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qu'à ce que la faifon plus favorable leur permette de trouver par les champs une nourriture qui y fupplée.

L

Secret pour garder long-temps du gland.

11 feroit à fouhaiter que le gland fe pût garder auffi aifément que bien d'autres grains, dont on ufe pour donner en aliment aux Cochons, on ne craindroit point d'en faire une bonne provifion, cependant on a trouvé quelques fecrets pour cela, en voicy un.

Amaffez du gland ce que vous jugerez en avoir befoin, ammoncelezle dans un endroit qui foit fec, laiffez-le fuer ainfi en monceaux fans le remuer, & à mefure que vous en aurez befoin, prenez-en toûjours par un même côté, afin de ne lui point laiffer prendre air, car alors il germeroit, & ce feroit du gland perdu; mais quand une fois ce fecret a réussi on ne doit point craindre d'en faire même un amas pour deux ans, car il arrive rarement que le gland foit abondant deux années de fuite en un même endroit, les chênes étant la plupart d'un génie à ne fructifier beaucoup que de deux années l'unc.

Comment engraiffer les Cochons à la maison.

;

Pelle ce que Our ce qui regarde la maniere d'engraiffer les Cochons à la maison, elle demande d'autres foins ; il faut toûjours choifir pour cela un ou deux Cochons d'un beau corps, ou de fe fervir de ceux qu'on a élevez tous jeunes tels qu'on les a. Ileft neceffaire, pour bien faire, qu'ils ayent un an ou dix-huit mois, puis on les enferme dans un toît à part avec bonne litiere, foignant de la leur renouveller de temps en temps, parce qu'ils en prennent plutôt graiffe.

Čela obfervé, les Cochons ont une auge de pierre ou de bois devant eux pour y mettre la nourriture qu'on leur donne, & qu'il leur faut diftribuer avec jugement; car qui les en iroit tout d'un coup engoüer, empêcheroit le bon effet qu'elle doit produire, la chaleur naturelle n'ayant pas affez de force pour cuire cette abondance d'aliment qui luy furvient extraordinairement, d'où il arrive qu'au lieu de fe convertir en un bon fuc, elle ne cause que des cruditez qui rendent les Cochons malades.

Or pour y proceder avec ordre, on commence d'abord par donner à ces Cochons des beuvées avec de l'eau dans laquelle on aura fait bouillir des choux ou de gros navets coupez par morceaux ou d'autres herbages de jardin, on y ajoûte du fon, comme pour en épaiffir l'eau, & quand le tout eft bien remué & réfroidi on le donne à manger aux Cochons. Il faur que ces herbages nagent un peu dans le commencement, & pendant quinze jours on leur donne cette beuvée épaiffe de plus en plus, de maniere neanmoins que l'eau domine toûjours.

Ce temps paflé, on leur ôte les herbages, & on ne les nourrit plus que de fon & d'eau; le premier alors y doit être mis en plus grande quantité que F'autre. On en augmente chaque jour la dofe, de telle forte que le tout ayant bouilli, le fon domine entierement l'eau; en obfervant que cela foir

Indigeftion

Cochons ladres.

comme une boüillie de fon fort épaiffe. Il faut alors donner de cette nourriture aux Cochons tant qu'ils en laiffent de refte; c'est par ce moyen & le repos continuel que prennent ces animaux, qu'ils engraiffent ainfi en un mois ou deux tout au plus.

On leur peur donner par intervale quelque poignée de grain pour les amufer, mais on ne doit point leur en faire une nourriture ordinaire ; car on prétend que cela les rend ladres. Les Cochons gouvernez, comme on vient de dire, deviennent quelquefois fi gras, que lorfqu'on les fort de leur toît pour les tuer, ils ne fçauroient marcher. Il y a bien des Boulangers & des Hôteliers qui font ce ménage à caufe du fon & de bien d'autres chofes que leur art leur fournit, & qui feroient perduës, fi on ne les donnoit aux Cochons aufquels elles conviennent tres-bien pour les rendre gras, la maniere d'engraiffer les Cochons à la maison eft de bien plus grande dépenfe que celle qui fe pratique dans les Forêts, mais comme on ne jouit pas par tout de cet avantage on fe contente d'en nourrir ainfi un ou deux, felon qu'on juge en avoir befoin pour fa provifion, outre que la chair des Cochons qu'on engraiffe dans les toîts, eft bien plus délicate que les

autres.

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MALADIES DES COCHONS.

Moyens de les en guérir, & comment connoître fi un Cochon eft malade 1

ou non.

Es Cochons font fujets à plusieurs maladies; & on connoît qu'un Cochon eft malade, quand il panche beaucoup l'oreille, qu'il eft plus lent & plus pefant à marcher que de coûtume, & qu'il eft degouté; la marque infaillible, dit-on, qui donne à juger qu'un Cochon eft malade, c'eft lorfqu'aprés lui avoir arraché à contre poil un peu de ses soyes, fi l'on voit qu'elles font fanglantes, on n'en doit point douter, au lieu que fi elles ne le font point, le Cochon eft fain.

Les Cochons fe trouvent quelquefois incommodez feulement pour avoir mangé des herbes de difficile digeftion, ce qui leur cauferoit fans doute une maladie, fi on ne la prévenoit par une diéte de dix-huit à vingt heures, qu'on leur fait garder dans un toît; aprés quoy on leur donne à boire beaucoup d'eau tiede où l'on aura laiffé infufer pendant douze ou quinze heures des racines de concombres fauvages pilées, ce remede les garantit des maladies contagieufes aufquelles ils font fujets.

Il y a des Cochons qui font ladres; c'eft pourquoy on les languaye & qu'on leur regarde derriere les oreilles pour voir s'ils le font ou non; c'est ordinairement dans les grands Marchez & dans les Foires que cette visite Le fait par des Languayeurs en titre d'office.

Cette ladrerie eft une lépre qui provient d'une obftruction générale de toutes les glandes de la peau du Cochon ou de quelque partiefeulement. La lépre commence d'abord par rendre le Cochon pefant & endormi, it a la langue, le palais & la gorge toute grainée de petites éminences noirâtres, la tête, le cou & tout le refte du corps remplis de tubercules, &

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il ne porte qu'avec peine les pieds de derriere, tous ces fymptômes font les veritables marques de la ladrerie dans un Cochon.

Cette maladie ne fe guérit que tres-difficilement, ou pour mieux dire, point du tout, principalement quand elle eft confirmée par les fymptômes dont on vient de parler. On empêche à la verité un peu grez, & fi l'on faigne le Cochon ladre fous la queue, on arrête par cette fon profaignée les parties du fang, qui eft épais & acide, & avec lequel fermen tent certaines particules terrestres & vifqueufes mêlées avec des fels fixes, à caufe qu'elles font heterogenes. On a encore foin de faire baigner dans l'eau les Cochons ladres, & de ne leur point épargner la boiffon. Il faut fur tout les tenir bien nettement avec bonne litiere, qu'on leur renouvellera fouvent; l'ordure dans laquelle on les laiffe croupir étant la principale caufe de la ladrerie.

On tient que les Cochons font quelquefois attaquez d'une maladie contagieufe, que vulgairement on appelle la Pefte. Cette maladie fait fre- La pesté. mir feulement à l'entendre, & l'on croit que le meilleur moyen pour s'épargner beaucoup de foin qu'on prendroit aprés ces Cochons incurables, eft de les jetter à la voirie, fitôt qu'on s'apperçoit qu'ils font atteints de pefte, fi tant eft que cet accident leur arrive, comme nos anciens veulent nous le faire acroire.

Pour les Cochons enflez, on leur donne de la décoction de choux Enfûre de rouges, ou bien les choux mêmes en aliment, cela leur fait paffer leur ventre. enflure. Il y en a qui prennent des feuilles de mûrier, ils les font bouillir & les donnent ainfi aux Cochons enflez, l'effet en eft fingulier pour la guérifon.

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La fiévre eft une maladie dont les Cochons font quelquefois atteints. La Fiévre. Les fymptômes qui la font connoître font lorfque les Cochons fébrici- Colum.1.7 tans baiffent la tête, & la portent de biais, quand ils courent dans les c. 10. champs, qu'ils s'arrêtent tout court & qu'ils tombent par terre comme étourdis; il faut alors prendre garde de quelque côté penche leur tête, & les faigner à l'oreille qui eft oppofee. On les faigne auffi fous la queue, à une veine qu'ils ont à deux doigts prés des feffes. Mais pour ne la point manquer, il faut la battre avec une petite baguette, elle enfle alors, & on ne la manque point; quand le fang eft tiré on fait une ligature at deffus de la veine avec un petit cordeau ou autre lien femblable; aprés cela on enferme le Cochon malade deux, ou trois jours dans fon toît afin de luy laiffer prendre du repos. Toutes ces précautions rallentiffent le ferment du fang, qui luy caufe la fiévre, & fouvent la guériffent ; & pour nourriture on luy donne à boire de l'eau tiede tant qu'il en veut, & dans laquelle on mêle deux livres de farine d'orge. Cet aliment luy tempere beaucoup les vifceres, & fuffit pour le nourrir jufqu'à ce que la fiévre foit paffée.

Les Cochons font fujets aux fcrophules, parce qu'ils abondent en hu- Scrophu meurs groffieres & peu en mouvement, lefquelles font tres-capables de es. caufer ces inaladies. Les Cochons pour lors ont le cou remply de tumeurs caufées par un acide qui fait des obftructions dans les glandes du cou qui les groffit, & les endurcit en épaiffiffant la matiere. Cette maladie eft

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Catharre.

Galle.

La foif.

Son usage

Son utilité.

dangereufe & d'une guérifon tres-difficile; il y en a qui frottent ces tumeurs avec du fel menu, mais ce remede a peu de pouvoir contre la malignité du mal. D'autres pour arrêter les acides qui fe portent aux glandes de cette partie, leur tirent du fang fous la langue, puis leur frottent la gorge & le cou de fel broyé menu mêlé avec de la farine de froment. On voit auffi quelquefois des Cochons qui ont le cou enflé par des obftructions qui font que les liqueurs nourricieres s'arrêtent dans les glandes de l'oefophage; quand ce font de ces fortes de tumeurs, les Cochons ont de la difficulté d'avaler leur nourriture, & lorfqu'elles font groffes, & qu'elles preffent exceffivement la trachée artere, le Cochon eft fouvent étouffé, fi on n'y remedie par une prompte faignée fous la langue, cette maladie s'appelle vulgairement Catharre.

Pour guérir la galle dont les Cochons font quelquefois infectez, on prend du Tabac qu'on met infufer dans de l'eau, puis on en frotte les parties galleufes. Il y en a qui prennent de l'urine avec un peu de fleur de fouphre, le tout mêlé enfemble, & qui en frottent le Cochon galleux, puis qui le lavent bien dans l'eau claire lorfqu'il eft guéri.

On fe gardera bien de laiffer avoir foif aux Cochons, la foif leur eft tres-préjudiciable, elle leur altere confiderablement les parties & les fait beaucoup maigrir. Cette infirmité vient de l'acrimonie faline de la lymphe qui picote & irrite l'orifice fuperieur du ventricule du Cochon, & comme pour la délayer & la laver il n'eft befoin que d'eau fimple, il ne faut point l'épargner aux Cochons: plus cette lymphe eft âcre & temperée, plus la foif eft violente ou moderee : dans le premier cas il est dangereux qu'elle ne cause la fièvre au Cochon, laquelle pourroit après avoir de mauvaises fuites; les Cochons, quand ils ont bien foif, font attaquez d'une petite toux feche, qui en eft le fymptôme. Il y en a, pour appaifer cette foif, qui leur donnent à boire du petit lait, cette liqueur éteint admirablement bien la foif en adouciffant ou émouffant la pointe du fel trop âcre qui la produit.

Des proprietez du Cochon, bonnes ou mauvaises.

A chair de Cochon eft d'un goût fort agreable & fert beaucoup parLmi mi les alimens, elle eft nourriffante, un peu difficile à digerer, & lâche le ventre, parce que les principes huileux & phlegmatique en quoy elle abonde, relâchent les fibres de l'eftomac & des inteftins, & delayent les humeurs groffieres contenues dans ces parties.

L'ufage du Cochon n'eft pas commun par toutes les nations, il eft défendu aux Juifs d'en manger; les Arabes, les Mahometans, les Maures, les Tartares & plufieurs autres fuivent cette coûtume.

Le Cochon eft un animal fort fujet à commettre des dégats fi l'on n'y prend garde; il n'apporte du profit à l'homme qu'aprés fa mort; il donne alors fa chair, fa graiffe ou fon lard, fes inteftins, fes vifceres & fes autres parties, qui font prefque toutes en ufage dans les alimens. On le compare communément à ces avares qui ne fongent qu'à amaffer continuellement du bien aux dépens des autres, & qui n'en font que lorfqu'ils font morts.

La graiffe de Cochon appellée Panne, eft bonne pour amollir & réfoudre les tumeurs, elle fert à la campagne pour graiffer les effieux des roües, tant des charrêtes, tombereaux, que charrues, on en fait auffi du vieux oing, qui fert pour les mêmes ufages.

La panne.

Fiente.

Le vieux lard fondu & coulé guérit les puftules de la petite verolle, & Lard. dans les occafions où il s'agit de déterger & de confolider les playes. Sa fiente exterieurement appliquée réfout les tumeurs, elle eft employée pour arrêter le faignement de nez; elle eft bonne pour la fquinancie & pour la galle.

On prétend que le fiel des Cochons fait croître les cheveux, qu'il dé- Fiel. terge & guérit les ulceres de l'oreille; on fçait d'ailleurs combien le lard eft d'ufage dans les cuifines, nous en parlerons plus amplement ailleurs.

CHAPITRE XVIII.

DES CHEVAUX.

Et de tout ce qui regarde la maniere de les nourrir, de les élevers. &de les foigner dans leurs maladies.

C

E Chapitre-cy fera bien plus étendu que les autres, parce qu'il four'nit beaucoup plus de matiere. Si nous y parlons de Chevaux fins, de ces Chevaux de felle de grand prix, ce ne fera qu'en paffant, & feulement pour fatisfaire ceux qui en font curieux. Les Chevaux de trait, ou Chevaux de monture bourgeoife feront icy nôtre principal objet. Commençons d'abord par la maniere de connoître quand un Cheval n'a point de défauts, ou qu'il en a qui font de peu d'importance.

Defcription d'un beau Cheval fin.

N beau Cheval doit avoir la tête menuë, étroite, déchargée & fe- sa tête che, c'est à dire, peu chargée de chair, n'étant point fi fujet alors au mal des yeux que les autres: elle doit être courte & placée haut, fes nafeaux doivent être bien fendus & ouverts.

Ses na

feaux.

les.

Il doit avoir les oreilles petites, étroites & hardies, il faut que la fubf- Ses oreil tance en foit fine & déliée, c'eft à dire, qu'elle ne foit gueres épaiffe; fes oreilles doivent être placées au plus haut de la tête, & être portées

la pointe en devant, c'eft une marque de hardieffe dans un Cheval.

Son front fera médiocrement large & égal, le devant en fera étroit; Son front, ce fera une bonne marque, fi à cette partie paroît une épi ou deux qui fe touchent, fi le Cheval n'eft ni gris ni blanc, fon front doit être mar qué d'une étoile, appellée vulgairement pelotte.

Il doit avoir les falieres élevées, parce que quand elles font enfoncées & Ses falieres creufes, c'eft figne de vieilleffe.

Ses yeux doivent être clairs, vifs, pleins de feu, médiocrement gros, Ses yeux..

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