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qui eft entre le mur de terraffe & le mur de douve; fi ce mur-cy avoit fix pieds de haut, on ne le conftruiroit qu'à moitié, afin que les glaifeurs pûffent plus aifément jetter & paîtrir la glaife dans le fond du conroy; cela fait, on répand environ un ou deux pouces d'épaiffeur de fable dans tout le baffin, ou bien on le pave.

Le mur de douve fe fait de bon moillon piqué pour plus de propreté, ou de caillou ou pierres de montagnes, qui ne font point fujettes à s'écroûter dans l'eau, puis quand le baffin eft parfait, on fonge à y mettre l'eau ; mais avant que d'en parler, donnons des inftructions fur la maniere de conftruire les baffins de ciment.

Des Baffins de ciment, & comment conftruits.

Es Baffins-cy fe conftruifent bien différemment des précédens, il n'y a pas tant de fouille à faire, à prendre les diametres égaux, parce que fuppofé qu'on veuille donner à un baffin quatre toifes de diametre, & deux pieds & demy d'eau, il ne faut le fouiller en fond que de trois pieds dix pouces, & cinq toifes quatre pouces dans le pourtour, parce qu'on ne met par tout que feize pouces tant de revêtement que de maffif, moitié par

moitié.

On fera le maffif avec de petites pierres groffes comine le poing, mifes lit par lit à chaux & à fable; la doze de ce mortier doit être un tiers de chaux & deux tiers de fable, le tout bien délayé ; il faut faire en forte que les entredeux des pierres ne foient point remplis, afin que le ciment dont on revêtira le matfif & les murs du pourtour s'y lie mieux.

Le ciment qu'on employe doit être tres-fin,& le mortier qu'on en fait tresbien délayé, il faut un tiers de chaux & deux tiers de ciment, le tout bien délayé à force de bras, & uni avec la truelle. Cet ouvrage demande beaucoup d'attention; il faut ôter du mortier toutes les pailles & les ordures qui s'y trouvent; ce n'eft que par un beau temps qu'on doit travailler aux baffins de ciment, la pluye y étant fort contraire; & pour leur donner le temps de fécher, il s'y faut prendre long-temps avant l'hyver.

Quand un baffin eft revêtu, on prend de l'huile de Noix, ou du fang de Bœuf dont on frotte l'enduit pendant quatre ou cinq jours, cela empêche que le hale n'y pénétre, & qu'il ne fe gerce; cela fait on y met l'eau auffitôt, le ciment durcit dans l'eau de maniere qu'il ne fe mine jamais quand une fois il eft bien conftruit.

Des Baffins de plomb.

N fait auffi des baffins de plomb, mais cela n'appartient qu'à de gros

● Seigneurs, la dépenfe en el trop grande; & comme même cela eft trop

rare, nous n'en dirons rien icy.

En faifaut le plafond d'un baffin, il faut toujours laiffer une petite pente Obferva d'un côté, afin que l'eau s'écoule plus aifément depuis un bout jufqu'à l'au- tions fur les tre quand on voudra vuider le baffin pour le nettoyer. Il faut auffi pour cela & dans le fond du côté où il panche le plus, y faire un trou de décharge qu'à glaise,

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Baffins tant à ciment

l'on met une foupape qu'on tient fermée, & qu'on ouvre quand on veut. Les bords & la fupercie d'un baffin, doivent être tenus bien de niveau, afin que tous les murs foient également couverts d'eau, & pour empêcher que le conroy du pourtour ne fe feche, on le couvre, & les murs auffi d'une bordure de gazon qui en tient toute la largeur, tout cela releve beaucoup une piece d'eau quand elle est bien entenduë.

On obfervera toûjours à l'égard des décharges des baffins,tant de fond que de fuperficie de les faire plus groffes que petites, parce qu'elles font fujettes à s'engorger malgré la précaution qu'on prend d'y mettre des crapaudines; les caux de décharge fe conduifent par des tuyaux de grez ou de bois, dans des pierrées, ou dans d'autres fouterreins qu'on fait exprés pour les perdre. Si les baffins font fituez de maniere que l'eau de leur décharge puiffe être utile à faire jouer un jet, on en fera la conduite comme on l'a dit.

Il ne fuffit pas d'obferver tout ce qu'on a dit des Réfervoirs, des Baffins, & de la conduite de l'eau, il eft encore effentiel de remarquer la proportion & la groffeur que doivent avoir les conduites & les tuyaux, par rapport aux jets qu'on veut avoir; c'est de ce point que dépend la beauté des eaux jailliffantes; ainfi donc voicy là deffus ce qu'il eft bon de remarquer. 1. Que pour faire jouer un jet de quatre à cinq lignes de diametre dans le trou de l'ajûtage, il faut une conduite d'un pouce & demy de dia

metre.

2. Que pour un jet de fix à fept lignes il faut une conduite de deux pouces; pour un jet de huit à neuf lignes, une conduite de trois pouces, & pour un gros jet d'un pouce de fortie, une conduite de quatre pouces de diametre, ainfi du reste à proportion.

3. Que la fortie des ajutages doit être quatre fois moins grande que l'ouverture ou diametre des tuyaux de conduite; c'est une regle établie, par ce qu'il y a de gens les plus expérimentez en l'art des Fontaines: il y a des ajûtages de plufieurs fortes, on n'a qu'à choisir chez les Marchands.

4. Il importe peu que la conduite foit en droite ligne ou autrement pour faire que le jet d'eau s'éleve plus ou moins, pourvû que les tuyaux ne prennent point vent, & que l'eau vienne de haut; il faut néanmoins prendre garde que cette conduite ne foit point trop oblique, la colonne d'eau étant fujette alors de perdre beaucoup de fon poids, ce qui diminuë la force d'un jet par le trop de frottement que l'eau fait dans les tuyaux, & s'il y a un tournant qu'on foit obligé de fuivre, il faut prendre le cours d'un peu loin pour en adoucir la roideur.

5. Si ces conduites qu'on fait font tres longues, comme de trois cens toifes & davantage, il faut la faire de tuyaux de trois fortes de groffeurs, c'est à dire, les cent premieres toifes feront de fix pouces de diamettre, les cent qui fuivent, de quatre pouces, & les cent autres de trois, ce rétresfiffement ramaffe les forces qué la colonne d'eau a perduës dans fa conduite qui eft trop longue.

6. Suppofé qu'il y ait plufieurs baffins dans un Jardin-destinez pour des jets d'eau, il n'eft pas befoin d'en tirer les conduites directement du Réfervoir, la dépenfe en feroit trop grande; on fe contente, lorfque cette conduite eft proche des baffins, de la fourcher, c'est à dire, d'en tirer de l'eau

de maniere que cette conduite fuffife pour donner de l'eau à tous ces jets fur une conduite de quatre pouces ; par exemple, on branchera des tuyaux d'un pouce de diamettre für un de fix, les fourches feront de deux pouces, ainfi du reste, c'est par là qu'on trouve le secret de diftribuer l'eau égale

ment par tout.

7. On remarquera encore qu'à la fortie du Réservoir une conduite doit avoir deux pouces de plus de diametre que le refte de la conduite ; c'est à dire que fi la conduite à quatre pouces, la foupape en doit avoir fix d'ouverture; cette eau qui fort promptement, donne plus de poids à fa colonne, & par confequent fait que le jet en eft plus fort.

8. On fait ordinairement un regard proche un baffin, qu'on garnit d'un robinet proportionné au diametre de la conduite, c'est à dire, qu'il y paffe autant d'eau, autrement on diminuëroit la colonne d'eau qu'on auroit conduite jufques là.

9. On foude ordinairement une rondelle de plomb, ou un collet, comme on voudra dire, au tour du tuyau dans l'endroit du conroy ou maffif du basfin où il paffe; cette rondelle, qui eft platte & large, arrête l'eau & l'empêche de fe perdre.

10. Les tuyaux de conduite, lorfqu'ils font parvenus jufques dans les baffins, doivent toûjours y étre pofez à découvert fur le plafond, & ne doivent jamais être engagez dans le pavé, parce qu'on remédie mieux alors aux fautes qui peuvent y furvenir; ces tuyaux doivent paffer au delà du tuyau qui fait le jet, environ de deux pieds, & être bouchez par un tampon de bois avec une rondelle de fer; ou par un tampon de cuivre à vis qu'il y faut fouder; ces tampons fervent à dégorger une conduite en les ôtant.

11. Le tuyau montant qui fait le jet, & que les Fontainiers appellent Souche, fe foude ordinairement fur la conduite, & à la fommité de ce tuyau, on foude auffi l'écrouë fur lequel s'accroche l'ajûtage par le moyen

de la vis.

12. On n'oublira point dans les conduites un peu longues, de mettre d'efpace en efpace des ventoufes pour donner iffue à l'air qui eft renfermé dans les tuyaux, & qui feroit capable de les faire crever fans cette précaution. Il faut auffi fouder un robinet au bas d'une pente qui eft trop roide à l'endroit où la conduite reprend fon niveau, afin d'arrêter le poids de la colonne d'eau qui par fa trop grande pefanteur ruineroit en peu de temps les tuyaux.

13. On obfervera enfin que les tranchées au fond defquelles on pofe les tuyaux foient profondes de deux ou trois pieds pour garantir de la gelée l'eau qu'ils contiennent; il faut toûjours qu'une conduite foit plûtôt dans des allées que dans des bois, dans des parterres ou autres endroits femblables qu'il faudroit culbuter, s'il arrivoit que quelque tuyau vint à manquer.

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Des Refervoirs élevez.

Nous avons parlé des Réfervoirs qu'on fouille en terre, en voicy d'autres qu'on appelle Refervoirs élevez; leur capacité n'eft pas à beaucoup prés fi grande que celle des premiers; on en voit qui contiennent cent ou deux cens muids, il en peut avoir de quatre à cinq cens muids, mais ils font rares.

On ne conftruit de ces Réfervoirs que lorsqu'on n'a point d'eau affez élevée pour pouvoir en faire jouer : ils font ordinairement foutenus par des piliers de pierre de taille, ou de bois de charpente, ou par des arcades fur lefquelles on pofe de groffe charpente pour foútenir le fond & les côtez qu'on revêtit de bonnes tables de plomb foudées l'une à l'autre. On voit dans des maifons de particuliers de ces Réfervoirs qui n'ont pour lit qu'une cuve d'environ quinze, vingt ou vingt-cinq muids, d'où l'on tire de l'eau fuffifamment pour la commodité d'une cuifine, ou d'un petit jardin où il y aura une piffotiere.

L'eau ne vient dans ces Réfervoirs que par des machines hydrauliques, & pour cela on fe fert de pompes à bras ou à cheval; celles-cy donnent bien plus d'eau que les premieres, & ne fatiguent pas tant on en voit même qui en amenent plus en une heure qu'une fource n'en fourniroit en quatre.

Il y en a qui fe fervent de moulins pour élever les eaux ; ces moulins font à eaux ou à vent, il n'importe, le fecret en eft merveilleux; il feroit à fouhaiter que la fituation des lieux permît par tout qu'on le pût faire, & que les moyens des particuliers répondiffent à leurs fouhaits. Nous ne dirons rien ícy de ces machines hydrauliques, on ne manque point d'Ouvriers expérimentez en cet art; ainfi lorfqu'on veut en faire conftruire, il faut choifir les meilleurs.

Des Cafcades, où les placer, & comment les conftruire, avec les ornemens qui leur conviennent.

Left conftant qu'il n'y a rien de plus beau que les jets d'eau dans les jardins; outre les baffins dont on a parlé, on peut encore dans ceux qui ont beaucoup de pente y pratiquer des Cafcades; ces ornemens fe placent ordinairement le long des rampes ou des efcaliers, & dans les allées mėmes; & ce qu'il y a de commode en cela, c'eft que les baffins d'en haut fourniffent de l'eau pour faire jouer ceux qui font au deffous, foit par des décharges de fond ou de fuperficie, felon que l'occafion le permet. On conftruit les Cafcades de plufieurs figures différentes : il y en a qui forment des buffets ou des nappes d'eau, des bouillons & des champignons, d'autres qui font faites en gerbes, en jets, chandeliers, grilles, mafques, autrement dits dégueuleux ou autres pieces que l'Architecte pour les eaux peut

inventer.

Ces Cafcades ont leurs ornemens particuliers, on les accompagne fur leurs bords de rocailles, de coquillages, de feuilles d'eau ou d'autres chofes qui

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naiffent naturellement; on en voit qui font enrichies de Fleuves avec leurs urnes, de Nayades, de Nymphes, & de plufieurs autres Figures qui conviennent aux eaux, foit par rapport à la fable ou à la réalité, l'une peut vomir de l'eau, l'autre en jetter par d'autres parties du corps felon qu'on peut fe l'imaginer pour la plus grande décoration des Cascades.

Nous ne parlons point icy pour les fimples particuliers, ces ornemens de jardin ne regardent que les gros Seigneurs & ces Partifans qui veulent aller de pair avec eux.

Des Eaux plattes.

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L ne nous reste plus à parler icy que des Eaux plattes, c'est à dire, de
celles qui ne jettent point, & dont la fuperficie eft toûjours unie; il y
a des baffins d'eau platte, des canaux, & d'autres pieces bien plus étenduës;
ces eaux néanmoins fe conduisent dans les jardins ou naturellement ou
par artifice.

Les premieres épargnent bien de la dépenfe, mais leur lit eft toûjours fi brute qu'à moins qu'on n'en releve les bords du côté du jardin de quelques ornemens qui y conviennent, comme de gazon dans le deffus, après en avoir foûtenu les berges d'un bon mur, telles pieces d'eau ne frappent pas agréablement la vue nous entendons icy ces grandes pieces d'eau qu'on peut mettre à l'extremité d'un jardin; car pour ces petits canaux qui n'ont que deux ou trois toifes de large, & qu'on pratique, foit pour coupper des Jardins, ou pour en faire quelqu'autre ornement, leur lit doit toûjours être

artiftement accommodé.

Si ces pieces reçoivent leur eau en pente, il en faudra pratiquer des chú– tes d'efpace en efpace, ou à leur extremité feulement, le bruit que font ces chûtes a quelque chofe qui flatte l'oreille,& pour plus de propreté il faut que leur baffin foit conftruit de glaife ou de ciment, ainfi que nous l'avons dit, & faire en forte par de petites digues qu'on dreffe, que l'eau y foit toûjours comme dans le baffin d'un jet d'eau, c'eft ce qui en fait toute la beauté.

Si naturellement on ne peut avoir de l'eau dans un jardin pour l'orner d'eau platte, & qu'on découvre quelque fource qui en puiffe fournir, parce qu'elle n'aura pas affez de pente pour donner un jet, on la ménagera le plus qu'il fera poffible, & pour cela on y dreffera une conduite de tuyaux de grez feulement, fe contentant de toife en torfe de leur donner deux lignes de pente.

Ces tuyaux font pofez, comme nous l'avons dit, avec des puifards & des petites auges de pierre au bas pour retenir l'eau ; une conduite pour une eau platte n'eft point fujette à crever, parce qu'il n'y a rien qui la force, les tuyaux en font ainfi conduits jufques dans le baffin qui luy eft destiné où l'eau s'enfle felon que la pefanteur de fa colonne le permet; il ne faut pas efperer que l'eau de ces baffins vienne enrafer leur bord, principalement forfqu'on eft obligé de fouiller le baffin un peu bas, pour s'accommoder à la pente de l'eau.

Mais enfin quoiqu'il en arrive, il faut avoir de l'eau comme on peut dans un jardin, foit d'ornement ou autre, l'eau a quelque chofe d'agréable qui

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