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On entend encore fous terre legere les Terres fablonenfes, parce qu'en Terres faeffet elles ont le corps fort poreux & fe manient tres-facilement; ces bloncufer. tetres fabloneufes font encore de deux fortes, l'une d'un corps plus compacte & plus fubftantiel que l'autre; la premiere convient fort bien au froment, & ce grain y multiplie en abondance; elle convient encore à toutes fortes de légumes, au panis, au méteil & au ris.

pro

Ces terres different auffi en couleur, il y en a de noirâtres, de jaunes & d'un jaune blanchâtre, les noirâtres font les plus eftimées quand elles ont bien de la fubftance; car il y en a de cette couleur qui ne font pres qu'en landes, qui font des terres vaines & vagues que les Laboureurs négligent, & qui ne produifent que des genêts, des bruyeres & des broffailles, ainfi qu'on en voit beaucoup en Gafcogne, du côté de Bordeaux, & en plufieurs autres endroits du Royaume.

On fait bien du cas dans le labourage des terres fabloneufes qui font jaunes, lorfqu'elles ne font point trop humides, le froment y pullule beaucoup, & il fuffit que quelque humidité fouterraine luy procure de la fraîcheur pour entretenir l'humeur radicale de la plante qu'on luy confie.

Pour les terres fabloncufes d'un jaune blanchâtre, elles ne valent pas les autres à beaucoup prés, elles font la plupart tellement dépourvues de fels, qu'il n'y croit que certaines plantes qui n'en veulent que tres-peu pour agir; c'est pourquoy on n'y feme que du bois, ou du bled fa

razin.

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Il y en a encore d'autres de cette couleur, dont le grain n'eft que pur Terre fafable, ce qui fait qu'on les nomme Terres fableufes, ces terres ne font bleufe. propres à rien qu'à écurer la vaiffelle.

Les Terres pierreufes font encore la plupart des especes de terres lege- Terre picres, ce ne font pas celles qui rapportent le plus de grain, mais comme reufe. il faut s'en fervir telles qu'on les a: voicy comment on doit les regarder par rapport à ce qu'elles font capables de produire.

Les terres pierreuses & jaunâtres, & dont le cailloutage eft petit, font tres-bonnes pour y femer du méteil, le froment n'y vient pas fi bien, & pour cela il faut qu'elles foient fituées dans un fond qui puiffe les rendre peu fraîches, parce que le froment aime un peu l'humidité: le feigle y croît auffi à merveille, l'orge y devient beau & bien neurri, & l'avoine de même, mais elle n'y leve pas fi druë.

On voit des terres pierreufes rougeâtres, & dont les pierres font groffes, ces fortes de terres font ordinairement fort ingrattes, il ne faut y femer que du feigle ou du méteil dans celles qu'on connoît pour étre les meilleures de ce genre; les fels font rares dans ces terres, outre qu'ils y volatifent trop par le mouvement rapide qu'y cause la chaleur du foleil, ce qui fait qu'il s'en diffipe beaucoup fans rien produire.

Il y a encore une autre forte de terre pierreufe noirâtre, & dont le cailloutage eft de celuy dont on fe fert pour faire des pierres à fufil. Ce terroir ne vaut rien tout-à-fait, il est trop brulant pour y femer du grain, c'est pourquoi on en voit beaucoup en friche dans les païs où ces terres font communes.

Et toutes ces terres pierreuses, pourbien faire, doivent être épierrċes, c'est

Terres de Landes.

Terre de

craye & d'ardoife.

Terpes ma

à dire, qu'on en doit ôter une partie des pierres, fi l'on veut qu'elles produifent beaucoup.

A l'égard des terres de landes, dont on a déja parlé, on peut, fi l'on veut, les mettre en nature; & pour y bien réüffir, il faut les déchaumer avant l'hyver, & leur donner de fréquens labours, comme aux terres legeres, jufqu'à ce qu'on veuille les femer, où pour lors on les fume le plus qu'on peut. Il y en a qui la premiere année y fement des féves, ou des lupins, parce, difent-ils, que cela les engraiffe, lorsqu'on y enterre leurs coffats en les labourant.

Nous avons encore des terres pierreufes qui ne font que de craye & d'ardoife; elles feroient fans doute infertiles fans le fecours des labours donnez à propos, & des amandemens qui leur conviennent, ce qu'on dira dans l'article des Fumiers, mais aufli moyennant ce fecours, on en tire du profit.

Les Terres marécageufes ne conviennent point du tout à la nature du redageutes. bled, de quelque efpece qu'il puiffe être ; il faut regarder ces terres comme des fonds à faire des prez, fi l'eau n'y féjourne point trop long-temps; en ce cas, on y plantera du bois d'Aune de la maniere qu'on le dira; c'eft le meilleur profit qu'on en puiffe tirer.

Terres no vales.

On entend par Terres novales celles qui ont été nouvellement défrichées & mifes en valeur, ce qui arrive fouvent dans les pays où il y a beaucoup de bois de futaye, lefquels après avoir été coupez font convertis en terres labourables, & pour cela, on arrache les arbres avec leurs racines. Ces terres rapportent beaucoup les trois premieres années de fuite, fans qu'il foit befoin de les fumer. Les feuilles des arbres qui depuis longtemps y font tombées & s'y font confommées, ont communiqué quantité de fels en ces terres, lefquels n'ayant nul raport à la tiffure des racines des arbres ont toûjours refté infructueux jufqu'à ce qu'on y feme du bled, où pour lors ils agiffent tres-bien, & le font croître en abondance. Ces terres s'épuifent de fubftance, ainfi que les autres, & quand on s'en apperçoit, on les laiffe repofer, puis on les engraiffe, & on leur donne les labours qui leur font neceffaires.

Souvent la trop grande abondance des fels, dont les terres novales font remplies la premiere année qu'on les défriche, eft caufe que le bled y vient trop dru, de maniere qu'il pouffe tout en herbe & peu en grain, ce qui ne donne prefque rien que de la paille; cet inconvenient eft un peu fâcheux; mais on y remedie aifément, fi d'abord qu'une terre novale eft défrichée on commence par y femer de l'avoine, cette premiere production abforbe cette grande abondance de substance qui ne peut que nuire au bled qu'on y feme, mais auffi aprés le bled y fait merveille. On fait encore des terres novales des prez qu'on ne juge plus être propres à donner beaucoup de foin, on peut les convertir en terres labourêt deuxié- table à l'aide de la Charrue feulement, par le moyen des frequens labours me Jour de qu'on leur donne, mais voici une autre méthode qui femble tres-bonne l'Agric. p. pour y réüffir.

Autres terres novales.

Belle-Fo

39.

On leve avec une bêche la fuperficie de ces prez par petits gazons larges d'un pied & demi, & épais de deux doigts dans une espace de ce pré

d'environ

d'environ onze toifes en quarré, & l'on continue ainfi tant que le pré

a d'étenduë.

Les gazons étant ainfi tous coupez, & dans chaque efpace où on les a levez, on les laiffe fecher au foleil pendant dix jours, puis on en forme un fourneau fait en rond, ayant d'un côté dans le fond un trou, afin d'y pouvoir mettre le feu ; il faut que le four ait deux braffes de diamettre en dedans foignant bien d'étouper le tout, afin que le fourneau ne s'évente point, ce qui détruiroit l'effet qu'on en attend: il doit avoir une braffe & demie de hauteur.

Tout cela obfervé, on prend de la paille dont on couvre ces mottes puis on met deffus deux bonnes fafcines de bois en travers pour mieux le maintenir en état, obfervant de le placer toûjours en étreffiffant jufqu'à ce que le fourneau en foit tout environné.

Enfuite on y met le feu qui refte ainfi allumé durant vingt-quatre heures, foignant pendant tout ce temps de l'attiser avec des fourches, afin que les mottes en cuifent mieux, tournant même celles qu'on juge ne devoir pas être affez brûlées.

Quand ces mottes font brûlées, on les laiffe réfroidir pendant fix ou fept jours, puis on en répend la cendre le plus également qu'il eft poffible par tout le champ. Il n'y a rien de meilleur que cet amandement, il porte des fels avec foy qui font merveilleux pour la végétation ; on commence à dreffer ces fourneaux dés le mois d'Avril jufqu'à la fin d'Août.

Il faut fe donner garde dans ces terres novales ainfi amandées, d'y femer du froment les deux premieres années, ce grain rendroit plus de paille que de bled, on y met au contraire du mil.et, puis du feigle, & enfuite du méteil.

Les prez qui font maigres, & qui ne font que comme une peloufe rafe, tels que font ceux qui font fituez dans un fond argileux & pierreux, ne font point propres à faire des terres novales, il elt befoin, comme on a déja dit, qu'ils ayent de terre trois doigts d'épaiffeur qu'on puiffe couper; cette méthode de changer ainsi les prez de nature paroît tres-bonne, on confeille de la fuivre.

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Des differens Fumiers dont on fe fert pour engraiffer les terres ; du temps de les fumer, & de ce qu'on y doit obferver pour les bien fumer.

N fçait de tout temps, & l'experience nous le confirme tous les jours, que c'eft par le moyen du fumier que les terres affoiblies par le long travail, retrouvent dans la fuite des forces capables d'agir comme auparavant; que c'eft ce fumier qui en corrige les défauts, & d'où procede cette grande fertilité qu'on regarde en elle, & que c'est enfin dans ce fumier qu'il y a de certains fucs, qui par les rapports qu'ils ont à la conf

titution des plantes qu'on commet à cette terre, pénétrent à travers leurs pores, les font germer & leur donnent l'accroiffement.

Mais comme on employe en Agriculture plufieurs fortes de fumiers, & que les fucs qui en découlent ne fe trouvent pas tous également dans la proportion neceffaire à la fermentation des femences, ni à leur accroiffement, foit par rapport aux lieux où les terres font fituées, foit par rapport au foleil qui les échauffe, on a jugé à propos de les diftribuer par claffes, & d'examiner comment on les peut utilement employer chacun en particulier.

Les fumiers qu'on employe le plus communément dans les terres, font les fumiers de Mouton & de Vache; parlons d'abord du premier, puis nous dirons ce qui concerne les autres.

Du Fumier de Mouton, fa proprieté.

IL Left conftant que ce Fumier-cy eft le meilleur de tous pour engraiffer les terres de quelque nature qu'elles puiffent étre, cet amandement a des fels en tres-grande abondance, & des principes, qui quoique bien volatiles, fe fixent aifément & en quantité dans la tiffure des femences qu'on com→ met à la terre où ce fumier eft répandu : la terre forte, la legere, celle qui eft fabloneufe, & toutes les autres généralement s'en accommodent tres-bien. Quand on le met dans la terre forte il en détache les parties qui en font le corps, de maniere que de compacte bien fouvent que cette terre eft, elle Te rend aifée à manier, & devient ce qu'on appelle terre meuble, c'est à dire, comme en pouffiere, outre qu'il en corrige les défauts qu'elle peut avoir contractée, foit pour s'être épuifée à donner fes productions, foit par quelque accident qui luy eft arrivé.

La terre legere trouve dans ce fumier un fuc dont les fels fixent dans leur mouvement ce qu'elle a de plus volatile, en telle forte que ce qui devroit en elle s'échapper de principes propres à la végétation, fe porte avec fuccés à la tiffure des femences, les fait germer & prendre aprés à la plante tout l'accroiffement qui luy eft neceffaire.

Le fumier de Mouton eft encore tres-bon pour les terres fabloneuses, ily opere le même effet que dans les terres legeres, parce que l'une & l'autre font prefque d'une même conftitution. Si on l'employe dans une terre humide, il y met en mouvement les fels, qui, pour être trop embaraffez dans les parties aqueufes dont la terre eft empreinte, n'agiffent fouvent que tres-imparfaitement; enfin ce fumier a des proprietez merveilleufes pour tous les végétaux.

Q

Du Fumier de Vache, fes proprietez & autres.

Uant au fumier de Vache il tient le fecond rang dans l'Agriculture, parce que les fels y font moins féconds & n'y agiffent pas tant que dans le fumier de Mouton, ils s'y trouvent plus embaraffez par les parties groffieres de l'humidité que contient celuy de Vache, dautant que celles-cy quelquefois qui y dominent, en émouffent tellement ces fels, qu'il s'y en diffipe beaucoup fans rien produire d'avantageux; ce n'est pas

malgré cela, qu'on ne puiffe charrier ce fumier dans toutes fortes de terres, s'il n'y profite pas tant que celuy de Mouton, il ne laiffe pas que d'y donner de tres-belles productions.

Si l'on veut fe fervir de fumier de cheval pour engraiffer les terres, il Fumier de ne faut pas l'employer récemment forti de l'Écurie, les parties fubtiles qui cheval, fes en émanent alors, y fermentent trop fortement, ce qui feroit capable de proprierez. détruire le bon effet que les fels des terres où on les répandroit ainfi, pourroient produire; il faut laiffer paffer cette éferveffence, & le mettre pour cela dans la Baffe cour à l'endroit où l'on a coûtume de mettre les fumiers; puis quand il eft comme putréfié, on le mene dans les terres qu'on lui a destinées.

Les terres fortes & humides lui conviennent tres-bien, il y facilite le mouvement aux principes qui font comme enveloppez dans une maffe par les parties groffieres de l'eau qui les y tiennent, &'il les dégage de maniere que les végétaux en reçoivent fuffilamment pour prendre une belle croiffance; le fumier de Cheval n'eft point propre pour les autres terres.

d'Ane,leurs

proprietez.

Les fumiers de Mulet & d'Ane ont à peu prés les mêmes proprietez Fumier de que celui de Cheval, c'eft pourquoi il faut les employer aux terres de Mulet & de la même maniere. Pour le fumier de Cochon, l'experience nous a fait voir jufqu'ici qu'il Fumier de ne contenoit aucuns bons principes pour ameliorer les terres, c'eft quoi on ne s'en fert guéres, s'il n'eft mêlé avec d'autres, qui aident à faire fes proprie. mouvoir les parties pour agir efficacement.

pour

cochon,

tez.

proprietez.

La fiente de Pigeon eft de tous les engrais celui qui eft le plus rempli de Fiente de parties volatiles, & elles y font toûjours dans un mouvement fi rapide, Pigeon, fes que fi l'on ne fçait les y moderer, quand on employe ce fumier dans les terres, il y altere la femence qu'on y jette, de telle forte, que bien fouvent il en détruit les premiers principes.

Il faut donc, avant que de s'en fervir, le laiffer de repos à l'air, c'est le remede pour rendre ce fumier propre à quelque chofe dans l'Agriculture; on le regarde comme un amandement tres-propre à améliorer les prez qui s'amaigriffent à force d'avoir porté de l'herbe; on l'employe tresutilement dans les Chénevieres, mais il faut les répandre à claires voyes, & prendre garde encore que la terre ne foit point trop legere: il ne convient pas aux terres labourables, ainfi on n'en fera point amas en cette

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On dira peu de chofes du fumier de Poule, parce qu'il eft ordinairement Fumier de en fi petite quantité qu'on ne peut l'employer feul; cependant, fi l'on Poule, fes veut entrer en connoiffance de ce qu'il peut operer au fujet des terres, on a proprierez. remarqué jufques-ici que la volatilité de fes parties pourroit alterer en quelque façon les végétaux, fi on n'en laiffoit paffer les premiers mouvemens, ainfi on n'employe ce fumier qu'aprés l'avoir laiffe repofer à l'air: on en peut mettre, fi l'on veut, dans les Chénevieres, mais il eft quelquefois fi fujet à produire des pucerons quand on l'employe tout pur, que pour éviter cet inconvenient, on le mêle avec d'autres. On rejette comme mauvais fumiers toute fiente d'animaux aquatiques nimaux afoit que les fels dont ils font remplis ne puiffent agir, à caufe des parties dangereufe.

Fiente d'a

quatiques

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