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A la décoction du lavement précedent, on pourra ôter le policrefte, & mettre à la place deux onces de fcories de foye d'antimoine, ou le donner tel qu'il eft.

On traite la Fiévre contagieufe d'une autre maniere. Il faut donner fouvent des lavemens au cheval attaqué de ce mal, & luy faire prendre de l'orvietan dans du vin, pour luy garantir le cœur de l'infection du mal; au défaut de cette drogue on fe fervira de theriaque, & l'on foignera aussi de faire faigner le cheval.

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Il faut bien fe donner garde de donner aucun purgatif au cheval fébricitan ce feroit remuer les humeurs au lieu d'en calmer le mouvement, mais aprés que la fiévre eft paffée, & pour rétablir le dérangement que les mauvaises humeurs y ont caufées, on peut le purger en cette forte.

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On prend du tartre blanc pulverifé, & du nitre fin, de chacun deux onces, on les met dans un plat de terre & on y met le feu avec un charbon allumé ; le tout étant brûlé, on le laiffe réfroidir, puis on le pile bien fin, & on le met infufer à froid pendant toute une nuit dans deux pintes moitié vin blanc, & moitié eau; ajoûtez-y une demie once de fcamonće, demie livre de miel mercurial; mélez bien le tout & le donnez à boire au cheval, qui doit être bridé quatre heures avant la prise, & quatre heures aprés.

On ne donnera au cheval que du fon moüillé au lieu d'avoine; on le promenera en main une lieuë, vingt-quatre heures aprés qu'il aura pris fa médecine.

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Du Flux de ventre.

E Flux de ventre arrive aux chevaux par bien des causes; mais fans entrer dans ce détail, on peut connoître l'humeur qui leur caufe ce mal par la matiere qu'ils vuident; fi elle bouillonne à terre, & qu'elle s'enAle, c'eft une marque que la bile en eft la caufe; fi elle blanchit, c'eft une marque de crudité, & fi elle paroît comme des raclûres de boyaux, c'est un figne d'une grande foibleffe d'eftomac.

Si c'eft la bile qui domine le cheval & qui luy cause son flux de ventre, il faudra d'abord luy ôter l'avoine, & luy donner du fon moüllé avec du vin rouge, l'orge cuite au feu fur une péle, & puis mouluë, luy eft tres-falutaire, puis on luy donne le lavement qui fuit.

Prenez une poignée de bouillon blanc, deux poignées de feuilles de plantain, demie poignée de balaufte, deux onces de femence de myrtiles, autant de celle de laituë; concaffez ces femences, faites bouillir le tout enfemble dans trois pintes d'eau d'orge, & enfuite les herbes; paffez le tout, ajoûtez-y une demi livre de miel rofat cu miel commun, & le donnez tiede au cheval.

Enfuite de ce lavement on luy donnera le breuvage que voicy. On prend une demi livre de miel rofat, un quarteron de fucre en poudre, une demie once de gingembre, une once de cloud de gerofle, deux onces de canelle râpée, on méle le tout dans une pinte de vin rouge, on le remue bien, puis on le donne a boire au cheval.

Mais fi le flux de ventre provient de crudité dans l'eftomac, il faudra Autre lave luy donner le lavement, dont voici la compofition.

Prenez une décoction d'orge & de rofes de Provins, ou rofes communes, mettez-y du fucre & du miel rofat, de chacun quatre onces, fix jaunes d'oeufs, & une once d'orvietan ou de theriaque, faites du tout un lavement, que vous donnerez tiede au cheval, il faut trois chopines de décoction.

Du Cheval fortrait.

ment.

Ly a des chevaux qui pour avoir été trop-travaillez, ont les nerfs ré- Remede, treffis, & fecs de telle forte qu'ils reftent étroits de boyau; pour remedier à ce mal on le fait d'abord faigner à la veine du cou, & le lendemain, on frotte le mal, qui font les deux nerfs fcituez fous le ventre, & qui vont depuis le foureau jufqu'au fangles, d'un onguent fait ainfi.

Vous prenez du populeum, & de l'althea, autant de l'un que de l'autre, vous les battez à froid, & en frottez les nerfs retirez; ou bien fi vous avez de la graiffe de chapon fondue elle fera tres-bonne.

Le lendemain, ou quelques jours aprés, on prend ces nerfs avec deux doigts, on les fépare doucement tant foit peu du ventre, puis le jour d'aprés on graiffe encore les nerfs jufqu'auprés des fangles, & l'on continuë ainfi jufqu'à ce qu'ils foient dans leur affiete naturelle.

Pour nourriture médicamenteufe, on prend deux jointées d'orge qu'on met tremper dans de l'urine d'homme pendant dix ou douze heures on la paffe enfuite, puis on met l'orge à part, on jette aprés fur l'urine une chopine d'eau, on y ajoûte une poignée de femence de fenouil vert ou fec, on fait bouillir le tout à gros bouillons pendant un quart d'heure, & de l'écume qui en fort on en arrofe-l'orge qu'on fait manger tous les matins au cheval pendant quinze jours; s'il fait difficulté de la vouloir manger, on y mêlera un peu d'avoine, obfervant de faire jeûner le cheval, afin qu'il s'y accoûtume; au lieu d'orge entier, on peut fe fervir de farine d'orge.

Le feigle fur lequel on aura jetté de l'eau bouillante est encore un tres bon aliment pour le cheval fortrait: au lieu d'avoine, & pour l'ordinaire, il y en a qui leur donnent tous les jours avant que de boire une jointće de froment, l'effet en eft tres-bon, d'autres mêlent du miel dans leur eau, ou dans du fon moüillé.

Du Lampas.

E Lampas eft une croiffance de chair groffe environ comme une noifette, qui croît dans le palais auprés des pinces & qui furmonte les dents. Le Lampas caufe de la douleur au cheval quand il mange fon Remede avoine, & le remede eft d'emporter cette croiffance avec un fer chaud, le moindre Maréchal fcait faire cette operation; il y en a qui appellent ce mal Fuie, & aprés que cette Fuie eft ôtée, ils lá frottent de fel.

Lavement

Le

Du Cheval qui piffe le fang.

E cheval qu'on pouffe trop au travail pendant les grandes chaleurs de l'Eté, eft bien fouvent fujet à piffer le fang tout pur, qui eft pour luy un mal dangereux: fi l'on n'y remedie promptement.

Il faut d'abord commencer par tirer du fang au cheval, puis on prend trois chopines de vin blanc dans lequel on aura mis infufer deux onces de foye d'antimoine, on donnera ce breuvage au cheval tous les matins quatre heures aprés qu'il aura été bridé.

Si l'on remarque que le cheval qui piffe le fang foit échauffé, on luy donnera tous les foirs un lavement rafraîchiffant en cette forte.

Prenez deux pintes d'eau, faites-en une décoction avec chicorée faurafraichif- vage, poirée ou bettes, mauves, guimauves, parietaire & camomi e, de chacune une poignée, laiffez bien bouillir le tout, & réduire à trois chopines, mettez-y deux onces de miel rofat, & trois cueillerées à bouche d'huile d'olive ou de noix, puis vous donnerez ce lavement tiede au cheval.

fant.

Breuvage.

Et outre la nourriture ordinaire, on prend une poignée d'avoine & trois onces de miel, on le met dans un pot avec de l'eau autant qu'il en faut pour faire boire un cheval, on met le tout fur le feu, & lorfqu'il a commencé à bouillir, on le paffe, & on le fait boire au cheval: ce breu vage eft fort rafraîchiffant.

Pour

Difurie ou Flux d'urine.

Our une Difurie ou Flux d'urine, il faut d'abord ôter l'avoine au cheval, qui en eft attaqué, le mettre au fon & luy donner des lavemens rafraîchiffans compofez comme le précedent. Il faut faigner le cheval, puis le lendemain luy donner un lavement, puis encore une faignée & un lavement le lendemain, ainfi alternativement; cette faignée fe fait à deux fois, & on tire à chaque fois deux livres de fang au cheval.

Et pour boiffon ordinaire foir & matin, on prendra à chaque fois deux pintes d'eau qu'on mettra dans un fean avec une bonne poignée de bol bien pilé & mêlé avec l'eau qu'on donnera tiede au cheval.

Lorsqu'on verra qu'il piffera à fon ordinaire, on le remettra peu à peu à l'avoine & au travail.

Des Surdents.

Es Surdents fe connoiffent lorfque les dents mâchelieres d'un cheval croiffent en dehors, ce qui incommode beaucoup le cheval quand il veut manger; il faut aller au Maréchal, qui les ôtera pour peu qu'il fache fon métier.

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Où l'on traite à fond de la maniere de gouverner les Cavales & les Etalons, de les choisir, & comment élever de beaux Poulains, & les dreffer au harnois.

Left conftant que la bonté des chevaux dépend en partie de ceux dont ils tirent leur origine, & de la bonne nourriture qu'on leur donne dans leur jeuneffe: on aura de beaux & bons chevaux avec des Etalons de même qualité, & de belles Jumens Poulinieres, & comme la bonne nourriture dépend de l'endroit où ils font nourris, il faut d'abord avoir ya des pâturaégard aux lieux quand on veut établir des Haras, voir fi il ges affez abondans, & s'ils font commodes pour y nourrir des Cavales & élever des Poulains.

Il y a beaucoup de Haras en France, d'où l'on tire de bons chevaux pour monter & pour le tirage; la Bourgogne nous en fournit de tresbons; on en tire de Normandie, de Bretagne, d'Auvergne, de Poitou & d'ailleurs qui font tres-bons pour l'un & l'autre ufage; & fi nous voulons aller plus loing, nous verrons que l'Allemagne, l'Angleterre, l'Italie, l'Efpagne, la Turquie, & tant d'autres païs Etrangers nous en donnent, qui font tres-beaux & bons; mais fans nous arrêter à entrer en plus grande difcuffion là deffus, & aprés avoir trouvé des lieux commodes, c'eft à dire où les pâturages font abondans & bien gras, commençons par faire le choix d'une bonne race de chevaux, tant pour ce qui regarde les Etalons que les Jumens.

Du choix d'un Etalon, & à quel âge on le doit prendre.

UN bon Etalon eft le fondement du Haras, c'eft pourquoy on ne fcau

roit trop faire d'attention à le bien choifir. Un Etalon doit être d'un bon poil & de bonne marque; nous avons parlé affez au long de tout cela pour ne point être obligé de le repeter icy.

Il faut qu'un Etalon foit de belle taille, bien ramaffé en fes membres, qu'il foit éveillé, fort & vigoureux, & point atteint de certains maux qui deviennent hereditaires aux Poulains; tels font les maux des yeux, les chevaux lunatiques, ceux qui font fujets aux fluxions & à plufieurs autres infirmitez, dont on a parlé dans le Traité de leurs Maladies, comine maux de jarret, éparvins, vefigons & le refte. L'Etalon doit être de bonne nature aifé à conduire, afin que les Poulains qui naîtront de luy heritent de fes bonnes qualitez: on le dra jufqu'à quinze ans, paffé ce temps, il n'eft propre pour avoir de bons L 1 iij

pren

& beaux Poulains, l'Etalon étant fujet alors à plusieurs infirmitez qui retomberoient fur la race qu'il engendreroit, outre que les Poulains qui proviennent de vieux Etalons, ne font point courageux; ils ont les yeux enfoncez & la contenance fort trifte.

Du choix qu'il faut faire de la Jument, & à quel âge la faire couvrir.

Po

Our la Jument, outre le poil & les autres marques exterieures dont on a parlé, elle fera choifie belle, & de bonne race; on ne doit commencer à faire couvrir les Jumens qu'à trois ans ; quand elles portent plus jeunes, elles n'en valent pas mieux, ni leurs Poulains auffi, parce que la matrice qui n'a pas encore pris en eux tout fon accroiffement, ne pouvant contenir le Poulain qu'à l'étroit, ne le donne que de tres-petite taille. Les Jumens peuvent engendrer des Poulains jufqu'à quinze ans, ce temps paffé, il n'y faut plus fonger; encore y a-t-il des gens qui lorfqu'une Cavale a huit ans, ne la donnent plus à l'Etalon, apprehendant que la Jument vieille fujete à beaucoup d'infirmitez comme les Chevaux, ne donnât fon mal à fon Poulain lorfqu'elle le porte.

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Une Jument pouliniere doit être auffi bien prife de corps, grande à proportion; elle doit avoir l'air beau,l'œil vif, les flancs & la croupe large, bien nourrie, un peu en chair neanmoins, afin qu'elle retienne mieux; car on prétend que lofqu'elle eft trop graffe la femence de l'Etalon ne produit aucun effet.

La Jument qu'on voudra faire couvrir auta été quelques jours fans travailler, & pour la conferver long temps, on ne doit la faire porter que de deux ans en deux ans, elle en nourrira mieux fon Poulain.

Combien il faut de Jumens pour un Etalon, & comment le preparer à les couvrir.

O

N prétend qu'un Etalon bien choifi, de bon âge, & bien vigoureux peut fuffire à douze ou quinze Cavales par jour; il faut à la verité pour cela qu'il foit bien nourri à l'Ecurie, & que rien ne luy manque des autres foins qui le regarde; fi on luy en donne davantage, fon crin & fa queue luy tombent de fatigue, & on a mille peines à le rc

mettre.

Il faut que l'Etalon ait trois mois de repos avant que de couvrir les Jumens, & que pendant ce temps-là on le nourriffe de bonne avoine ou de bons pois, de bonnes féves ou de gros pain de temps en temps avec de bon foin & de bonne paille de froment, tous ces alimens hors l'avoine, qui doit tous les jours faire fon ordinaire, doivent luy être donnez alternativement, afin qu'il les mange avec meilleur apétit.

On aura foin de le mener boire deux fois le jour, & au fortir de là, de le promener deux heures fans le faire fuer, afin de le mettre en halaine , outre que le petit exercice aide beaucoup à la digeftion des alimens qu'il prend, & empêche qu'il ne devienne pouffif, ou fujet à d'autres infirmitez qui le rendroient défectueux, il eft bon de faire atten

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