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en juger.

Ses barres.

& non enfoncez ; cette derniere marque donne à craindre que le Cheval ne foit malin, & ne joue quelque mauvais tour à fon Cavalier. Quand on examine les yeux d'un Cheval pour en connoître les défauts, il ne faut pas fe contenter de les regarder une feule fois, parce qu'on apperçoit la troifiéme & la vingtiéme fois même, ce qu'on n'y a pas vû d'abord, ainfi il ne faut point s'ennuyer dans cet examen.

Quand vous voulez bien juger de l'oeil d'un Cheval, fituez-le bien qu'il forte, s'il fe peut d'un lieu obscur, pour venir dans un endroit clair, & confiderez fes yeux de côté & non vis-à-vis.

Soit que vous foyez dans un Marché ou en pleine campagne, choisissez toûjours l'ombre pour confiderer les yeux d'un Cheval, portez la main au deffus de l'œil, & évitez la lueur du foleil qui aidera à vous tromper, en vous le faifant toûjours paroître beau en tel endroit.

La vître de l'oeil doit être claire, & tranfparente, fans aucun nuage ni tache, ni blancheur, car ces marques dénotent un mauvais oil. La vître rougeâtre eft à rejetter, celle qui eft feuille morte par le bas & trouble par le haut marque un Cheval lunatique.

La prunelle de l'œil doit être large, & il faut regarder fi elle n'a point dans le fond une tache blanche, qu'on appelle Dragon; il rend le Cheval borgne: une prunelle d'un blanc verdâtre eft dangereuse, ce n'est pas qu'on peut ne pas tout-à-fait la rejetter.

On doit prendre garde lorfqu'un oeil eft trouble & fort brun, s'il n'eft point plus petit que l'autre ; fi cela eft, c'est un oeil perdu; on connoît qu'un Cheval eft aveugle par fa démarche incertaine, n'ofant mettre les pieds à terre quand il eft mené en main, ce qu'il faut toûjours faire pour n'y point être trompé. On remarque encore ce défaut en un Cheval, lorfqu'en entrant dans une écurie, il dreffe les oreilles & tourne d'un côté & d'autre lorfqu'il entend quelqu'un derriere luy.

Un œil pleurant ou enflé deffous, doit être foupçonneux, & on ne doit point le prendre, à moins qu'on ne garantiffe cet oeil bon en presence de témoins. Il y en a qui pour juger de la vûë d'un Cheval, paflent la main ou le doigt devant, & s'il cligne ou ferme les yeux, ils en tirent un bon préfage, au lieu que s'ils les tient ouverts ils en jugent mal: ces préjugez font faux, & ne fervent que pour être mieux trompez.

Un beau Cheval doit avoir les Barres tranchantes & décharnées, les Ses lévres, lèvres menuës, l'encolure déchargée de chair, la bouche bonne, ayant l'apfo, co puy égal, ferme & leger, l'arrêt aifé & ferme; cette bouche doit être fraîre, fa bouche & pleine d'écume.

fon encolû

che.

Sa poitrine.

Il faut que ce Cheval ait la poitrine large & ouverte, les épaules meSes épaules diocres, plattes, déchargées de chair, fort mouvantes, les reins douSes reins. bles, il ne faut pas qu'ils foient bas; car c'eft un défaut.

Son ventre.

Un ventre mediocre convient aux Chevaux de legere taille, ainsi que Ses Bancs. des flancs pleins, & au haut defquels on voit un épi.

Un Cheval fin doit avoir la croupe large & ronde, & non point avallée Sa queue. ny coupée, il doit avoir la queue ferme & forte fans mouvement, & garnie de poil, les jambes de devant décharnées, nerveuses, plûtôt plattes que rondes. Voilà en peu de mots des marques d'un beau Cheval, foit pour le manége ou pour la felle.

Ses jambes.

Defcription d'un Cheval de trait.

Es fortes de Chevaux, ainsi que ceux dont la plupart des particuliers fe fervent communément, ne demandent pas toutes ces recherches exactes, il fuffit que la nature les ait formez tels qu'on le va dire. Un Cheval de trait, qui a la tête longue & groffe, pourvû que ce foit d'offemens, ne doit caufer aucune répugnance à l'achetter. Il n'y a que les têtes chargées de chair dont on ne doit guéres faire de cas, à caufe des maux aufquels elles font fujettes.

Que les oreilles foient épaiffes ou non, il n'importe; qu'elles fortent fi l'on veut plus bas que le haut de la tête; qu'il les ait larges ou pendantes, fi on le trouve d'ailleurs vigoureux & de bon trait, on ne le rejettera point.

Ce n'est pas un défaut dans un Cheval de harnois d'avoir le front large, les yeux gros ou des yeux de cochon. On ne regarde pas de fi prés à la bouche d'un Cheval de harnois, fçavoir s'il l'a fenfible ou non, ce n'eft pas-là principalement où gît fa bonté.

Pour les Chevaux deftinez au tirage, les épaules groffes font tres-bonnes, car ils ont plus de facilité à tirer fans que le harnois les bleffe: ce font ces Chevaux qu'on peut appeller veritablement des Chevaux de charrettes; s'il a de la bouche il fera merveilleux ; tous les Chevaux qui ont méchante bouche font excellens pour le trait, il faut qu'au caroffe ils foient plus legers, & qu'ils obéiffent bien à la main.

Un Cheval de tirage n'en eft pas moins eftimé pour avoir un grand ventre, pourvû qu'il ne foit pas entierement avallé, & qu'il ne faffe pas le ventre de Vache, il doit avoir le bras long, afin d'être plus en état de refifter au travail.

Il faut prendre garde que le nerf de la jambe ne foit point menu, parce que ceux qui l'ont tel fe ruinent bientôt au travail qui les arondit; ces Chevaux font fujets à broncher & à donner fouvent du nez en

terre.

Les pâturons trop longs font ordinairement foibles, & ne font point par confequent une bonne marque pour un Cheval de trait, qui fatigue beaucoup des jambes.

de

Un Cheval de tirage, ainfi qu'un autre, doit être médiocrement ouvert, peur qu'il ne s'entrecoupe, ce défaut lui caufe des atteintes qui font quelquefois dangereufes.

Tous Chevaux ferrez du derriere, c'eft à dire, ceux dont les cuiffes manquent de chair, & qui font feches, font ordinairement peu travailleurs à caufe de la foibleffe qu'ils reffentent au train de derriere.

Au refte ces Chevaux-cy doivent être choifis generalement parlant d'un bon corps bien membru, robufte & exempt, autant qu'il eft poffible, des infirmitez dont nous parlerons dans la fuite.

Il y a encore d'autres défauts aufquels il faut de neceffité faire attention dans un Cheval pour n'y point être trompé quand on l'achete. L'âge d'abord plus ou moins avancé y est à confiderer, parce qu'il y a bien de

Dents de lait. Crochets.

Coins.

la difference pour le prix & pour le fervice entre un jeune Cheval &un vieux, & pour ne point nous écarter de cette penfée, difons comment on connoît l'âge d'un Cheval..

De la connoiffance de l'âge des Chevaux.

'Age d'un Cheval fe connoît aux dents; les premieres qu'il pouffe s'ap pellent dents de lait, elles font fort blanches & tout unies, ce font celles qui luy croiffent bientôt aprés qu'il eft né. Les fecondes dents fe nomment crochets : & les troifiémes font celles qui naiffent à la place des dents de lait, & dont les coins nous font connoître l'âge. Les coins fe voyent prés des crochets, & aux deux côtez des dents de devant.

A trente mois ou environ le Cheval a encore douze dents de lait au devant de la bouche, fix deffous & autant deffus; peu de temps aprés les trente mois il en tombe quatre, deux deffous & deux deffus; il y a des Chevaux aufquels elles ne tombent qu'à trois ans. A la place des quatre dents de lait tombées, il en naît quatre autres, qu'on appelle les Les pinces. pinces, ce font les dents du milieu, & qu'on appelle ainfi, parce que le Cheval s'en fert pour pincer l'herbe pour la paître, & il n'a pour lors que trois ans tout au plus.

Dents mi-
Eoyennes.

Les dents mitoyennes leur viennent à trois ans & demi, elles naiffent ordinairement entre les coins & les pinces, c'eft d'où elles tirent leur nom; elles croiffent au nombre de quatre, fçavoir deux deffus & deux deffous: à la place des dents de lait qui font tombées refte quatre autres de cette efpece, que le Cheval met bas à quatre ans & demi.

On remarque que les deux dents des coins pouffent à la machoire d'en-haut avant qu'à celle du deffous, & que les crochets paroiffent à la gencive fuperieure plûtôt qu'à l'inferieure..

Les crochets percent tout d'un coup aux Chevaux environ à trois ans & demi, fans être précedez d'autres dents. Les mitoyennes & les pinces percent en quinze jours, & fitôt qu'elles font déchauffées. Il peut arriver que les coins naiffent en même temps que les crochets, & quelquefois même avant, mais prefque toujours aprés. Une Cavale a les crochets bien plus petits que ceux d'un Cheval, ils font inutiles pour faire connoître fon âge.

Un Cheval qui a mis bas toutes fes dents de lait, & qui commence à percer fes coins, a environ quatre ans & demi, & entre à cinq ans, qui font accomplis lorfque ces coins font tout-à-fait hors de la gencive; de cinq à cinq ans & demi la dent du coin refte creufe & fe remplit à un petit creux prés, quand les cinq ans & demi font arrivez ; de cinq ans & demi à fix ce creux qui étoit dedans se perd.

Quand le Cheval a atteint cet âge, on n'a plus égard qu'aux coins, aux dents mitoyennes & aux crochets, & on dit qu'un Cheval marque lorfque les coins font creux & noirs dans le milieu; à fix ans complets le Cheval a les coins hors de la gencive à l'épaiffeur du travers du petit doigt, & le creux qui étoit noir diminue, le crochet aura acquis toute fa longueur; à fept ans la dent aura encore plus de longueur & le creux

ufé. Enfin un Cheval, comme on dit, a razé à huit ans, & pour lors on ne voit plus de creux noir dans la dent, elle est toute unic.

Pour bien examiner toutes les circonftances dont on vient de parler, on prend une des branches de la bride avec la main gauche, on la hauffe & de l'autre main on ouvre la bouche du Cheval, luy prenant le menton, puis on regarde les dents, obfervant exactement tout ce qui vient d'être dit là-deffus.

Un Cheval qui paffe huit ans eft eftimé vieux Cheval, on n'en peut plus attendre de bons fervices pour la monture; ce n'eft pas qu'on en voit qui marchent encore affez bien, mais cela ne dure pas long-temps. Les Chevaux de tirage peuvent encore bien fervir à cette âge, parce que dans cet employ on n'eft pas fi fcrupuleux fur les défauts qu'il peut avoir : ce n'eft point tant cela qu'on envifage que l'ufage plus ou moins fort qu'il fait de fes forces. Après avoir parlé de la maniere de fe connoître en Chevaux jufqu'aux dents; voyons à prefent ce qu'on peut observer à l'égard des differens poils fous lefquels ils naissent,

Des differentes connoiffances qu'on acquiert des Chevaux par le moyen des divers poils qui les couvrent.

E plus ordinaire de tous les poils eft le Bay, il y en a de plufieurs Poil Bay. fortes; la-couleur Baye, eft la couleur d'une châtaigne il y a des

Bays clairs & des Bays doux qui tirent fur le jaune. Il y a encore le Bay brun qui eft prefque noir, & tous les Chevaux Bais ont toutes les extremitez noires & les crins noirs, ils font ordinairement bons Chevaux, grands travailleurs & de long fervice.

Poil noir.

Le poil noir eft de deux fortes; fçavoir le noir maure & le noir fale; les Chevaux fous le premier poil font fort bons au tirage, mais il faut quelquefois les reveiller avec la voix & le bruit du fouet, les derniers font plus pareffeux, & veulent qu'on leur applique tout-à-fait le foüet. Nous avons les Chevaux fous poil gris, qui font auffi de plufieurs for- Poil gris. tes, & l'on entend par un poil gris, un poil mêlé de noir & de blanc, plus ou moins fort en l'une ou l'autre de ces couleurs, felon qu'il plaît à la nature de les faire croître & de les placer.

Il y a le gris tifonné ou charbonné, c'eft un Cheval qui a des marques toutes éparfes çà & là fur le poil blanc, on les appelle auffi Chevaux tigres. Le gris pommelé eft fort commun, & l'on fait affez ce que c'est pour peu qu'on foit verfé dans les Chevaux.

Nous avons le gris argenté; il y a peu de noir mêlé parmy, & qu'autant feulement qu'il en faut pour le diftinguer du blanc; ce poil eft beau, vif, & orne bien un Cheval.

Le gris fale, nommé ainfi, étant mêlé d'un noir qui n'est pas vif, & qui le ternit, parce qu'il le domine beaucoup; le gris brun eft la même chofe; le gris rouge eft celuy qui eft mêlé de poil blanc & bay, ces Chevaux font admirables pour le fervice.

Les Chevaux pies font ceux qui ont beaucoup de noir avec du blanc fe- Les Pies. paré l'un de l'autre ; ils ont du blanc jufqu'au genou, d'autres en ont aux

Poil rouhan.

Auber.

Poil alzan.

Poil de fouris.

Poil louvet

poil,

autres endroits du corps, moins il y a de blanc, meilleurs ils font.

Le Poil rouban eft de plufieurs fortes, le Rouban vineux, ainfi appellé, parce qu'il tire fur la couleur du vin; le Rouhan caveffé de maure, eft un Cheval qui a la tête & les extremitez noires.

Le Poil d'étourneau tire fur le gris brun & fur le noir, & il n'y a que certains poils blancs qui croiffent drus & menus fur le corps du Cheval, qui empêchent qu'il ne foit noir.

Le Cheval Auber eft celuy qu'on appelle poil fleur de Pescher, parce que la couleur en approche.

L'alzan eft de plufieurs fortes, quoique communément parlant, ce foit un Bay tirant fur le roux; il y a l'alzan fous poil de Vache, c'est à dire, pour le faire entendre là-deffus, l'alzan clair, c'est celuy qui a les crins blancs; ce Cheval cft pefant au travail, & veut y être foliicité par le fouet; L'alzan brûlé; le poil en eft. brun, les extremitez & les crins en font noirs; les Chevaux alzans font prefque ordinairement tous bons, prin. cipalement ceux qui ont les extremitez noires.

Le Poil de fouris, qui s'entend affez par luy-même, eft un poil fous lequel les Chevaux font d'un grand fervice, fur tout quand ils ont les ex

tremitez noires..

Le Poil Louvet, ce mot marque quel en eft la couleur ; il eft plus brun en certains Chevaux qu'en d'autres, ils ont prefque toûjours la raye au long du dos. & les extremitez noires, ce qui fait qu'ils font tres-bonsChevaux.

Jugement Quelques Auteurs qui ont écrit fur les Chevaux, & même des plus d'an Ch e- habiles, prétendent qu'on doit tirer des connoiffances des bonnes ou mauval par le vaifes qualitez d'un Cheval par la couleur de fon poil, ils n'ont pas mauvaise raifon, car comme la difference des couleurs dans les poils vient de la diverfité des humeurs qui fe mêlent au fuc dont ils font nourris, il s'en fuit qu'on peut juger de ce que peut être un Cheval, par rapport au temperamment qui le domine..

Si c'eft la pituite, le poil fera blanc, & comme cette humeur rallentit beaucoup les parties du fang dans fa circulation, il arrive que les Chevaux qui en font dominez font ordinairement lâches, pareffeux & trespetits travailleurs.

Les Chevaux noirs, ou qui ont des poils noirs en quelques parties du corps, pourvû que le poil blanc n'y foit pas en plus grande quantité, font pour l'ordinaire courageux, parce qu'il s'y méle des fuliginofitez comme brûlées dans les humeurs qui produifent leur poil, cequi les rend actifs.

Si la bile agit beaucoup dans la formation des poils, ils deviendront rouges; les Chevaux fous ce poil font merveilleux, ainfi fur ce qu'on vient de dire au fujet des trois fortes de poils, on peut juger felon qu'un Cheval en eft plus ou moins chargé, de ce qu'il peut être.

Si par hazard il s'y méle dans la fuite des temps d'autres humeurs, alors les couleurs changent dans les Chevaux & deviennent mêlées, les poils à mesure qu'ils approchent de la vicilleffe deviennent blancs par l'augmentation & le mélange abondant de la pituite, ce qui eft caufe que dans

leur

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