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Jnventé, et Gravé par J.B. Scotin.

neaux en foient bien bourrez, & que les arçons ne preffent point trop. le Cheval.

L'avalloire est encore un harnois qui fert aux Chevaux de trait; on obfervera qu'il n'y ait rien de rompu, que le cuir en foit bon, les boucles bien arrêtées, & que le chaînon en foit fort. Si c'eft feulement pour la charruë qu'on attelle ces Chevaux, on ne leur mettra que leurs colliers garnis de leurs traits, qui doivent être de bon chanvre & bien cordelez.

On verra encore s'il ne manque rien fous les pieds des Chevaux ; car s'ils venoient à fe deferrer dans le travail, il y auroit à craindre qu'ils ne devinffent boiteux. Les brides doivent être examinées, car il fe peut que les refnes en foient rompues, pour lors il les faudra faire racommoder, ainsi que les furfelles qui doivent être accompagnées de leurs anneaux.

On couvre les Chevaux d'une couverture de toile pendant qu'ils labourent ou qu'ils font au harnois, ils n'en valent que mieux; car les mouches pour lors ne les tourmentent point. Le Valet aprés cela peut partir, obfervant toûjours de bien ménager fes Chevaux dans le travail.

Pour ne point quitter nôtre Valet de vûë, & dire encore quelque chofe qui le regarde, il fera foigneux, quand il aura déharnaché fes Chevaux, de pendre à un ratelier tous les harnois dont il fe fert, comme on le peut voir dans la figure qui fuit, parce que quand on les laiffe traîner, les rats les rongent; à caufe que pour l'ordinaire ils font gras, & il n'en faut pas davantage pour les gâter; outre qu'ils pourriffent encore quand ils font negligez. Cette figure marque auffi, outre les harnois des Chevaux tous les meubles qui dépendent d'une écurie pour les bien penfer.

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Il ne fuffit pas que toutes les chofes dont nous venons de parler foient en bon ordre, il faut encore veiller à ce que les Charruës & les Charrettes puiffent rouler en feureté, qu'il n'y ait rien qui y manque ni rien de rompu; car toutes les précautions précedentes feroient inutiles,

Autre foin du Charre

tier,

La dînée

des Chevaux.

fi l'un ou l'autre de ces harnois, quand on s'en fert, venoit à fe brifer en quelques-unes de fes parties, & aprés que tout fe trouve en bon état, le Valet peut conduire fes Chevaux au labourage ou au charroy.

Le Charretier fe donnera bien de garde de preffer fes Chevaux, il faut peu à peu que ces animaux prennent haleine; autrement il y en a beaucoup qui fe rebutent, & qui perdent l'apétit, principalement en Eté. fouvent les avives les prennent, ou ils deviennent gras fondus ou fourbus: que ce Valet ait donc foin de les ménager, comine fi c'étoit fon propre

bien.

De ce qu'il doit faire au retour de la Charruë ou du Charroy.

AU retour de la Charrue, qui eft environ les onze heures du matin, on met les Chevaux à l'écurie fans les déharnacher, parce qu'ayant chaud il feroit dangereux que les découvrant tout d'un coup, ils ne fuffent attaquez des tranchées ou des avives.

La plupart des Charretiers ont coûtume au retour du travail de frotter les jambes de leurs chevaux avec de la paille, fitôt qu'ils font arrivez à l'écurie, & prétendent par-là les délaffer & leur déroidir les jambes ; c'est un abus, puifque cette friction ne peut qu'attirer fur ces parties les humeurs qui font en mouvement par le travail de la journée, & les leur rendre roides & comme inutiles: il vaut mieux les leur laver avec de l'eau froide pour arrêter le cours de ces humeurs, ou bien les faire égayer dans l'eau feulement jufqu'au ventre fans permettre qu'ils boivent, fuppofé qu'on foit prés d'une riviere ou de quelqu'autre endroit qui ferve d'abreuvoir aux chevaux.

Ce n'est pas qu'on défaprouve qu'un Valet frotte les jambes de fes chevaux, au contraire on luy confeille de le faire, mais il faut qu'il attende qu'ils foient réfroidis, que les parties du fang agité foient dans une affiette tranquille; c'est alors, le foir avant que de fe coucher, qu'il doit prendre un torchon de paille, & en bien frotter ses Chevaux

Aprés que les jambes des Chevaux font lavées, comme nous avons dit, le Valet les laiffe un peu manger du foin, puis il leur donne dans leur mangeoire bien nettoyée une eau blanchie avec du fon, cela leur eft tresbon, les rafraîchit & les met en apétit; ces Chevaux barbottent dans cette eau, qui leur fait manger leur foin avec plus d'avidité, & c'eft ce qu'on fouhaite.

On les laisse ainfi manger en repos jufqu'à deux heures ou environ qu'on les menne boire à la riviere ou en quelqu'autre endroit deftiné pour cela; ou bien on les fait boire à la maifon dans des auges faites exprés, ou dans des tonneaux remplis d'eau de puits, & échauffée au foleil en Eté, pour les raifons qu'on en a déja apportées; puis aprés que les Chevaux ont bú, leur gouverneur leur donne leur avoine pour retourner peu de temps aprés à leur travail jufqu'au foleil couché, qu'on les ramene à l'écurie où on commence à les traiter comme à la dînée.

Ces heures qu'on vient de preferire regardent la charruë, car lorsque les Chevaux font occupez au charroy loin de la maifon, on ne peut pas

pofitivement fixer ce temps; mais comme il faut que les chevaux, alors à une heure plus ou moins avancée, ayent leur repas, le Valet charretier ne quittera point de vue les inftructions qu'on luy vient de donner.

Les chevaux étant retournez le foir à l'écurie, &foignez à l'ordinaire ; le Charretier leur fait bonne litiere, l'avançant extremément vers les pieds Faire bonde devant, car les chevaux la nuit ne la repouflent toujours que trop

en arriere. Il leur donnera leur avoine, il les fera boire comme le matin, aux Che& il aura foin que leur ratelier foit remply de bon foin, & autant qu'il vaux, en faut pour chaque cheval pendant la nuit, quelques-uns leur donnent de la gerbée mêlée, cela dépend de la fantaifie.

Qu'on fe défaffe de la coûtume dangereuse de la plupart des Laboureurs ou Charretiers de Village, qui laiffent long-temps croupir la litiere fous leurs chevaux, on ne fçauroit dire le mal que cela fait aux pieds de ces animaux ; la chaleur que cette litiere rend, leur perd les pieds; car leur fiente dont elle eft remplie, a des acides qui y font un ravage terrible, li l'on n'y prend garde. Les chevaux en deviennent boiteux fans qu'on en fache la raison, & tout cela faute d'être inftruit de ce point qui eft tresimportant.

Suite des foins d'un Valet Charretier.

UN N Valet Charretier ne fçauroit trop avoir l'œil fur fes Chevaux, foit pendant qu'ils travaillent, foit lors qu'ils font de retour à l'écurie, il faut qu'il ait foin de leur lever les quatre pieds pour les leur nettoyer du gravier qui y eft, & qui les incommoderoit, fi on l'y laiffoit, pour voir s'il n'y a point quelque fer qui hoche, ou quelque cloud qui y manque, afin d'y en faire remettre d'autres.

Il obfervera fi fes chevaux inangent bien, ou s'ils font dégoutez, alors il cherchera les remedes pour leur faire recouvrer l'apétit; s'il voit qu'ils maigriffent il courrera audevant des maladies qui peuvent les menacer, & tâchera de leur faire reprendre bon corps.

Il eft bon qu'un Valet Charretier couche à l'écurie, afin que s'il arrivoit pendant la nuit que fes chevaux vinffent à fe battre, ou qu'il leur furvint quelqu'autre inconvenient, il fût à portée tout d'un coup d'y donner du fecours. Ce feroit encore une chofe fort avantageuse à la campagne, fi ce Valet entendoit un peu à ferrer un cheval, & raccommoder un peu les harnois, on ne fe verroit point obligé fouvent pour une bagatelle d'avoir recours à un Maréchal ou à un Bourrelier, dont on eft fouvent fort éloigné. Il est vray qu'on dit qu'il faut avoir le double de ces harnois, on convient même que le ménage n'en eft pas mauvais, mais comme tout le monde ne veut pas en faire la dépenfe, ou n'eft pas en état de la faire, on tâchera, autant qu'il fera poffible, de trouver de ces Valets adroits, & qui font au fait de la plus grande partie de ce qui regarde leur harnois tant pour la bourrelerie, maréchaux, que pour le charronage.

Un Valet Charretier qui s'appliqueroit à bien foigner fes chevaux, comme nous l'avons dit, qui s'étudieroit a en connoître les maladies, & à chercher les moyens de les en guérir, feroit un Valet qu'on ne pourroit

payer, on en trouve peu de ce caractere, & il eft rare que des Valets faffent tout ce qu'ils doivent faire d'eux-mêmes, fi l'on n'y a l'œil ; c'eft donc à un pere de famille, à un Maître qui veut avoir des domeftiques pour le fervir à la campagne, à veiller à ce qu'ils s'acquittent comme il faut de leur employ: c'eft pourquoy toutes ces inftructions qu'on a données jufqu'icy le regardent plus que les Valets mêmes pour lesquels on les a décrites.

Nous n'avons plus à prefent que les maladies des Chevaux, dont il faut que ce particulier ait connoiffance, ainfi que des remedes qui conviennent pour les guérir, afin de tâcher de les démêler luy-même pour ne les point laiffer inveterer, ce qui feroit tres-préjudiciable aux Chevaux. Les Valets n'y apportent pas toute l'attention poffible, & iis n'avertiffent bien fouvent qu'un Cheval eft malade, que lorfqu'ils voyent que le pauvre animal tombe fur les dents; ainfi on voit l'importance qu'il y a de veiller fur les Valets Charretiers, & combien il cft avantageux à un Maître de s'appliquer, autant qu'il peut, de connoître quels font les infirmitez aufquelles les Chevaux font fujets, afin d'y remedier, & d'y faire remedier promptement; outre qu'il y a un certain proverbe qui dit, que Pail du Maître engraisse le Cheval, c'est à dire, qu'un Maître qui a bien foin qu'on panfe regulierement fes Chevaux, a le plaifir d'en tirer de longs fervices, ou de les revendre aprés, & plus qu'il ne les a achetez.

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l'on traite d'une méthode fort aisée pour engraiffer les Chevaux.

LA

A maigreur des Chevaux a fes caufes differentes, elle provient quel quefois des parties d'un fang trop agité, & qui par leur acidité alterent tous les endroits du corps par où elles paffent. Les longues fatigues & le travail outré qu'on les oblige de faire, doivent être regardez comme les principes de ce mouvement contre nature; il vient auifi quelquefois de plufieurs humeurs corrompues, qui empêchent que la nourriture ne profite aux Chevaux; & enfin manque feulement de certains alimens qu'il faut leur donner, de la maniere qu'on le dira; mais avant que d'en venir là, commençons par engraiffer les Chevaux maigres par des caufes interieures, & dont on vient de parler.

Comment engraiffer les Chevaux fatiguez.

IL y a bien des Chevaux fatiguez & maigres, qui ont le flanc alterė fans être pouffifs, il ne faut pour cela que les avoir trop pouffez au travail, & lorfque cette maigreur provient delà; on leur donne le matin une demie livre de miel dans du fon chaud, ce miel rarefie la pituite groffiere, il produit un fang loüable & bien conditionné, & pouffe hors les matieres contenues dans le bas ventre.

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