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qui s'envole s'attache au premier arbre qu'il trouve.

15. Maniere de transporter les Mouches dans leur panier.

Femme qui jette de la pouffiere

pour arrêter l'Effaim de Mouches
qui s'envolent.

17. Une autre femme qui jette
de l'eau avec un balay, pour arrê-
ter auffi un Effaim d'Abeilles.

Des Maurs des Abeilles.

A Ruche des Mouches à miel eft un vray modele d'un petit Royau- Virg. me bien policé; elles ont feules leurs petits & leurs maifons en com- Georg. 4. mun, comme dans l'enceinte d'une Ville, où elles vivent fous des loix qu'elles gardent exactement: elles feules ont une patrie & une habitation fixe. Comme elles prévoyent l'hyver, elles travaillent l'été, & affemblent en commun leurs provifions: les unes ont foin des vivres, fuivant leurs reglemens établis, el es vont travailler aux champs.

&

Il y en a qui restent dans les Ruches, ou avec du fuc de Meliffe, & d'une glu qu'elles tirent d'une écorce, elles jettent les premiers fondemens des rayons de miel, puis elles fufpendent la cire, quelques autres Couvent les petits qu'elles élevent pour multiplier, d'autres épaiffiffent le miel, & rempliffent leurs Ruches de ce doux nectar; on en voit qui ont foin de garder les portes, & qui obfervent tour à tour les pluyes & les nuages; celles-cy déchargent les autres qui viennent chargées dé butin, & chaffent des Ruches les frelons qui y font entrez.

Elles ont un Roy qu'elles fe choififfent elles-mêmes, & veillent à leurs travaux ; elles l'admirent, & toutes s'affemblent avec des bourdonnemens autour de luy, elles le portent fouvent fur leur dos, & tant elles l'aiment, elles s'expofent pour luy à la mort. Il y a encore quantité d'autres particularitez qu'obfervent les Abeilles dans leur gouvernement, & qui font tres-curieuses, mais comme elles nous meneroient trop loin, on laiffe cette matiere pour paffer à une autre plus effentielle.

Comment gouverner les Mouches à miel, & en receüillir les Effaims.

Celuy a fois le mois, à commencer au printemps jufqui a la charge des Mouches à miel fera foigneux de vifiter leurs qu'au mois de Novembre; il aura foin, avant que de mettre les Mcuches dans les Ruches, de les enduire avec un mortier fait de bouze de Vache, & de cendre de leffive fi ces Ruches font fabriquées d'oziers: il faut aprés cela les paffer légerement fur la flamme faite avec de la paille.

Les uns les frottent de vin délayé avec du miel, d'autres fe fervent de crême, ou les lavent feulement avec de l'urine; on peut fe fervir une feconde fois des Ruches, pourvû que le ver ne les ait point attaquées.

On ne peut trop veiller les Abeilles, lorfqu'elles veulent jetter leurs Effaims, il faut toujours roder au tour de leurs Ruches, & particulierement aux heures qu'elles doivent effaimer, crainte que les Mouches ne fortent fans qu'on s'en apperçoive, & qu'elles ne fe perdent.

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Deux ou trois jours avant que les Mouches veuillent fortir, qui eft depuis le mois de May jufqu'à la faint Jean plus ou moins tard, & felon le temps plus ou moins chaud & frais; on voit les jeunes defcendre fur les fieges, on les entend bourdonner plus que de coûtume, on en voit qui entrent & qui fortent; tous ces mouvemens demandent de l'attention, & doit reveiller de plus en plus la vigilance de celuy qui les obferve. Il faut être là attaché depuis une heure que le foleil eft levé jufqu'à deux heures aprés midy, cela arrive rarement le foir; & lorfqu'enfin leur gouverneur voit qu'elles quittent leurs Ruches, & qu'elles prennent trop haut leur effor, il fera du bruit avec de l'airain fur lequel il frappera; quelques-uns prennent des poiles, des clochettes, & avec tous ces inftrumens, font un charivari qui arrête ces Mouches, qui pouroient fe perdre fans ce bruit; d'autres au défaut de tout cela frappent des mains, jettent de la pouffiere en l'air, ou de l'eau avec un balay dont on fe fert en guife d'afperfoir; les Mouches croyent alors que c'est quelqu'orage que cela leur préfage, & comme elles craignent les vents & la pluye, elles ne s'écartent point.

Signes que donnent les Abeilles quand elles veulent effimer ; comment ar rêter les Effaims qui volent trop haut.

Es Mouches franches & qui font d'un bon naturel ne paffent point LES les arbres qu'elles trouvent d'abord fans s'y arrêter, & s'y mettre en pelotons, & à peine les y voit-on ainfi pofées, qu'on va prendre l'EL faim pour le mettre dans une Ruche bien préparée & bien parfumée, parce que fi l'on retardoit, il feroit dangereux qu'elles ne quittaffent ce premier pofte pour en chercher un autre plus loin qu'on ne sçauroit pas, de maniere que les Mouches feroient perduës; il ne faut qu'un vent & qu'une pluye pour les obliger à changer d'arbre.

Comment prendre les Effaims quand ils font attachez à un arbre.

Orfqu'on veut aller prendre un Effaim attaché à un arbre, on porte unc Ruche préparée exprés, & on la met fur une grande nape étendue, puis fi ces Mouches font en peloton fur une petite branche d'arbre, on la coupe doucement, & aprés on la porte de même fous la Ruche avec doit les Abeilles ; cette Ruche, de quelque maniere qu'elle puiffe être, être couverte de fon couvercle.

D'autres fecoüent tout d'un coup la branche dans la Ruche ou fur la nape étendue, puis, aprés avoir ramaffé les Mouches un peu étourdies, ils les couvrent auffi-tôt du panier ; d'autres prennent un panier par la poignée, ils l'attachent au bout d'une perche de la même maniere qu'on l'a vû dans la Figure précedente, & fumant les Mouches les obligent de quitter leur place, & de monter dedans.

vouloir Y Il arrive quelquefois que ces Mouches s'obstinent à ne pas entrer, qu'elles volent tout au tour; mais on les y contraint fi on leur jette de l'eau fraîche avec un balay; l'Effaim étant rentré, on pofe la Ruche fur le fiege qui luy eft deftiné.

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Quelquefois ! Effaim fe divife en deux ou trois pelotons qui s'en vont chacun du côté qu'il luy plaît, ce qui embaraffe beaucoup; cette divifion eft caufée par la pluralité des Rois qui font dans l'Effaím, & qui n'étant point d'accord enfemble entraînent avec eux chacun leur parti. Le fecret pour les prendre féparément, c'eft d'avoir du monde pour les fuivre ; quelquefois ils ne s'arrêteront pas loin l'un de l'autre ; quelquefois auffi ils s'écarteront; mais dans l'un & l'autre cas, il faut les mettre dans de nouvelles Ruches, comme on a dit.

Si deux Effaims s'attachent à une même branche, & qu'ils se touchent l'un l'autre, il faut, pour les prendre chacun à part, élever deux Ruches au deffus, l'ouverture en bas & en maniere de cloche fufpendue, & mettre entre ces deux Effaims du chicotin attaché au bout d'une bâton.

La confufion parmi les Effaims eft quelquefois fi grande, que c'eft un extrême embarras pour les démêler; mais on en vient à bout lorsqu'on fecoue la branche à laquelle ils font attachez les Mouches pour lors se féparent par Effaims, parce que les unes reftent en bas, & les autres vont s'attacher féparément à des branches, ou bien faites autrement.

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Prenez une grande Ruche, fecoüez toutes les Mouches de dans, elles ne manqueront pas,aprés qu'elle aura été renversée, de s'y placer, chaque Effaim à part; enfuite lorfque le foir eft venu, on fe coëffe d'un capuchon d'une bonne toile, l'on met de gros gans; aprés cela on fait tomber avec la main un des Effaims dans un panier, puis l'autre, & on en laiffe un dans le panier où on les a fecoué; cependant fi l'on juge qu'il foit trop grand pour contenir l'Effaim; on met cet Effaim dans un plus petit, & pour cela on renverfe l'ouverture en haut, & on en met un deffus.

De la maniere de changer les Mouches de Ruches, & des moyens d'en avoir qui profitent beaucoup.

Oule, atqueint de vermine: ce nouveau panier doit être préparé com

N pratique encore la même chofe, quand un panier fe trouve

me on l'a dit, c'est à dire, bien enduit & frotté d'une liqueur compofée de vin & de miel; on laiffe ces Mouches fans les remuer jufqu'au foir qu'on ôte celles de deffus, & qu'on met au rang des autres ; à l'égard de la vieille, on en tire tout l'ouvrage qui eft dedans.

On trouve fouvent en l'air des Effaims qui s'égarent; fi l'on veut les arrêter & les faire attacher à quelque arbre, il n'y a qu'à fifler doucement, & frapper des mains, ou bien faire du bruit avec deux cailloux qu'on frappe l'un contre l'autre, & pour lors on voit ces Effaims s'affembler, & le mettre en pelotons fur un arbre.

Pour avoir des paniers à Mouches qui foient feconds, il ne les faut laiffer jetter qu'une fois l'année, & empêcher de jetter ceux qui font foibles, c'eft à dire, où il n'y a guerres de Mouches.

Il faut donner des hauffes aux jeunes Effaims de l'année précedente, ainfi qu'aux paniers peu remplis de Mouches, & à chacun felon qu'on le juge plus ou moins abondans. On appelle Hauffes des paniers percez par les

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Flux de

ventre.

deux bouts, & fur lesquelles on met le panier, elles ont ordinairement dix à douze pouces de hauteur.

Connoiffance des bonnes Ruches d'avec les mauvaises, & du temps de changer les Mouches de Panier.

Left bon de fçavoir démêler les bonnes Ruches d'avec les mauvaises, foit qu'on veuille en acheter, ou qu'on fouhaite parmi celles qu'on a, fe rendre certain fur l'article.

Quand on voit les Abeilles fe mettre en campagne de bon matin, & revenir chargées de vivres plus tard qu'à l'ordinaire, & qu'elles entrent dans leurs paniers fans répugnance, c'eft une bonne marque, comme lorfqu'elles ne fortent point par le mauvais temps, car alors on ne peut qu'y préfager du défordre.

Si, approchant l'oreille des Ruches fur la fin de Février, où au commencement de Mars, quand l'air eft doux, vous entendez un bourdonnement qui femble venir de loin, c'est un bon figne; ainfi que lorfqu'on frappe fur la Ruche, & que les Abeilles en fortent en bourdonnant fortement.

Suppofe qu'il fe trouve y avoir deux Rois dans un panier, il faut pour remedier à l'inconvenient qui en pourroit arriver, donner aux Mouches un panier qui foit étroit du fond, mais d'une longueur proportionnée à la quantité de Mouches qu'il devra contenir; ces Mouches dés le matin s'entrebattront les unes contre les autres, de maniere qu'on trouvera un Roy de mort au bas de la Ruche.

Il eft temps de changer les Mouches de Panier, lorfqu'il y a deux ans qu'elles y travaillent ; c'eft au printemps que cela fe pratique, & pour y réüffir on prend une Ruche percée deffus de cinq ou fix trous fur laquelle on pofe celles où font les Mouches; il faut bien la boucher tout au tour; peu de temps aprés les Mouches defcendent dans le panier de deffous dans lequel on les laiffe dix ou douze jours, pendant lequel temps elles ne ceffent point de faire leur ouvrage.

Ce temps paffé, on ôte le panier de deffus, & foignant de bien reboucher les trous de la Ruche qui contient les Abeilles, crainte qu'elles n'en reffortent, on le met au rang des autres.

Des Maladies des Abeilles, moyens d'y remedier.

Es Mouches à miel font fujetes au flux de ventre, cette maladie les prend au printemps, quand le tithymale fleurit, & que les ormes donnent leur femence; ces petits animaux font fort avides de cette nourriture, à caufe de la faim qu'elles ont fouffert pendant l'hyver; ce flux de ventre eft dangereux, fi l'on n'y remedie en cette maniere.

Prenez des grains de grenades, pilez-les menu, paflez-les à l'étamine, mêlez-les avec du miel & du vin rouge, & en arrofez la Ruche avec une feringue recourbée ; au lieu de grains de grenades, on peut prendre de l'eau dans laquelle on a fait bouillir des coings.

Il arrive quelquefois que dans le temps que les prez font tout émaillez de fleurs, les Mouches travaillent plus à faire du miel qu'à produire de nouveaux Effaims, ce qui les fatigue trop & les fait fouvent mourir. Pour prévenir ces inconveniens, & faire enforte que l'efpece fe multiplie, il faut de trois jours en trois jours, & tant que les fleurs fubfiftent fermer les entrées & les forties de leurs Ruches, & n'y laiffer que des petits trous par où elles ne puiffent paffer, & quand elles verront qu'elles ne pourront aller aux champs, elles couveront & produiront de nouvelles Mouches.

La teigne eft un ver dont les paniers des Abeilles font infectez, on les La Teigne, connoît tels, lorfque appuyant les mains deffus on les trouve froids, cu bien lorfqu'on voit hors des Ruches des excremens de ce petit ver qui s'y multiplie en quantité, ce mal eft incurable, ce font des paniers perdus, & dont il faut tuer les Mouches.

trop grand

Le trop grand chaud eft dangereux pour les Abeilles, elles deviennent Le trop noirâtres & toutes deffechées, puis elles meurent, ce qui fe remarque, grand lorsqu'on voit les unes qui portent hors leurs Ruches les corps de celles chaud & le qui font mortes, & que les autres font triftes par le filence qu'elles gar- froid dan dent; le froid opere auffi ce mauvais effet. Pour prévenir l'entiere mor- gereux talité de cet infecte, on prend du miel cuit, qu'on pile avec des rofes pour les feches, ou de la noix de galle qu'on leur donne pour nourriture.

Abeilles.

S'il y a des paniers qui foient garnis de Mouches furieufes & qui puif- Mouches. fent nuire aux autres, on appaifera leur furie en les vifitant fouvent.

furieufes.

Il y a quelquefois dans un panier tant de rayons de miel conftruits, Des rayons qu'ils demeurent vuides la plupart, ce qui fait qu'ils fe corrompent, gâtent le gâtez, miel qui y eft renfermé, & font mourir les Mouches. Pour remede à cet accident, on met deux jettons dans une Ruche, ou bien on coupe les rayons corrompûs qu'on ôte des paniers.

lons.

Les Papillons qui, quelquefois fe cachent dans les Ruches font des en- Les Papil nemis tres-dangereux pour les Mouches & les tuent ; c'eft pourquoy, autant qu'on le peut découvrir, il faut les tuer eux-mêmes.

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Il faut auffi donner la chaffe aux Bourdons ou Frelons qui viennent dans Les Bourles Ruches pour en manger le miel, & pour les détruire aifément, il n'y dons, a qu'à mettre de l'eau dans quelque petit vaiffeau prés des Ruches les bourdons qui en fortiront raffafiez de miel, iront en boire pour appaifer la foif que cette nourriture leur aura caufée, & pour lors il fera aifé de les tuer, fans craindre d'en être piquez, parce que les bourdons n'ont pas d'aiguillon.

La faim eft une inaladie qui fait perir les Abeilles, fi on n'y remedie, La faim, elles y font fujettes fur tout à la fin de l'hyver qu'elles manquent de provifion; & pour prévenir ce mal, on leur donne du vin bouilli avec du miel, ou fimplement de la farine de féves cuites, qu'on leur met à terre dans leurs Ruches.

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