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De la

chaux.

Féves, bon amande

ment pour les terres.

Lupins en

table aux

terres.

aqueufes qui les enveloppent, ou que ces fels dans leur action n'ayent aucun rapport à la tiffure des plantes qui croiffent dans la terre où ces fumiers font employez, ainfi de quelque côté que vienne ce défaut, il eft toûjours affez grand pour faire méprifer ces excrémens.

Outre les fumiers des animaux de la baffe-cour, il y en a encore d'autres qui font tres-specifiques pour faire croître les plantes; car par exemple, la chaux vive mêlée avec d'autres fumiers, bien pourris, & répanduë dans les terres froides & humides au commencement de l'hyver fait tresbien véjetter les femences qu'on leur confic, & l'on tient qu'elle y détruit même les infectes qui s'y font engendrez, & les malignes herbes qui leur nuifent; cette maxime fe pratique fur tout dans la Gueldre au pays de Juliers: on peut ailleurs l'experimenter, particulierement dans les terres d'un temperamment froid & humide.

Les féves engraiffent la terre où on les a femées, fi on y laiffe les coffats mêlez lorfqu'on la laboure; il y en a qui lorfque les féves font en fleur, n'attendent pas qu'ils en ayent cueillis le fruit pour les renverfer avec laCharruë, ils prétendent que c'eft un tres-bon amandement & beaucoup meilleur que quand il n'y a que les coffes; l'experience peut décider du fait, & ils ajoûtent même que c'eft un avantage tres-grand, & qui dédommage avec ufure non-feulement de la dépenfe qu'on a faite pour l'achat des féves, mais encore du temps & de la peine qu'on s'eft donnée à les femer, c'est environ la fin d'Avril que ce labour fe doit donner.

On cftime encore les lupins pour bien ameliorer une terre, on s'en grais profi- fert beaucoup en Piedmont & ailleurs, on feme ces legumes fur la fin du mois de Juin ou au commencement de Juillet fur les vieux guérets qu'on destine pour femer les bleds d'automne, ce qui fe fait à la deuxième façon, puis on laiffe croître ces lupins, & quand ils ont feulement pouffé leurs feuilles fans attendre la fleur & le fruit, on les renverfe pêle-mêle avec la terre, faifant en forte, autant qu'il eft poffible, que la terre les couvre ; cette plante a, dit-on, un certain acide qui abforbe les mauvais principes des terres où on la feme, & qui en détruit les infectes qui lui font préjudiciables.

De la Mar. nc.

Nous avons encore la Marne qui renferme en foy des proprietez merveilleufes pour aider aux végétaux à prendre un accroiffement parfait. Cette Marne eft une terre foffile, graffe & molle, il y en a de blanche, c'est la meilleure de toutes, de rouge, de colombine, & d'autre, qui tient d'argile, du tuf & du fable, ces dernieres efpeces ne font point eftimées.

Il y a beaucoup de Marnieres en France, il n'eft queftion que de fçavoir connoître cette terre & la mettre en ufage. On commence d'abord par la tirer de la Marniere pour la mettre aprés fur le champ en monceaux pour l'y laiffer repofer un peu de temps, afin qu'elle fe puiffe mieux réduire en pouffiere; car fitôt qu'on la tire de fon trou, elle durcit, & ne fçauroit facilement fe répandre, il faut pour bien faire la tirer avant l'hyver.

Ce temps paffe: & avant que de donner le second labour aux terres, on y charrie cette Marne, on l'y met en petits monceaux ou fumeraux, éloignez l'un de l'autre felon'qu'on juge à propos que la terre a befoin de cet engrais, mais toûjours on remarquera de ne le point répandre bien dru, parce

que la Marne eft remplie de beaucoup de fels convenables à la végétation, & d'ailleurs fi volatiles qu'ils détruifent les principes des plantes, quand ils font trop-abondans, c'est pourquoy on en laiffe exhaler une bonne partie.

Aprés avoir mis cet amandement en petits monceaux, on le répand pour l'incorporer enfuite avec la terre qu'on laboure. C'eft une chofe étonnante de voir combien cette Marne rend un champ fertile, & cette fertilité fe manifefte tellement dés la premiere année, que les bleds, comme on dit, en verfent, tant leurs épis font chargez de grains; la Marne convient à toutes fortes de terres.

Une terre bien marnée, c'est à dire, avec prudence; car le trop de marne nuit à la terre, rend un grand profit pendant dix-huit à vingt-ans, fans qu'il foit befoin d'y charrier aucun autre fumier. Il feroit à fouhaiter qu'il y eût par tout des Marnieres, ou du moins dans les lieux où les terres ont bien befoin d'être fumées pour produire beaucoup de grain. L'Agriculture n'en fleuriroit que mieux, & le Laboureur n'en feroit que plus content, mais quand les fels de cette Marne font tous épuifez, il faut recommencer à marner les terres, autrement elles n'apportent que trespeu de choses.

Les cendres, il n'importe d'où elles viennent, foit du foyer ou de Des cenla leffive, des fourneaux à tuile, à chaux, ou à charbon, font un tres-bon dres. engrais pour rendre les terres fecondes, & les parties volatiles qu'elles contiennent ont des rapports de convenance merveilleux à la fabrique des plantes qui croiffent dans la terre où on répand ces cendres; c'eft pourquoy on voit germer ces plantes, & prendre un accroiffement qui fait plaifir; les terres fortes & les terres humides font celles qui s'en accommodent le mieux.

Les immondices des Privez & les boües des rues, lorfqu'on les a laiffé Immondireposer affez pour fe décharger de tout ce qu'elles ont d'humidité, en- ces des Prigraiffent les terres. On en voit l'experience aux environs de Paris, où les vez, & terres affez maigres par elles-mêmes, deviennent tres-fécondes par le fe- Boues des cours de ces amandemens.

ruës.

Les feuilles de toutes fortes d'herbages & de fruits de jardin qu'on Feilles jette, comme celles de melons, concombres & d'autres de cette nature, d'arbres tout cela mis en monceaux & réduit en pouffiere avec le temps, con- à fruits de court beaucoup à la formation du bled, & le fait multiplier à foifon. jardin.

On fe fert encore de Marc de raifin pour améliorer les terres, mais il Marc de faut que ce foit des terres graffes, ou humides, les principes trop exaltez reifin. de cet amandement veulent trouver d'autres parties moins volatiles qu'eux pour les fixer, fans cela, fe portant trop brufquement à la tiffure des planils en dérangent la fabrique, les froiffent & n'y produisent par ce moyen qu'un effet tres-médiocre.

tes,

- Enfin les fumiers, comme on vient de dire, doivent être appliquez à propos, fi l'on veut qu'ils rendent tout le fruit qu'on en attend. Telle est l'idée physique qu'on a dû en concevoir; en effet, on peut dire qu'il faut pour que les bleds croiffent & pullulent beaucoup dans les terres, que leurs partics foient d'une tiffure propre à faire recevoir aux fucs qui s'exaltent des fumiers les mêmes déterminations que la matiere a reçuë quand le V u iij

Maxime à rejetter.

bled a été formé, il n'y a que les fucs avec lefquels ce bled fe trouve dans la proportion neceffaire à leur fermentation & à leur accroiffement, qui peut les faire germer & croître comme il faut.

On peut dire la même chofe des differentes terres fituées en differens endroits, & dont les fucs préparez diversement demandent qu'on leur donne des grains, dont les principes puiffent être par le fecours de ces fucs tres-bien vivifiez.

Tous les fumiers dont on vient de parler, ne s'employent pas toûjours féparément, on en fait de gros tas dans la Baffe-cour, qu'on mêle les uns parmi les autres à mesure qu'on les tire des Etables & de l'Ecurie, l'un abonit l'autre, & corrige fes défauts. Ainfi, lorfque ces fumiers ont resté du temps entaffez, on les coupe avec la besche, ou un autre inftrument, pour les charger dans le Tombereau ou la Charrette à fumier, pour enfuite les charrier aux terres, les y mettre en fumereaux, & les y répandre aprés dans tout le champ.

Du temps de fumer les Terres.

ON commence à charrier les fumiers dans les terres incontinent aprés

que la moiffon eft finie: il faut l'y répandre le plûtôt qu'il eft poffible, & le couvrir auffi-tôt de terre; autrement le grand air en fait exha ler inutilement une grande abondance de fels, qui profiteroient aux bleds, fi on n'ufoit de la précaution dont on a parlé.

Quelques-uns ne fuivent point cette maxime, ils charrient leur fumier dés qu'on a donné la premiere façon aux terres deftinées pour y femer les bleds; il eft fâcheux que ces gens-là ne foient point inftruits du préjudice que cela leur caufe; car s'ils fe perfuadoient, comme ils le doivent abfolument, que ce fumier n'eft pas plûtôt mis en terre, qu'il agit puiflamment, que fes fels dans une continuelle agitation cherchent à fe porter à ce qui peut avoir des rapports à eux, comme par exemple aux méchantes herbes, dont la méchanique eft prefque fufceptible de toutes fortes de fucs, fi ces gens-là, dis-je, vouloient entrer en connoiffance de ce mouvement, ils jugeroient bien qu'il ne fe peut faire fans une tres-grande diffipation de ces fels, qui ne fe réparent point aprés, quand on feme le bled dans les terres ainfi fumées, au lieu que lorfqu'on ne fume ces terres qu'au dernier labour qu'on leur donne avant que de les femer, le fumier qu'on y met y profite autant qu'on le peut fouhaiter, la femence en reçoit tout le fuc qui en fort, & par ce moyen elle fe multiplie, & fait prendre aux plantes qu'elle jette une tres-belle croiffance.

Si l'on pouvoit ne répandre les fumiers que par un temps fombre, & qui nous donnât de la pluye un peu aprés, la terre n'en vaudroit que mieux,, parce que les parties de l'engrais qui concourent à la végétation ne s'évaporeroient point tant, l'humidité les fixeroit, & toute la femence profiteroit. Il faut donner du fumier aux terres autant qu'on juge qu'elles en ont befoin, plus aux unes qu'aux autres, & felon qu'elles font par elles-mêmes plus ou moins fubftantielles, la prudence du Laboureur qui a coûtame de manier fa terre, & qui doit en connoître la nature, décide or

dinairement de ce fait. La maniere de répandre ce fumier eft fçuë de tous ceux qu'on y employe, c'eft pourquoy if eft inutile d'en rien dire icy, il faut feulement obferver que ce fumier foit répandu par tout, le plus également qu'on pourra.

Il y en a qui font du fentiment que les fumiers récemment fortis de deffous les beftiaux profitent plus aux terres que celuy qu'il y a long-temps qui refte en monceaux dans la Baffe-cour, on ne fçait quel jugement pofitif on doit affeoir là deffus, lorfque nous experimentons tous les jours que les fumiers bien entaffez de longue main, & placez dans un endroit qui leur convienne, produifent d'auffi bons effets que les premiers, ainfi ce fcrupule n'arrêtera nullemént les Laboureurs.

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Et de tout ce qu'il y a à observer à l'égard des Semences, avec la maniere de les bien femer, & à propos.

A

Vant que d'entrer dans le détail de tout ce qui regarde les femailles d'Automne, nous commencerons ce Chapitre par la peinture admirable de ce que la nature fait des femences que l'on confie à la terre : nous fommes redevables de cette idée à ce grand Orateur Romain, qui a parlé fi avantageufement de l'Agriculture.

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nect.c. 15.

Aprés, dit-il, que le foc a ouvert & ramolli la terre, elle reçoit & Cic. de Secache la femence dans fon fein; & ayant renflé & ratendri le grain par le fuc qu'elle luy communique, elle l'ouvre & en fait fortir une pointe verdoyante, qui nourrie & foutenue par fes racines s'éleve peu à peu, & pouffe un tuyau fortifié par des noeuds ; l'épi s'y trouve enfermé dans une, efpece d'étuy où il acheve petit à petit de fe former, & d'où il fort enfin, dans fon temps, & fe préfente à nos yeux dans tout l'appareil de fon » admirable structure & muni de pointes hériffées, qui luy font comme une paliffade contre les infultes des petits oifeaux: tel eft l'ordre naturel » que la terre fuit dans fes productions.

Et telle eft la vertu qu'elle communique aux femences qu'on luy confie mais comme cette terre eft fufceptible d'alteration, & qu'il ne faut que cela pour contrevenir à cet ordre, on tâche d'en prévenir l'inconvenient par tout ce qu'il y a à obferver dans l'Agriculture, & particulierement à l'égard des femences qui font les principes de toutes les plantes.

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Du temps des Semailles d'Automne, & du choix des Semences.

N entend par la femaille d'Automne le temps auquel on doit femer les bleds, il commence dés la fin du mois d'Août jufqu'à la faint Martin, plûtôt en des pays qu'en d'autres; cette remarque eft gé

Qu'il la faut choifir convenable

nérale, mais on efpere là-deffus defcendre dans un détail plus particulier à l'égard de chaque femence de cette faifon, aprés qu'on aura parlé du choix qu'on doit faire des femences. Le plûtôt qu'on peut faire la femaille, en quelque pays que ce foit, c'eft toûjours le meilleur.

Le choix des femences eft l'un des plus importans articles de la culture des terres à grains, c'est d'elles que dépend le plus la fécondité des terres; car on auroit beau avoir donné tous les labours néceffaires à un champ, & l'avoir bien fumé, tous ces foins feroient inutils, fi le grain étoit alteré; on auroit beau le jetter en terre, toute la matiere qui devroit en pénétrer la fubftance, agiroit en vain.

Il est encore néceffaire de choisir la femence, dont la méchanique ait des rapports de convenance avec les fels des terres qui doivent luy donner aux terres. l'accroiffement, c'est à dire, qu'on ait experimenté que le froment, le méteil ou le feigle, qui font les femences ordinaires de la femaille d'Automne, viennent mieux en certains terroirs qu'en d'autres, comme par exemple, il y a des terres où le méteil croît heureufement, d'autres qui ne font propres qu'à rapporter du feigle, ainfi du refte; & qui iroit confier à ces terres d'autres femences, celuy-là perdroit le plus fouvent fa peine & fon temps à les cultiver.

Change

mences,

Il y a auffi une autre chofe à obferver en fait de femence. Les terres ment de fe- quelquefois veulent qu'on en change, c'est à dire, qu'aprés les avoir enfemencées de froment, de méteil ou de feigle, il faut y mettre de l'orge, quelquefois necellaire. de l'avoine, ou d'autres femences de la femaille du printemps; c'eft ce qui s'expérimente tous les jours, foit parce que ces terres font épuifees de fels, & qu'elles n'en ont pas fuffifamment pour faire végéter parfaitement le même grain, & que pour en recouvrer de nouveaux, il faut que ces terres ayent d'autres femences qui en demandent moins, pour aprés les laiffer repofer; ou foit plûtôt que les fels de ces terres, qui font agitez par la matiere étherée, ne trouvent plus dans la tiffure de ces mêmes femences par les rapports de convenances qui manqueroient entre elles, des iffùes pour s'y introduire, & qu'il faut pour cela que ces fels reprennent de nouvelles difpofitions pour agir avec plus de fuccés, ce qui ne fe peut qu'en changeant de femences, & que par le repos qu'on donne à certaines terres.

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faire

Ce n'eft pas, comme nous l'avons déja dit, qu'il y a des terres d'une heureuse conftitution, & qui produifent du froment plufieurs années de fuite. Quand on en a qui font fi fertiles, on fe donne bien de garde de leur changer la femence, le froment vaut toûjours mieux que tous autres grains qu'on y puiffe femer.

D'autres veulent que trois ou quatre ans aprés qu'on s'eft fervi fucceffivement d'un même bled pour enfemencer ces terres, on en prenne d'autre que celuy qu'elles ont produit, & qu'il foit crû dans un autre climat ; ils prétendent qu'il en vient plus abondant; mais comme en fait d'opinions, il est difficile de détruire la prévention, fur tout à l'égard du vulgaire, qui eft entêté, on le laiffera agir en cela comme il voudra, puifqu'il ne fçauroit mal faire d'une & d'autre maniere, pourvû que fon guéret foit bien choifi; fauf neanmoins qu'il permettra qu'on dife qu'on a vu de

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