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Moyens pour empêcher une Cheminée de fumer.

L faut prendre garde en faifant une Cheminée que l'ouverture du Tuyau ne foit trop grande, crainte que l'air & le vent y trouvant trop d'efpace, & qu'y pouvant être agitez, ils ne chaffent la fumée en bas, & n'empêche qu'elle ne monte & forte aifément.

ce que

On aura foin auffi de ne point faire cette ouverture trop étroite, parla fumée qui n'auroit pas un paffage libre s'engorgeroit & rentreroit dans la chambre, deux ou trois pieds en un fens fuffifent pour une ouverture de Cheminée, & fix ou neuf pouces en l'autre.

Le meilleur moyen pour empêcher que la fumée ne forte par une chant bre, eft de faire que les Cheminées foient toujours plus étroites en bas & qu'elles s'élargiffent en montant, parce que le feu pouffe plus aifément la fumée en haut lorfqu'elle eft refferrée en bas, & qu'en montant elle trouve plus d'espace pour fortir & fe dégager, & qu'ainfi elle ne fe rabat pas fi-tôt dans la Chambre.

Les petits endroits font fouvent fujets à fumer, fi l'on n'y tient continuel-. lement une porte ou une fenêtre entr'ouverte, parce, dit-on, que la flamme a befoin de beaucoup d'air pour s'entretenir, & que lors qu'elle en trouve peu, elle fe ralentit & fe convertit en fumée; cette experience fe voit bien fouvent, mais on en corrompt l'effet par le raifonnnement, & c'est en quoy on fe trompe; on veut que cette porte ou fenêtre entreouverte ne ferve qu'à donner paffage à la fumée dont la chambre eft remplie, & à rien autre chofe; lorfque, fi l'on y prend garde, on voit effectivement, que pendant que les petites ouvertures fubfiftent, le feu en eft plus clair, au lieu que quand on les referme, i s'obfcurcit & donne beaucoup de fumée.

Il fume encore dans les petites chambres, quand elles font trop échauffées, à caufe du tourbillon trop violent des parties ignées qui entraîne la fumée, auffi-tôt dans la chambre que dans la Cheminée; ainfi pour la diffiper, il faut ouvrir une porte ou quelque fenêtre, & d'abord elle montera par fon chemin ordinaire.

Siles Tuyaux de Cheminée font trop longs, les petits lieux font encore incommodez par la fumée, parce que le feu n'y pouvant jouir d'affez d'air pour porter la fumée jufqu'au haut, fouvent elle eft obligée par fon propre poids de retomber, & preffant celle qui y monte fucceffivement & continuellement, elle la contraint de fortir une bonne partie par le Manteau: fi bien que lorfque cela arrive, il faut encore ouvrir une porte ou une fenêtre pour laiffer entrer dans la chambre affez d'air pour pouffer cette fumée jufqu'au haut de la Cheminée.

Pour fe garantir aifément de la fumée, auquel un petit lieu feroit fujet, il faut refferrer & retreffir à l'endroit du plancher la longueur du Tuyau, enforte qu'il n'ait guere plus d'un pied de long, relever le Foyer d'environ quatre pouces, abaiffer le Monteau fi bas qu'il n'ait gueres que trois pieds de haut, & refferrer l'ouverture de la Cheminée entre les jambages, de mêine largeur, & en arcade,

Les Cheminées bâties de cette forte ne doivent point avoir leurs jambages conduits à plomb par dedans, mais en hotte; cela fait que la fumée ne peut point fe rabattre en bas par les côtez, mais feulement par le miHeu où elle trouve d'autres parties en grand nombre, qui la pouffent en haut maigré elle.

On empêche encore la fumée d'entrer dans une chambre, grande ou petite en cette maniere. Appliquez d'abord fur le Foyer une grande plaque de fer, qui foit prefque aufli longue & auffi large; il faut qu'elle foit percée de plufieurs trous fort prés les uns des autres & élevez audeffus du Foyer d'environ trois ou quatre pouces; mettez fur cette plaque une grille de fer haute de huit à neuf pouces auffi longue que le bois qu'on doit pofer deffus, & large comme l'étendue du feu qu'on y peut faire, elle aura les barreaux fort proche les uns des autres, de forte que cela faffe.comme trois étages, le premier qui eft le plus haut porte le bois, le second les charbons, & le troifiéme les cendres.

Le tout difpofé ainfi, donne paffage à l'air, qui tel qu'un foufflet, enflamme beaucoup les charbons qui brûlent le bois plus vite, & par ce moyen font qu'il rend peu de fumée, & cette fumée étant alors très-peu abondante, cede aifément au mouvement des parties du feu qui l'emportent en haut : ce fecret eft facile à pratiquer, c'est pourquoy on n'a pas jugé à propos de le paffer fous filence.

Secret pour éteindre aisément & promptement le feu pris à une Cheminée.

Q

Uand vous verrez le feu pris à une Cheminée, prenez une botte ou deux de foin, moüillez-la bien, & bouchez-en promptement l'embouchure de la Cheminée, ou l'ouverture qui eft fous le Manteau entre les pieds droits, ou celle qui eft audeffus du manteau à l'endroit du plancher; faites entrer ce foin à force fans le pouffer jufqu'au feu, cela fuffira pour faire que le feu s'éteigne; ce qui arrivera encore plus promptement, fi incontinent aprés, & presqu'en même temps on couvre le deffus de la Cheminée, avec du foin qui foit auffi mouillé ; il ne faut pas le preffer tant que le premier, ce fera affez de l'arrofer, & de jetter pardeffus continuellement de l'eau le plus qu'on pourra, la fuye alors ceffera de s'enflammer, & le feu s'éteindra par ce moyen.

On évite pareils accidens quand on a foin de faire ramoner les Cheminées, parce que la fuye, eft une matiere qui s'allumant petit à petit, embrafe enfuite tout le Tuyau d'une Cheminée, & y cause du danger pour la maifon, principalement quand par la malice & l'ignorance des Ouvriers les poutres, les folives & autres bois paffent au travers des Tuyaux, fe contentant de les recouvrir d'un peu de plâtre ou de mortier.

Des moyens d'échauffer une Chambre avec peu de bois.

E fecret-cy eft un gain tout clair, quand une fois on en a fait la dépenfe. En voicy tout le miftere.

Cdipenfe.

Il faut que le Foyer de la Cheminée foit compofé de grandes platines

de fer, élevées au deffus du carreau d'environ trois pouces, & que l'efpace qui eft entre les carreaux & les platines foit vuide, que le Contre-coeur foit une grande platine de fer, placée auffi à trois pouces du mur, & qu'au deffus il y ait deux ouvertures, une de chaque côté des jambages en dedans la chambre.

Quand cela cft accommodé de la forte, le feu échauffe les platines, qui à leur tour échauffent l'air contenu dans les vuides qu'elles laiffent, & cet air que les parties du feu agitent violemment, étant obligé de fortir par où il trouve un paffage, fe répand en abondance par toute la chambre, tandis qu'il s'y en infinue un autre à la place, qui produifant le inême effet, remplit fucceffivement & de plus en plus le lieu d'un autre air beaucoup plus

chaud.

y

Si l'on veut tenir chaudement un Cabinet, ou autre petit endroit fans faire du feu, & fans y avoir de Cheminée, il fuffit, quand ce lieu eft placé proche celle d'une chambre dans laquelle on allume regulierement du feu, de prendre une grande platine de fer, la faire fervir de Contre-coeur fans la couvrir par derriere: cette platine ne fera pas plûtôt échauffée qu'elle communiquera fa chaleur à tout le Cabinet, comme fi c'étoit un poële; mais il faut remarquer que cette commodité ne peut fe pratiquer, quand il se rencontre audeffus un Tuyau de Cheminée, qui paffe entre le Contre-cœur de la chambre & le mur du Cabinet.

Conftruction d'un Puits.

Prés avoir parlé du Feu, nous allons parler de l'Eau pour l'éteindre en cas d'accident. Une maifon de Campagne fans Eau, eft une maifon bien incommode; & comme par tout on n'a point la commodité d'une Riviere, d'une Fontaine ou d'un Ruiffeau, pour en aller puiser dans le befoin, il faut avoir recours à un Puits, ou à une Cifterne : commençons par fçavoir comment fe conftruit le premier, pour aprés aller à l'autre, & tomber dans le même détail.

L'ufage des Puits eft fort ancien, & pour le creufer, il faut d'abord chercher l'endroit le plus commode pour cela dans la baffe-cour; il y a des lieux où il faut creufer bien plus avant que dans d'autres ; mais en quelque fituation que ce puiffe être, on en vient toûjours à bout avec la patience; car on trouve par tout de l'Eau, nous avons des preuves de cette verité à l'égard de bien des Puits, qui font fur de hautes montagnes, & par confequent tres profonds; mais quand il s'agit d'une utilité indifpenfable pour fon profit, on fe fait une effort extraordinaire, qui retombe fur foy & fur fes defcendans.

On prendra garde fur tout de ne point placer le Puits à la Campagne proche des Privez, des Etables, des Fumiers, ou des Cloaques, s'il s'y en trouvoit, à caufe de l'odeur infecte qui fe communiqueroir à l'eau du Puits, qu'on creufera d'abord, puifqu'on ceintrera par tout de bon moilon à chaux & à fable, ou bien le mortier fera à chaux & à terre, il n'importe; pour la figure & la grandeur, cela dépend de la fantaisie de celuy qui le fait bâtir.

On fçait que la manoeuvre de ce bâtiment eft toute particuliere, qu'on commence à faire les murs par le haut en defcendant en bas. Il eft vray qu'à mesure qu'on avance, on foutient ces murs en deffous par une efpece de Pilotis qu'on fait jufqu'à ce qu'on foit arrivé fur les fondemens, l'on en agit ainfi crainte que commençant autrement, les terres ne vinffent à ébouler fur les Ouvriers.

&

Quand on eft parvenu fur la Terre ferme, on a foin de laiffer des trous au murs à l'endroit des fources qui y aboutiffent, afin de laiffer un libré paffage à l'Eau pour le Puits. Cette Eau d'abord à laquelle on a creufé un lit nouveau, fe perd pendant quelque temps, jufqu'à ce que les interf tices de la Terre foient entierement imbibez, où pour lors elle s'enfle & groffit fon volume autant que fa colonne a plus ou moins d'élevation, & qu'elle eft plus ou moins forte.

Le bord d'un Puits s'éleve fur deux pieds & demi ou trois pieds, & on Porne de Margelles taillées proprement & attachées l'une à l'autre dans le deffus par des crampons de fer fcellez avec du plomb.

On en tire l'Eau avec des Sceaux par le moyen d'une corde ou d'une chaîne paffée dans une Poulie: d'autres fe fervent de pompes, qui font des machines propres à élever l'Eau ; on en fait de plufieurs façons, les unes plus travaillées que les autres, & par confequent bien plus cheres ; il faut fe fonder fur cès fortes de dépenfes, afin de n'y point entrer inconfiderément.

Prés du Puits on placera des Auges de pierre ou de bois, les premieres font bien meilleures, mais à leur défaut on fe paffe des autres; Ces Auges ont leurs commoditez, elles fervent pour abreuver les chevaux, & pour cela il faut qu'elles foient entretenues fort nettes, crainte de les dégoûter. Ce font autfi des petits Refervoirs d'où l'on puife de l'eau pour faire quelqu'autre chofe dans le ménage.

Il faut bien fe garder de rien jetter dans le Puits, qui puiffe en infecter l'eau, & pour le tenir net, il eft bon tous les ans de le curer une fois, & d'en laiffer la gueule ouverte. L'air qui entre dedans en rarefie l'eau, au lieu que lorsqu'on la ferme, cette eau en eft plus groffiere. Quand on la tire fouvent elle n'en vaut que mieux auffi ; fon volume qui fe diminuë par ce moyen dans le Puits, revient d'ailleurs en fon méme état par la nouvetle eau qui fort de la fource, & qui eft plus faine que celle qui a trop de repos.

Conftruction d'une Cifterne.

Auges.

ON N appelle Cifterne un Refervoir d'Eau de Pluye qui s'y conferve, pro- Cifternes. pre à bien des Ufages, auffi long-temps qu on le fouhaite. L'endroit où l'on veut la placer, doit étre éloigné des Cloaques & autres lieux qui exhalent une mauvaife odeur.

Elle fera fituée à couvert du grand Soleil & à la difference des Puits, on la tiendra toûjours fermée, crainte que la Pluye n'y tombe directement, fans auparavant avoir été filtrée, comme nous le dirons, & que les parties groffieres de l'air n'en rendent l'Eau mal-faine; on aura foin fur tout de

Ciftcrneau.

la garantir des Eaux des ravines & ayant choisi un lieu propre pour la mettre, on la creufera auffi fpaticufe qu'on voudra.

Trois ou quatre Toifes de large fur tous fens dans œuvre, & deux de haut fuffiront pour avoir une Cisterne capable de contenir affez d'Eau pour les befoins d'une Maison ; les Berges en doivent être folides, car fi l'on avoit creusé dans un terrain remué, il faudroit, pour les foutenir, élever tout au tour un mur capable de fupporter une Voûte: cela fait, & à deux pieds de distance, en bâtir encore un autre large de deux pieds & demy, puis entre ces deux murs, & à mesure qu'on conftruira le fecond, mettre de la glaise bien paîtrie jufqu'en haut.

Ce dernier mur fera revêtu d'un doigt épais de ciment, cela fuffit pour la propreté de la Cifterne, fans craindre que l'Eau fe perde à caufe de la glaife qui la retient : pour le fond, on fera un maffif de moilon de dixhuit pouces d'épaiffeur, avec un revêtement de huit pouces de ciment.

Si la glaise est rare dans les païs où l'on conftruira la Cifterne, en ne fera qu'un mur autour des Berges à chaux & à fable affez fort pour foutenir une Voûte, & revêtu comme celuy du fond. La Voûte fera comme celle d'une Cave, & on y laiffera un troù au milieu pour fervir d'entrée dans la Cifterne, & par où l'on puiffe y puifer de l'Eau. Quant à fon ouverture hors de terre, on la bâtira comme celle d'un Puits quarrée ou ronde, il n'importe, & revêtuë de Margelles ou Tablettes de pierre fimplement.

Ce fera affez que la Voûte foit conftruite à l'ordinaire, fans être enduite de ciment, parce qu'elle ne peut porter aucun préjudice à l'Eau qui n'y touche point, & l'on obfervera de bâtir la Cifterne long-temps auparavant que d'y mettre l'Eau, afin que les enduits des murs foient bien fecs, ils en valent toûjours mieux; car alors ils ne font point fujets à fe détremper, ce qui les altere beaucoup, & rend l'Eau vilaine pendant treslong-temps.

Il faut que le ciment foit fin, fait de brique ou tuilleau caffé & détrempé avec de la chaux fortant du Fourneau, & fraîchement éteinte; ce mortier eft propre pour les ouvrages qui fe font dans l'Eau, & il fe conglutine de telle forte, que toute la maçonnerie ne fait qu'une maffe.

Quand le Refervoir pour l'Eau eft conftruit, comme on l'a dit, il faut audeffus de la Voûte dans une encoignûre & du côté d'où doit venir l'Eau, bâtir avec du moilon une maniere d'Auge longue de quatre pieds & haute de deux, percé en rond dans le fond d'un demi pied de diamettre avec une crapaudine par deffus.

Ce trou fert pour faire écouler l'Eau dans la Cifterne, & ce petit cuvrage de Maçonerie s'appelle Cifterneau. Il faut le garnir dans le fond de fin fable de Riviere bien nct, afin que l'Eau qui pafle au travers fe purifie mieux. Il n'y a pas beaucoup de précautions à prendre dans la conftruction de ce Čifterneau, il fuffit que les murs foient crêpis d'un doigt de ciment, parce que l'Eau n'y féjourne point, elle ne fait que paffer dans le moment. Ce Cifterneau eft toûjours placé fous terre, & couvert feulement d'une groffe pierre, qui dans le milieu a une boucle de fer attachée pour la lever quand on veut le nétoyer.

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