leur vieilleffe les meilleurs Chevaux diminuent beaucoup de leur valeur. Les jambes des Chevaux font quelquefois marquées de certaines mar- Balfannes ques blanches appellées Balfannes, & fur lefquelles il y en a qui portent un jugement certain de la bonté d'un Cheval, principalement quand ces marques paroiffent fur le pied du montoir & aux deux pieds de derriere. Le's Balfannes fur les deux pieds de devant feulement, font une mauvaife marque, & qui eft affez rare. L'étoille ou plotte au front étant feule, eft une tres-bonne marque, ainfi Etoille. que l'épy quand il eft placé comme nous le dirons; on appelle épy un certain retour de poil fait prefque en maniere d'un petit œillet. Epy Le Cheval qui a fur le front deux ou trois épis feparez ou joints enfemble, a une tres-bonne marque, & d'un heureux préfage; fi une pareille marque eft à l'endroit du ply de la cuiffe par derriere environ le lieu ou l'extremité de la queue peut aboutir, c'eft aufli la marque d'un cheval dont on peut efperer quelque chofe d'avantageux. Quand on achete un Cheval pour le tirage, il faut voir s'il eft en bonne chair, & s'il a du ventre, ou s'il eft large de flanc, comme on dit, car il faut du flanc pour les Chevaux de harnois : on obfervera s'il mange bien, car s'il ne fait que tâtonner fon avoine en la mangeant, c'eft figne qu'il eft mal affecté. On prendra garde s'il n'a point le Tic, ce qui fe remarque lorfqu'il Tic a les dents de deffus cu de deffous ufées, ou qu'il appuye le haut des dents contre la mangeoire, & fait comme un rot du gozier. Aprés qu'on aura fait toutes ces remarques, & qu'on fera für de ce qu'on recherche, on aura foin de bien gouverner fes chevaux de la manière qu'on le va dire. Comment il fut gouverner & nourrir les Chevaux de harnoy. Comme il ne fuffit pas d'avoir acheté des Chevaux pour fon ufage, Des devoirs d'un maître Valet, & d'un Valet Charretier. Ans les maifons de campagne où il y a un labourage tres confiderable, on a fouvent un maître Valet pour commander aux autres, & veiller à ce qu'ils s'acquittent bien de leur employ, & que les Charettiers ayent bien foin de panfer leurs Chevaux : c'eft à luy à les employer aux champs, aux bois, au labourage, & à faire faire ou recueillir les moiffons dans le temps, faire faire les foins, & avoir foin des Prairies,› Gg de bien veiller qu'ils fument les terres, & qu'ils leur donnent aprés toutes les façons neceffaires; de prendre garde qu'ils fement bien les terres, & que les bleds foient apprêtez comme il faut pour être femez. Tel Valet, ainsi que le Charretier, doit être d'un corps robufte, d'un bon temperamment, parce qu'autrement il luy feroit difficile de refifter aux fatigues qu'il eft tous les jours obligé d'effuyer. Il eft bon qu'il fe connoiffe un peu en chevaux, & qu'il s'étudie à en prévenir les infirmitez, & à les en garantir lorfqu'ils en font attaquez. Un bon Valet qui fçait fon métier, doit traiter doucement fes Chevaux, ne les accoûtumer à luy obéir que par la voix & le claquement du foüet, & s'il faut neanmoins quelquefois leur faire fentir la verge, que ce foit avec prudence, & peu fouvent. Un Valet qui frappe rudement fes Chevaux à tort, comme à travers, eft plus cheval qu'eux, & quand il croit par-là les ramener, il fe trompe, outre que fouvent il les eftropic par un effort qu'il les oblige de faire, ou il les rend borgnes par fa brutalité. Quand on fait choix dun Valet, on prend garde qu'il ne foit point yvrogne, blafphemateur, ainfi qu'il arrive fouvent aux gens de ce caractere, qui croyent que leurs Chevaux ne fçauroient bien aller s'ils ne jurent à toute outrance. L'amour lafcif & le jeu font deux paffions qui détournent beaucoup un Charretier de fon devoir, quand il y a de l'excez, c'est à quoy on fera attention; on ne fçauroit trop recommander à ces Valets de prendre garde au feu, le vin fouvent en eft la caufe ; c'est pourquoy, comme on a déja dit, on fe défera de ceux qui y feront trop adonnez. Autres devoirs qui ferviront de regles pour bien gouverner des Chevaux de L faut, pour bien faire, qu'un Valet charretier fache ménager fes Che arrive ce ménagement s'en portent toû . jours mieux, qu'ils en font plus guais, moins fujets aux maladies, & de plus grand fervice. Il doit commencer à fe lever dés le matin; & à nettoyer d'abord la mangeoire des Chevaux, puis leur donner une poignée d'avoine pour leur ouvrir l'apétit, & quand ils l'auront mangée, les tirer hors de l'écurie pour les étriller. Dans l'écurie la pouffiere vole fur les autres à moins qu'ils ne foient couverts. › Comment Chéval. Enfuite ce Valet prend l'étrille de la main droite, & la queuë du Chetriller un val prés de la croupe, il la paffe legerement au long du corps devant & derriere, & continue jufqu'à ce que l'étrille n'amene plus de craffe; ce n'est pas une main pefante qui tire le plus d'ordure de deffus les Chevaux, c'est l'adreffe avec laquelle on mene l'étrille qui y produit un bon effet. Quand la craffe eft tirée de deffous le poil, on prend une épouffette dont on bat le corps du Cheval pour faire voler la pouffiere qui eft restée fur la fuperficie du poil, on fe fert de la même épouffette, qui eft ordinaiment de toile, pour nettoyer les oreilles dedans & dehors fous la ganache, entre les jambes de devant, entre les cuiffes, & par tous les endroits où l'étrille ne peut paffer. Le Cheval étant ainfi étrillé & épouffeté, on prend la broffe pour luy nettoyer toutes les parties du corps, puis le torchon de paille humecté d'un peu d'eau, qu'on paffe & repaffe fur tout le corps; aprés on luy peigne doucement les crins avec un peigne fait exprés, obfervant toujours de commencer par le bas & non point par leur origine; mais quand les crins font démêlez on agit tout au contraire; on commence par la racine à les peigner, en mouillant le peigne avec une éponge à chaque fois qu'on le porte fur le crin. Il feroit à fouhaiter à la campagne qu'on fuivit cette méthode d'étriller les Chevaux, ils en vaudroient bien mieux, mais la plupart fe contentent à la hâte de paffer l'étrille fur le corps de leurs Chevaux, & puis ils les laiffent; fi ces gens-là qui font fi négligens fçavoient le tort qu'ils font à leurs Chevaux, & à eux-mêmes, ils en prendroient plus de foin. Quand faire boire les Chevaux de Harnois. A Prés avoir étrillé fes Chevaux, un Valet charretier doit les faire boire; mais comme il eft important que l'eau qu'on leur donne leur foit falutaire, il faut en Eté, fi l'on eft proche d'une riviere ou de quelque grand ruiffeau, les y mener, & les y faire égayer; ils en valent mieux, ou fi la commodité ne le permet pas, on aura dans cette faifon de grandes auges de pierre ou de bois pleines d'eau de puits, tirée dés la veille, afin qu'elle s'échauffe, & qu'elle ne foit pas fi cruë ni fi froide que fi on la tiroit recemment. Si c'est en Hyver, il faut aprés avoir tiré de l'eau dans un feau, remarquer fi elle eft chaude, & plonger les mains dedans pour en être plus affuré, puis la blanchir avec un peu de fon; l'eau de riviere ou de fontaine n'eft pas fi bonne en Hyver que celle de puits. Les canx vives ou trop crues font dangereufes, elles laiffent des obftructions & des cruditez capables d'empêcher la coction des alimens, ce qui donne cours à quantité de mauvaises humeurs qui engendrent des maladies. Quand leur donner l'avoine. Sltôt que les Itôt que les Chevaux ont bû, le Valet doit leur donner leur avoine: quelques uns obfervent de la leur donner avant que de boire ; on prétend que la premiere méthode eft la meilleure, parce, dit-on, que l'eau ne féjourne pas fi long-temps dans l'eftomac, & que par-là cette partie ne s'en trouve point affoiblie ; cette avoine doit être bien vannée, bien criblée & bien épouffée; car toutes les ordures qui s'y trouvent ne font qu'incommoder le Cheval. Il eft encore bon de l'apporter au nez pour voir fi elle ne fent point le relant, ou quelqu'autre mauvais goût, qui feroit capable de dégouter le Cheval. Qu'on prenne garde qu'il n'y ait point dans cette avoine de plume de volaille, on a vû en arriver de fâcheux inconveniens à des Chevaux qui en avoient availé; l'ordinaire des Chevaux de harnois eft à chacun deux picotins d'avoine mefure de cabaret. Il faut laiffer les Chevaux inanger leur avoine en repos, ne point fe tenir dans l'écurie; car il y en a que cela inquiete, & qui perdent à caufe de cela beaucoup de grain en levant fouvent la tête hors de la mangeoire; ce n'eft pas qu'on ne puiffe y refter un moment pour voir s'ils la mangent bien, ou s'ils ne font que la tâtonner; car alors ces Chevaux ne fe portent pas bien, & préfagent quelques fâcheux accidens qu'il faut que le Valet fonge à prévenir autant qu'il luy eft poffible. Pendant que les Chevaux mangent, le Valet va prendre fon repas avec les autres, pour aller aprés à la charrue ou au charroy, felon vrage luy eft destiné. que l'ou De la quantité de foin qu'on doit donner aux Chevaux. A l'égard du foin, fi ce font des Chevaux mediocres, on leur donne à chacun quatre bottes de foin tant pour le jour que pour la nuit, & trois bottes de paille; c'eft une bonne maxime de bien nourrir les Chevaux qui travaillent foit de foin ou d'avoine; car felon le Proverbe, il n'eft rien tel qu'une avoine repofee, ou bien, comme dit un ancien Auteur, que les Chevaux vont des pieds, mais que le bien manger les maintient long-temps an travail. Autre méthode de nourrir les Chevaux de labour. Es Chevaux des Laboureurs du territoire de France, de Brie & de Beauffe ne mangent point de foin dés que les bleds font femez jufqu'au Printemps. Ils ont des Coffats de Vefces, des menus de paille de froment où d'avoine, & quelque peu de luiferne, s'ils en ont, ou du fain foin: outre cela ils leur donnent toujours une jointée de bled avant que de boire, foit feigle froment, ou méteil, il n'importe, & l'avoine aprés qu'ils ont bû. Les Chevaux nourris ainfi travaillent à merveille, font gros & ont le poil bon, mais ils font fujets à la galle, caufee par cette nourriture trop remplie d'acide, & même au farcin. On peut juger là-deflus fi l'on veut fuivre cette méthode ou non. Comment harnacher les Chevaux de labour. A les Chevaux ont leur avoine on se met en devoir de les harnacher. Il y en a qui le font avant que de leur donner leur avoine, cela eft indifferent. On commence par leur mettre les colliers, aprés avoir examiné fi rien ne les y peut bleffer, foit au poitrail, aux épaules, ou au jaret; toutes ces parties, quand elles font bleflées, empêchent que le Cheval ne puiffe tirer, ou fi on le force, on fe met en dan de le perdre en peu de temps. On prendra garde encore que ces colliers ne manquent en rien de toutes les pieces qui le compofent; que la felle qu'on leur met fur le dos porte par tout également; que les pan |