tout le Troupeau de l'Etable, la parfumer avec de bons aromats, en ôter tout le fumier & luy donner de l'air pour laiffer exhaler ce qu'il y a d'infect, aprés cela on y remet le Troupeau, mais il faut huit ou dix jours de temps pour rendre falubre cette Etable. Les Brebis font quelquefois attaquées du Claveau ou clavelée, comme on voudra dire; ce mal eft fort dangereux, & on le connoît par plufieurs taches qui paroiffent comme des clouds fur la peau de ce bétail. Quand ce mal n'a pas été negligé on peut le guerir avec de l'alun, du fouphre & du vinaigre mêlé enfemble, ou avec de la noix de galle brûlée & raclée, mife dans du vin, & appliquée exterieurement.

Georg. l. 3.

Claveau ou

Clavelée.

La rogne eft encore une fâcheufe maladie pour les Brebis, elle leur caufe Rogne. une langueur extrême, qui fouvent leur donne la mort; elle leur furvient au menton, & eft caufée par des pluyes froides qui les morfondent : il faut feparer les Brebis rogneufes d'avec les autres, elles les empêchent de manger; & pour y remedier, prenez de l'huile de chenevis, de l'alun de glace, & du fouphre vif, faites un onguent du tout & en frottez le mufeau de la Brebis.

L'ardeur du foleil, principalement celui du mois de Mars, ou de la ca- Etourdiffenicule, eft dangereufe de bleffer le cerveau des bêtes à laine, de maniere ment. qu'elles ne font que tourner fans vouloir manger; ce mal eft appellé Avertin, en quelque païs, & on le guérit par un fuc de poirée ou bettes blanches, qu'on fait avaller à la bête malade, & des feuilles de cette même plante qu'on luy donne à manger; ou bien on prend du jus d'orvale ou toute bonne, qu'on luy inftile dans l'oreille. Quelques-uns faignent la Brebis à la veine du nez, & juftement au milieu, le plus haut qu'il eft poffible; elle s'évanouit tout d'un coup, & revient aprés ; quelquefois auffi elle meurt de ce mal, qu'on connoît encore fous le nom de Sang, parce qu'on prétend que cet étourdiffement ne provient que par des parties d'un fang extrémement agité.

Pour guérir la toux qui incommode les Brebis, on leur fait boire le La Toux. matin avec une petite corne de l'huile d'amande douce, mêlée dans un

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peu de vin blanc, le tout tiede, puis on leur donne à manger d'une herbe appellée Tuffilage, ou pas d'âne, c'eft ordinairement au Printemps que ee mal les prend. Si c'eft en un autre temps donnez-leur du fenugrec concaffé avec du cumin.

On voit quelquefois que les Brebis ont peine à refpirer, ce qui leur provient par quelques obftructions qui fe forment dans les conduits du nez, & pour leur rendre la refpiration libre, on leur fend les nazeaux, ou bien on leur coupe le bout des oreilles.

Quelquefois les Brebis deviennent enflées pour avoir mangé de mauvaises herbes, & on les guérit de cette enflûre en leur faifant avaller environ un bon verre d'urine d'homme, ou gros comme un pois d'orvietan détrempé dans un verre d'eau, & les faignant aux veines des lévres ou à celles qui font prés du fondement.

Il n'y a pas de maladie plus dangereufe pour les bêtes à laine que la morve, c'est un écoulement par les nafeaux d'une grande quantité d'humeurs vifqueufes blanches ou rouffes; ce mal provient des poulmons vitiez & fe décharge ordinairement par les conduits de la refpiration en fi grande abondance, que fouvent une Brebis ou un Mouton en font en deux jours fuffoquez. La cure de cette maladie eft toûjours fort douteufe, & lorfqu'elle eft entierement formée, il n'y a plus de remede : mais pour tâcher d'y remedier, s'il y a moyen, on prend gros comme une noix de fouphre, on le fait fondre dans une cuilliere de fer, puis on le jette tout bouillant dans un demi feptier d'eau, on en retire le fouphre, qu'on fait fondre encore une feconde fois, puis on le jette dans la même eau qu'on donnera à boire à la Brebis morveufe; on ne s'eft pas plûtôt apperçu de ce mal, qu'il faut féparer du Troupeau les Bêtes qui en font attaquées, crainte que les autres brebis ne léchent cette humeur, qui en tombant s'attache aux rateliers, & dont elles font friandes à caufe du fel dont elle eft empreinte. Il ne faudroit que cela pour les infecter toutes ; & les faire mourir. Il eft rare qu'une Brebis morveufe échape de ce danger, & le malheur veut que le plus fouvent on foit obligé de les jetter à la voirie. Si la Brebis devient boiteufe pour avoir les ongles trop amollis fa par fiente, où elle aura demeuré trop long-temps, vous prendrez plein une cuilliere de fer de vieille huile de noix ou d'olive, gros comme le pouce d'alun pulverifé, faites bouillir le tout, & quand il fera réduit en onguent vous en frotterez chaudement l'ongle de la Brebis boiteufe, & aprés avoir coupé ce qui en eft gâté, il s'endurcira. Il y en a qui ne fe fervent que de chaux vive pulverifée qu'ils appliquent fur l'ongle l'efpace d'un jour feulement, puis ils y mettent du verd de gris, changeant ainfi alternativement de remede, jusquà ce que l'ongle foit entierement refait.

Maladies des Agneaux.

Es Agneaux ont leurs infirmitez particulieres, la fièvre quelquefois les faifit, & l'on s'en apperçoit lorfqu'ils font dégoûtez, qu'ils ont le front extremément chaud, & qu'ils ne tétent point leurs meres, alors, on les fépare, puis on en prend le lait qu'on leur fait avaller, mêlé dans de l'eau de pluye.

Ils

Ils font fujets auffi à une efpece de gratelle qui leur croît au menton, Gratelle, pour avoir mangé des herbes couvertes de rofée. Pour remede on prend de T'hyfope avec du fel broyé enfemble, & on en frotte le palais, la langue & tout le mufeau de l'Agneau, puis on lave les ulceres avec du vinaigre, aprés quoy on les frotte avec de la poix réfine fonduë dans du faindoux. Il ne nous refte plus dans ce Chapitre qu'à parler des effets bons & mauvais que produifent la chair & quelques parties des bêtes à laine, tant dans les alimens qu'en Medecine; cet article eft affez neceffaire pour ne le point pafler fous filence.

Des bons & mauvais effets que produisent la chair & quelques parties des bêtes à laine dans les alimens & en Medecine.

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Mouton,fes <ffets.

N fait grand cas de la chair de Mouton, elle eft nourriffante, de fa- Chair de cile digeftion, & fournit un bon aliment. Celle de Brebis a les mêmes effets quand elle est jeune & en bon corps, Chair de autrement elle a le goût infipide, elle fe digere mal aifément, fi ce n'eft dans Brebis. les gens laborieux & robuftes qu'on voit qu'elle nourrit affez bien.

La chair de Belier fe mange rarement, à moins qu'il n'ait été châtré & Chair de engraiffé aprés, parce qu'auparavant cette chair a une odeur défagreable: Belier. & une faveur forte qui approche de celle du Bouc.

Pour l'Agneau il eft humectant & rafraîchiffant, il nourrit beaucoup & Chair adoucit les humeurs âcres & picotantes ; la chair d'Agneau doit être choifie d'Agnea tendre, blanche & délicate, le temps qu'on le mange le plus ordinairement cft le Printemps.

On employe le fiel de Mouton pour déterger les yeux, & l'on fe fert de Fiel de fon fuif interieurement pour arrêter la diffenterie. On le mêle dans les Monton, onguens, dans les emplâtres & dans les pomades pour réfoudre & pour adoucir.

fon fuif,

On employe le fiel d'Agneau dans l'épilepfie, on en prend depuis deux Fiel d'Aggoutes jufqu'à huit dans du vin ou dans de la tifane.

neau.

On dit que la caillette qui fe trouve au fond de l'estomac de l'Agneau Ses cailleteft un fpecifique contre le venin, on s'en fert auffi pour faire cailler le lait. tes.

Fromage

Le lait de Brebis contient moins de petit lait que les autres, mais Lait de Bres beaucoup de parties caféeufes & butyreufes qui le rendent gras, épais & bis. tres-propres pour faire de bons fromages; on en ufe comme du lait de Vache dans les lieux où il n'y en a point d'autre. Quelques-uns eftiment Brebis plus les fromages de Brebis que ceux de Vache, parce qu'il fe digere plus aifément, qu'il n'eft pas d'une fubftance fi groffiere ni fi compacte; on prétend neanmoins qu'il n'eft pas fi nourriffant.

La freffure de Mouton recemment tué, appliquée fur la tête, eft fouve- Freffure de raine pour la frenefie, & pour appaifer les douleurs de tête infupportables; Mouton. fon poulmon deffeché & mis en poudre guérit les mules.

La laine de Mouton cruë, c'est à dire, qui n'a pas été lavée, qui eft toute graffe, réfout les tumeurs, on en met principalement fur celles qui croiffent fous la gorge, avec un peu d'huile de camomile.

Son poul

mon. :

Sa lains

Ee

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