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on a cru les pouvoir paffer fous filence; entrons d'abord en matierė fur ce qui regarde la maniere de nourrir & d'élever les Vers à foye.

De l'endroit pour nourrir les Vers à foye.

L faut d'abord choifir un lieu pour loger les Vers à foye; cet endroit fera élevé & bien aëré, point humide; car l'humidité eft ennemie des Vers à foye: ce lieu fera percé de manière que le foleil du matin & du foir y puiffe entrer.

Les fenêtres qui fermeront ces jours, feront ou de verre, ou de bons chaffis de papier, ou de toile tres-fine, afin qu'elles puiffent garantir cet infecte des injures du temps qui leur font funcftes; on a encore foin audevant des fenêtres de mettre des filets, afin qu'étant ouvertes dans la belle faifon, les oyfeaux n'entrent point dans leur demeure pour fe repaître de ces vers, ce qui en caufe une perte tres-confiderable.

On prendra garde encore que les rats ny les fouris n'ayent aucun accés dans cette chambre, ce font encore des ennemis qui tuent les Vers à foye, & l'on obfervera que cette chambre foit toute environnée de tablettes de planches bordées pour y mettre ces Vers: on peut auffi les mettre au milieu de la chambre fur des grandes tables, qui feront auffi bordées par des lattes, crainte que les Vers à foye ne tombent à bas en fe promenant. On frotte ordinairement ces tablettes, ou ces tables, de vinaigre dans lequel on aura mis bouillir quelques herbes aromatiques, on prétend que cette liqueur ainfi compofee a des parties qui fortifient le Ver à foye.

De la conduite des Vers à foye, & du choix de leur femence.

Itôt que le printemps approche, & qu'on voit que le Murier commence à boutonner, on aprête les œufs, ou le couvain des Vers qu'on a gardé pendant l'hyver, pour les faire éclore, & s'il arrivoit qu'ils fuffent éclos avant que le Mûrier eût pouffé, on les nourriroiti de feuilles d'ormeaux, de tendrons d'orties, & de nouvelles feuilles d'anbefpine.

Quant au choix qu'on doit faire de la femence des Vers à soye, il ne la faut prendre que d'un an ; & pour éprouver fi elle eft bonne, on la met dans du vin; fi elle va au fond, c'est une bonne marque, finon il faut la rejetter, parce qu'elle ne vaut rien, puis on étend cette femence fur du papier blanc étendu fur les tablettes ou les tables dont on a parlé.

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Les Vers étant éclos, on leur donne foir & matin des feuilles de Mûrier, leur augmentant cette nourriture de jour en jour à mesure qu'ils croiffent jufqu'à la quatrième muë; car alors on leur en donne auffi à midy parce qu'ils mangent plus que de coûtume.

Qu'on fe donne bien de garde de donner pour nourriture aux Vers à -foye des feuilles de Múrier fanées ou mouillées, cela eft dangereux de les faire mourir, & lorfque ces feuilles fe trouvent ainfi, on a foin de les bien effuyer avec un linge blanc, & de les faire doucement fecher au feu; on les cueille le matin aprés que la rofec eft tombée, & que le foleil a frappé deffus.

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Il ne faut point toucher les vers à foye que le moins qu'on peut, cel maniement les incommode, & leur eft tres-préjudiciable; parce que ce font de petits corps extrêmement tendres & délicats, & defquels on ne fçauroit prefqu'approcher la main qu'on ne les blefle, principalement quand

ils muënt.

Les Vers à foye veulent être tenus nettement, il faut ôter leurs ordures de trois jours en trois jours, & parfumer l'endroit où ils font avec de l'encens ou du lard grillé fur un réchaud; cette fumigation a des parties qui venant à s'infinuer à travers les pores des vers à foye, mettent leur fang en mouvement & les fortifient, outre que c'eft un remede pour eux quand ils font malades.

Dans la vifite qu'on fait des Vers à foye, on prend garde s'ils ne dorment point, c'eft un bon figne quand le fommeil les prend ; & pour bien faire, ils doivent dormir quatre fois le jour, particulierement quand ils muënt; & fi au contraire on les voit toûjours acharnez à leur pâture, fans prendre de repos, il faudra les ôter de deffus les feuilles de Mûrier & les mettre dans un endroit où ils jeûnent, car quand ils mangent fans dormir, ils enflent, & enfuite ils crévent.

Des fignes que donnent les Vers quand ils veulent faire leur foye.

A Prés qu'ils ont mué pour la quatrième fois, & trois jours aprés ils mangent mieux que jamais, jufqu'à ce que leur corps devienne luifant, & qu'il faffe voir un petit fil de foye, qui eft attaché à leur ventre.

Les Vers à foye étant enfin parvenus au terme prefcrit par la nature pour donner leur foye, on les voit qui cherchent des endroits convenables pour s'y attacher, & pour y filer; rien n'eft plus commode pour cela que de prendre du romarin, du genêt, du farment de vigne, des ramilles de châtaignier, ou de chêne, d'orme, de frêne, & en un mot de tout autre bois qui foit flexible, pourvû qu'il n'y ait point de feuilles vertes, parce que cette nourriture ne convient point aux Vers à foye, cela pourroit nous priver de leur ouvrage par la mort, que cette nourriture leur cauferoit. Aprés avoir nettoyé le pied de ces ramilles, c'eft à dire, aprés les avoir un peu émondées, on les range toutes droites, & on en fait fur les tables comme des manieres de petites allées diftantes les unes des autres d'un bon pied, on les accommode en arcades à deux ou trois étages, fur lefquelles grimpent les Vers à foye, & fe vont placer & s'attacher à l'endroit qui leur plait le mieux pour filer.

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Combien les Vers à foye employent de temps à filer leur føye.

Es cocons des Vers à foye ne font que trois jours à être parfaits, au bout defquels on peut les lever pour en devider la foye, mais pour être plus certains fi cet infecte a achevé fon ouvrage, approchez l'oreille des Cocons, prêtez-l'y attentivement; fi vous entendez encore quelque petit bruit; c'eft une marque que le cocon eft encore imparfait, & que par confequent il faut attendre à le détacher du rameau ; mais fi l'on n'entend plus

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rien, on peut l'ôter fûrement, & en tirer la richeffe qu'il porte. Cet infecte eft admirable dans la production de la foye, il file d'abord comme un certain petit coton de peu de valeur, & qui luy fert comme de bafe pour foutenir la veritable foye qu'il file aprés & qu'il entortille tres-artifteinent tout autour de ce coton; il ne faut point differer à détacher les cocons des branches dans le temps qu'on a marqué directement aprés que l'ouvrage a été commencé; car fi l'on compte du jour que les Vers ont monté dans les charmilles, ce temps ira à fix jours, dautant qu'ils font toûjours deux ou trois jours à fe difpofer à filer, avant que de commencer. Si on retardoit davantage, on rifqueroit de convertir la foye en filofelle, qui eft une espece de fleuret ou de groffe foye, qu'on appelle ailleurs Filatrice ou Padoue, par le loifir qu'on donneroit au papillon de percer fon cocon pour aller faire fa graine.

Il faut enlever doucement ces cocons, crainte de bleffer l'infecte qu'il renferme, d'où il arrive fouvent que ces petits corps bleffez jettent une humeur, qui venant à tacher le cocon, empêche qu'on n'en puiffe devider entierement la foye, étant obligé aprés de carder ce qui en refte, pour la filer à la quenouille, ce qui en diminue beaucoup le prix & le luftre.

Des moyens d'amaffer de la femence pour la multiplication des Vers à soye.

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Omme les Vers à foye fe détruiroient avec le temps, fi l'on ne foi'gnoit de faire amas de leur femence pour en multiplier l'efpece, on prend un certain nombre de cocons qu'on enfile en chapelet, non pas par le milieu, parce qu'on tuëroit l'infecte qui eft dedans, mais par la premiere filofelle qui fe prefente, puis on les fufpend à des chevilles dans un endroit plus frais que chaud, où neanmoins l'humidité ne regne point.

A mesure qu'on verra fortir les Papillons du cocon, on les mettra fur des feuilles de Noyer étenduës fur une table, on les y voit s'accoupler en peu de temps, & les femelles donner leurs œufs fur ces feuilles, defquelles on les détache aifément aprés qu'elles font féches. Il y en a qui mettent pondre les papillons fur du papier, mais l'avantage n'en eft pas fi grand, parce que ces oeufs adherant fortement au papier, on n'en peut ôter la graine qu'en les raclant avec un couteau, ce qui fait qu'il y en a beaucoup qui fe caffent.

Ceux qui mettent pondre leurs Papillons fur du linge font encore plus mal, parce que la graine qui s'y attache fortement n'en peut être détachée qu'on n'en perde beaucoup; & pour éviter cette perte, il faut garder ce linge jufqu'au printemps, & l'échauffant alors, on fera éclore Ics œufs qui y feront attachez.

Les cocons qui auront fervi pour la graine ne pourront aprés être employez qu'en filofelle, à caufe de la foye qui eft toute coupée par les Papillons qui en font fortis. On voit quelquefois des cocons qui font doubles parce qu'il y a eu deux vers qui fe font joints enfemble pour filer leur foye, ce qui arrive ordinairement lorfque les Vers à foye font logez trop étroitement. Les cocons doubles ne font point les meilleurs, parce que la foye qui y eft filée confufément ne fe devide que difficile

ment.

Tous

Tous les Vers à foye ne montent pas également dans les arcades qu'on leur a dreffez pour y filer leur foye. Il y en a qui tombent à terre, d'autres qui font pareffeux, & d'autres qui donnent leur foye parmi leur ordure. Lorfqu'on s'apperçoit de ce défordre, il faut amaffer tous ces Vers, & les mettre chacun à part dans des cornets de papier pour leur aider à perfectionner leur ouvrage; fans ce foin important, on voit beaucoup de Vers à foye qui fe perdent fans rien faire.

Il y a encore un autre inconvenient qui arrive au cocon qui eft double, c'eft qu'il ne fort jamais qu'un Papillon de dedans, quoiqu'il y en ait plufieurs, dautant que ne pouvant tous être produits en même temps, le premier qui en fort détruit les autres par l'air qu'il laiffe entrer dans le cocon qu'il perce, d'où vient que ces autres papillons meurent & deviennent inutiles pour la femence.

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Quand devider la foye, & des précautions qu'il y a à prendre.

L ne faut point perdre de temps à devider la foye quand les cocons font parfaits, & qu'on les a tirez des rameaux qui les tenoient attachez, parce qu'alors il n'y a point de déchet, au lieu que lorfqu'on les garde quelque temps, la gomme avec laquelle le Ver attache fes filets l'un à l'autre étant fechée, endurcit tellement ces cocons, qu'on ne les peut aprés devider que tres-difficilement & avec perte; mais comme dans les pays où l'on nourrit beaucoup de Vers à foye, on ne pourroit apporter toute la diligence neceffaire à devider à propos tous les cocons qu'on deftine pour en tirer la foye, il faut, fi l'on manque d'ouvriers, tirer les papillons qui font dans les cocons qui peuvent refter, & par ce moyen, on n'apprehendera point qu'ils percent les cocons, & qu'ils en endommagent la foye. Pour détruire ainfi les papillons, on expofe les cocons au foleil du midy, dont la chaleur étouffe le Ver même dans fon ouvrage; on les y met pendant trois ou quatre jours, deux heures devant midy & deux heures aprés. On prend garde de manier doucement ces cocons, crainte de tuer le Ver dedans pour les raifons qu'on en a dites.

S'il n'y a pas fuffifamment de foleil dans le temps qu'il feroit à propos de fe donner ces foins, ou parce qu'il feroit furvenu un temps pluvieux, ou quelque nuage qui empêcheroit cet aftre d'agir comme il faut fur ces cocons, on poura fe fervir alors d'un four, dont la chaleur fera tres-moderée, & les mettre dedans fur des petites planches, crainte que l'air de ce four ne gâte la foye; on les y laiffe ainfi une heure ou une heure & demie, & on continuë de les y remettre jufqu'à ce que les papillons foient morts, ce qu'on éprouve en fendant un cocon en deux: cen'eft pas à dire pour cela que quoiqu'il femble que les cocons foient en fureté par ces expediens, il faille retarder long-temps à les devider, il y a toujours du déchet quand on le fait, c'eft pourquoy il n'eft rien tel que d'être diligent dans ce travail.

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Du choix qu'on doit faire des Cocons, & des outils propres à tirer la foye.

Avant que de devider la foye, il faut féparer les bons cocons des mauvais, c'est à dire, mettre à part ceux qui font percez & tachez d'un côté pour en faire de bonne filofelle, & de l'autre les cocons entiers & qui font nets, pour en tirer de la foye belle & pure.

Il faut pour bien tirer la foye des fourneaux, des baffins & des devidoirs, appellez Guindres en certains endroits, Tours & Rouets en d'autres; les baffins de plomb doivent être préferez à tous les autres, parce qu'ils rendent la foye plus claire que ceux de cuivre, à caufe du verdet auquel il eft fujet pour peu que l'eau féjourne dedans.

Les rouets des devidoirs doivent être grands, l'ouvrage en avance davantage, & fi l'on peut, il faut qu'il tire deux écheveaux à la fois ; le feu des fourneaux doit être de charbon, ou au moins de bois bien sec, afin qu'il n'y ait point de fumée qui puiffe gâter la foye.

Les Vers à foye font d'un grand profit dans les pays où ils font communs, & où il y a grande abondance de meuriers blancs, qui eft la feule nourriture qui leur convient le mieux, & fans laquelle on ne peut heureufement en élever.

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La Garenne & le Clapier, ce que c'eft, & comment les rendre fertiles en Lapins: Proprietez de ces animaux.

Quoique la Garenne ne foit point enfermée dans l'enceinte d'une basse

cour, cependant on peut dire qu'elle y a quelque rapport par les Lapins qu'elle contient, & qu'on nourrit quelquefois à la maison : ces animaux produifent un revenu qui fe confond avec toutes les menuës danrées qui fe tirent de la maifon, c'eft pourquoy on n'a pas jugé hors de propos de la placer icy,refte à prefent à dire comment elle doit être fituéc.

De la fituation de la Garenně.

LA A Garenne, pour apporter beaucoup de profit, doit être fituée fur un côteau un peu élevé, ayant pour afpect le levant ou le midy, par ce que les Lapins cherchent à creufer leurs terriers, plûtôt à ces deux expofitions qu'à toute autre.

La terre en doit être legere, ou d'un fable ferme, afin qu'elle ne s'éboule point aprés que les Lapins y ont fait leurs terriers : cette terre ne doit pas auffi être forte, dautant que ces animaux ne la pouroient foüir pour 'y loger.

Une Garenne eft auffi une espece de bois taillis qu'on trouve tout planté, ou qu'il faut planter, s'il ne l'eft pas de la maniere que nous le dirons

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