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Affiette du Bâtiment.

L feroit à propos, felon la penfée d'un ancien Architecte, que les quatre Vitruve. encoignûres du Bâtiment fuffent directement opposées aux quatre Vents Cardinaux, afin qu'étant les plus violents de tous, ils ne puffent frapper qu'obliquement, & de biais, les faces de la Maifon. Mais comme on n'eft pas toujours maître de fcituer fon Bâtiment, ainfi qu'on voudroit, il faut s'affujettir à l'affiette du lieu telle qu'elle eft, & bâtir à la Campagne le plus commodément qu'il eft poffible, & felon à peu près les regles que

voici.

Nous avons donc dit d'abord qu'il y auroit un Veftibule, cette piece de Bâtiment fert pour mettre à couvert ceux qui font obligez d'attendre le Maître du Logis, & de Paffage, & de commodité, foit pour s'y promener, ou y manger l'Eté, principalement dans ces Vestibules qui ont leur vue fur des Jardins.

Les Salles & Sallons font bâtis exprés pour y recevoir les Perfonnes Veftibude confideration qui viennent voir le Maître du Logis, foit pour luy ren- le. dre vifite, ou parler d'affaires particulieres avec lui.

Cham

&

Et il eft à propos que la Chambre & Cabinet principal du Maître, ait quel- bre Caque échappée fecrette, foit par un efcalier ou entrée en d'autres Chambres d'où il puifle fortir fans être vú, fi bon lui femble.

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cipal. Les Caves doivent être ouvertes, s'il eft poffible, du côté du Septentrion, Caves. parce que cet afpe&t ne peut corrompre, ny caufer la moindre alteration à tout ce qu'on y enferme, les Celliers, Magazins à Bois, Greniers, Fenils, Garde-manger, & Boulangeries, feront tres.bien fcituées au même afpect.

Il est bon que la Cuifine regarde le Levant ou le Midi, & qu'elle foit Cuifine. accompagnée d'un Garde-manger, d'un Bûcher, d'un Fournil, d'un Puits, ou d'un Tuyau de Fontaine, pour y donner de l'eau.

La Foffe des Privez, eft ordinairement placée fous l'efcalier, & la chauf- Lieux fe eft conduite dans l'épaiffeur du mur au coin du même efcalier, depuis le communs, ou privez. fond jufqu'au fiege, qui doit être au galetas, afin que la puanteur de ces lieux ne fe communique point dans le maître-logis.

Autrefois l'ufage de bâtir à la Campagne étoit de faire des Bâtimens fortifiez, flanquez de Tours, & tout ifolez d'eau, ce qui s'étoit introduit pendant les Guerres Civiles, mais comme il n'y a plus rien à craindre dans le cœur du Royaume, on a fuivi pour y bâtir une methode plus dégagée & qui fent mieux le bon goût, dont les François font remplis, quand il s'agit de bâtir.

On place au jourd'huy l'Escalier principal dans une des aîles du Bâtiment, Efcalier. où l'on peut lui donner autant d'étendue que l'on veut pour la Rampe: il laiffe là le logement tout entier, libre & dégagé, ce qui fait qu'on y peut faire plufieurs pieces l'une aprés l'autre de plain pied & fans étre entrecoupêes.

On obfervera de donner toûjours moins de hauteur à un Bâtiment de Campagne, qu'à ceux qu'on conftruit dans les Villes, crainte que l'impetuofité des vents ne les endominage.

lc.

Chapel

Ecuries.

Grange.

Il ne faut pas oublier une Chapelle dans une Maifon de Campagne, c'est une piece de Bâtiment trés-neceffaire pour la commodité de ceux qui y logent; on y entend la Meffe, quand on veut. Elle fera conftruite felon les regles Canoniques, c'est-à-dire dans un endroit où il n'y ait point de Chambre à lit deffus ny deffous; pour fon Architecture elle fera telle que voudront lui donner ceux qui la feront bâtir.

Obfervations fur les pieces de Bâtiment dont on vient de parler.

Es Caves doivent être étroites & baffes, c'est-à-dire avoir tout au plusquinze ou feize pieds de large, pour leur longueur, elle fera proportion née au befoin qu'en aura le Maître du logis; pour leur hauteur, elle ne fera pour les plus grandes que de neuf à dix pieds fous clef. Elles feront voutées en ance de panier, & l'on agira tres-utilement, fi dans l'épaiffeur de leurs murs, aux endroits qui ne font point empêchez par les tonneaux on y conftruifoit des armoires, dont le fond fera plus haut d'un pied & demi ou de deux que l'aire de la Cave: elles auront de hauteur quatre pieds, & trois de large; la defcente en fera aisée, afin d'obliger le Maître ou la Maitreffe du logis d'y defcendre fouvent, pour y vifiter ce qui fera dedans, & faire en forte par là qu'on ne le diffipe point mal à propos.

La Cuifine fera plus ou moins grande, que le principal Bâtiment, ou les revenus du Maître, le permettront. Il y aura un potager haut de deux pieds. pour le plus, afin qu'on puiffe plus commodément voir ce qu'on met deffus, y aura auffi pour la même raifon, quelque jour au deflus ou à côté.

il

La Salle du Commun, s'il y en a une, joindra la Cuisine; elle doit être bien éclairée, le Fournil & la Boulangerie feront proche l'un de l'autre ; il. y aura un ou deux Fours, l'un pour cuire le pain, & l'autre la pâtifferie; on fuppofe que la dépense de la Maison le demande, finon il n'y aura qu'un Four..

Dans tout le Bâtiment qu'on éleve, il faut faire en forte que les jours foient de fymetrie, auffi bien en dedans qu'en dehors, quand cela fe peut pratiquer commodément,& que les chambres foient percées des deux côtez, les pieces d'une maison en font plus éclairées, & on y refpire un air plus propre pour la fanté..

Les Ecuries feront placées dans la Baffe-court, & un peu éloignées du maître-logis crainte que par accident le feu ne s'y prenne, ce qui eft la défolation de ceux qui ont des maifons. Ces Ecuries feront bien percées, afin d'y pouvoir bien donner de la fraîcheur en Eté : on les élevera au deffus du rez de chauffée le plus haut qu'il fera poffible, pour éviter qu'elles ne foient trop humides. Le ratelier fera large de quinze pouces & élevé droit à plomb, & non pas en penchant. La Mangeoire aura même largeur, & Faire de la place où font les Chevaux doit être élevée de deux pouces ou environ au deffus du refte de l'écurie, & defcendre en pente dans une goutiere, ou rigolle de pavé, qui fera au bout, afin que l'urine des Chevaux fe puiffe mieux écouler par ce moyen.

Pour ce qui regarde le refte des autres membres du Bâtiment de la Baffe-court nous avons la Grange, qu'on bâtit plus ou moins grande que le

Domaine

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Domaine contient plus ou moins de terres ; cette forte de Bâtiment dépend
de la fantaisie de l'Architecte qui la conduit; il faut toujours une travée à
chaque côté, au milieu defquelles eft l'aire pour battre le bled, qui doit être
faite d'une bonne terre glaife bien battue à plusieurs volées, de maniere
qu'elle faffè un fol qui foit ferme, & qui ne fe crevaffe point; Il y a des
Granges à Porche, d'autres qui n'en ont point; les premieres font fort
commodes, à caufe qu'on y peut mettre à couvert bien des harnois & au-
tres utenciles fervant au labourage.

Les Etables pour les bêtes à cornes feront d'alignement ou en équiérre Erables.
aux Ecuries & à la Grange, felon que le terrain aura permis de les placer;
elles feront autant fpacieufes qu'il fera neceffaire, un peu plus enfoncées en
terre que les écuries, afin que les pailles puiffent mieux retenir l'urine des
animaux, & par là contribuer à ce qu'elles en pourriffent mieux & rendent
un fumier bien gras.

On bâtira la Bergerie attenant: il faut, ainfi que les étables, qu'elle foit Bergerie. chaude pour faire en forte que les troupeaux à laine ne s'y morfondent point en hyver: car il ne faudroit que cet inconvenient pour perdre prefque toutes les Brebis, & les Agneaux, qui veulent étre établez chaudement. Il n'est pas befoin de beaucoup de jour pour ces membres de bâtiment, une petite fenêtre de deux pieds de large, & autant de haut fuffit, avec celuy qui vient de la porte.

Il ne faut pas oublier le Poulailler, comme un membre de la baffe cour, Poulailler. qui n'apporte pas le moins de profit; on peut le placer proche la maifon du Fermier, dont nous parlerons dans la fuite, afin d'être plus à portée de foigner la volaille & d'en tirer les revenus. On le bâtira aufli fpacieux qu'on le jugera à propos; il faut que le dedans foit bien enduit d'un mortier à Chaux & à Sable, & blanchi par deffus d'un blanc de Chaux: le plancher fera un plafond de planches, ou d'autres matieres, de forte que nulle bete ennemie de la volaille ne puifle s'y introduire. Ce Poulailler fera garni dans le fond d'un bout à l'autre de Perches pour y faire jucher les volailles, & il eft bon qu'il foit plus long que large, & que les perches n'occupent que les deux tiers de l'enfoncement, afin, dans ce qui reste du côté de la porte, qu'on puiffe le long des murs y dreffer des nids pour les faire pondre & couver dans la faifon.

Toit aux

Canes. Poulaillers pour les

Les Canes vont quelquefois fe coucher fous les Poules, quelque fois auffi, on leur bâtit un toît exprés, & un autre pour les Oyes, ces pieces font pe- Oyes& aux tites, & il peut y avoir fur leur plancher, une antre Poulailler pour les Dindes ou quelque Voliere pour des Pigeons privez nous dirons dans fon lieu comment ce membre de baffe-cour pourra être conftruit, ainfi que le Poules Colombier, que nous refervons pour l'article des Pigeons fuyards, autre- Dindes. ment appellez Bizets.

Voliere.

Sur toutes les Ecuries, & Etables, il y aura des Greniers pour ferrer les Colombier. Fourrages, les Foins, Pailles & autres chofes fervans de nourriture aux bef Greniers. tiaux pendant toute l'année. Venons maintenant à la maifon du Fermier.

Il eit bon toûjours à la Campagne de bâtir une petite maifon féparée du Maifon du Maître-logis, & qu'on deftinerà pour un Fermier au cas qu'on veuille don- Fermier. ner fon bien à ferme; afin de ne point avoir de communication de logement

F

Laiterie.

Hangard.

Fumier.

l'un avec l'autre : un tel appartement fuppofe qu'on exploite foy-même fon Domaine, foit pour y faire des Magazins de Bleds, de fruits & d'autres chofes neceffaires pour la vie, & propres pour le commerce des Champs.

Cette Maifon aura une chambre pour le fermier, une Cuisine où tous les Domestiques mangeront, & quelquefois le Maître, afin d'avoir l'œil fur tout; une autre chambre pour coucher les Servantes : car pour ce qui eft des Valets, on place ordinairement leur lit à l'Ecurie, afin d'être promts la 'nuit à fecourir les Chevaux au cas qu'ils fe battent, ou qu'il leur arrive quelque autre chofe de fâcheux.

Il faut que cette maifon foit accompagnée d'une Laiterie qui foit bonne, c'est-à-dire, voûtée, s'il fe peut, bien blanchie, fraîche en Etè, & chaude en Hyver, c'est ce qui convient au lait pour rendre beaucoup de Crême, qui eft un des plus grands avantages qu'on en peut tirer.

Les tables fur lesquelles on mettra les utenciles pour le lait, feront tres propres, & toujours bien lavées, & pour cela il feroit à fouhaitter (ce qui peut fe faire dans les maifons de particuliers qui font riches) qu'il y eût un tuyau qui y donnât de l'eau par le moyen d'un robinet; cela feroit auffi que les terrines & autres vaiffeaux deftinez pour le laitage, feroient entretenus tres-proprement. Au défaut de cette commodité, on fe fervira d'eau de puits, de fontaine ou autre qui fera le plus à portée.

A côté de cette petite maifon fera un Hangard ou Hallage, ou quelques Remifes de Caroffes, fi le Maître eft affez puiflant pour en avoir. Ces lieux ordinairement fervent pour mettre à couvert les Caroffes du Maître & de ceux qui viennent luy rendre vifite, les Charriots, Charretes & Charruës, Tombereaux, & autres meubles generalement dont on fe-fert pour le la-bourage. Ce font encore des commoditez en Hyver & en temps de pluye pour y fendre du bois, éguifer les Echalats, élire les Ofiers pour baiffer les Vignes, ou les lier, comme on voudra dire, & y faire plufieurs autres ouvrages, plus commodément que lors qu'on eft expofé aux injures de l'air.

Et comme les Fumiers font les fecours veritables qu'on apporte aux terres, pour réparer en elles l'épuifement de fubftance qu'elles ont fouffertes en nous donnant leurs productions, on les placera proche les Etables dans deux ou trois endroits un peu creufez dans le milieu & pavez dans le fond, afin d'y retenir certaine eau graffe par la fiente des animaux, & qui donne beaucoup de fels aux fumiers qui font deffus : lorfqu'ils font pourris, on y porte les balieures de la maison, les coflats, les herbages, & autres vilenies de cette nature, qui fe confommant, font corps avec les fumiers, & fervent comme eux d'un tres bon amandement.

Ce fera un avantage pour la volaille, fi les fumiers font mis à couvert du Nord, ou de la Bife, parce que quelque froid qu'il faffe elle y trouve toujours quelque vermine à manger; nous parlerons dans le Chapitre de la Volaille d'un certain fumier fait exprés pour fa nourriture.

L'eau eft encore fort neceffaire à la Campagne, il faut en avoir de quelque maniere que ce puiffe être, ou par le moyen d'un Puits, d'une Cifterne, ou autrement. Nous dirons ici quelque chofe de leur conftruction, qui ne pourra être que tres utile aux curieux, aprés que nous aurons parlé des cheminées & des moyens de les empêcher de funer.

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Des Cheminées; moyens de les empêcher de fumer, d'éteindre le feu qui s'y eft mis, & d'échauffer une Chambre avec peu de bois. Conftruction d'un Puits, d'une Cifterne & d'une Glaciere, avec une legere idée du Toifé.

OUR revenir à nôtre bâtiment, cette matiere-cy merite bien qu'on la reprene. Nous avons encore les Cheminées à bâtir; ce font des parties de chambres fort neceffaires, & dont on ne fçauroit fe paffer en hyver &

dans des cuifines.

La méthode ordinaire de faire les Cheminées eft d'en faire paffer les Cheminées tuyaux à côté l'un de l'autre, afin d'empêcher les jambages d'avancer, au lieu que felon la nouvelle invention, le biais qu'on leur donne dans la hotte, les fait rejoindre & s'acôter pour fortir ensemble hors du toît dans un méme tuyau, qui les contient tous, feparé neanmoins par des languettes dans fa longueur.

Il faut prendre garde que le tuyau n'ait rien dans fon étenduë qui arrête la fumée, il ne faudroit que cela pour l'obliger à defcendre, & à fortir par le manteau, ce qui eft une incommodité tres-grande.

On tâchoit autrefois d'adoucir la diformité des avances des Cheminées, en les chargeant de beaucoup d'ornemens. Cette dépenfe eft inutile aujourd'huy, & comme le manteau avance peu, on fe contente d'un feul chambranle & de quelque tableau au deffus. Pour les Cheminées de cuifine, elles n'ont pas befoin de ces décorations.

Les parties d'une Cheminée font l'âtre ou foyer, le contre-cœur, le manteau, la hotte, les pieds droits, la montée & le tuyau. Expliquons chacun de ces termes pour l'intelligence du Lecteur, & le plaifir qu'il prendra à faire bâtir une Cheminée.

L'Atre ou Foyer eft l'endroit où l'on allume le feu, le Contre-cœur eft la plaque de fer qu'on met au milieu pour conferver le mur & repercuter la chaleur ; on appelle Manteau de Cheminée ce qui couvre la Hotte, c'eft auffi le haut de la Cheminée qui empêche que la fumée n'entre dans la chambre. Pour la Hotte, on nomme ainfi la pente du dedans des Cheminées; elle commence de deffus la barre de fer qui porte fur les jambages, & va finir contre le haut du plancher. Les Pieds droits font les jambages de la Cheminée; la Montée, l'élevation, & le Tyan, l'endroit par où la fumée monte & fort. Cette explication eft neceflaire pour parler un peu Archi

tecture.

Savot Ar. chi. Franc.

On fait à prefent les Manteaux de Cheminées fort bas, crainte que le feu ne gâte la vue, & que la fumée ne forte par la chambre, parce que Ch. xx111. la Hotte étant ainfi plus droite, elle renvoye plus droit la fumée qui pourroit battre contre dans le Tuyau, qui doit être conduit le plus uniment qu'il eft poffible, afin que l'inégalité ne puiffe rabattre la fumée.

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